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maternage.free.fr
Texte
écrit d'après "Pour une naissance à visage
humain" de Claude Dididerjeau-Jouveau et "L'amour scientifié"
de Michel Odent, aux Editions Jouvence
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Deux
manières d'entrevoir la naissance
La
première consiste à considérer la grossesse
comme une situation à risque nécessitant un maximum
de surveillance et l'accouchement comme l'extraction du foetus du
ventre maternel.
La deuxième consiste à voir la grossesse et la naissance
comme une suite de processus physiologiques qui se passent le plus
souvent normalement et qu'il est inutile de perturber.
Dans
le premier cas, la mère est un sujet passif de son accouchement,
mené par le corps médical. La future maman est soumise
à un protocole hospitalier qui définit des règles
pour la surveillance de la grossesse et le déroulement de
l'accouchement, incluant généralement de nombreux
examens et la mutiplication des échographies qui sont source
d'angoisse, le déclenchement de l'accouchement impliquant
perfusion d'ocytocine, immobilisation de la mère, recours
plus fréquent à la péridurale, aux forceps,
aux césariennes. Enfin,
à sa naissance, le bébé est alors soumis à
une batterie de soins et examens servant à vérifier
"que tout va bien"...
Dans le deuxième
cas, la mère est actrice de son accouchement. La surveillance
de sa grossesse est effectuée le plus généralement
par une sage-femme. Son accouchement se déroule de manière
physiologique, sans déclenchement, en maison de naissance
ou à domicile, avec l'aide d'une sage-femme ou d'une doula,
prête à réagir s'il le faut, au cas par cas
et à ne rien faire si rien ne l'exige comme dans 90 % des
accouchements.
Madeleine
Akrich (sociologue française) et Bernike Pasveer (sociologue
hollandaise) ont écrit dans "Comment la naissance
vient aux femmes - les techniques de l'accouchement en France et
aux Pays-Bas" : "Nous nous demandions comment il était
possible qu'existent en cette fin de XXème siècle
deux formes d'organisation aussi contrastées, dans lesquelles
l'utilisation des techniques soit si inégale, et qui conduisent
à des performances en terme de mortalité et de morbidité,
sinon équivalentes, du moins voisines, les meilleurs résultats
étant d'ailleurs plutôt du côté des solutions
les moins instrumentées". Leur conclusion est que la
différence entre les deux systèmes est qu'aux Pays-Bas
grossesse et accouchement "sont à priori normaux et
ne doivent faire l'objet d'une prise en charge médicale que
dans des cas bien spécifiés, alors qu'en France, ils
ne peuvent être qualifiés de normaux qu'a posteriori".
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NAISSANCE
DOUCE
LE
REGARD SUR LA NATIVITE DE MICHEL ODENT
L'EFFET
NOCEBO DES CONSULTATIONS PRENATALES
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Les
mécanismes en jeu lors d'un accouchement physiologique
Pour
mettre un enfant au monde, la femme doit libérer un cocktail
d'hormones C'est la partie primitive de son cerveau, constitué
des structures cérébrales anciennes (hypothalamus,
hypophyse) que nous partageons avec l'ensemble des mammifères,
qui produit ces hormones. A l'inverse, la partie "récente"
du cerveau, si développée chez les humains, appelée
le néo-cortex, constitue un frein au déroulement physiologique
de l'accouchement par les inhibitions qu'il génère
lorsqu'il est stimulé. Pour accoucher physiologiquement,
la femme a donc besoin d'être à l'abri des stimulations
de son néo-cortex, qui sont provoquées par le langage,
la lumière forte, le fait de se sentir observé, le
fait de ne pas se sentir en sécurité.
L'ocytocine
est l'hormone de l'amour, libérée pendant l'accouplement
par les deux partenaires, par la mère juste après
la naissance en réaction au signal du bébé,
mais aussi lorsque nous partageons un repas avec d'autres compagnons.
Elle joue aussi un rôle dans la reproduction, en provoquant
des contractions utérines qui facilitent le transport des
spermatozoïdes vers l'ovule.
La
prolactine est l'hormone du maternage, impliquée dans la
construction du nid et dans les comportement protecteurs envers
son bébé et agressifs envers les autres, de la femelle
qui allaite. Elle est l'hormone nécessaire à l'initiation
et au maintien de la lactation.
