maternage.free.fr

Editorial n° 7 - janvier 2004

De la maternologie à l'instinct maternel...
Une relecture de l'allaitement vu à la télévision française cette fin d'année 2003.

Le 23 octobre, France 2 a diffusé dans son émission "Envoyé spécial" un reportage sur un service hospitalier unique en son genre : l'unité de maternologie de l'hôpital Charcot.

Dans ce service où l'on traite les "accidents de maternité", une dizaine de femmes sont prises en charge de quelques jours à plusieurs mois. Elle viennent là de leur plein gré car leur rendez-vous avec le bébé s'est mal passé, plus ou moins vite après sa naissance. Comme près d'une maman sur dix, elles ressentent douleur, frustrations et difficultés à exercer leur nouveau rôle avec ce bébé.

Le décryptage des difficultés, différentes pour chaque mère, est fait par une équipe pluridisciplinaire en visionnant un enregistrement vidéo. Au départ, 13 ans en arrière, toutes les interactions mères-enfants été filmées, mais ils se sont vite aperçus que les séquences de nourrissage à elles seules, révélaient toutes les clés... En effet, selon Jean-Marie Delassus, le chef de ce service, l'allaitement -qu'il soit au sein ou au biberon, peu importe le lait- est "le moment le plus révélateur du lien mère-enfant en étant révélateur de la capacité du don, don au sens profond : se donner l'un à l'autre"...
Or quel don plus grand, plus essentiel, plus charnel, plus proximal et plus entier que le don de son lait, fabriqué par son corps, donné directement de son sein à la bouche de son enfant ?...
Allez, faites un effort, essayez de vous souvenir -ou d'imaginer, selon que vous ayez été allaité ou non- ce que cela vous évoque de téter le sein de votre mère...

Evidemment, dans le sujet présenté, les mères biberonnent toutes... Et si l'allaitement avait pu préexister à l'entrée du service de maternologie, il y serait mis à mal puisqu'ici les mères et les enfants sont obligatoirement séparés durant la nuit ; le bébé étant pris en charge par une infirmière qui le nourrit au biberon, pendant que sa mère récupère en dormant à l'aide de pillules.

Pourtant, le bébé est programmé pour vouloir sa mère. Son instinct à lui, la réclame. Il la veut pour se nourrir parce que c'est le meilleur moyen qu'a trouvé la Nature pour ne pas séparer ces deux-làs. Totalement inachevé à sa naissance et encore de longs mois durant, le bébé a besoin de sa mère tout autant pour son lait que pour ses bras, son regard, son balancement, sa chaleur, sa protection, son soutien pour un développement psycho-moteur et une structuration mentale et psychique optimaux.

Mais le bébé veut aussi sa mère pour la construire. En l'obligeant à être disponible pour lui, à son écoute permanente, cherchant à interpréter ses signaux que l'on sait très structurés, à répondre à ses besoins, à maintenir la symbiose commencée pendant la grossesse grâce au lien physiologique et psychique puissant qu'est celui de l'allaitement au sein ; l'enfant "fait" sa mère. Quand il ressent (parfaitement bien) qu'elle va mal, il se manifeste comme il peut pour "forcer la relation" afin de guérir sa mère.

Finalement, dans cette unité de maternologie on cherche à guérir la mère séparément de son bébé à l'aide de médicaments et d'entretiens quotidiens avec des thérapeutes, tout en mettant à distance son premier et meilleur thérapeute qu'est son bébé. N'est-ce pas lui qui a révélé le problème à l'entourage et à sa mère, par son comportement et ses somatisations ?
Or , les entretiens thérapeutiques des mamans révèlent toujours des difficultés qui viennent de l'enfance, de leur passé de petite fille, de leurs relation avec leurs parents... Toutes ces mères qui craquent n'auraient-elles pas elle-mêmes subi dans leur petite enfance un maternage bancal, favorisé par l'absence d'allaitement au sein, la mise à distance corporelle et psychique, l'ignorance des besoins et des pleurs, les séparations précoces prolongées d'avec leur propre mère...
En brisant la permanence du lien qui l'unit naturellement à son enfant, on empêche ce dernier de guérir sa mère, et c'est bien dommage. Accompagner la relation mère-enfant est nécessaire mais freiner son accomplissement est dommageable. Dommageable pour elle, qui devra pourtant tenir encore longtemps son rôle, amputée dans ses capacités maternelles. Dommageable pour lui, qui doit se séparer d'elle. Ce faisant, n'est-on pas aussi en train de décaler le problème à la génération suivante ?

