CONTACTS
Oiseau Lyre
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PHARE Enfants-Parents
13, rue Caumartin
75 009
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Tel :
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L'école
des Parents et des Educateurs
5, impasse Bon secours
75543
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6,
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94 200 Ivry-sur-Seine
Tel : 01 46 72 53 17
Inter-service
Parents
Tel : 01 44 93 44 93
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maternage.free.fr
Fondations
et ressources de chacun
La
société a considérablement évolué
pour prendre une tournure très différente de celle
des millénaires qui ont précédé les
deux siècles précédents -le 19è et le
20è. La place et le rôle des membres qui composent
une famille (enfants, parents, grands-parents) ne sont plus aussi
clairement établis et la notion de devoir mutuel entre les
générations -devoir des parents envers leurs enfants
puis des enfants devenus adultes envers leurs parents devenus âgés-
s'est évaporée. La famille est devenue progressivement
nucléaire, c'est à dire réduite à son
noyau que sont les parents et les enfants. Aujourd'hui la famille
évolue encore brutalement avec la généralisation
des séparations et divorces et l'augmentation des familles
(dé- ? et) re-composées.
En
revanche, les besoins et les attentes des enfants sont inchangés
car ils sont le résultat de milliers d'années d'évolution
de l'espèce humaine. Les modes de maternage varient selon
les espèces animales mais pas au sein d'une même espèce.
Seul l'être humain a permis le développement de
maternages si différents, voire opposés, dans l'accueil
et l'accompagnement de sa progéniture. D'un côté,
en caricaturant les extrêmes, on accouche naturellement, on
allaite, on porte, on dort avec son enfant, on ne s'en sépare
pas les premières années, on laisse l'enfant acquérir
progressivement son autonomie, en le soutenant et l'encourageant
dans cette démarche au quotidien, dans le respect, le dialogue
et la confiance mutuelle ; de l'autre, on accouche sur rendez-vous,
sans s'imprégner des hormones naturelles de la naissance
qui favorisent l'attachement, on n'allaite pas, on ne materne pas,
on prive l'enfant de contacts peau-à-peau en le mettant à
distance à tout moment, on fournit de multiples substituts
maternels à l'enfant, on s'en sépare précocément
de longues journées, on éduque à renfort de
privations, punitions, notes, jugements, violences psychiques et
physiques, enfin on exige d'eux une régularité parfaite
dans les apprentissages scolaires, sans jamais tenir compte de leurs
besoins et de leur fonctionnement psychique.
L'enfance n'est pas une étape entre parenthèses
de la vie où tout peut se vivre sans conséquences,
mais au contraire une période fondamentale -et longue dans
notre espèce- d'apprentissage de la vie relationnelle. Les
enfants sont des adultes en devenir, dont les fondations se constituent
progressivement, plus ou moins solidement, en fonction des échanges
en oeuvre avec l'entourage. Claparède comparait l'enfance
à l'état de
tétard chez la grenouille : intermédiaire, nécessaire,
et non accélérable. Sortir un tétard de l'eau
ne le rend pas grenouille plus vite, ça le tue ! Priver un
humain d'enfance ne le tue pas forcément, mais nuit à
la construction de l'individu à part entière qu'il
devra être un jour...
Les attitudes positives qui donnent des pierres solides à
l'enfant sont : l'amour
(manifesté et pas seulement ressenti), l'affection, le dialogue,
l'écoute (active, réelle), le regard, l'échange
(d'idées, de biens, d'expériences...), la patience
(d'attendre que l'enfant soit prêt pour passer une étape
et non le forcer, patience de réexpliquer), le droit pour
l'enfant de vivre des expériences ne le mettant pas en danger,
la fixation de limites et de repères (temporels, rassurants,
des règles de vie à la maison appliquées par
tous...). Les attitudes négatives qui donnent à l'enfant
des pierres friables avec le temps à plus ou moins long terme
sont, à l'opposé : l'absence ou le manque de dialogue
et d'écoute, l'indifférence, l'absence de limites
et de repères, l'emploi d'une autorité rigide excessive,
la surprotection inutile et frustrante, le recours à des
punitions humilantes, vexations et toutes les violences, verbales,
psychiques ou physiques...
En
raison de son évolution sociale et culturelle, il est très
difficile d'être parent aujourd'hui. Non allaités et
non maternés car nés à la fin des années
60 et dans les années 70, au plus fort des protocoles hospitaliers
rigides encadrant la naissance en France, ils sont perdus devant
leur enfant qu'ils avaient envisagé comme une poupée
ou un animal dressable. Coupés de leurs propres parents qu'ils
ont parfois rejeté, nombreux sont ceux qui croient encore
qu'il est bon pour un enfant de pleurer pour apprendre à
faire ses nuits, ou qu'il est équivalent d'allaiter et de
nourrir au biberon de lait artificiel pour ne citer que deux exemples
flagrants et si habituels. Ignorant les découvertes des 20
dernières années dans le domaine de la psychologie
de l'enfant comme dans la richesse de l'allaitement maternel, ils
répètent un schéma parental de mise à
distance de leur enfant. Convaincus de préparer correctement
leur enfant à la vie moderne d'une société
dure et exigeante, ils le fragilisent en nuisant à la construction
d'une personnalité unique reposant sur des fondations saines
qui permettent l'établissement de relations saines et équilibrées
avec autrui, tout au long de la vie, et plus particulièrement
lors de ses épreuves inévitables.