Les
endorphines sont notre système de récompense. Lorsque
nous faisons quelquechose qui est nécessaire à la
survie de l'espèce, nous secrétons ces hormones proches
de la morphine, à la fois hormones du plaisir et hormones
anti-douleurs. Les endorphines sont ainsi secrétées
pendant les rapports sexuels, nous encourageant ainsi à nous
accoupler pour la survie de l'espèce. Tous les mammifères
se protègent de la douleur pendant l'accouchement en élevant
leur taux d'endorphines. Le foetus secrète lui aussi ses
propres endorphines pendant l'accouchement, de sorte qu'à
la naissance, mère et bébé sont encore sous
l'effet de ces opiacés naturels qui permettent le début
d'une dépendance et d'un attachement de l'un à l'autre.
Après la naissance, quand le bébé tète,
le taux d'endorphines de la mère passe par un maximum après
une vingtaine de minutes d'allaitement, la récompensant elle
et son bébé, et les plongeant l'un et l'autre dans
un état de bien-être profond.
Les
hormones de l'adrénaline sont à l'inverse celles qui
provoquent l'inhibition lors des différents épisodes
de la vie sexuelle et reproductrice. Elles sont mises en jeu quand
la survie de l'individu est menacée et passe en priorité
devant la survie de l'espèce. Voilà pourquoi on ne
peut pas faire l'amour quand on est en danger, et pourquoi un accouchement
ne peut pas progresser quand la mère est angoissée.
Les freins néocorticaux, plus puissants chez les humains
que chez tout autre mammifère, provoquent ces inhibitions,
rendant notre espèce particulièrement vulnérable
lors des différentes étapes de la vie sexuelle que
sont l'accouplement, l'accouchement et l'allaitement.
Jusqu'à
une époque récente, une femme ne pouvait pas avoir
de bébé sans secréter ce cocktail complexe
d'hormones de l'amour. Or aujourd'hui, pour la première fois
dans l'histoire de l'humanité, la plupart des femmes des
pays industrialisés deviennent mères sans s'imprégner
de telles hormones. On peut s'interroger sur l'avenir d'une civilisation
née dans de telles conditions...
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Comment
le déroulement physiologique de la naissance est sans cesse
perturbé
L'accouchement
en hôpital ou clinique s'accompagne d'une absence d'intimité,
qui est pourtant un besoin fondamental de la femme (et de la femelle)
qui accouche. Naturellement, celle-ci recherchera un espace clos,
familier, pas trop grand, avec peu de lumière, de bruit et
de monde autour d'elle. Elle a aussi besoin de connaître la
personne qui va l'assister (ce qui n'est pas toujours possible)
et c'est pourquoi le va et vient dans la salle de travail de personnes
inconnues pratiquant des gestes intrusifs l'empêchent de se
sentir rassurée.
Le
déclenchement de l'accouchement au moyen d'une perfusion
d'ocytocine synthétique est de plus en plus fréquent
: 20,3 % en moyenne en 1998 (alors que l'OMS recommande un taux
< à 10 %), contre 15,5 % en 1991, 10,4 % en 1981 et 8,5
% en 1972. Pourtant, selon l'avis même du Collège National
des Gynécologues et Obstétriciens Français,
on observe en cas de déclenchement "des contractions
plus intenses et douloureuses, une utilisation plus fréquente
du forceps" et une augmentation "de plus de 50 % du risque
de césarienne dans le cas d'un premier accouchement",
ce qui en fait "un geste médical sans bénéfice
médical prouvé". Le déclenchement c'est
aussi et surtout plus de risque de souffrance foetale pour le bébé
qui se trouve "expulsé" de l'utérus maternel
sous l'intensité de contractions qu'il n'a pas lui-même
déclenché.
La
péridurale, pratiquée dans 58 % des accouchements
en France en 1998 n'a pas que des avantages. Conséquence
directe du déclenchement en raison de l'intensité
douloureuse des contractions qu'il provoque, elle a d'autres conséquences
sur le déroulement du travail. Elle oblige la femme à
rester immobile et couchée, ce qui empêche l'adoption
de positions d'accouchement plus physiologiques ; elle peut entraîner
une chute importante des contractions, en terme de quantité
et de qualité ; et être à l'origine d'une baisse
de tension. L'expulsion du bébé peut être rendue
difficile s'il s'engage mal dans un bassin dont la mobilité
est réduite et l'emploi de forceps ou ventouses sera plus
fréquent si les sensations ressenties par la maman sont trop
diminuées au moment de la poussée. Elle peut avoir
des ratés (un seul côté endormi) et des effets
secondaires pour la maman (maux de tête invalidants). Pour
finir, plusieurs études ont montré un effet sur la
capacité de succion du bébé qui peut avoir
des conséquences sur le démarrage de l'allaitement.