Lisez des réactions à la diffusion de cette émission

En décembre, sur le plateau de l'émission Psychologies sur France 5, Boris Cyrulnik nous dit que l'instinct maternel ne veut plus dire grand chose pour les êtres humains. Qu'à peine né nous réfléchissons, nous construisons de la pensée, nous devenons humains en baignant dans la culture. Mais plus loin, il dit aussi que c'est différent lorsque des hormones sont en jeu.
Or l'allaitement met la mère dans un état hormonal particulier, fait d'ocytocine, l'hormone du plaisir, et de prolactine, hormone apaisante. Pour illustrer le sujet, une jeune maman aux formes et à la poitrine généreuses (Image de la mère, quand tu nous tiens !) révèle son bonheur d'être devenue mère pour la première fois. Et bien sûr, elle allaite son bébé, mais aussi elle l'endort au sein, elle le porte, elle dort près de lui...

Jean-Marie Delassus, quand à lui -dans le sujet sur la maternologie-, refuse que l'on parle d'instinct maternel. Ce mot dangereux coincerait les mères dans une identité anormale (si l'instinct existe, pourquoi est-ce-que je ne ressens pas d'élan pour ce bébé ?) et les priverait d'espoir (on ne peut soigner le défaut d'instinct).

Michel Odent nous dit lui, qu'en se privant du cocktail d'hormones naturellement en jeu lors d'une maternité naturelle (durant la grossesse, la naissance et l'allaitement) on se prive de ce que la nature a développé tout au long des millénaires pour nous permettre d'assurer la saine reproduction de l'espèce.

Alors, va-t-on continuer encore longtemps à ignorer que l'instinct maternel est directement lié à la présence des hormones physiologiques mises en jeu lors d'une maternité naturelle ? Cela a été vérifié chez toutes sortes de mammifères, y compris chez nos cousins les grands singes, mais on persiste à nier que cela puisse compter pour l'espèce humaine.

Pour devenir mère, c'est comme pour tout autre apprentissage, il faut "s'y coller" ! La nature a tout prévu, laissons-là faire.
Cessons d'interférer sans cesse, à toutes les occasions, à tous les niveaux.
Cessons d'agir sur le climat hormonal des femmes en les stressant inutilement durant leur grossesse avec des examens à tout moment qui s'ajoutent aux manques d'humanité et de temps. Cessons d'agir sur le climat hormonal des parturientes en substituant aux hormones naturelles de l'accouchement des hormones de synthèse et des analgésiques. Cessons de priver les mères du climat hormonal particulier de la femme allaitante, qui favorise tellement le maternage. Cessons d'accuser les mères qui maternent d'être trop fusionnelles. Cessons de séparer les mères de leurs enfants et les enfants de leurs mères.

Et n'oublions pas que si nos arrières-grands-mères et nos grands-mères n'ont pas aimé être mères, ce qui nous a amenés au féminisme à la française ; c'est parce qu'on a cassé leurs élans, en les culpabilisant sans cesse de suivre leur instinct maternel ; maintenir le bébé dans un état d'hygiène parfait, "régler" l'enfant, le maîtriser, prévalaient alors. Retrouvons la joie de materner en s'y laissant aller, la joie d'être dans le don de soi, pour l'épanouissement des mères, des pères et de leurs enfants.

Emmanuelle Blin

Réactions d'internautes

Comme c'est beau ce que tu écris, Emmanuelle, et tellement vrai!

Sans partir de cas aussi graves que ceux traités par l'unité de maternologie, combien de "baby-blues" pourrait-on éviter ou tout au moins limiter à quelques jours en laissant les mamans suivre leurs instincts ?

