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maternage.free.fr

Fondations et ressources de chacun

Eduquer sans violence avec respect

Primauté de l'éducation


Des choix de société

L'école utopique

2 photos de l'Ecole Nouvelle d'Antony

Fondations et ressources de chacun

La société a considérablement évolué pour prendre une tournure très différente de celle des millénaires qui ont précédé les deux siècles précédents -le 19è et le 20è. La place et le rôle des membres qui composent une famille (enfants, parents, grands-parents) ne sont plus aussi clairement établis et la notion de devoir mutuel entre les générations -devoir des parents envers leurs enfants puis des enfants devenus adultes envers leurs parents devenus âgés- s'est évaporée. La famille est devenue progressivement nucléaire, c'est à dire réduite à son noyau que sont les parents et les enfants. Aujourd'hui la famille évolue encore brutalement avec la généralisation des séparations et divorces et l'augmentation des familles (dé- ? et) re-composées.

En revanche, les besoins et les attentes des enfants sont inchangés car ils sont le résultat de milliers d'années d'évolution de l'espèce humaine. Les modes de maternage varient selon les espèces animales mais pas au sein d'une même espèce. Seul l'être humain a permis le développement de maternages si différents, voire opposés, dans l'accueil et l'accompagnement de sa progéniture. D'un côté, en caricaturant les extrêmes, on accouche naturellement, on allaite, on porte, on dort avec son enfant, on ne s'en sépare pas les premières années, on laisse l'enfant acquérir progressivement son autonomie, en le soutenant et l'encourageant dans cette démarche au quotidien, dans le respect, le dialogue et la confiance mutuelle ; de l'autre, on accouche sur rendez-vous, sans s'imprégner des hormones naturelles de la naissance qui favorisent l'attachement, on n'allaite pas, on ne materne pas, on prive l'enfant de contacts peau-à-peau en le mettant à distance à tout moment, on fournit de multiples substituts maternels à l'enfant, on s'en sépare précocément de longues journées, on éduque à renfort de privations, punitions, notes, jugements, violences psychiques et physiques, enfin on exige d'eux une régularité parfaite dans les apprentissages scolaires, sans jamais tenir compte de leurs besoins et de leur fonctionnement psychique.

L'enfance n'est pas une étape entre parenthèses de la vie où tout peut se vivre sans conséquences, mais au contraire une période fondamentale -et longue dans notre espèce- d'apprentissage de la vie relationnelle. Les enfants sont des adultes en devenir, dont les fondations se constituent progressivement, plus ou moins solidement, en fonction des échanges en oeuvre avec l'entourage. Claparède comparait l'enfance à l'état de tétard chez la grenouille : intermédiaire, nécessaire, et non accélérable. Sortir un tétard de l'eau ne le rend pas grenouille plus vite, ça le tue ! Priver un humain d'enfance ne le tue pas forcément, mais nuit à la construction de l'individu à part entière qu'il devra être un jour...
Les attitudes positives qui donnent des pierres solides à l'enfant sont :
l'amour (manifesté et pas seulement ressenti), l'affection, le dialogue, l'écoute (active, réelle), le regard, l'échange (d'idées, de biens, d'expériences...), la patience (d'attendre que l'enfant soit prêt pour passer une étape et non le forcer, patience de réexpliquer), le droit pour l'enfant de vivre des expériences ne le mettant pas en danger, la fixation de limites et de repères (temporels, rassurants, des règles de vie à la maison appliquées par tous...). Les attitudes négatives qui donnent à l'enfant des pierres friables avec le temps à plus ou moins long terme sont, à l'opposé : l'absence ou le manque de dialogue et d'écoute, l'indifférence, l'absence de limites et de repères, l'emploi d'une autorité rigide excessive, la surprotection inutile et frustrante, le recours à des punitions humilantes, vexations et toutes les violences, verbales, psychiques ou physiques...

En raison de son évolution sociale et culturelle, il est très difficile d'être parent aujourd'hui. Non allaités et non maternés car nés à la fin des années 60 et dans les années 70, au plus fort des protocoles hospitaliers rigides encadrant la naissance en France, ils sont perdus devant leur enfant qu'ils avaient envisagé comme une poupée ou un animal dressable. Coupés de leurs propres parents qu'ils ont parfois rejeté, nombreux sont ceux qui croient encore qu'il est bon pour un enfant de pleurer pour apprendre à faire ses nuits, ou qu'il est équivalent d'allaiter et de nourrir au biberon de lait artificiel pour ne citer que deux exemples flagrants et si habituels. Ignorant les découvertes des 20 dernières années dans le domaine de la psychologie de l'enfant comme dans la richesse de l'allaitement maternel, ils répètent un schéma parental de mise à distance de leur enfant. Convaincus de préparer correctement leur enfant à la vie moderne d'une société dure et exigeante, ils le fragilisent en nuisant à la construction d'une personnalité unique reposant sur des fondations saines qui permettent l'établissement de relations saines et équilibrées avec autrui, tout au long de la vie, et plus particulièrement lors de ses épreuves inévitables.