Des
lieux sont à la disposition des parents qui souhaitent se
retrouver entre parents, accompagnés de leurs enfants, au
sein d'une Maison Verte selon le concept mis au point par Françoise
Dolto. Des professionnels de la petite enfance dans les champs du
social, du médical et du psychologique, sont présents
et disponibles pour les parents venus anonymement. Tous les sujets
autour de l'enfant et de la relation parents-enfants peuvent y trouver
une réponse et un soutien. L'isolement parfois cruel de certaines
jeunes mamans auparavant très actives y trouve un répit
heureux. D'autres lieux comme L'école des parents proposent
des débats, réunions de groupe, conférences
et soutien téléphonique qui permettent aux parents
de réfléchir, comprendre et évoluer.
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Extrait
de "Les bleus de l'âme : angoisses d'enfants, angoisses
d'adultes", de Alain Braconnier,
Dans le chapitre "Construire sa maison", il
parle...
"...d'une maison dont les fondations seraient les années
d'enfance, le rez-de-chaussée l'adolescence et le premier
étage l'âge adulte. Si
les fondations ne sont pas solides, si le rez-de-chaussée
est négligé, des fissures et des lézardes finissent
un jour par apparaître à l'étage."
Interview
du Dr Edwige Antier, parue dans "Famille et Education"
:
"
A la maternité déjà, la société
va contre les élans de la mère, les casse. On lui
dit " vous le prenez trop, il faut le régler ".
On oppose aujourd'hui le comportement proximal, c'est à dire
"je porte mon enfant contre moi, peau à peau, je l'allaite,
je lui parle", au comportement distal où on dit aux
mères "vous ne devez pas faire dormir votre enfant dans
votre chambre, ce sont de mauvaises habitudes". La poussette,
c'est aussi un éloignement. D'ailleurs, tous les gadgets
de puériculture sont faits pour aider l'enfant à "tenir
tout seul". Ce qui nous libère bien sûr !...
Jusqu'à 3 ans, il est normal que l'enfant soit roi. La mère
est dans une bulle de folie maternelle avec son enfant. C'est un
investissement total et normal. Après 3 ans, il va provoquer,
chercher les limites. En fait, cela commence dès 18 mois,
l'âge des colères, où il se roule par terre
et où l'on se demande si l'on n'en a pas trop fait. A cet
âge, la petite contrariété devient un drame
que l'enfant n'arrive plus à surmonter, faute de maturité
cérébrale. Il vaut mieux alors le divertir, le calmer,
plutôt que de crier ou de taper. Bien sûr, on n'est
pas obligé d'être complètement à ses
pieds. L'autorité parentale doit être exercée,
mais pas trop tôt ! Je pense que ce n'est pas par manque d'autorité,
de fessées ou de père que les enfants sont violents.
C'est plutôt le fait d'une éducation collective, froide
et distanciée appliquée trop tôt. Il faut le
dire parce qu'on va à la catastrophe."
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De
Janus Korczak...
Extrait
de "Le droit de l'enfant au respect" :
"...il faut être grand, occuper pas mal de place pour
susciter estime et admiration. Petit veut toujours dire : banal,
dépourvu d'intérêt. ... Un enfant c'est si léger,
si peu de choses. Il nous faut nous pencher, nous abaisser jusqu'à
lui. Si faible aussi, et c'est le pire. On peut le soulever, le
projeter en l'air, le faire asseoir contre son gré, lui dire
d'arrêter de courir, anéantir à chaque instant
ses moindres efforts. Se montre-t-il indocile ? Nous sommes assez
forts pour en venir à bout. ... L'impuissance favorise le
culte de la force, on s'arroge vite le droit de manifester librement
sa mauvaise humeur ; plus besoin d'être adulte pour utiliser
l'argument de la force, ... on peut faire mal impunément
si l'on se sent plus âgé ou plus fort physiquement.
C'est notre propre exemple qui apprend à l'enfant à
mépriser tout ce qui est faible. Mauvaise éducation
et d'un triste présage."
Extrait
de "De l'éducation" :
"L'on
peut obliger l'enfant à se tenir tranquille, mais agir de
la sorte c'est ne pas avoir rencontré face à face
cela même qui fait que l'enfant est obstiné, insolent,etc...
La domination engendre l'antagonisme et la peur. Les récompenses
et les punitions sous n'importe quelle forme ne font qu'asservir
et alourdir l'esprit. Si c'est cela que nous voulons, l'éducation
par la contrainte est un procédé excellent."
Une
bonne fessée
"Une bonne
fessée, ça fait pas d'mal !"
Alors tape, tape, tape, tapons le tout petit bout'chou mignon.
Trois petites tapes et puis s'en vont.
Dit le Papa.
"Y faut c'qu'il faut"
Tout doux minou, caresse la maman pour consoler
Consoler le bambin pauvre chérubin
Je ne sais pas quoi dire, mon tout petit,
C'est le Papa, il a sûrement raison.