Je me souviens, lors de la naissance de ma fille aînée (il y a 12 ans déjà !), avoir voulu l'allaiter. Ce que j'ai fait, malgré les pesées avant et après tétée imposées à la maternité et les compléments quand elle n'avait pas pris assez. Ma mère était venue me rendre visite et me demandait ce que je ressentais d'avoir ma fille au sein. Je ne trouvais pas les mots pour le dire, si ce n'est que c'était extraordinaire et ma mère m'a dit "Oui, c'est jouissif!". C'est exactement cela que je ressentais sans oser le dire aussi "crûment".

Je me souviens du début de ma dépression psot-partum qui a commencé avec l'introduction des biberons pour préparer la reprise du travail. Dépression qui a duré longtemps et s'est trouvée ravivée lors des passages au biberon des enfants suivants pour la reprise du travail...

Et puis, quelques années plus tard, j'ai divorcé, j'ai trouvé un nouveau compagnon qui a eu envie d'avoir des enfants avec moi parce que lui n'était pas encore père et qu'en me voyant m'occuper des 3 autres, il me trouvait parfaite. Enceinte, j'ai découvert le réseau des marraines d'allaitement maternel, puis la Leche League et Lactaliste et j'ai découvert une autre manière de vivre la maternité et l'allaitement. Je me suis "autorisée" à suivre ce que je ressentais pour materner et allaiter Lison, elle a dormi avec nous pendant 2 ans pour notre plus grand bonheur, n'a pas été sevrée du sein de sa mère à la reprise du travail (malgré ma mère qui d'allaitement jouissif était passée à esclavage à cause de la durée et de mes yeux cernés, sans prendre en compte mon épanouissement et celui de notre fille). Grand bien m'en a fait, pas de dépression post-partum à l'horizon! Des coups de fatigue ou de blues, oui, comme toute mère de 4 enfants qui doit en plus assumer un travail à plein temps...

Aujourd'hui, ça fait 6 semaines que Léo a rejoint la tribu, avec une naissance sans péridurale, sans hormones synthétiques et ça aussi c'est un grand moment. Je me sens désormais "complète", entièrement femme, en accord avec mon corps! Lison et lui sont co-allaités...

Axelle, maman de Chloé (24-09-91), Claire (29-03-94), Camille (30-09-96), Lison (24-10-01) et Léo (11-12-03) co-allaités, Boulay, 57
axelle.hesse@wanadoo.fr

Merci pour ce très bel édito...il tombe à point pour me remonter le moral. Pour la première fois en trois mois, je m'interroge sur notre choix de pratiquer le cododo...bb tête plus la nuit actuellement, et je suis un peu fatiguée...mais tu me confortes, et je sens bien que je suis "dans le vrai", bébé va bien, notre relation s'est instaurée si joliement...les réactions des mamans sont également fort intéressantes, bravo !

Hélène, maman de Léonie, 5 ans et demi, allaitée trois mois et d'Augustin, 3 mois, allaité.

Je viens régulièrement parcourir votre site et j'y ai trouvé notamment des informations sur la dépression du post- partum à un moment de ma vie où il était important pour moi d'avoir un maximum de renseignements à ce sujet.

Et puis aujourd'hui, tout à fait par hasard je viens de lire votre éditorial de janvier parlant du service de Maternologie de st Cyr dans les Yvelines et du reportage qui lui fut consacré en octobre 2003.
Ayant témoigné dans celui ci (je suis la maman que vous voyez en début de reportage et à la fin 4 ans plus tard) je me permets d'apporter quelques corrections et un tout autre avis sur cette unité et sur la difficulté maternelle que visiblement vous n'avez regardé qu'à travers l'optique de votre site de maternage.
Je m'insurge en effet contre ce que vous affirmez sur ce service à la fois de bon cœur pour il me semble nourrir votre point de vue mais surtout en toute ignorance de son fonctionnement, de son but et de son optique.

