La naissance de Germain. Nous avons réussi. Le plus simplement du monde. Comme toutes les femmes du monde…autrefois.

Voici bientôt 4 mois que Germain est venu rejoindre ses grands frères chez nous.

Et l'envie monte en moi de lui raconter sa naissance et de partager ce récit. Pourtant, avant cela je ne peux m'empêcher de replacer cette naissance dans un contexte plus large ; elle est tellement liée à celles que j'ai vécues avant. Olivier et moi avons durant toutes ces dernières années suivi un sacré bout de chemin qui nous a peu à peu amenés, tel un parcours initiatique, à vivre notre rôle de parents en pleine conscience. Un cheminement qui peut paraître long mais je pense qu'il me fallait aussi le temps de "grandir" pour que le désir d'une naissance à la maison devienne ce qu'il a été dès le début : une EVIDENCE...

Je le rapproche de mon souhait d'allaiter viscéralement inscrit en moi dès mon premier enfant (alors que personne dans mon entourage n'a jamais allaité). Je ne me suis alors posée absolument aucune question il était évident que j'allais allaiter et que je pouvais le faire. Voici donc les différentes étapes qui ont fait de moi, peu à peu, une maman, d'un accouchement à l'hôpital « classique »( !), suivi par une césarienne, puis enfin par une naissance à la maison … Je risque d'être bavarde et ne sais si vous aurez le courage de me lire jusqu'au bout : tant-pis, au moins j'aurais fait ce récit pour moi et mes garçons. Paradoxalement plus ma réflexion avance par rapport à la grossesse et à l'accouchement et plus j'ai le sentiment d'avoir été davantage « dépossédée » de mon tout premier accouchement par voie basse (en très grande partie par ma faute) que lors de ma césarienne. Certainement parce que j'ai ressentie celle vécue pour Simon comme véritablement salvatrice de mon bonhomme.

Commençons par le début : Marin est né le 7 avril 1999 par voie basse avec forceps (4Kg 230). A l'époque ma seule lecture sur l'accouchement était… Laurence Pernoud ! C'est dire si je me posais beaucoup de questions ! J'avais quand même lu le livre de la Leche League sur l'allaitement. Bref pour moi la naissance c'était à la maternité avec péridurale point barre. Je suis arrivée à la maternité avec une ouverture à 5,5 cm, à 5heures du matin. J'avais jusqu'alors vécu tranquillement le travail à la maison depuis la veille au soir, 22h. Mon mari était à Paris et moi à Lille mais ma sœur « dormait » dans la pièce à côté prête à me soutenir si j'en éprouvais le besoin. J'ai su le moment utile pour faire venir Olivier. En revanche, avec le recul, je n'ai pas su celui de partir à la maternité. J'aurais pu attendre encore… A peine arrivée là-bas, je me suis laissée porter par la technique : monitoring, péridurale. Celle-ci n'a pas fonctionné d'un côté pendant un moment (une éternité) et là, tout le travail intérieur, toutes mes défenses sont tombées, je me suis laissée envahir et dépasser par la douleur. Bon, ensuite ré-injection et tout « va mieux ». Evidemment j'était allongée, monitoring et tutti quanti. Et là, plus rien n'avançait : à 5h, 5,5, à 13h, 6,5… Soit disant mon bébé était « trop fier » : il relevait la tête au lieu de la baisser et n'appuyait pas comme il fallait pour faire avancer le travail. Bien sûr on ne me dit pas (et je n'y pense pas un instant, d'ailleurs je n'aurais pas pu « ficelée » comme je l'étais) de me lever, de bouger, de changer de position. Bien sûr je ne m'étais jamais posé la question des incidences de la péridurale. Pour faire bref, Marin est arrivé à 17h00 avec les forceps et 7 personnes autour de moi en plus de mon mari ! Souvenir quand même magique : même si j'ai l'impression d'avoir été dans les vap. au moment de la poussée, je me souviens très nettement d'avoir été soutenue par plusieurs personnes pour pouvoir MOI le sortir de moi et le poser sur mon corps. Et il était si serein, si éveillé, pas un pleurs… pas besoin de vous faire un dessin. Il nous a regardé tous les deux droit dans les yeux, l'air de dire « tient vous voilà enfin vous ? »