Des lieux sont à la disposition des parents qui souhaitent se retrouver entre parents, accompagnés de leurs enfants, au sein d'une Maison Verte selon le concept mis au point par Françoise Dolto. Des professionnels de la petite enfance dans les champs du social, du médical et du psychologique, sont présents et disponibles pour les parents venus anonymement. Tous les sujets autour de l'enfant et de la relation parents-enfants peuvent y trouver une réponse et un soutien. L'isolement parfois cruel de certaines jeunes mamans auparavant très actives y trouve un répit heureux. D'autres lieux comme L'école des parents proposent des débats, réunions de groupe, conférences et soutien téléphonique qui permettent aux parents de réfléchir, comprendre et évoluer.

Extrait de "Les bleus de l'âme : angoisses d'enfants, angoisses d'adultes", de Alain Braconnier,
Dans le chapitre "Construire sa maison",
il parle...

"...d'une maison dont les fondations seraient les années d'enfance, le rez-de-chaussée l'adolescence et le premier étage l'âge adulte.
Si les fondations ne sont pas solides, si le rez-de-chaussée est négligé, des fissures et des lézardes finissent un jour par apparaître à l'étage."


Interview du Dr Edwige Antier, parue dans "Famille et Education" :

" A la maternité déjà, la société va contre les élans de la mère, les casse. On lui dit " vous le prenez trop, il faut le régler ". On oppose aujourd'hui le comportement proximal, c'est à dire "je porte mon enfant contre moi, peau à peau, je l'allaite, je lui parle", au comportement distal où on dit aux mères "vous ne devez pas faire dormir votre enfant dans votre chambre, ce sont de mauvaises habitudes". La poussette, c'est aussi un éloignement. D'ailleurs, tous les gadgets de puériculture sont faits pour aider l'enfant à "tenir tout seul". Ce qui nous libère bien sûr !...
Jusqu'à 3 ans, il est normal que l'enfant soit roi. La mère est dans une bulle de folie maternelle avec son enfant. C'est un investissement total et normal. Après 3 ans, il va provoquer, chercher les limites. En fait, cela commence dès 18 mois, l'âge des colères, où il se roule par terre et où l'on se demande si l'on n'en a pas trop fait. A cet âge, la petite contrariété devient un drame que l'enfant n'arrive plus à surmonter, faute de maturité cérébrale. Il vaut mieux alors le divertir, le calmer, plutôt que de crier ou de taper. Bien sûr, on n'est pas obligé d'être complètement à ses pieds. L'autorité parentale doit être exercée, mais pas trop tôt ! Je pense que ce n'est pas par manque d'autorité, de fessées ou de père que les enfants sont violents. C'est plutôt le fait d'une éducation collective, froide et distanciée appliquée trop tôt. Il faut le dire parce qu'on va à la catastrophe."

De Janus Korczak...

Extrait de "Le droit de l'enfant au respect" :

"...il faut être grand, occuper pas mal de place pour susciter estime et admiration. Petit veut toujours dire : banal, dépourvu d'intérêt. ... Un enfant c'est si léger, si peu de choses. Il nous faut nous pencher, nous abaisser jusqu'à lui. Si faible aussi, et c'est le pire. On peut le soulever, le projeter en l'air, le faire asseoir contre son gré, lui dire d'arrêter de courir, anéantir à chaque instant ses moindres efforts. Se montre-t-il indocile ? Nous sommes assez forts pour en venir à bout. ... L'impuissance favorise le culte de la force, on s'arroge vite le droit de manifester librement sa mauvaise humeur ; plus besoin d'être adulte pour utiliser l'argument de la force, ... on peut faire mal impunément si l'on se sent plus âgé ou plus fort physiquement. C'est notre propre exemple qui apprend à l'enfant à mépriser tout ce qui est faible. Mauvaise éducation et d'un triste présage."

Extrait de "De l'éducation" :

"L'on peut obliger l'enfant à se tenir tranquille, mais agir de la sorte c'est ne pas avoir rencontré face à face cela même qui fait que l'enfant est obstiné, insolent,etc... La domination engendre l'antagonisme et la peur. Les récompenses et les punitions sous n'importe quelle forme ne font qu'asservir et alourdir l'esprit. Si c'est cela que nous voulons, l'éducation par la contrainte est un procédé excellent."


Une bonne fessée

"Une bonne fessée, ça fait pas d'mal !"
Alors tape, tape, tape, tapons le tout petit bout'chou mignon.
Trois petites tapes et puis s'en vont.
Dit le Papa.
"Y faut c'qu'il faut"
Tout doux minou, caresse la maman pour consoler
Consoler le bambin pauvre chérubin
Je ne sais pas quoi dire, mon tout petit,
C'est le Papa, il a sûrement raison.

"On en fera un homme"
T'as touché aux confitures
T'as dessiné sur les murs
Alors on dresse, redressons,
File droit. Fais attention
T'as vu ma main ? Elle est pour toi.
Papa s'occupe de tout.
Maman se tait.
Maman tu dis rien ?