J’aimerai préciser avant tout que la Maternologie est une unité d’accueil mère-enfant dont le soin thérapeutique s’attache à l’autre versant de la maternité humaine : son versant psychique, et prend en compte les difficultés de la relation mère-enfant ainsi que les problèmes de mal-naissance psychique du nourrisson inhérents aux premières.
Il serait vain d’y chercher à tout prix, un lieu qui enseignerait une façon d’être mère ou de materner son enfant "au naturel", cette unité s’abstient volontairement de donner des leçons de maternité aux mères, consciente qu’en ce domaine chaque geste, parole, conseil ou aide peut être vécu par ces femmes en grande souffrance morale comme une tentative de substitution de leur rôle ou comme un rappel permanent de leurs défaillances.
Non effectivement il ne faut pas confondre Maternologie et Maternage.

Je lis donc que ce service séparerait obligatoirement les mères de leur enfant durant la nuit :
Non chaque mère si elle le désire peut garder avec elle son enfant, d’ailleurs faute de place dans ce service il est bien plus difficile de ne pas dormir avec lui (lorsque tel est votre désir) que le contraire.
La journaliste n’a à aucun moment parlé d’obligation de séparation.

Je lis :« si l’allaitement avait pu préexister…mis à mal »

Non ! les mamans qui donnent le sein à leur enfant ( et il y en a ) poursuivent leur allaitement , aucune pression pour qu’elles se reposent la nuit pendant que l’infirmière donnerait un biberon,n’est exercée.
Les mères sont entièrement libres de continuer l’allaitement sein comme elles le sont d’arrêter quand elles arrivent : aucune remarque, aucun jugement, aucune critique même ébauchée ne leur sont adressées et on ne se sert pas de leur bébé pour les inciter à choisir de continuer ou d’arrêter : imaginez quel peut être le soulagement de ne pas être jugée à l’aune de son investissement auprès de son enfant, d’être considérée et respectée en dehors de sa capacité à materner et s’occuper de son enfant …

Je lis toujours :
« évidemment dans le sujet présenté , les mères biberonnent toutes… »
Permettez moi tout d’abord de trouver la formule irrespectueuse pour ce mode d’allaitement :
non les mères ne « biberonnent pas », elles donnent le biberon à leur enfant au même titre que d’autres donnent le sein, bref comme toutes les mères elles nourrissent leur enfant et parfois le choix du biberon fait suite à une renonciation douloureuse de l’allaitement sein, alors de grâce s’il vous plait choisissez un peu mieux vos mots : des mères et des enfants souffrent dans ces moments là …

« évidemment » vous dites ?
mais évidemment quoi ?
Croyez vous que les femmes se bousculent pour venir témoigner de leur difficulté à être mère, croyez vous que la journaliste a organisé un casting en choisissant sciemment des « biberonneuses » pour illustrer cette détresse souvent ignorée et toujours minimisée ?
Non bien sur, et puis comment auriez vous réagit alors, en constatant que même une mère qui allaite au sein son enfant, peut traverser une telle épreuve, à moins bien sur que vous ne soyez intimement convaincue que cela ne peut qu’arriver qu’à celles qui donnent le biberon.
Je peux vous certifier que j’ai rencontré des mamans allaitantes (et même à la LLL) qui bien que dormant avec leur enfant et le portant fréquemment contre elles, se sentaient aussi impuissantes que les autres à créer des liens avec lui, à se sentir mère en dehors du temps consacré à leur allaitement.
Alors pourquoi vous emparer ainsi du témoignage de ces femmes pour exprimer votre ressentiment à ne pas avoir vu des mamans qui donnaient le sein, pourquoi en conclure qu’à la Maternolgie on mettrait à mal leur allaitement ?
C’est terrible de tirer un trait comme cela sur un service qui soigne les maternités qui vacillent et qui tente de réunir la mère et son enfant dans un même rendez-vous …!
Imaginez vous ce que cela peut avoir comme impact sur celles qui viennent sur votre site et qui bien que donnant le sein, portant leur bébé tout le temps peuvent connaître ce genre de difficultés ?
Trouvez vous qu'il existe tant de lieux que ça en France qui accueillent ces femmes et leur enfant en graves difficultés relationnelles pour prétendre que le service de Maternologie soigne les mères en les séparant de leur enfant et en leur donnant des médicaments ?
Si cela était vrai, il y aurait effectivement de quoi prendre ses jambes à son cou et de refuser leur aide !
Et je peux vous assurer s’il existe bien un service en France qui se refuse à psychiatriser et soigner les mères à coup de médicaments anti-dépresseurs c’est bien celui-ci : les médicaments ne font pas partis du soin maternologique , ils ne viennent qu’en complément indispensable si besoin est, à la thérapie.
Et ces mères qui prennent des médicaments pour dormir, se reposer ou encore pour juguler l’angoisse et la déprime qui sont énormes et qui semblent visiblement déranger votre conception du devoir maternel , sont des mères qui comme vous le dites plus bas qui s’y sont "collées" toute la journée( entre nous l’expression est irrévérencieuse) mais comme ces mères sont fragilisées par l’échec de leur maternité, elles ont besoin afin de ne pas craquer définitivement de ce support chimique.