Selon une étude, sur 1 692 accouchements qui se sont déroulés
entre 1991 et 1994, on obtenait :
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Césariennes
|
Episiotomies
|
Forceps
|
Allaitement
|
Sans
péridurale
|
11,64
%
|
15,06
%
|
2,48
%
|
75
%
|
Avec
péridurale
|
24,87
%
|
47,06
%
|
16,04
%
|
58
%
|
La position
d'accouchement imposée en salle de travail : couchée
sur le dos, les pieds relevés dans les étriers est
anti-physiologique. Elle oblige le bébé à "monter
une côte" pour sortir, faisant fi de la pesanteur qui
favorise pourtant la rotation de sa tête. Elle provoque douleurs
dans les reins, le poids du bébé pesant sur la colonne
vertébrale de sa mère, et perturbe les échanges
sanguins et respiratoires vers l'utérus et le placenta augmentant
ainsi le risque de souffrance foetale. En situation physiologique,
les femmes prennent des positions tout à fait différentes
(à quatre pattes, accroupie, assise soutenue sous les bras,
debout accrochée à une corde...) et ressentent le
besoin de se verticaliser au moment de l'expulsion.
En
France, en moyenne, l'épisiotomie est pratiquée
dans 60 % des accouchements (100 % dans certains établissements),
contre 30 % en Angleterre et 6 % en Suède. L'OMS recommande
un taux maximal de 20 %. Aucune étude n'a prouvée
un effet bénéfique de l'épisiotomie sur les
trois indications qui la justifient pourtant : prévention
des déchirures du périnée -dont elle accroît
au contraire la fréquence-, prévention des incontinences
urinaires ou anales et des prolapsus (ou descentes d'organes). En
revanche ses inconvénients sont nombreux : lors de l'accouchement,
plus de pertes de sang ; à court terme en post-partum, plus
de douleur limitant le choix de positions d'allaitement ; à
long terme, risque de mauvaise cicatrisation et de lésions
du sphincter anal, douleurs lors des rapports sexuels pouvant perdurer
de long mois. Une déchirure spontanée du périnée
survient rarement s'il a été préparé
pendant la grossesse (par le yoga par exemple), s'il est massé
pendant l'accouchement, si la mère prend prend une position
qui lui est favorable et effectue les poussées sur des expirations
contrôlées et non en bloquant sa respiration. Une déchirure
spontanée est de toute façon préférable
à une épisiotomie car elle saigne moins, cicatrise
mieux et entraîne moins de séquelles et de douleurs
post-partum.
1981
|
1995
|
1998
|
10,9
%
|
15,9
%
|
17,5
%
|
Les
taux de césarienne révélés par
les trois enquêtes périnatales montrent bien l'hypermédicalisation
croissante des accouchements en France :
Pourtant
la césarienne n'est pas un accouchement banal, mais une intervention
chirurgicale aux suites douloureuses, avec des risques de complication
pour la mère et pour le bébé, qui laisse bien
souvent un vécu personnel dramatique aux femmes qui l'ont
subie. Trop souvent pratiquées d'office (2 fois sur 3) en
cas de précédente césarienne, elle sont très
souvent la conséquence des perturbations de la physiologie
naturelle de l'accouchement et le résultat de protocoles
médicaux qui ne prennent pas le temps de laisser les choses
se faire.
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INFORMATION
SUR L'ANALGESIE PERIDURALE
PERIDURALE
: CHOISIR EN CONNAISSANCE DE CAUSE, LE DOSSIER DE B. POITEL
EFFETS
DE LA PERIDURALE SUR L'ALLAITEMENT
LA
CESARIENNE, UN ACCOUCHEMENT A RISQUE
PLAIDOYER
POUR LES PETITES MATERNITES
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Quel
accueil fait-on au nouveau-né ?