"On en
fera un homme"
T'as touché aux confitures
T'as dessiné sur les murs
Alors on dresse, redressons,
File droit. Fais attention
T'as vu ma main ? Elle est pour toi.
Papa s'occupe de tout.
Maman se tait.
Maman tu dis rien ?
Et petit à
petit tu pousses en douce. Tu as six ans en un clic et une claque.
Tu as douze ans. On va te dresser. Tu pousseras droit comme un arbre.
Toi prends l'habitude de te sauver, tu t'esquives dans les coins.
Tu grandis tordu, faut bien essayer de s'échapper. Tu zigzagues
entre les coups.
Maintenant, tu es un homme. Faut croire que ça compte l'éducation.
Tu as treize ans, quinze ans, tes muscles poussent. Un jour, c'est
toi qui prends le ceinturon. Et tu cognes.
Tu cognes sur ton père, tu cognes sur ta mère. Tu
sors dans la rue. Et tu continue à frapper : une jeune fille,
un enfant, un chien. Tu casses une vitrine.
Ton père
vient au poste de police. Le bourdonnement continue dans ta tête.
Trop de coups, pauvre coucou. Mais tu l'entends quand même
un peu. Il est étonné stupéfait.
Et il dit: " Monsieur, je ne comprends pas.
Je ne sais pas ce qu'il lui a pris.
On a pourtant tout fait pour bien l'élever.
Pourquoi est-il tombé si bas ? "
Tu te couches
par terre et tu attends qu'il s'en aille.
Sandrine
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Eduquer
sans violence avec respect
Extrait
du dossier "Quelques jalons d'histoire sur les punitions corporelles"
rédigé par l'association Eduquer sans frapper
Les
vertus éducatives des coups semblent avoir été
appréciées de manières très diverses
suivants les pays et les époques. Et si on voit cette violence
de l'éducation diminuer indiscutablement au cours des siècles
dans les pays développés, cela ne se fait qu'avec
lenteur et irrégularité avec de périodiques
retours en arrière.
De
nombreuses études démontrent que les punitions corporelles
sont inefficaces et nocives. Il est ainsi prouvé que
les fessées sont inefficaces à l'école et que
leur suppression n'augmente pas les mauvaises conduites.Un grand
nombre d'études mettent en évidence des relations
entre les comportements anti-sociaux des jeunes et les punitions
corporelles infligées par leurs parents. Par exemple, le
pourcentage des crimes commis est doublé chez les fils ayant
reçu de fortes punitions corporelles de leur père.
En France, une étude menée sur 300 personnes a mis
en évidence une relation très forte entre la force,
la durée et la fréquence des coups reçus en
famille, et le nombre des accidents subis dans l'enfance et l'adolescence.
La différence est déjà notable entre les "jamais
battus" et ceux qui n'ont reçu que des coups "légers
et rares". La gravité des accidents est aussi en relation
avec l'importance des coups reçus, les plus souvent battus
sont aussi les plus gravement malades. D'autres études prouvent
la relation entre violences coprorelles et troubles du comportement.
Nombreuses sont celles qui prouvent que les enfants les plus sévèrement
punis par leurs parents sont les plus agressifs. Une étude
a prouvé chez 933 mères d'enfants de 2 à 14
ans, que plus les punitions corporelles sont utilisées, plus
les enfants s'engagent dans des conduites et des actes impulsifs.
Chez 807 mères d'enfants de 6 à 9 ans, plus la fessée
est utilisée pour corriger des conduites anti-sociales telles
que mensonges, agressivité et vols, plus ces conduites sont
élevées. D'autres études encore montrent en
Suède et aux USA, qu'avoir reçu des fessées
augmente le risque de dépression à l'adolescence et
à l'âge adulte, et que plus les enfants sont punis,
plus ils sont égoïstes et moins ils ont de considération
pour les autres. Une étude menée en Suède,
sur 10 pays européens, établit un parallèle
entre l'approbation de la fessée par les parents (et les
enseignants) et le taux d'homicides et d'infanticides. En étudiant
les données existantes dans certains pays, on note que plus
les sociétés sont despostiques et se maintiennent
par la violence et plus les punitions corporelles sont fortes et
utilisées à tous les niveaux. La durée et la
nature des punitions données dans la famille, à l'école
et par les instances judiciaires semblant toujours évoluer
en parallèle. Enfin, il n'est qu'à lire Alice Miller
et à examiner ses biographies de despotes dont la paranoïa
meurtrière a endeuillé le XXème siècle
: Hitler, Staline, Céaucescu, Mao Tse Toung pour comprendre
la relation entre violence subie et violence donnée.
Les punitions
corporelles sont nocives parceque :
- elles donnent
le mauvais exemple de la violence en disant que lorsqu'on est
fâché, on doit frapper
- elles brisent
les autres modes relationnels qui fonctionnent sur la reconnaissance,
l'estime de soi, le plaisir de faire plaisir, le plaisir de
comprendre, celui de pouvoir évoluer et grandir
- elles interdisent
à l'enfant d'avouer des désirs irrationnels, que
le châtiment ne change pas mais ensevelit et qui resurgiront
plus tard
- elle engendrent
l'accumulation de colères et de frustrations qui risquent
d'exploser ensuite dans des actes de délinquance
- sur le
plan physiologique, elles cassent les mécanismes automatiques
naturels d'adaptation aux situations dangereuses que sont la
fuite ou la protection de soi. Dans ce cas, l'enfant conditionné
bloquera ses mécanismes de défense, se retrouvant
en état d'inhibition, incapable de se protéger
efficacement. La décharge de catécholamines déclenchée
par l'inhibition est préjudiciable à certains
organes et favorise la survenue de maladies psycho-somatiques.