Mais là encore aucune obligation de soins médicamenteux dans cette unité, la plupart d’ailleurs arrivent déjà avec un traitement, car ayant souvent trop tardé pour consulter, leur médecin n'a pas su en général faire autrement que leur prescrire des antidépresseurs. Antidépresseurs qui ne résoudront rien au problème tout au plus apaiseront-ils les symptômes dépressifs.

Je lis encore :
que la Maternologie briserait la permanence du lien qui unit naturellement la mère à son enfant et que son accompagnement de la relation mère-enfant consisterait surtout à la freiner …
Sachez tout d’abord que les femmes qui « échouent » à la Maternologie sont des femmes qui n’ont pas été sensibles à la permanence du lien qui les unit naturellement à leur enfant et qui n’ont pas su / pu établir un lien psychique avec leur enfant, généralement elles ont « préféré » mettre une distance entre elles et leur enfant plutôt que de continuer à faire semblant :
En ce qui me concerne j’ai choisi de mettre fin là-bas à un allaitement sein qui fonctionnait « techniquement » mais qui ne passant pas par le cœur devenait insupportable à vivre.
Ce lien naturel que vous revendiquez tant, peut devenir un enchaînement, une aliénation pour certaines femmes (10 à 20 % des mères) …et toutes les techniques de maternage intensif n’y changeront rien quand le cœur et l’âme n’y sont pas, le corps est impuissant à créer des liens.
Je frémis de colère quand vous affirmez que c’est ce service qui rompt ce lien parce que ces femmes ne sont pas 24 heures sur 24 en présence de leur enfant mais enfin pourquoi le seraient-elles, alors que même une maman maternante comme vous l’entendez, s’octroie des moments de pauses dans une journée ?

Vous pensez donc à la souffrance des bébés c’est bien, mais il ne faut pas la renvoyer systématiquement à l’absence physique de ces mères durant quelques heures, les bébés souffrent davantage de l’absence psychique de leur mère quand elles sont présentes : un regard fixe, un visage figé, sans émotion autre que le tristesse et parfois la colère…
Et puis si cela peut vous rassurer et qui n’a pas été montré dans ce reportage ( trop court à mon goût) on ne laisse jamais un bébé pleurer dans ce service , à chaque pleurs ou cris si la maman ne peut ou ne veut pas se déplacer une infirmière le fera, les bébés s’ils ne sont pas pris dans les bras par leur maman le sont par les infirmières : hé oui on materne aussi les bébés par procuration mais jamais en donnant aux mères le sentiment qu’elles ne savent pas « s’y coller ».