Deuxième « étape » de notre chemin, Simon est né le 2 septembre 2002, à 37,5 SA, par césarienne pour cause de souffrance fœtale (2kg920). Déjà ce petit bonhomme « n'en faisait qu'à sa tête » avant même sa conception : 18 mois avant qu'il ne se décide à venir. Pour certains ce n'est certainement rien, mais quand on le vit c'est une éternité. Je pense que de ce fait j'ai été plus tendue durant la grossesse qui s'est pourtant merveilleusement passée : au fond de moi je le désirais tant que j'avais peur de le perdre. J'étais bien plus consciente de ce que je ne voulais pas pour cette nouvelle naissance. Je m'étais informée, j'avais choisi ma maternité pour être aidée à vivre les choses le plus naturellement possible… Et voilà qu'au tout début du 9ème mois, la sage-femme trouve que mon ventre n'est pas assez arrondi : inquiétude, échographie, monitoring. Les battements de cœur ralentissent nettement à chaque contraction (indolores pour moi). On me demande de revenir le soir re-monitoring, même constatation. On me demande de revenir le sur-lendemain pour un nouveau monitoring. A 2 heures du matin la veille de ce nouvel examen je perds les eaux : stupeur, panique, étonnement. Dans ma tête c'était 9 mois et pas 1 de moins. Jamais autour de moi je n'avais vu accoucher en avance. Comme « par hasard » une semaine avant j'avais commencé à préparer le sac pour le bébé. J'arrive à la maternité et là re-monitoring et à nouveau même constatation : les battements descendent jusqu'à 50 Hé ho bébé reste avec nous ! On laisse tranquillement les choses faire (tout en me laissant allongée et ficelée au monitoring quand même…) mais je n'étais qu'à 1 cm et n'avais quasiment pas de contractions, à 7h je suis à 2 cm, et toujours ce satané monitoring alarmant. Quand je revis ces moments là je me dis qu'à ce moment là j'aurais peut-être pu mieux agir pour éviter la césarienne en me levant, en bougeant, en demandant que le cœur ne soit pas surveillé en permanence. Mais ce que j'ai ressenti par la suite me fait dire qu'il s'agissait vraiment là de SAUVER notre bébé. Vers 8h on essaie de provoquer le travail « en douceur » pour voir si le bébé réagit bien ou pas. Il réagit mal. A 10h la césarienne est décidée. A 10h47 nous pleurons tous les deux en entendant les pleurs de notre enfant. Tous les deux car pas un instant mon époux n'a été « mis de côté » : il m'a accompagnée jusqu'au bout. Une ½ heure plus tard bébé tétait… On m'a ensuite parlé de placenta trop mûr : cela faisait plusieurs semaines que Simon n'était plus alimenté correctement. C'est lui qui a décidé de sortir puisque j'ai perdu les eaux, mais il n'avait pas la force de subir les contractions. Quand, 1mois ½ plus tard ma sœur ostéopathe lui a fait une première séance, elle a senti un grand grand froid qui venait du plus profond de lui, et le mot « empoisonnement » lui est tout de suite venu à l'esprit. Elle m'a dit que selon ce qu'elle ressentait, notre fils avait véritablement choisi entre la vie et la mort. Durant ses 6 premiers mois, Simon nous a d'ailleurs donné des signes de grande détresse : pas de regard « présent » au tout début, pleurs permanents sauf dans mes bras, au chaud, allaité. Il a été très très régulièrement suivi en ostéopathie : maintenant c'est un vrai clown qui rit en permanence. Voilà sans doute pourquoi je ne regrette pas un instant cette césarienne : peut-être ai-je fais partie de celles qui ne sont pas superflues ? ? ?