- lorsqu'elles
sanctionnent une erreur, les punitions corporelles entraînent
la peur chez l'enfant d'être frappé et par voie
de conséquence, d'entreprendre une action difficile dans
laquelle il risque d'échouer ou de se tromper. Ces apprentissages
seront forcément plus limités.
- elles n'enseignent
à l'enfant qu'une seule chose : celui qui inflige la
punition n'est pas content. Mais la vraie raison du mécontentement
est souvent difficile à discerner par le punisseur lui-même,
et l'enfant n'apprend pas qu'il doit réparer son erreur
et comment le faire.
Certes,
on enregistre une évolution notable des moeurs tant familales
que scolaires ou judiciaires vers un adoucissement progressif. Mais
certaines cultures manifestent encore un attachement bien plus fort
que d'autres à des normes éducatives violentes. Ce
sont les mêmes qui prônent l'asservissement de certains
par d'autres, au sein de régimes totalitaires ou dictatoriaux
qui maintiennent souvent un pouvoir discrétionnaire sur les
femmes, les enfants et les employés.
Actuellement
en France, selon une enquête Sofres de janvier 99, seulement
12,5% des personnes interrogés ayant des enfants ne leur
donnent jamais de coups, 33% en donnent rarement et 54,5% en donnent
plus souvent. Les plus âgés et les moins diplômés
des enquêtés ont été les plus battus
dans leur enfance. Ce sont eux qui à leur tour utilisent
plus fréquemment les châtiments physiques avec leurs
enfants.
Pourtant,
dans la masse d'ouvrages consacrés à l'éducation
disponibles dans toutes les librairies, aucun auteur ne vante les
bienfaits des punitions corporelles que 3 petits français
sur 4 subissent régulièrement.
Nombreux
sont les parents qui pensent donc encore que les enfants ont besoin
de sentir au-dessus d'eux une "autorité" et qu'il
et nécessaire de leur mettre des "limites".
En effet les limites imposées à nos désirs
par les contraintes de la vie en société, familiale
ou plus élargie sont incontournables. Chaque famille va donc
être confronté à l'obligation d'imposer des
limites à ses enfants. Or dans la société adulte
les coups sont interdits. Pourquoi donc apprendre à un enfant
un mode de relation et de résolution de conflit que la société
réprime et sanctionne ? Les limites que donnent les parents
sont souvent leurs propres limites de tolérance aux cris
des enfants, à leur refus de manger, à leur peur de
s'endormir... Ces limites sont inscrites dans l'histoire personnelle
des parents. Quand le parent frappe l'enfant, c'est qu'il est arrivé
à un seuil de souffrance personnelle, souvent inconsciente,
qui se traduit par de la colère et de la violence. Les seules
limites dont les enfants ont besoin sont celles posées par
un accompagnement sécurisant face aux frustrations inévitables
de la vie. Toutes sortes de négociations non-violentes peuvent
être engagées avec l'enfant pour l'amener à
respecter nos limites et celles que lui poseront forcément
ses congénères tout au long de sa vie. Autant l'entraîner
dès l'enfance aux méthodes socialement acceptables
et respectueuses de lui-même et des autres.
Par ailleurs, les parents jouissent automatiquement et pendant plusieurs
années d'une autorité naturelle, de par leur taille
physique et psychologique. Nul besoin de violence, des ordres précis
et cohérents suffisent à édicter les règles
de vie nécessaires. Montrer l'exemple à son enfant
d'une écoute ouverte, de notre respect envers lui et envers
les autres, de notre esprit de justice, de notre tolérance,
de la cohérence de nos exigences, lui permettra de vite nous
reconnaître comme un adulte fiable, et lui apprendra à
repérer et reproduire les attitudes socialement positives.
En manifestant de la violence, le parent montre en fait à
l'enfant qu'il doute de son autorité puisqu'il a besoin de
recourir à une force qu'il détient si facilement.
L'enfant n'a pas besoin d'autorité, mais de pouvoir placer
sa confiance en un adulte suffisamment juste et attentif.
En
1979, la Suède promulgua avec une grande longueur d'avance,
une loi qui interdisait les châtiments corporels. Pourtant
en 1965, cette position n'était tenue que par 53% des suédois,
en 1995, 30 ans plus tard, 89% des suédois y étaient
favorables (96% chez les moins de 35 ans). Depuis, en Suède,
plus aucun enfant n'est mort des suites de violence familiale, le
nombre de procès pour violence contre les enfants a diminué,
de même que le nombre d'enfants enlevés à leurs
parents sur intervention des services sociaux. Entre 82 et 95, les
"mesures obligatoires" ont diminué de 46% et les
"placements en foyer" de 26%.