Et petit à petit tu pousses en douce. Tu as six ans en un clic et une claque. Tu as douze ans. On va te dresser. Tu pousseras droit comme un arbre. Toi prends l'habitude de te sauver, tu t'esquives dans les coins. Tu grandis tordu, faut bien essayer de s'échapper. Tu zigzagues entre les coups.
Maintenant, tu es un homme. Faut croire que ça compte l'éducation. Tu as treize ans, quinze ans, tes muscles poussent. Un jour, c'est toi qui prends le ceinturon. Et tu cognes.
Tu cognes sur ton père, tu cognes sur ta mère. Tu sors dans la rue. Et tu continue à frapper : une jeune fille, un enfant, un chien. Tu casses une vitrine.

Ton père vient au poste de police. Le bourdonnement continue dans ta tête. Trop de coups, pauvre coucou. Mais tu l'entends quand même un peu. Il est étonné stupéfait.
Et il dit: " Monsieur, je ne comprends pas.
Je ne sais pas ce qu'il lui a pris.
On a pourtant tout fait pour bien l'élever.
Pourquoi est-il tombé si bas ? "

Tu te couches par terre et tu attends qu'il s'en aille.

Sandrine

Eduquer sans violence avec respect

Extrait du dossier "Quelques jalons d'histoire sur les punitions corporelles" rédigé par l'association Eduquer sans frapper

Les vertus éducatives des coups semblent avoir été appréciées de manières très diverses suivants les pays et les époques. Et si on voit cette violence de l'éducation diminuer indiscutablement au cours des siècles dans les pays développés, cela ne se fait qu'avec lenteur et irrégularité avec de périodiques retours en arrière.

De nombreuses études démontrent que les punitions corporelles sont inefficaces et nocives. Il est ainsi prouvé que les fessées sont inefficaces à l'école et que leur suppression n'augmente pas les mauvaises conduites.Un grand nombre d'études mettent en évidence des relations entre les comportements anti-sociaux des jeunes et les punitions corporelles infligées par leurs parents. Par exemple, le pourcentage des crimes commis est doublé chez les fils ayant reçu de fortes punitions corporelles de leur père. En France, une étude menée sur 300 personnes a mis en évidence une relation très forte entre la force, la durée et la fréquence des coups reçus en famille, et le nombre des accidents subis dans l'enfance et l'adolescence. La différence est déjà notable entre les "jamais battus" et ceux qui n'ont reçu que des coups "légers et rares". La gravité des accidents est aussi en relation avec l'importance des coups reçus, les plus souvent battus sont aussi les plus gravement malades. D'autres études prouvent la relation entre violences coprorelles et troubles du comportement. Nombreuses sont celles qui prouvent que les enfants les plus sévèrement punis par leurs parents sont les plus agressifs. Une étude a prouvé chez 933 mères d'enfants de 2 à 14 ans, que plus les punitions corporelles sont utilisées, plus les enfants s'engagent dans des conduites et des actes impulsifs. Chez 807 mères d'enfants de 6 à 9 ans, plus la fessée est utilisée pour corriger des conduites anti-sociales telles que mensonges, agressivité et vols, plus ces conduites sont élevées. D'autres études encore montrent en Suède et aux USA, qu'avoir reçu des fessées augmente le risque de dépression à l'adolescence et à l'âge adulte, et que plus les enfants sont punis, plus ils sont égoïstes et moins ils ont de considération pour les autres. Une étude menée en Suède, sur 10 pays européens, établit un parallèle entre l'approbation de la fessée par les parents (et les enseignants) et le taux d'homicides et d'infanticides. En étudiant les données existantes dans certains pays, on note que plus les sociétés sont despostiques et se maintiennent par la violence et plus les punitions corporelles sont fortes et utilisées à tous les niveaux. La durée et la nature des punitions données dans la famille, à l'école et par les instances judiciaires semblant toujours évoluer en parallèle. Enfin, il n'est qu'à lire Alice Miller et à examiner ses biographies de despotes dont la paranoïa meurtrière a endeuillé le XXème siècle : Hitler, Staline, Céaucescu, Mao Tse Toung pour comprendre la relation entre violence subie et violence donnée.

Les punitions corporelles sont nocives parceque :

