Interview du Dr Edwige Antier, parue dans "Famille et Education" :

"A la maternité déjà, la société va contre les élans de la mère, les casse. On lui dit " vous le prenez trop, il faut le régler ". On oppose aujourd'hui le comportement proximal, c'est à dire "je porte mon enfant contre moi, peau à peau, je l'allaite, je lui parle", au comportement distal où on dit aux mères : "vous ne devez pas faire dormir votre enfant dans votre chambre, ce sont de mauvaises habitudes". La poussette, c'est aussi un éloignement. D'ailleurs, tous les gadgets de puériculture sont faits pour aider l'enfant à "tenir tout seul". Ce qui nous libère bien sûr !...

Jusqu'à 3 ans, il est normal que l'enfant soit roi. La mère est dans une bulle de folie maternelle avec son enfant. C'est un investissement total et normal. Après 3 ans, il va provoquer, chercher les limites. En fait, cela commence dès 18 mois, l'âge des colères, où il se roule par terre et où l'on se demande si l'on n'en a pas trop fait. A cet âge, la petite contrariété devient un drame que l'enfant n'arrive plus à surmonter, faute de maturité cérébrale. Il vaut mieux alors le divertir, le calmer, plutôt que de crier ou de taper. Bien sûr, on n'est pas obligé d'être complètement à ses pieds. L'autorité parentale doit être exercée, mais pas trop tôt ! Je pense que ce n'est pas par manque d'autorité, de fessées ou de père que les enfants sont violents. C'est plutôt le fait d'une éducation collective, froide et distanciée appliquée trop tôt. Il faut le dire parce qu'on va à la catastrophe."