Les
années 2001-2010 ont été déclarées
par l'ONU "Décennie pour une culture de la paix et de
la non-violence pour les enfants du monde". A l'orée
du troisième millénaire, accordons enfin aux enfants
le droit au respect de leur personne. Eduquons les sans violence,
ni humiliation, pour rompre enfion le cercle vicieux de la violence,
et pour nous donner les chances de voir un XXIème siècle
moins meurtrier que celui qui vient de s'achever.
|
Primauté
de l'éducation
Les
parents et éducateurs, par leurs paroles, mais aussi à
travers leurs comportements sont des modèles pour les enfants
qu'ils côtoient. C'est par imitation - de nos gestes, de
nos expressions, de nos réactions - que les enfants apprennent
un comportement social. Le meilleur moyen de leur apprendre
le respect est donc de les respecter ; le meilleur moyen d'être
écouté et entendu d'un enfant, c'est donc de lui permettre
de s'exprimer et d'être écouté à son
tour ; le meilleur moyen de lui enseigner la confiance -en lui-même
et envers les autres- c'est donc de lui donner sa propre confiance
sans conditions. Demander à l'enfant de faire quelque chose
que l'on ne fait pas soi-même est pour lui illogique. Demander
à un enfant de cesser de crier en hurlant est un contre-exemple
significatif ! Lui dire de cesser ses violences en étant
violent sur son corps en est un autre pourtant tout aussi courant.
Ces contradictions obligent l'enfant à abandonner un raisonnement
logique et à se soumettre à l'autorité aveuglément.
Pourtant, une pédagogie basée sur le respect et la
confiance mutuels fonctionnent au plus grand bénéfice
de l'enfant, mais aussi de ses parents, tout comme des relations
mutuellement basées sur l'amour ou l'amitié, le font.
Cela est bien entendu valable en famille comme à l'école,
lieu d'apprentissage social par excellence, de l'enfant.
Extraits de textes d'Evelyne Charmeux
L'intelligence
n'est pas une donnée de l'hérédité.
Elle semble être le résultat d'une interaction entre
les données héréditaires, physiques et sensorielles
différentes d'un individu à l'autre, et les stimulations
provoquées par l'environnement dans lequel l'indiviu évolue.
"Ce n'est pas l'intelligence qui pemet d'apprendre, c'est l'apprentissage
qui rend intelligent." Rendre intelligent c'est donc activer
des potentialités, pour les transformer en possibilités,
en capacités.
On a longtemps cru qu'apprendre c'était empiler des savoirs
en cherchant à combler les vides et à corriger les
erreurs, en les faisant disparaître pour mettre du vrai à
leur place. En réalité, le bébé a des
savoirs dès sa naissance, il n'est pas vide du tout. Et tout
ce qu'il va apprendre en grandissant, chez lui ou à l'école
ne va pas combler de prétendus vides, mais secouer et remettre
en question ce qu'il savait. Nous passons notre vie à réajuster
des connaissances qui ne sont que provisoires et dont le caractère
relatif est éclairé constamment par les nouvelles
expériences que nous vivons. Ce processus commence très
tôt. Au fur et à mesure qu'il grandit, le petit enfant
fait toutes sortes d'expériences, dont les effets, bénéfiques
ou non, s'organisent chez lui en règles : ça, ça
marche, ça, ça ne marche pas. C'est le rôle
de l'éducateur de favoriser cette organisation. Pour cela
il faut aider l'enfant à faire des constats et à en
tirer des conclusions, et non faire à sa place. Donner des
solutions c'est empêcher d'apprendre.
Quand on est en train d'apprendre, se tromper est normal, légitime
et souhaitable. Il faut cesser de le déplorer ou de le
craindre, encore plus de le sanctionner : la peur d'être puni
ou de décevoir empêche de progresser. Il faut en revanche
analyser ce qui s'est passé pour pouvoir aller plus loin.
On peut affirmer que pour ne jamais commettre d'erreur en situation
responsable, il faut en avoir commis souvent en situation d'apprentissage.
Comme le disait Oscar Wilde : "L'expérience, nom dont
les hommes baptisent leurs erreurs".
Une
action éducative efficace passe par le jeu et non par des
leçons de morale, des punitions ou des récompenses.
Jouer avec un enfant c'est non seulement installer une ambiance
de détente, propice au dialogue et à l'écoute,
mais c'est aussi lui faire découvrir les principales règles
de la vie en société et leur nécessité.
C'est encore lui apprendre à relativiser la réussite
comme l'échec. Enfin le jeu, qu'il soit d'aventures, de simulation,
de stratégie, d'adresse ou de réflexion, développe
des compétences précieuses : mémoire, raisonnement,
anticipation, réflexes, habilité motrice.
A l'inverse, récompenser et punir sont des conditionnements
nuisibles à la responsabilisation de l'enfant qui n'ont rien
à voir avec l'éducation. Eduquer c'est permettre
d'accéder à l'autonomie, compagne incontournable de
la responsabilité. Or les composantes essentielles de l'autonomie
sont la capacité d'analyse et la conscience des problèmes...
bref, c'est l'intelligence. Eduquer c'est donc rendre intelligent.