  • elles donnent le mauvais exemple de la violence en disant que lorsqu'on est fâché, on doit frapper
  • elles brisent les autres modes relationnels qui fonctionnent sur la reconnaissance, l'estime de soi, le plaisir de faire plaisir, le plaisir de comprendre, celui de pouvoir évoluer et grandir
  • elles interdisent à l'enfant d'avouer des désirs irrationnels, que le châtiment ne change pas mais ensevelit et qui resurgiront plus tard
  • elle engendrent l'accumulation de colères et de frustrations qui risquent d'exploser ensuite dans des actes de délinquance
  • sur le plan physiologique, elles cassent les mécanismes automatiques naturels d'adaptation aux situations dangereuses que sont la fuite ou la protection de soi. Dans ce cas, l'enfant conditionné bloquera ses mécanismes de défense, se retrouvant en état d'inhibition, incapable de se protéger efficacement. La décharge de catécholamines déclenchée par l'inhibition est préjudiciable à certains organes et favorise la survenue de maladies psycho-somatiques.
  • lorsqu'elles sanctionnent une erreur, les punitions corporelles entraînent la peur chez l'enfant d'être frappé et par voie de conséquence, d'entreprendre une action difficile dans laquelle il risque d'échouer ou de se tromper. Ces apprentissages seront forcément plus limités.
  • elles n'enseignent à l'enfant qu'une seule chose : celui qui inflige la punition n'est pas content. Mais la vraie raison du mécontentement est souvent difficile à discerner par le punisseur lui-même, et l'enfant n'apprend pas qu'il doit réparer son erreur et comment le faire.

Certes, on enregistre une évolution notable des moeurs tant familales que scolaires ou judiciaires vers un adoucissement progressif. Mais certaines cultures manifestent encore un attachement bien plus fort que d'autres à des normes éducatives violentes. Ce sont les mêmes qui prônent l'asservissement de certains par d'autres, au sein de régimes totalitaires ou dictatoriaux qui maintiennent souvent un pouvoir discrétionnaire sur les femmes, les enfants et les employés.

Actuellement en France, selon une enquête Sofres de janvier 99, seulement 12,5% des personnes interrogés ayant des enfants ne leur donnent jamais de coups, 33% en donnent rarement et 54,5% en donnent plus souvent. Les plus âgés et les moins diplômés des enquêtés ont été les plus battus dans leur enfance. Ce sont eux qui à leur tour utilisent plus fréquemment les châtiments physiques avec leurs enfants.
Pourtant, dans la masse d'ouvrages consacrés à l'éducation disponibles dans toutes les librairies, aucun auteur ne vante les bienfaits des punitions corporelles que 3 petits français sur 4 subissent régulièrement.

Nombreux sont les parents qui pensent donc encore que les enfants ont besoin de sentir au-dessus d'eux une "autorité" et qu'il et nécessaire de leur mettre des "limites". En effet les limites imposées à nos désirs par les contraintes de la vie en société, familiale ou plus élargie sont incontournables. Chaque famille va donc être confronté à l'obligation d'imposer des limites à ses enfants. Or dans la société adulte les coups sont interdits. Pourquoi donc apprendre à un enfant un mode de relation et de résolution de conflit que la société réprime et sanctionne ? Les limites que donnent les parents sont souvent leurs propres limites de tolérance aux cris des enfants, à leur refus de manger, à leur peur de s'endormir... Ces limites sont inscrites dans l'histoire personnelle des parents. Quand le parent frappe l'enfant, c'est qu'il est arrivé à un seuil de souffrance personnelle, souvent inconsciente, qui se traduit par de la colère et de la violence. Les seules limites dont les enfants ont besoin sont celles posées par un accompagnement sécurisant face aux frustrations inévitables de la vie. Toutes sortes de négociations non-violentes peuvent être engagées avec l'enfant pour l'amener à respecter nos limites et celles que lui poseront forcément ses congénères tout au long de sa vie. Autant l'entraîner dès l'enfance aux méthodes socialement acceptables et respectueuses de lui-même et des autres.
Par ailleurs, les parents jouissent automatiquement et pendant plusieurs années d'une autorité naturelle, de par leur taille physique et psychologique. Nul besoin de violence, des ordres précis et cohérents suffisent à édicter les règles de vie nécessaires. Montrer l'exemple à son enfant d'une écoute ouverte, de notre respect envers lui et envers les autres, de notre esprit de justice, de notre tolérance, de la cohérence de nos exigences, lui permettra de vite nous reconnaître comme un adulte fiable, et lui apprendra à repérer et reproduire les attitudes socialement positives. En manifestant de la violence, le parent montre en fait à l'enfant qu'il doute de son autorité puisqu'il a besoin de recourir à une force qu'il détient si facilement. L'enfant n'a pas besoin d'autorité, mais de pouvoir placer sa confiance en un adulte suffisamment juste et attentif.

En 1979, la Suède promulgua avec une grande longueur d'avance, une loi qui interdisait les châtiments corporels. Pourtant en 1965, cette position n'était tenue que par 53% des suédois, en 1995, 30 ans plus tard, 89% des suédois y étaient favorables (96% chez les moins de 35 ans). Depuis, en Suède, plus aucun enfant n'est mort des suites de violence familiale, le nombre de procès pour violence contre les enfants a diminué, de même que le nombre d'enfants enlevés à leurs parents sur intervention des services sociaux. Entre 82 et 95, les "mesures obligatoires" ont diminué de 46% et les "placements en foyer" de 26%.

