Je ne crois pas que l'enfant se "rassure" en tétant, je crois qu'il s'"assure"

Au bout de 3 ans d'allaitement de Mathilde par Fabienne, je ne supportais plus ce que je considérais comme un lien de co-dépendance. Je n'ai eu de cesse que ce lien soit brisé, ça a mis 8 mois.

*******C'est vrai que Patrick insistait sur le sevrage, mais c'est parce que j'étais enceinte et que mes mamelons étaient très sensibles, que Mathilde a accepté de ne plus téter-Fabienne*****************

A posteriori. je dirais que cette démarche de ma part fut une erreur que j'essaierai de ne pas renouveler avec Guillemette.

Il faut effectivement laisser l'enfant décider de l'arrêt de l'allaitement, quand celui-ci s'inscrit dans une démarche au long cours, voire au très long cours.

En revanche, il est indispensable que la maman montre à son enfant qu'il y a une alternative à la "réassurance par le sein", en société comme tu le décris, entre autres, et que cette alternative c'est justement le Papa.
Bien sûr, dans le cas de la relation père-fille, le jour viendra où celui-là deviendra pour celle-ci un pôle d'attraction fondamental, et mon quotidien avec Mathilde me le montre, et il faut laisser le temps au temps.
Mais laisser le temps au temps ne doit pas se faire de manière "inerte", il doit s'instaurer dans le "couple parental" un vrai dialogue à ce niveau, dialogue fondé sur la reconnaissance de chacun vis-à-vis de l'autre quant à son rôle dans la construction individuelle du fruit de leur amour, leur enfant commun.

J'ai souvent constaté, et là je place un message personnel, que les mamans allaitantes n'attribuent pas un rôle actif au père de leur enfant, mais, à partir du moment où le consentement est acquis, implicitement ou explicitement, le père n'est plus que spectateur d'un état (l'enfant tète) et d'une relation (mère-enfant).
Alors que beaucoup d'hommes, au fil du temps, en tout cas j'en fais partie, aimeraient que la mère introduise une "triangulation" de la relation, qui enrichirait tout le monde.

Il n'y a pas à mon avis de "hiérarchie" dans le coeur d'un enfant en ce qui concerne ses parents, sauf comportement anormal de l'un des parents.
En revanche, l'un des 2 peut avoir, question d'époque pour l'enfant et de "moment social", question aussi d'implication de chacun dans ce "moment social" (on peut observer une tendance du père à se "perdre" dans la relation sociale en regardant la mère focalisée sur son enfant, et l'enfant focalisé sur sa mère, ce qui amènera un marquage tranché de la place de chacun), un "pouvoir d'attraction" d'autant plus grand que l'alternative n'est pas présentée par le pôle d'attraction majeur : en clair, parce que cela peut paraître fumeux, c'est à toi de diriger ta fille vers ton mari, c'est à lui de la recevoir, ceci permet à chacun d'être libéré, il a aussi le droit de demander et toi le droit d'accepter qu'il "cherche" sa fille et l'"enlève" à sa mère.

Comment fait-on chez les "Boulet" : quand ça m'énerve de voir que Guillemette est collée à sa mère, je la prends avec moi, m'assieds avec elle et commence à jouer avec, parce que j'aime ça tout en essayant de faire de la "figuration intelligente" dans la société humaine et/ou amicale qui nous accueille.
On peut y voir un désir (inconscient) de montrer que je suis un père, aussi, et pas simplement l'appendice masculin géniteur...

Ca c'est pour l'aspect social de ce que tu décris.

En fond, quand même il importe que vous arriviez à communiquer sereinement sur l'allaitement tel qu'il est pratiqué aujourd'hui dans votre famille de 3.
Réduire le nombre des tétées selon un planning décrété par le père n'amènera à terme que frustrations et colère pour tout le monde, il signifie sans doute la fin programmée et arbitraire de cet allaitement accepté jusqu'alors.
Ca n'empêchera pas votre fille de grandir, mais risque de diminuer le bénéfice énorme qu'il peut y avoir à prolonger l'allaitement.

Je ne crois pas que l'enfant se "rassure" en tétant, je crois qu'il s'"assure" en construisant une relation bi-univoque fondée sur l'"être-là" de Maman.
Ce "r" en moins permet de construire une personnalité plus riche, plus forte, plus autonome, pour ne pas dire indépendante.
Il me suffit de voir mes 2 filles pour m'assurer moi-même de la validité de notre choix de parents.

En revanche, à toi aussi d'intégrer que la relation d'allaitement n'est pas moindre qualitativement parce qu'à certains moments, de ton fait, elle sera réduite quantitativement.
A toi d'offrir autre chose à ta fille, en étant convaincue de la validité de ta démarche.

Dans ton message tu parles d'"ennui" : téter n'est pas une activité, je t'invite en réponse à ton propos à te "dépasser" et faire preuve
d'imagination pour "désennuyer" ta fille. Pour être honnête, parler d'ennui de l'enfant à 19 mois me paraît plus une projection qu'une réalité.

Ecoute ton mari dans ce qu'il te dit, décrypte le(s) message(s) crypté(s) qu'il peut y avoir dans le message émis, sans oublier pour autant d'affirmer tes convictions. L'amour et le respect de l'autre passent par des échanges solidaires.

Patrick