Or la punition et la récompense ne stimulent pas l'intelligence
puisqu'il n'y a pas de lien entre ce qui a été commis
et ce qui s'ensuit. Au contraire, l'une comme l'autre font oublier
ce qui a été fait. De plus, en instaurant une dépendance
affective à l'égard de celui qui punit ou récompense,
elles sont en fait contraires à l'autonomie. Pour que l'enfant
devienne responsable, il faut lui apprendre à assumer les
conséquences de ses actes, à se contenter de la satisfaction
du travail bien fait, ou à se passer de ce qu'il a cassé.
Pas besoin de multiplier reproches et privations qui nuisent à
l'ambiance familiale et sont des violences faites à l'enfant
qui altèrent à la longue son comportement.
Eduquer
c'est former des citoyens libres et responsables, des êtres
qui seraient très différents des robots trouillards
et pervers issus de l'éducation qui récompense et
punit.
|
Extrait
de "La cause des enfants" de Françoise Dolto :
"La
frontière entre les enfants nantis et les déshérités,
les gâtés et les écrasés, est arbitraire
et trompeuse... Recherchons le dénominateur commun de l'enfance
: le bien-nourri pas plus que le mal logé, le scolarisé,
le petit champion, pas plus que le futur esclave, n'est traité
comme une personne... La cause des enfants ne sera pas sérieusement
défendue tant que ne sera pas diagnostiqué le refus
inconscient qui entraîne toute société à
ne pas vouloir traiter l'enfant comme une personne, dès sa
naissance, vis-à-vis de qui chacun se comporte comme il aimerait
qu'autrui le fasse à son égard... A vouloir trop précipitamment
"rentabiliser" l'enfant à charge, la société
se prive d'un potentiel humain inestimable qui permettrait d'assurer
la relève si on lui donnait le temps de la maturation nécessaire...
Les
enfants sont le futur, ce devenant à regarder non pas sous
l'angle de la fragilité et de la faiblesse mais sous l'angle
de ce qu'il a de neuf, de créateur, de dynamique et de révélateur
de lui-même et des autres à son contact aussi."
Extrait de "Primauté
de l'éducation" de Pierre Rabhi
:
"Celle-ci détermine dès l'enfance la représentation
mentale que nous aurons de la réalité dans laquelle
nous sommes inclus, et, par conséquent, la qualité
de notre relation aux autres et à la nature. Nous héritons
de "valeurs" de notre famille, de notre groupe social,
de notre nation. Nous sommes profondément conditionnés,
endoctrinés et comme programmés...
Ainsi, dès leur apparition, les enfants entrent dans la vie
comme dans une arène où chacun doit se préparer
à mener sa propre lutte contre le destin et les autres avec,
comme "managers", la famille, le groupe social ou national.
Les enfants de la nation sont préparés à être
de bons soldats de l'économie ; une vie réussie se
mesure à l'aune des acquis matériels et de la considération.
Et lorsque sonne l'heure du déclin auquel nul ne peut échapper,
cette vie "réussie" souffre parfois d'avoir été
consumée par les valeurs de l'avoir au détriment de
l'accomplissement et d'une réelle évolution de l'être"
|
Extrait
de "De l'éducation", de Janus Korczak :
"Pour des raisons politiques et industrielles, la discipline
est devenue un facteur important dans la structure sociale actuelle,
et c'est à cause de notre désir d'être psychologiquement
en sécurité que nous acceptons et pratiquons diverses
formes de contraintes. Elles garantissent un résultat et
nous estimons la fin plus importante que les moyens, bien que ce
soient les moyens qui déterminent la fin. Un des dangers
de la discipline est que le système devient plus important
que les êtres humains qui y sont enfermés..."
|
Des
choix de société
Les
conséquences néfastes d'une éducation irrespectueuse
de l'enfant sont tout à fait visibles aujourd'hui dans nos
sociétés occidentales industrialisées avec
un accroissement de la violence (envers soi et envers les autres)
à tous les niveaux de la société.
Chez les enfants, c'est l'apparition de plus en plus précoce
d'une violence non maîtrisée, et d'une délinquance
qui rajeunit sans cesse. Chez les adolescents, on constate nettement
la dérive violente de la fameuse crise de cet "âge",
considérée comme nécessaire et inévitable
alors qu'elle peut se vivre très différemment, comme
en témoignent encore de nombreuses cultures. L'adolescence
actuelle connaît une augmentation importante des suicides
avec plus de mille jeunes de 15 à 24 ans qui mettent volontairement
fin à leur vie chaque année en France, mais aussi
une augmentation des comportements toxicomaniaques et des conduites
à risque très risquées, justement, ainsi que
des manifestations d'automutilation que sont le piercing et le tatouage.
La recherche effrénée du plaisir et de satisfactions
buccales, se constate à l'observation de la quantité
croissante de produits excitants et euphorisants consommés
régulièrement par de nombreux jeunes (café,
coca, tabac, alcool, haschich...), mais elle se constate aussi dans
la recherche de plaisirs physiques paroxystiques du corps qui transparaît
dans la musique des raves (transe, techno...) et dans une toute
autre mesure, dans la pratique des viols collectifs dont l'adolescent
agresseur méconnaît totalement la gravité. Chez
les adultes, jeunes ou moins jeunes, c'est l'augmentation constante
des psychoses, des dépressions (notamment la dépression
du post-partum qui suit aujourd'hui un accouchement 1 sur 10), du
recours à la chimie médicamenteuse pour voir la vie
en rose, se détendre, ne pas déprimer, s'exciter,
supporter le stress, et dormir, car il semble qu'on dorme très
mal en France au vu de notre consommation record mondial de somnifères...