Les années 2001-2010 ont été déclarées par l'ONU "Décennie pour une culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde". A l'orée du troisième millénaire, accordons enfin aux enfants le droit au respect de leur personne. Eduquons les sans violence, ni humiliation, pour rompre enfion le cercle vicieux de la violence, et pour nous donner les chances de voir un XXIème siècle moins meurtrier que celui qui vient de s'achever.

Primauté de l'éducation

Les parents et éducateurs, par leurs paroles, mais aussi à travers leurs comportements sont des modèles pour les enfants qu'ils côtoient. C'est par imitation - de nos gestes, de nos expressions, de nos réactions - que les enfants apprennent un comportement social. Le meilleur moyen de leur apprendre le respect est donc de les respecter ; le meilleur moyen d'être écouté et entendu d'un enfant, c'est donc de lui permettre de s'exprimer et d'être écouté à son tour ; le meilleur moyen de lui enseigner la confiance -en lui-même et envers les autres- c'est donc de lui donner sa propre confiance sans conditions. Demander à l'enfant de faire quelque chose que l'on ne fait pas soi-même est pour lui illogique. Demander à un enfant de cesser de crier en hurlant est un contre-exemple significatif ! Lui dire de cesser ses violences en étant violent sur son corps en est un autre pourtant tout aussi courant. Ces contradictions obligent l'enfant à abandonner un raisonnement logique et à se soumettre à l'autorité aveuglément.
Pourtant, une pédagogie basée sur le respect et la confiance mutuels fonctionnent au plus grand bénéfice de l'enfant, mais aussi de ses parents, tout comme des relations mutuellement basées sur l'amour ou l'amitié, le font. Cela est bien entendu valable en famille comme à l'école, lieu d'apprentissage social par excellence, de l'enfant.

Extraits de textes d'Evelyne Charmeux
L'intelligence n'est pas une donnée de l'hérédité. Elle semble être le résultat d'une interaction entre les données héréditaires, physiques et sensorielles différentes d'un individu à l'autre, et les stimulations provoquées par l'environnement dans lequel l'indiviu évolue. "Ce n'est pas l'intelligence qui pemet d'apprendre, c'est l'apprentissage qui rend intelligent." Rendre intelligent c'est donc activer des potentialités, pour les transformer en possibilités, en capacités.
On a longtemps cru qu'apprendre c'était empiler des savoirs en cherchant à combler les vides et à corriger les erreurs, en les faisant disparaître pour mettre du vrai à leur place. En réalité, le bébé a des savoirs dès sa naissance, il n'est pas vide du tout. Et tout ce qu'il va apprendre en grandissant, chez lui ou à l'école ne va pas combler de prétendus vides, mais secouer et remettre en question ce qu'il savait. Nous passons notre vie à réajuster des connaissances qui ne sont que provisoires et dont le caractère relatif est éclairé constamment par les nouvelles expériences que nous vivons. Ce processus commence très tôt. Au fur et à mesure qu'il grandit, le petit enfant fait toutes sortes d'expériences, dont les effets, bénéfiques ou non, s'organisent chez lui en règles : ça, ça marche, ça, ça ne marche pas. C'est le rôle de l'éducateur de favoriser cette organisation. Pour cela il faut aider l'enfant à faire des constats et à en tirer des conclusions, et non faire à sa place. Donner des solutions c'est empêcher d'apprendre.

Quand on est en train d'apprendre, se tromper est normal, légitime et souhaitable.
Il faut cesser de le déplorer ou de le craindre, encore plus de le sanctionner : la peur d'être puni ou de décevoir empêche de progresser. Il faut en revanche analyser ce qui s'est passé pour pouvoir aller plus loin. On peut affirmer que pour ne jamais commettre d'erreur en situation responsable, il faut en avoir commis souvent en situation d'apprentissage. Comme le disait Oscar Wilde : "L'expérience, nom dont les hommes baptisent leurs erreurs".

Une action éducative efficace passe par le jeu et non par des leçons de morale, des punitions ou des récompenses. Jouer avec un enfant c'est non seulement installer une ambiance de détente, propice au dialogue et à l'écoute, mais c'est aussi lui faire découvrir les principales règles de la vie en société et leur nécessité. C'est encore lui apprendre à relativiser la réussite comme l'échec. Enfin le jeu, qu'il soit d'aventures, de simulation, de stratégie, d'adresse ou de réflexion, développe des compétences précieuses : mémoire, raisonnement, anticipation, réflexes, habilité motrice.

A l'inverse, récompenser et punir sont des conditionnements nuisibles à la responsabilisation de l'enfant qui n'ont rien à voir avec l'éducation. Eduquer c'est permettre d'accéder à l'autonomie, compagne incontournable de la responsabilité. Or les composantes essentielles de l'autonomie sont la capacité d'analyse et la conscience des problèmes... bref, c'est l'intelligence. Eduquer c'est donc rendre intelligent. Or la punition et la récompense ne stimulent pas l'intelligence puisqu'il n'y a pas de lien entre ce qui a été commis et ce qui s'ensuit. Au contraire, l'une comme l'autre font oublier ce qui a été fait. De plus, en instaurant une dépendance affective à l'égard de celui qui punit ou récompense, elles sont en fait contraires à l'autonomie. Pour que l'enfant devienne responsable, il faut lui apprendre à assumer les conséquences de ses actes, à se contenter de la satisfaction du travail bien fait, ou à se passer de ce qu'il a cassé. Pas besoin de multiplier reproches et privations qui nuisent à l'ambiance familiale et sont des violences faites à l'enfant qui altèrent à la longue son comportement.