Au
lieu de laisser l'enfant se comporter de manière innée,
on s'empresse de couper le cordon ombilical qui n'a pas encore cessé
de battre et de séparer l'enfant pour la première
fois du corps de sa mère pour l'examiner et lui procurer
des soins qui pourraient attendre (bain, pesée qui refroidit
et mesure de la taille qui oblige l'enfant encore en position foetale
à s'étirer). Certains soins sont abusivement pratiqués
en routine, comme l'aspiration gastrique qui est une drôle
de façon d'introduire le bébé à l'oralité
(!), avec, à la clé, deux fois sur trois, des conséquences
néfastes sur sa capacité à téter. Cliquez
ici pour voir les soins en photo. Refroidi par cette séance
d'examens et de soins, l'enfant est habillé et mis en isolette
ou couveuse pour se réchauffer, au lieu d'être placé
sous un drap ou une couverture, peau à peau contre sa mère
qui est parfaitement capable de le réchauffer pour le plus
grand bénéfice des deux et de la relation qu'ils mettent
en place.
En
effet, toutes les études, qu'elles soient d'approche éthologique
ou médicale portant sur les hormones en jeu à la naissance,
s'accordent sur l'importance de la période critique où
l'enfant va avoir ses premiers contacts, ses premiers échanges,
ses premiers accordages, fondamentaux pour le processus d'attachement
avec sa mère.
Or,
le respect des processus physiologiques de la naissance permet la
mise en place naturelle et spontanée d'une série d'éléments
favorisant cet accordage, pour peu qu'on ne sépare pas l'enfant
de sa mère.
Ainsi, la noradrénaline secrétée pendant les
dernières contractions utérines provoque une dilatation
des pupilles du bébé de sorte que celui-ci nait avec
un regard captivant pour sa mère, qui ne pourra plus "le
quitter des yeux". Cette hormone joue aussi un rôle en
facilitant l'apprentissage olfactif du bébé. Déjà
familiarisé avec l'odeur de sa mère pendant la vie
intra-utérine, le bébé âgé de
moins de 10 jours est capable de distinguer un tampon qui a été
en contact avec le sein de sa mère d'un tampon mis en contact
avec le sein d'une autre mère. Une autre étude a montré
que, dès le troisième jour, le bébé
distingue l'odeur du sein maternel de l'odeur homologue d'une autre
mère ayant un bébé du même âge.
Il distingue aussi l'odeur du cou de sa mère, et celle de
sa bouche, construisant une véritable carte d'identité
chimique de sa mère, à condition de ne pas être
trop souvent séparé d'elle.
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LE
COMPORTEMENT INNE DU NOUVEAU-NE
QUESTIONS/REPONSES
AUTOUR DES ACTES EFFECTUES EN ROUTINE
NE
PAS COUPER LE CORDON TROP VITE
L'HYPOGLICEMIE
DU NOUVEAU-NE
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Les
sages-femmes sont moins interventionnistes que les médecins
pour une sécurité identique
Selon
le rapport du Conseil canadien d'évaluation des projets pilotes
des sages-femmes, datant de mars 1998, les chiffres montrent :
- un taux
de déclenchement de 5,5 % dans le groupe "sage-femmes",
contre 23,6 % dans le groupe "médecin"
- 10,6 % d'administration d'ocytocine, contre 42,4 %
- 21,8 % de monitoring foetal, contre 89,8 %
- 11,3 % de péridurales, contre 49,1 %
- 6,9 % d'épisiotomies, contre 36,5 %
Les
Pays-Bas, où un tiers des accouchements se déroulent
à domicile, sont le seul pays à cumuler un taux de
mortalité périnatale inférieur à 10
pour 1000, un taux de mortalité maternelle inférieur
à 10 pour 100 000 et un taux de césarienne inférieur
à 6 %.
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Les
conséquences à différents niveaux de l'hypermédicalisation
de la naissance
Les
études compilées par le centre de recherche en santé
primale fondé par Michel Odent en Angleterre -qui s'intéresse
à la période primale incluant la vie foetale, la naissance
et la première année de vie-, révèlent
ceci : "lorsque des chercheurs ont exploré le passé
de personnes qui ont exprimé une forme quelconque d"'altération
de la capacité d'aimer" - les autres ou soi-même-
ils ont toujours trouvés des facteurs de risque dans la période
autour de la naissance."
C'est
le cas dans les expressions de cette altération de la capacité
d'aimer que sont la criminalité juvénile, les comportements
autodestructeurs (suicide, toxicomanie, anorexie mentale), mais
aussi des affections mentales graves comme l'autisme et la schizophrénie.
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LA
DEPRESSION DU POST-PARTUM
EVALUATION
DU NIVEAU DE LA DEPRESSION DU POST-PARTUM
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