Curieusement je n’ai lu aucun commentaire concernant la deuxième partie du reportage, qui quelques mois plus tard refilmait ces mères après leur passage en Unité de Maternolgie :
avez-vous été frappée de cécité et de surdité à ce moment là où ne trouvant plus matière à pourfendre tout ce qui ne va pas dans votre sens avez-vous préféré passer sous silence les résultats (je n’aime pas ce mot mais bon ..) un peut trop positifs pour être vrais, de ce soin qui n’inclut aucune forme de maternage mais seulement une présence et une écoute spécifique ?
N’avez-vous pas vu cette maman et son bébé qui jouaient avec le miroir ?
N’avez-vous pas vu les bisous, les sourires et les bras bien serrés contre lui ?
N’avez-vous pas entendu les mots d’amour ?
N’avez-vous pas vu l’échange de sourires avec l’autre maman dont la petite fille ne grossissait pas ?
Et puis, puisque moi aussi j’ai témoigné 4 ans plus tard , ne l’avez-vous pas vu ma fillette toute souriante et éveillée qui parle de « bibron », qui regarde avec sa maman les photos de ces moments terribles ?
Lui trouvez vous une particularité/stigmate qui pourrait la désigner comme non allaitée ou maternée pendant les premiers mois ?
Ne m’avez-vous pas entendu parler de bonheur à être ensemble ?
Un reportage se regarde dans son ensemble non ? Avant de faire des déductions hasardeuses et préjudiciables à l’information des mères que vous prétendez défendre contre tout empêcheur de materner en rond.

Je poursuis certainement le même but que vous en témoignant de la difficulté maternelle, comme vous je refuse que l’on cherche à s’interposer entre moi et mon enfant, comme vous je refuse toute mainmise sur ma façon d’être mère et si contrairement à vous qui ne parlez que du bonheur d’être mère, je parle de l’envers de la maternité c’est bien pour qu’au final nous puissions être aidées quand nous n’arrivons pas à être en harmonie avec notre enfant.

Alors sous prétexte de ne pas avoir vu l’ombre d’un sein, d’un cododo ou d’un portage, sous prétexte que là bas on se refuse à parler d’instinct maternel ou d’hormones qui assuraient à chaque mère l’automaticité de sa maternité, vous balayez d’un revers de main, une unité de soin pour femmes en détresse (sachez là bas que l’on reçoit des mères victime de psychose puerpérale ne voulant pas les faire passer par la case psychiatrie).
Mais qu’allez vous dire ou conseiller à vos maternantes qui peut être vivent une telle détresse et qui se camoufle certainement plus facilement en donnant le sein que le biberon ?
Qu’allez vous conseiller aux femmes sur votre site qui au fur et à mesure des jours d’échec de leur relation avec leur enfant sombrent dans la déprime ?
Je vous le demande.

Allez vous leur prescrire systématiquement une ordonnance de maternage intensif ou un patch de ces fameuses hormones prouvant l’existence d’un instinct maternel et que l’on a trouvé chez les souris, pour aimer leur enfant ?
Qui aprés un tel portrait de cette unité qui briserait les liens naturels, l'allaitement au sein et gavent les enfants de biberons et les mères de médicaments auraient encore envie de s'adresser à leurs services ? Et pourtant ces mères souffrent et n'ont certainement pas envie de voir leur difficultés réduites à un diagnostic de dépression. La maternité humaine est aussi psychique et ne souffre pas de délai lorsqu'elle connait des turbulences...

Quelle tristesse pour moi et ces femmes qui sont venues témoigner de leur douleur, de voir que vous n'avez retenu que l'absence de mamans donnant le sein, auraient-elles été plus crédibles que nous dans leur souffrance de mère ?
Quel détournement du soin maternologique avez vous fait tout simplement pour alimenter votre crédo ... quand je pense à tout le travail que ces professionnels ont fait depuis plus de 15 ans pour sauver les femmes de la déchéance,de la dépression et du suicide : et oui on meurt de ne pas savoir aimer son enfant, physiquement ou psychologiquement ...

Je ne comprends pas ce jugement venant d’un site qui a le souci de défendre les mères et la maternité.
Je ne comprends pas que vous n’ayez pas cherché à vous renseigner plus amplement, et je suis blessée de cette quasi indifférence et même défensive à l’égard de ces mères qui elles aussi s’y sont collées en acceptant l’hospitalisation (qui est toujours contraignante) et la séparation d’avec leur famille pour trouver le chemin qui les mènera vers leur enfant …
J’ai en tête tous ces souvenirs et vraiment la colère se dispute au chagrin : est ce là donc tout ce que maternage.free a retenu de le difficulté maternelle : un défaut d’instinct mammifère qui se soignerait à grand renfort de maternage.
Et ces femmes ne seraient victimes que d’une méconnaissance profonde de ce qu’a besoin leur bébé…

Maintenant que j'ai pu exprimer cette colère et cette déception, il ne me plait pas de savoir que ce problème de santé majeur est encore ignoré sur des sites tels que le votre, j’ai à cœur de faire partager ce qui me tient justement à cœur et sachez que c'est avec plaisir et intérêt que j'échangerai avec vous sur ce sujet et que je n'hésite jamais à rencontrer mes interlocuteurs si besoin est.