Eduquer c'est former des citoyens libres et responsables, des êtres qui seraient très différents des robots trouillards et pervers issus de l'éducation qui récompense et punit.

Extrait de "La cause des enfants" de Françoise Dolto :

"La frontière entre les enfants nantis et les déshérités, les gâtés et les écrasés, est arbitraire et trompeuse... Recherchons le dénominateur commun de l'enfance : le bien-nourri pas plus que le mal logé, le scolarisé, le petit champion, pas plus que le futur esclave, n'est traité comme une personne... La cause des enfants ne sera pas sérieusement défendue tant que ne sera pas diagnostiqué le refus inconscient qui entraîne toute société à ne pas vouloir traiter l'enfant comme une personne, dès sa naissance, vis-à-vis de qui chacun se comporte comme il aimerait qu'autrui le fasse à son égard... A vouloir trop précipitamment "rentabiliser" l'enfant à charge, la société se prive d'un potentiel humain inestimable qui permettrait d'assurer la relève si on lui donnait le temps de la maturation nécessaire... Les enfants sont le futur, ce devenant à regarder non pas sous l'angle de la fragilité et de la faiblesse mais sous l'angle de ce qu'il a de neuf, de créateur, de dynamique et de révélateur de lui-même et des autres à son contact aussi."


Extrait de "Primauté de l'éducation" de Pierre Rabhi
:

"Celle-ci détermine dès l'enfance la représentation mentale que nous aurons de la réalité dans laquelle nous sommes inclus, et, par conséquent, la qualité de notre relation aux autres et à la nature. Nous héritons de "valeurs" de notre famille, de notre groupe social, de notre nation. Nous sommes profondément conditionnés, endoctrinés et comme programmés...
Ainsi, dès leur apparition, les enfants entrent dans la vie comme dans une arène où chacun doit se préparer à mener sa propre lutte contre le destin et les autres avec, comme "managers", la famille, le groupe social ou national.
Les enfants de la nation sont préparés à être de bons soldats de l'économie ; une vie réussie se mesure à l'aune des acquis matériels et de la considération. Et lorsque sonne l'heure du déclin auquel nul ne peut échapper, cette vie "réussie" souffre parfois d'avoir été consumée par les valeurs de l'avoir au détriment de l'accomplissement et d'une réelle évolution de l'être"

Extrait de "De l'éducation", de Janus Korczak :

"Pour des raisons politiques et industrielles, la discipline est devenue un facteur important dans la structure sociale actuelle, et c'est à cause de notre désir d'être psychologiquement en sécurité que nous acceptons et pratiquons diverses formes de contraintes. Elles garantissent un résultat et nous estimons la fin plus importante que les moyens, bien que ce soient les moyens qui déterminent la fin. Un des dangers de la discipline est que le système devient plus important que les êtres humains qui y sont enfermés..."

Des choix de société

Les conséquences néfastes d'une éducation irrespectueuse de l'enfant sont tout à fait visibles aujourd'hui dans nos sociétés occidentales industrialisées avec un accroissement de la violence (envers soi et envers les autres) à tous les niveaux de la société.
Chez les enfants, c'est l'apparition de plus en plus précoce d'une violence non maîtrisée, et d'une délinquance qui rajeunit sans cesse. Chez les adolescents, on constate nettement la dérive violente de la fameuse crise de cet "âge", considérée comme nécessaire et inévitable alors qu'elle peut se vivre très différemment, comme en témoignent encore de nombreuses cultures. L'adolescence actuelle connaît une augmentation importante des suicides avec plus de mille jeunes de 15 à 24 ans qui mettent volontairement fin à leur vie chaque année en France, mais aussi une augmentation des comportements toxicomaniaques et des conduites à risque très risquées, justement, ainsi que des manifestations d'automutilation que sont le piercing et le tatouage. La recherche effrénée du plaisir et de satisfactions buccales, se constate à l'observation de la quantité croissante de produits excitants et euphorisants consommés régulièrement par de nombreux jeunes (café, coca, tabac, alcool, haschich...), mais elle se constate aussi dans la recherche de plaisirs physiques paroxystiques du corps qui transparaît dans la musique des raves (transe, techno...) et dans une toute autre mesure, dans la pratique des viols collectifs dont l'adolescent agresseur méconnaît totalement la gravité. Chez les adultes, jeunes ou moins jeunes, c'est l'augmentation constante des psychoses, des dépressions (notamment la dépression du post-partum qui suit aujourd'hui un accouchement 1 sur 10), du recours à la chimie médicamenteuse pour voir la vie en rose, se détendre, ne pas déprimer, s'exciter, supporter le stress, et dormir, car il semble qu'on dorme très mal en France au vu de notre consommation record mondial de somnifères...

