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Editorial n° 9 - mai 2004
Porter son enfant en écharpe... ou la petite histoire d'une grande histoire à vivre avec son bébé... |
Au commencement,
les jours qui suivent la naissance, on fait connaissance dans son
lit avec son bébé nouveau-né en le posant sur
sa poitrine, puis, rentrée à la maison, on l'emballe
dans une écharpe de tissu en coton naturel, tissée
tout spécialement, souple et douce pour la peau et on porte
continuellement son petit très souvent endormi, blotti tout
contre sa poitrine. |
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Pour l'enfant, le plaisir c'est d'être bercé par les mouvements et les sons. D'être dans le rythme de la vie. L'immobilité et le silence, c'est le néant, la mort, pour un bébé qui n'a jamais connu cela. Les balancements de la marche et de tous les mouvements du porteur, ainsi que les bruits et les paroles de son environnement, c'est la vie qui continue, naturellement, grâce au portage intensif. Ce plaisir partagé par les deux protagonistes, le porté et le porteur, favorise l'attachement. Physiquement, c'est évident puisqu'ils sont tous les deux "emballés " ensemble, corps contre corps, peau contre peau, sans paroi de séparation. Psychologiquement, cela en découle de façon indéniable, et le lien d'attachement élaboré à l'intérieur du corps maternel peut se tisser solidement à l'extérieur, maille par maille... grâce au tissu. |
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Puis,
les jours passant, on comprend combien la vie quotidienne est facilitée
par le portage intensif de son bébé en écharpe. On s'aperçoit au quotidien que le portage permet à chacun de vivre à son rythme, sans contrainte. Bébé se repose, observe, participe, dort, au gré de ses besoins. Lorsqu'il est fatigué il s'endort simplement rassuré par la présence humaine permanente. Le porteur aussi peut aller, venir, entrer, sortir, discuter, faire ses courses, téléphoner, travailler, oeuvrer dans sa maison... Tout cela sans jamais devoir suspendre ses activités pour prendre le temps d'endormir son bébé, ou de le rendormir pour la xième fois. Quand il "se réveille" dans un demi sommeil pour vérifier si rien n'a changé depuis qu'il s'est assoupi, il se rendort facilement puisque les conditions sont semblables. Et quand il a fini de dormir, il n'a pas besoin de crier pour appeler, ni de verser de larmes si l'on tarde à venir, puisque son porteur est encore là, qui, déjà lui dit "bonjour" et lui procure sourires et caresses ! |
Si
d'aventure la famille compte plusieurs autres membres, l'écharpe
devient vite irremplaçable car les besoins du bébé
peuvent tous être facilement comblés sans faire de lui
le "voleur de maman" de ses frères et soeurs... La
vie continue, comme avant, avec un membre de plus dans la famille, qui
partage la vie commune sans la perturber. Les ainés les plus
grands découvrent eux aussi le plaisir de porter. Ils éprouvent
en effet de la joie à s'occuper de leur petit(e) frère(soeur)
et à
tenir un instant, "pour de vrai", leur futur rôle de
parent, tout en apportant un relai à leur maman. Au
contact permanent des autres, bébé s'éveille vite.
De plus en plus souvent réveillé, il observe son environnement,
apprend les gestes et les comportements de sa culture, baigne dans le
langage et connaît de fréquents moments d'échanges
relationnels. |
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Puis
bébé atteint ses 9 mois et termine sa vie de "sans-cesse"
porté. Sa gestation se termine réellement après
cette deuxième partie, menée ex-utéro, lorsqu'il
devient capable de se déplacer par lui-même. Il en a
d'ailleurs très envie. Quel joie de pouvoir enfin explorer
son univers et aller saisir toutes ces choses que l'on a vu manipulées
depuis des mois par les autres ! Les grands primates ont des poils pour que leurs bébés s'accrochent. Chez l'homme, des lanières et des pans de tissu ont remplacé sur l'ensemble de la planète les poils de nos ancêtres. Il semblerait même que le porte-bébé ait été le premier outil inventé par l'homme (plutôt par la femme alors !). Partout les mères portent et fabriquent leurs porte-bébé avec les moyens du bord. Pagne africain de coton, rebozo mexicain, porte-bébé en cuir ou en filet en afrique, en tissu en asie et en orient... |
En occident industrialisé,
les femmes se remettent à porter mais la
plupart des porte-bébés commercialisés massivement
ne sont malheureusement pas de bons modèles. Mal
conçus, ils sont peu confortables pour l'enfant qui est en
mauvaise position, suspendu par ses parties génitales, les
jambes pendantes et le dos cambré. Ils sont aussi peu confortables
pour le porteur qui doit faire des réglages et finit par trouver
bébé lourd pour son dos dès 3 à 4 mois
(je le sais, j'ai utilisé les kangourous pour mes deux ainées).
Enfin, en plaçant une séparation entre le bébé
et le corps du porteur, ils empêchent les échanges thermiques
naturels. On doit donc vêtir l'enfant d'une combinaison pilote
par temps froid, ce qui l'éloigne encore plus du corps de son
porteur et le rend par conséquent plus lourd et plus difficile
à porter longtemps. Peut-être
devrions nous simplement nous souvenir que notre espèce appartient
à l'ordre des primates. Ce qui fait de nous des porteurs
et non des nidicoles. Nos petits sont censés rester au
contact d'une mère qui répond majoritairement et constamment
à tous leurs besoins -nourriture, chaleur, éveil, sécurité-
tant qu'ils ne sont pas autonomes dans leur déplacement. Ils
ne sont pas censés être disposés dans de jolis
petits nids brodés et décorés de milles choses,
attendant d'être nourris, sur le plan physiologique mais aussi
sur le plan psychique, à intervalle régulier... Emmanuelle Blin |
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Le portage est un bonheur. Le simple fait de passer une écharpe, suffit à combler l'enfant dans sa proximité avec le parent et celui-ci l'est aussi par la douceur et la fierté que cela procure. Je me rappelle mes débuts de peau à peau avec notre deuxième enfant, lorsque je l'avais là tout contre moi dans un nouage en double croisé. J'avais l'impression de vivre un peu comme la fin de grossesse de ma femme, ces instants où la future mère a plus de mal à se mouvoir par la proéminence de son ventre. Par un certain côté le portage peu faire ressentir au papa, une possible magie de la grossesse faisant partie d'une si grande inconnue pour notre sexe. Avec notre plus grande c'est dans la complicité
du jeu, en courant dans les bois, que le portage s'exprime, mon enfant
sur le dos. Ou encore dans l'apaisement et le réconfort lorsque
la fatigue se fait sentir. L'écharpe est vêtement dont on se pare, une seconde peau, avec de multiples coloris pour les goûts de chacun. L'écharpe protège, couvre, réchauffe, je ne sors qu'avec elle, pour pouvoir porter mes enfants. Jérôme, un papa porteur. |