La
violence de nos sociétés en équivaut bien d'autres.
Elle est présente dès la naissance peu respectueuse
des besoins du nouveau-né, puis dans les relations parents-enfants
non maternantes culturellement transmises, puis à l'école
dans les situations d'apprentissages humiliantes, et enfin dans
la vie professionnelle ultra-compétitive. La violence éclate
aussi dans le flot d'images diffusées sur les écrans,
dans les textes de certaines chansons, dans la représentation
de la femme dans la publicité, et dans de nombreux modèles
fournis par les adultes dans la vie sportive comme dans la vie civile
en temps de guerre, mais aussi en temps de paix (incivilité,
irrespect, racisme, égoïsme...). Si l'on veut une société
toujours plus violente, plus individualiste, où le profit
est le seul moteur qui subsiste, il n'y a qu'à continuer
ainsi. Si, en revanche on veut une société moins violente
et plus solidaire où chaque individu est autonome et responsable
de ses actes, il est temps de modifier nos pratiques éducatives,
dans le cadre familial comme dans le cadre scolaire en abolissant
le recours à toute violence, qu'elle soit physique, verbale
ou psychique et en prenant enfin en compte les besoins des enfants.
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L'école
utopique
Extraits de "La machine-école"
de Philippe Meirieu
"L'école
de la république a perdu son projet fondateur, pour devenir
une institution chargée de gérer des flux d'élèves.
Une sorte de gigantesque garderie doublée d'une gare de triage.
Faute de consensus sur l'homme que l'on veut former et la société
vers laquelle on veut aller, le Politique multiplie les expertises
et les propositions pour améliorer son fonctionnement, mais
dès qu'il s'agit de toucher à ses finalités,
la tension se fait trop forte et l'on fait machine arrière.
Et quand les projets proposés touchent le coeur de l'école
que sont les contenus d'enseignement eux-mêmes, ils révèlent
trop vivement les désaccords, mettent au jour les incertitudes
et les contradictions des acteurs de l'école, de manière
trop violente... Si les Français qui ont aujourd'hui entre
40 et 50 ans rapetissaient et retournaient à l'école,
ils seraient frappés par le fait qu'en dépit de toutes
les réformes annoncées, le quotidien de l'enseignement
soit resté très largement identique à ce qu'ils
ont vécu. Certes les programmes ont un peu changé,
le vocabulaire utilisé n'est plus tout à fait le même
et des ordinateurs sont présents ici ou là, mais l'organisation
de la scolarité et les ressorts essentiels de l'enseignement
n'ont pas bougé. L'infantilisation règne toujours
autant dans la cour et dans les couloirs, le cours magistral plus
ou moins dialogué demeure la forme dominante de communication,
le travail en groupe est toujours aussi rare, le recours aux sanctions
traditionnelles et punitions collectives est toujours privilégié,
les méthodes dites "actives" systématiquement
cantonnées à quelques disciplines marginales par quelques
enseignants "illuminés". Ecouter, recopier, apprendre,
réciter restent les activités principales.... comme
suivre des yeux la trotteuse de sa montre en attendant la sonnerie
! L'école change, mais la classe reste."
La
thèse du complot libéral, selon laquelle la mort
annoncée de l'école serait délibérément
entretenue par les gouvernants successifs, développe l'idée
que la société libérale, de moins en moins
encline à consacrer des sommes immenses à la formation
de ses soutiers, laisse agoniser l'école de "tous",
l'élite parvenant toujours à trouver la meilleure
formation pour ses enfants. On ne cherche plus à épanouir
des individus en développant l'imagination, la créativité
ou le libre arbitre, mais on veut préparer les enfants au
travail, les éduquer dans une logique utiliariste, les rendre
consommables par la société et sans esprit critique.
De
Célestin Freinet à Rudolph Steiner, en passant par
toutes les pédagogies dites nouvelles, l'épanouissement
des élèves reste le moteur essentiel des écoles
"différentes", qui envisagent "une autre école
pour une autre société"...
Dans un monde
où la valeur humaine s'estime en termes de rentabilité,
il est de plus en plus difficile d'envisager avec les jeunes un
accomplissement personnel qui leur viendrait du savoir et de la
connaissance. L'Education Nationale est le parfait reflet d'une
société en crise, apparaissant comme une institution
écartelée entre sa vocation d'égalité
sociale et les nouvelles données d'une économie implacable.
L'objectif
général de l'Education Nouvelle est de contribuer
à la formation d'adultes autonomes, capables de se prendre
en charge, confiants en leurs capacités, manifestant une
indépendance d'esprit et de jugement, curieux et désireux
de continuer à acquérir de nouvelles connaissances,
sachant toujours avoir des enthousiasmes et des désirs, maîtrisant
les outils de la réflexion et de l'analyse, acteurs de la
vie sociale et agissant positivement à l'égard des
autres.
Son
projet fondamental consiste à mettre chaque enfant en situation
d'acteur responsable de l'ensemble de ses apprentissages. L'Education
Nouvelle ne se réduit pas à une série de méthodes,
elle est essentiellement un esprit d'où découlent
un mode de vie et un climat relationnel entre enfants et adultes.