La violence de nos sociétés en équivaut bien d'autres. Elle est présente dès la naissance peu respectueuse des besoins du nouveau-né, puis dans les relations parents-enfants non maternantes culturellement transmises, puis à l'école dans les situations d'apprentissages humiliantes, et enfin dans la vie professionnelle ultra-compétitive. La violence éclate aussi dans le flot d'images diffusées sur les écrans, dans les textes de certaines chansons, dans la représentation de la femme dans la publicité, et dans de nombreux modèles fournis par les adultes dans la vie sportive comme dans la vie civile en temps de guerre, mais aussi en temps de paix (incivilité, irrespect, racisme, égoïsme...). Si l'on veut une société toujours plus violente, plus individualiste, où le profit est le seul moteur qui subsiste, il n'y a qu'à continuer ainsi. Si, en revanche on veut une société moins violente et plus solidaire où chaque individu est autonome et responsable de ses actes, il est temps de modifier nos pratiques éducatives, dans le cadre familial comme dans le cadre scolaire en abolissant le recours à toute violence, qu'elle soit physique, verbale ou psychique et en prenant enfin en compte les besoins des enfants.

L'école utopique

Extraits de "La machine-école" de Philippe Meirieu
"L'école de la république a perdu son projet fondateur, pour devenir une institution chargée de gérer des flux d'élèves. Une sorte de gigantesque garderie doublée d'une gare de triage. Faute de consensus sur l'homme que l'on veut former et la société vers laquelle on veut aller, le Politique multiplie les expertises et les propositions pour améliorer son fonctionnement, mais dès qu'il s'agit de toucher à ses finalités, la tension se fait trop forte et l'on fait machine arrière. Et quand les projets proposés touchent le coeur de l'école que sont les contenus d'enseignement eux-mêmes, ils révèlent trop vivement les désaccords, mettent au jour les incertitudes et les contradictions des acteurs de l'école, de manière trop violente... Si les Français qui ont aujourd'hui entre 40 et 50 ans rapetissaient et retournaient à l'école, ils seraient frappés par le fait qu'en dépit de toutes les réformes annoncées, le quotidien de l'enseignement soit resté très largement identique à ce qu'ils ont vécu. Certes les programmes ont un peu changé, le vocabulaire utilisé n'est plus tout à fait le même et des ordinateurs sont présents ici ou là, mais l'organisation de la scolarité et les ressorts essentiels de l'enseignement n'ont pas bougé. L'infantilisation règne toujours autant dans la cour et dans les couloirs, le cours magistral plus ou moins dialogué demeure la forme dominante de communication, le travail en groupe est toujours aussi rare, le recours aux sanctions traditionnelles et punitions collectives est toujours privilégié, les méthodes dites "actives" systématiquement cantonnées à quelques disciplines marginales par quelques enseignants "illuminés". Ecouter, recopier, apprendre, réciter restent les activités principales.... comme suivre des yeux la trotteuse de sa montre en attendant la sonnerie ! L'école change, mais la classe reste."

La thèse du complot libéral, selon laquelle la mort annoncée de l'école serait délibérément entretenue par les gouvernants successifs, développe l'idée que la société libérale, de moins en moins encline à consacrer des sommes immenses à la formation de ses soutiers, laisse agoniser l'école de "tous", l'élite parvenant toujours à trouver la meilleure formation pour ses enfants. On ne cherche plus à épanouir des individus en développant l'imagination, la créativité ou le libre arbitre, mais on veut préparer les enfants au travail, les éduquer dans une logique utiliariste, les rendre consommables par la société et sans esprit critique.

De Célestin Freinet à Rudolph Steiner, en passant par toutes les pédagogies dites nouvelles, l'épanouissement des élèves reste le moteur essentiel des écoles "différentes", qui envisagent "une autre école pour une autre société"...
Dans un monde où la valeur humaine s'estime en termes de rentabilité, il est de plus en plus difficile d'envisager avec les jeunes un accomplissement personnel qui leur viendrait du savoir et de la connaissance. L'Education Nationale est le parfait reflet d'une société en crise, apparaissant comme une institution écartelée entre sa vocation d'égalité sociale et les nouvelles données d'une économie implacable.