Cordialement.

Beauvois Temple Nadège

Moi je vous trouve un petit peu trop intégristes à mon goût. Personnellement si j'avais pu, j'aurais préféré être dans une unité de Maternologie plutôt qu'en hôpital psy. Eh oui, car j'ai fini par y atterrir tellement j'étais malade...Bien sûr que je voulais allaiter mon bébé, mais je prenais des médicaments, donc que faire ? Ne pas prendre les médicaments et et laisser la dépression m'emporter ? Allaiter malgré les médicaments ?

Je ne pense pas que les personnes qui prônent le maternage "intégriste" sachent vraiment ce qu'est la psychose post-partum...Il ne s'agit pas d'une simple déprime mais d'une vraie psychose! Bien sûr que l'hospitalisation ce n'est pas top, mais quand on n'a pas le choix...

Moi je suis à fond pour le maternage-que j'ai pratiqué d'ailleurs une fois guérie; mais toutes les mamans ne sont pas prêtes pour cette démarche. Ce n'est pas qu'une question de choix "conscient" c'est une démarche que l'on se sent de faire ....ou pas! Cela dépend de notre parcours de bébé, d'enfant et de maman.

Sandrine, ayant allaité tant qu'elle a pu, ayant pratiqué le portage et ayant accouché sans péridurale avec préparation.

J'espère que vous publierez mon témoignage par souci d'équité. Je ne veux pas polémiquer avec vous, je désire juste témoigner de mon expérience.

Cela fait un certain temps que je connais le site "Maternage" (que je connais pour avoir fréquenté la Lactaliste, et fréquenter encore la LPC et la LN) que je lis les éditoriaux, parcours les articles, etc. Ce matin, j'ai découvert le dernier éditorial au sujet de l'émission portant sur le service de maternologie de Jean-Marie Delassus. Alors que votre site m'avait toujours semblé respectueux de chacun(e), j'ai été très mal à l'aise par le contenu et la forme de cet éditorial.

Le paragraphe suivant m'a fortement heurtée : "Evidemment, dans le sujet présenté, les mères biberonnent toutes... Et si l'allaitement avait pu préexister à l'entrée du service de maternologie, il y serait mis à mal puisqu'ici les mères et les enfants sont obligatoirement séparés durant la nuit ; le bébé étant pris en charge par une infirmière qui le nourrit au biberon, pendant que sa mère récupère en dormant à l'aide de pillules."

Il est tout à fait faux de dire que mères et enfants sont obligatoirement séparés. Rien n'est obligatoire dans ce service, sinon le "laisser agir". Certains mères demandent sans doute la séparation pour la nuit, d'autre pas. Aucun jugement n'est porté sur leur décision, me semble-t-il. Je prends le risque de rétablir cette "vérité" bien que n'ayant jamais séjourné dans ce centre mais je sais ne pas mentir, connaissant une maman y ayant séjourné de longs mois et y ayant trouvé assez de soutien et d'autonomie pour se reconstruire comme mère.

Les derniers paragraphes qui s'achèvent sur cette phrase "Ce faisant, n'est-on pas aussi en train de décaler le problème à la génération suivante", qui sonne plus comme une sentence que comme une conclusion, me semblent vraiment très réducteurs de ce qu'est la difficulté maternelle et l'accompagnement proposé par le service de maternologie. N'est-ce pas justement parce que ce service existe et que des mères y trouvent le soutien nécessaire pour aller au bout de leur difficulté maternelle que cette difficulté peut enfin prendre fin et ne plus se répercuter aux générations suivantes ?