Elle se donne les moyens de susciter le désir des enfants
de devenir autonomes (l'autonomie ne se donne pas, elle se prend)
et accepte qu'ils le soient. Pour elle, l'enfant est "un
feu qu'on allume et non comme un vase qu'on remplit" comme
le disait si bien Rabelais. Ces pédagogies font toutes appel
à la curiosité naturelle de l'enfant, à son
désir d'apprendre, de faire plaisir, d'inventer, de créer,
de grandir, de s'exprimer. Elles privilégient la compréhension,
l'expérimentation, le savoir-apprendre, le savoir-faire,
plutôt que l'accumulation de connaissances.
Dans
leur pratique, les pédagogies nouvelles, qu'elles se réclament
de Rudolph Steiner, de Maria Montessori, de Célestin Freinet,
d'André Decroly ou encore de Victor Cousinet, utilisent tour
à tour et avec des degrés et des approches diverses
tous les moyens qui contribuent à développer le plaisir
d'apprendre, de découvrir, de réaliser seul ou avec
d'autres, comme le décloisonnement, le travail en petits
groupes, le travail dans les projets, la fréquentation de
la bibliothèque, la recherche documentaire, le contrat de
travail individuel, le travail par exposés, le travail en
ateliers, l'utilsation du jeu, l'auto-correction, les sorties, les
classes extérieures, les spectacles et fêtes...
D'autres moyens, en revanche, sont à rejeter : le cloisonnement
des activités, les apprentissages prématurés,
l'enseignement exclusivement magistral, le "par coeur"
sans compréhension, le travail scolaire utilisé comme
une punition, le classement des enfants, un système punition-récompense
basé sur les résultats scolaires.
La notion
de pédagogie de projet est indissociable de l'Education Nouvelle
: elle amène les enfants à construire leur projet
en fonction de leurs intérêts propres et de ceux du
groupe. Elle reconnaît aux enfants des droits et des devoirs
et leur donne les moyens de les mettre en action : choisir, décider,
entreprendre, persévérer, aboutir, présenter
devant les autres, subir leur critique. Les apprentissages abordés
diffèrent d'un projet à l'autre, ce qui constitue
un moyen privilégié d'acquérir plus ludiquement
les connaissances scolaires et académiques, sans ennui et
chacun à son rythme, selon son degré de maturité.
L'apprentissage concret de la démocratie y est toujours présente,
à travers des conseils de classe et d'écoles qui donnent
une valeur à la parole de l'enfant, lui apprenne à
écouter l'autre et à prendre la parole avec respect,
favorise la responsabilisation, le respect des règles de
vie édictées en commun, et donc l'autonomie globale
des enfants.
La façon dont est conçue l'évaluation fait
partie du contrat de confiance qui lie adultes et enfants. L'évaluation,
nécessaire aux parents comme à l'enseignant et à
l'enfant pour savoir où ce dernier en est par rapport à
ses apprentissages, doit être une étape du processus
d'apprentissage que les enfants sont amenés progressivement
à maîtriser et non un mode de sanction appliqué
par l'adulte à un instant T.
Enfin, une place importante est laissée aux activités
créatives, musicales et manuelles et au savoir-faire. L'Education
Nouvelle n'ayant pas pour projet de fomer une élite mais
s'intéressant à tous les enfants qu'elle respecte
pour eux-mêmes, non pas en fonction de leurs performances
mais quelles que soient leurs performances. Elle considère
l'éducation dans sa globalité et attache donc une
importance égale à tous les domaines, sociaux, physiques,
artistiques, manuels et intellectuels.
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Extrait
de "Bases d'un projet pédagogique d'humanisation à
la mesure des temps qui viennent", de Pierre Rabhi
:
"L'éducation et l'enseignement devraient favoriser
l'accomplissement et une réelle évolution de l'être
humain en formation, en remplaçant les "valeurs"
actuellement transmises (compétition, performance) par
des "valeurs d'humanisation" nécessaires au monde
de demain. L'enthousiasme et l'effort d'apprendre, le plaisir
de comprendre et de partager, la nécéssité
de créer en tout domaine, se substituent à l'individualisme,
au totalitarisme du "chacun pour soi" et au règne
de la marchandise.
...
Dès
l'école maternelle, tous les apprentissages devraient être
transmis hors de toute menace d'échec et à un rythme
propre à chaque individu. Les enseignements nécessaires
au monde de demain devraient suivre les étapes du développement
personnel de chacun. L'ensemble de ces transmissions sont fondées
sur la nécessité conjointe et inséparable
de l'apprentissage de l'autonomie et de la solidarité.
L'enseignement des disciplines sensibles, manuelles et corporelles,
et celui de techniques répondant aux besoins fondamentaux
de l'être humain (se nourrir, habiter, se soigner, communiquer),
sont en cohérence et en équilibre avec les apprentissages
les plus abstraits. La connaissance de l'histoire des croyances
et des systèmes idéologiques développent
l'esprit critique et civique et permettent la prise de conscience
de toutes les formes de conditionnements. Seul cet enseignement
peut transmettre le maniement des outils de la liberté
qui donneront forme à la conscience."
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