maternage.free.fr
Editorial n° 4
- juillet 2003
Laissez nous vivre nos enfantements... La
maternité française est en crise, comme l'a souligné
le rapport du dernier collège
national des gynécologues obstétriciens français,
dans l'indifférence des pouvoirs publics, obligeant les
chefs de service de nombreuses maternités à menacer
de se mettre grève à la fin de l'hiver dernier. |
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En France, nous pratiquons 18 % de césariennes, contre des chiffres inférieur à 10 % dans les pays du Nord de l'Europe. Nous pratiquons aussi l'épisiotomie dans 72 % des cas lorsque la femme accouche pour la première fois alors que cet acte n'a pas prouvé son efficacité dans ce qu'il est censé éviter. Enfin, selon l'OMS, le monitoring en continu n'a pas -lui non plus- prouvé son efficacité et conduit à des décisions non appropriées comme des césariennes. D'autres informations en page naissance. Le
choix français de l'hypermédicalisation de la naissance
est un choix coûteux, puisqu'il mutiplie en les systématisant
des actes la plupart du temps inutiles, qui a aggravé la mauvaise
situation économique du secteur de santé, tout en ne tenant
pas sa promesse d'améliorer les résultats périnataux. |
Etre
enceinte n'est pas une maladie. Il est donc inutile d'hypermédicaliser
systématiquement toutes les grossesses et toutes les naissances
comme cela est fait dans les grosses maternités où il
nous est dorénavant imposé d'accoucher, la moitié
des lieux de naissance ayant déjà disparus. Mais
pour les autres femmes, les 85 à 90 % de femmes qui n'ont aucun
problème durant leur grossesse, le respect complet de la physiologie
amène à un bon déroulement de l'accouchement qui
est alors vécu comme une véritable aventure, comme le
racontent avec bonheur certains
témoignages sur ce site. Accoucher est alors l'aboutissement
normal d'une grossesse qui n'a nécessité qu'un accompagnement
global -tout au long de la grossesse et tout au long de l'accouchement.
Ainsi peut s'établir avec la sage-femme une relation de confiance
très rassurante pour la femme enceinte qui se sens véritablement
accompagnée sur le chemin d'une naissance qu'elle se prépare
néanmoins à affronter, sur le plan physiologique comme
sur le plan psychique. D'autres pays l'ont compris et développent une politique radicalement différente de la nôtre, avec les maisons de naissance. Mais la France traîne les pieds, et malgré de belles déclarations politiques, les projets montés ici ou là ne parviennent pas à exister légalement... |
La
technologie médicale permet certes aujourd'hui d'extraire chirurgicalement,
sans difficultés la plupart du temps, et en moins de 30 minutes
au total, un foetus viable du corps de sa mère, s'il s'avère
que celle-ci ne peut pas accoucher par les voies naturelles. L'augmentation des dépressions du post-partum en est probablement une des tristes conséquences, parmi d'autres, comme la survenue de plus en plus fréquente de difficultés psychologiques infantiles, maternelles et parentales, qu'il serait temps de prendre en compte en commençant par réhumaniser d'urgence l'entrée dans la vie. Emmanuelle Blin |
Lisez
le plaidoyer
pour les petites maternités en forme de poème, de
Denise Massat.
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Réactions d'internautes |
Ton éditorial m'a fait revivre un sale moment de ma vie. Peut
être le seul moment où j'ai été réellement
impuissante face à des gens qui me faisaient du mal. Le travail se déroulait plutot bien tranquillement à
la maison, je gérais les contractions douloureuses dans la maison
silencieuse. L'arrivée à la maternité (une enorme
usine à bébés) a bouleversé tout cela... Je me souviens encore de mon médecin qui m'a dit lorsqu'il m'a vu pleurer de douleur durant le travail : " Et oui ! Cela fait mal d'accoucher !", d'un ton paternaliste et d'aller féliciter la sage femme pour la perf d'ocytocine qui " accélère"... Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai pu remettre les évènements bout à bout pour deviner ce qui s'était produit, et réaliser que j'avais remercié tous ces gens malgré le mal qu'ils m'avaient fait, en brave fille que je suis... Je suis heureuse de pouvoir te le raconter maintenant, car c'est un sujet que je ne peut aborder avec personne car " le bébé va bien et tu as eu la péridurale, non??" J'ai été infantilisée, observée, touchée, mal traitée, rasée et attachée "pour mon bien "... Bien sûr, l'enfant va bien...Mais je ne sais même pas ce qu'ils lui ont fait dans cette pièce lointaine pour qu'il revienne si endormi, lui qui était parfaitement réveillé à sa sortie. Bien sûr, l'allaitement renoue des liens et les solidifie jours après jours. Mais à l'heure de faire un second enfant, je doute et je m'interroge sur les autres options qu'il me reste. L'accouchement à la maison reste mon grand rêve mais il va être très difficile à réaliser : la seule sage femme à le pratiquer est à 100 km de chez moi et elle n'accepte pas tout le monde. Et surtout mon ami est résolument hostile à cette idée (sans parler de la famille et des amis). Personne ne comprend mon désir et mon envie de faire autrement car "ce n'est pas si terrible et vous êtes vivants tous les deux !" Alors, je me renseigne sur l'accouchement naturel, j'engrange le maximum d'informations pour faire face le moment venu quand les hostilités seront declarées entre mon conjoint et moi (mais j'ai l'habitude de me battre pour mon enfant : il est contre l'allaitement de plus de 3 mois et notre fils de 2 ans 1/2 n'est pas sevré, il est pour une éducation stricte et on ne lui a jamais donné une tape ou une claque...!!) Je rêve pour mon prochain enfant d'une naissance silencieuse dans la pénombre où on ne l'arrachera pas à son cocon dès la premiere inspiration pour lui faire je ne sais quel examen. Je veux (et j'ai besoin) d'un deuxième accouchement où je ne serais pas humiliée, infantilisée et manipulée, où je pourrais me prouver à moi même que je suis une femme qui peut donner la vie. Aurore |
Sur ce site, on peut y lire toutes les vérités, qui ne sont pas dites ou écrites ailleurs, un petit peu comme un pavé lancé dans la mare sans avoir peur des éclaboussures. Je pense par exemple au témoignage d'une maman : "naissance médicalisée : le viol du 20ème siècle". Avec beaucoup moins d'expérience, j'ai vraiment ressenti ces émotions à la lecture de ce témoignage. J'ai vraiment l'impression que l'entourage souhaite s'approprier notre corps, notre grossesse voire ce bébé qui est en nous. Et en bonne petite fille obéissante, nous nous laissons faire. Cependant, je pense vraiment que petit à petit les femmes vont se prendre en mains et croire en leurs capacités. Pourquoi n'arrivons nous pas à accoucher sans tout l'attirail médical, pourquoi tant de femmes n'allaitent pas ou si peu ? Parce qu'on leur à fait croire qu'elles n'étaient pas capables et elles y ont cru. On nous a amputées dans nos capacités parce qu'on a cru au soutien de ces mêmes personnes. Finalement, le vrai soutien ce sont ces femmes qui apportent leurs témoignages de grossesse, d'accouchement et d'allaitement épanouis, réussis comme on peut en lire sur ce site et même en rencontrer grâce à des associations. Je suis très confiante en l'avenir, en s'épaulant, en allant ensemble dans le même sens, les femmes réussiront à protéger et propager le bien-être. Une maman heureuse d'être maman |