L'objectif général de l'Education Nouvelle est de contribuer à la formation d'adultes autonomes, capables de se prendre en charge, confiants en leurs capacités, manifestant une indépendance d'esprit et de jugement, curieux et désireux de continuer à acquérir de nouvelles connaissances, sachant toujours avoir des enthousiasmes et des désirs, maîtrisant les outils de la réflexion et de l'analyse, acteurs de la vie sociale et agissant positivement à l'égard des autres.
Son projet fondamental consiste à mettre chaque enfant en situation d'acteur responsable de l'ensemble de ses apprentissages. L'Education Nouvelle ne se réduit pas à une série de méthodes, elle est essentiellement un esprit d'où découlent un mode de vie et un climat relationnel entre enfants et adultes. Elle se donne les moyens de susciter le désir des enfants de devenir autonomes (l'autonomie ne se donne pas, elle se prend) et accepte qu'ils le soient. Pour elle, l'enfant est "un feu qu'on allume et non comme un vase qu'on remplit" comme le disait si bien Rabelais. Ces pédagogies font toutes appel à la curiosité naturelle de l'enfant, à son désir d'apprendre, de faire plaisir, d'inventer, de créer, de grandir, de s'exprimer. Elles privilégient la compréhension, l'expérimentation, le savoir-apprendre, le savoir-faire, plutôt que l'accumulation de connaissances.

Dans leur pratique, les pédagogies nouvelles, qu'elles se réclament de Rudolph Steiner, de Maria Montessori, de Célestin Freinet, d'André Decroly ou encore de Victor Cousinet, utilisent tour à tour et avec des degrés et des approches diverses tous les moyens qui contribuent à développer le plaisir d'apprendre, de découvrir, de réaliser seul ou avec d'autres, comme le décloisonnement, le travail en petits groupes, le travail dans les projets, la fréquentation de la bibliothèque, la recherche documentaire, le contrat de travail individuel, le travail par exposés, le travail en ateliers, l'utilsation du jeu, l'auto-correction, les sorties, les classes extérieures, les spectacles et fêtes...
D'autres moyens, en revanche, sont à rejeter : le cloisonnement des activités, les apprentissages prématurés, l'enseignement exclusivement magistral, le "par coeur" sans compréhension, le travail scolaire utilisé comme une punition, le classement des enfants, un système punition-récompense basé sur les résultats scolaires.
La notion de pédagogie de projet est indissociable de l'Education Nouvelle : elle amène les enfants à construire leur projet en fonction de leurs intérêts propres et de ceux du groupe. Elle reconnaît aux enfants des droits et des devoirs et leur donne les moyens de les mettre en action : choisir, décider, entreprendre, persévérer, aboutir, présenter devant les autres, subir leur critique. Les apprentissages abordés diffèrent d'un projet à l'autre, ce qui constitue un moyen privilégié d'acquérir plus ludiquement les connaissances scolaires et académiques, sans ennui et chacun à son rythme, selon son degré de maturité.
L'apprentissage concret de la démocratie y est toujours présente, à travers des conseils de classe et d'écoles qui donnent une valeur à la parole de l'enfant, lui apprenne à écouter l'autre et à prendre la parole avec respect, favorise la responsabilisation, le respect des règles de vie édictées en commun, et donc l'autonomie globale des enfants.
La façon dont est conçue l'évaluation fait partie du contrat de confiance qui lie adultes et enfants. L'évaluation, nécessaire aux parents comme à l'enseignant et à l'enfant pour savoir où ce dernier en est par rapport à ses apprentissages, doit être une étape du processus d'apprentissage que les enfants sont amenés progressivement à maîtriser et non un mode de sanction appliqué par l'adulte à un instant T.
Enfin, une place importante est laissée aux activités créatives, musicales et manuelles et au savoir-faire. L'Education Nouvelle n'ayant pas pour projet de fomer une élite mais s'intéressant à tous les enfants qu'elle respecte pour eux-mêmes, non pas en fonction de leurs performances mais quelles que soient leurs performances. Elle considère l'éducation dans sa globalité et attache donc une importance égale à tous les domaines, sociaux, physiques, artistiques, manuels et intellectuels.

 

Extrait de "Bases d'un projet pédagogique d'humanisation à la mesure des temps qui viennent", de Pierre Rabhi :

"L'éducation et l'enseignement devraient favoriser l'accomplissement et une réelle évolution de l'être humain en formation, en remplaçant les "valeurs" actuellement transmises (compétition, performance) par des "valeurs d'humanisation" nécessaires au monde de demain. L'enthousiasme et l'effort d'apprendre, le plaisir de comprendre et de partager, la nécéssité de créer en tout domaine, se substituent à l'individualisme, au totalitarisme du "chacun pour soi" et au règne de la marchandise.
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Dès l'école maternelle, tous les apprentissages devraient être transmis hors de toute menace d'échec et à un rythme propre à chaque individu. Les enseignements nécessaires au monde de demain devraient suivre les étapes du développement personnel de chacun. L'ensemble de ces transmissions sont fondées sur la nécessité conjointe et inséparable de l'apprentissage de l'autonomie et de la solidarité. L'enseignement des disciplines sensibles, manuelles et corporelles, et celui de techniques répondant aux besoins fondamentaux de l'être humain (se nourrir, habiter, se soigner, communiquer), sont en cohérence et en équilibre avec les apprentissages les plus abstraits. La connaissance de l'histoire des croyances et des systèmes idéologiques développent l'esprit critique et civique et permettent la prise de conscience de toutes les formes de conditionnements. Seul cet enseignement peut transmettre le maniement des outils de la liberté qui donneront forme à la conscience."