Et si on cessait de croire que, sous prétexte que l'instinct maternel est en chacune de nous, que nous sommes des mammifères et avons en nous toutes les clés d'un maternage "naturel" avec tout ce que cela comporte comme non-interventionnisme (du monde médical, des artifices divers tels que le biberon, etc.), si on cessait de croire, disais-je, qu'il est évident pour toutes de vivre ce maternage-là ?

Personnellement, je ne remets pas du tout en cause ceci : "Alors, va-t-on continuer encore longtemps à ignorer que l'instinct maternel est directement lié à la présence des hormones physiologiques mises en jeu lors d'une maternité naturelle ? " Je ne nie en aucune façon le rôle crucial de ces hormones. Oserais-je même préciser que je le vis chaque jour depuis la naissance de ma fille. Je sens du fond de mes tripes qu'allaiter et pratiquer le co-dodo a contribué (et continue de le faire) à exprimer ce que d'aucun appelle l'instinct maternel. Cependant, toutes les mères ne vivent pas dans un contexte familial, social, émotionnel, "générationnel" (en cela j'inclus leur passé familial et leur éducation) et psychologique favorable à l'épanouissement de ce que je préfère appeler l'évidence maternelle. Alors, dire que pour devenir mère, il faut s'y "coller" !!! Le jeu de mot était facile mais il ne doit pas nous faire perdre de vue que, dans la réalité, les choses sont moins simples, non ?

Pour terminer, je pointerai la conclusion de l'éditorial : "Retrouvons la joie de materner en s'y laissant aller, la joie d'être dans le don de soi, pour l'épanouissement des mères, des pères et de leurs enfants." ... "en s'y laissant aller" ... oui, c'est bien à cela aussi que sert le service de maternologie en "laissant agir" ce qui doit agir, même si ce n'est pas ce fichu instinct maternel !

Merci d'avoir pris le temps de lire ma réaction. Il me semblait essentiel de ne pas rester silencieuse face à ce que je vis comme une injustice et comme une forme d'intégrisme maternel. Je suis une maman qui allaite, qui porte en écharpe, qui co-dodote mais j'espère ne jamais oublier que ce qui est une évidence pour moi ne l'est pas forcément pour les autres.

Néanmoins, et je terminerai par cette note plus sympathique, merci et félicitations pour ce site dans lequel je me retrouve et je me sens bien (d'où la nécessité pour moi de réagir quand un sujet me heurte). Je tâcherai de réagir également positivement à d'autres éditoriaux que je ne manque jamais de lire ;-)

Claire Dupont

Comme je suis d'accord avec toi.
J'ai également vu cette émission et j'ai été frappée d'abord par le fait qu'aucune de ces mamans en "dépression post partum" n'allaitait, ensuite j'ai été profondément choquée par la méthode utilisée pour les guérir qui était incompatible avec l'allaitement (séparer la mère et l'enfant pendant la nuit). Je me suis d'abord demandé comment on soignerait une maman déprimée qui allaite, puis je me suis fait la réflexion que ce genre de "crise dans la relation mère enfant" ne se produirait sans doute pas avec une mère allaitante, car les tétées créent l'attachement.
Je me suis rappelé mon état à la maternité après une naissance par césarienne et une anesthésie générale dont je me suis mal remise, je ne voulais qu'une chose : qu'on me décharge de mon enfant! je ne voulais pas m'en occuper tellement j'étais fatiguée et bouleversée, seulement voilà, j'avais choisi de l'allaiter et cela les infirmières ne pouvaient le faire à ma place. L'allaitement a fortement contribué à me sentir responsable de mon bébé et surtout CAPABLE de m'en occuper car l'allaitement n'avait rien d'un geste technique, il était naturel, je n'avais qu'à suivre mon instinct, c'était moi qui sentais donc qui savais.
Je n'ose imaginer la démission que j'aurais risquée si j'avais choisi le biberon et la panique au retour à la maison, seule avec un bébé dont j'aurais laissé les autres s'occuper dès sa naissance.

Tes éditoriaux sont vraiment passionnants ! Merci pour ton site !

Xavière Remacle