Et Germain est né ! Le 9 novembre 2004, à la maison, dans la chambre que nous avions préparée pour que nous nous y sentions bien. Dès le début son histoire a été totalement différente de celle de Simon, une évidence, mais il m'a vraiment facilité la tâche pour empêcher toute comparaison négative : il a été dans la simplicité dès sa conception puisqu'il n'a fallu qu'une seule fois pour qu'il trouve le chemin de son nid ! Ensuite ma grossesse a été résolument placée sous le signe de la sérénité. Alors que pour la précédente j'avais lu le livre d'Isabelle Brabant en poussant des hauts cris lors des passages sur la naissance à la maison (« Ils sont fous ! ») là, cela s'est naturellement imposé : à peine 1 mois après l'arrivée de bébé en moi, je parlais à mon homme du désir que je sentais profondément ancré en moi aussi : lui donner la vie à la maison, chez nous. Et il m'a écouté. Contrairement à ce que je pensais il ne m'a pas dit que cela était trop tôt pour en parler, que j'étais folle. Il a laissé l'aventure débuter là. J'ai trouvé LA sage-femme qui nous a accompagnés. Je me souviens de la première visite, la peur au ventre qu'elle ne dise un non catégorique, précédent de césarienne oblige… Mais elle a dit oui… à 80 %… Lorsqu'Olivier lui a demandé quelques semaines plus tard quand elle dirait oui à 100 %, elle a juste répondu, « après la naissance ». Toujours est-il, qu'à l'issue de cet entretien à trois, lui qui « attendait de voir » a finalement trouvé qu'il se sentait plutôt « excité » par un tel projet… Merci chère G. ! ! !

Venons en au jour J. Lundi 8 novembre. Moi je trouvais que cela « sonnait bien » naître un 4 novembre 2004. Mais non. J'aurais bien voulu que ma sœur partage avec nous ce moment si intense. Mais non. Que Marin et Simon soit entourés par elle dans la chambre à côté. Mais non. Après m'avoir donné une séance d'ostéopathie quotidienne pendant trois jours (le bonheur…) il lui avait fallu s'en retourner. Et voilà qu'en ce lundi matin je me réveille toujours avec mon gros ventre. Marin part à l'école pour toute la journée. Nous décidons d'aller nous balader sous prétexte de trouver un fauteuil. Régulièrement une contraction stoppe ma marche. Je me tiens à la poussette de Simon. Je respire. Tranquille, sereine, heureuse. Bientôt il ou elle viendra bousculer notre vie. Environ tous les ¾ d'heure une pause est nécessaire. Une contraction nous sauve d'un vendeur qui voulait à tout prix nous « faire l'article » : « Désolée mais il faut que je sorte je crois que je vais bientôt accoucher » « Oh la la mais il faut se rapprocher vite de l'hôpital alors » Compte sur nous bonhomme. Si tu savais ! Echange de regard complice. La journée s'écoule au rythme très tranquille des contractions. Vers 16 H elles commencent à devenir plus fréquentes. Olivier part chercher Marin à l'école avec Simon. Il me rappelle : la maman d'un petit copain nous propose de garder les garçons au moins jusqu'au dîner. L'idée n'est pas si mauvaise : je sais qu'ils seront bien et moi aussi. Vers 17h30 je ressens le besoin d'appeler G., notre sage- femme : j'ai peur qu'elle rentre chez elle et qu'elle soit prise dans les embouteillages au moment où nous aurons besoin d'elle. Je suis très calme. Elle le ressent. Il lui faut a priori absolument repasser chez elle avant de venir. Nous convenons qu'elle me rappelle lorsqu'elle quitte son cabinet. Et puis, plus rien. Entre 18h et 19h30. Quasiment plus rien. Nous dînons. De temps en temps je vais me mettre sur le canapé, à quatre pattes. Je respire. Je pense au bébé. La tête dans les bras. Ca va. Simon revient dormir à la maison. Coup de blues téléphonique de Marin à qui je promets qu'il sera la premier à rencontrer le bébé, avant même son petit frère. Nous qui ne regardons jamais la télé, nous décidons de nous planter devant une « bleuette » : Mariage à Notting Hill. Je mets une cassette au cas où je ne vois pas la fin… Et « elles » reviennent. De plus en plus régulières. Et surtout de plus en plus intenses. Je commence à avoir besoin de toucher Olivier. De le sentir avec moi. Je me mets à chaque fois à 4 pattes. A l'issue de l'une d'elle je dis à mon homme que « si c'est encore plus fort je ne vais jamais y arriver ». Cela a été ma seule inquiétude durant ma grossesse : ne pas réussir à surmonter la douleur. Pour moi je « connaissais » jusqu'à 5,5 cm mais après c'était la grande inconnue. J'étais persuadée que la sage-femme arriverait pour me dire que j'étais à 6 ou 7 cm et qu'il me restait encore un long moment avant la naissance. Le film s'achève. Je me dis que c'est le moment de préparer la chambre. Olivier est toujours devant la télé, fasciné par le déhanchement de John Travolta, sur le générique de La fièvre du samedi soir. Je l'appelle. J'ai besoin de lui. Il m'aide à protéger le lit et notre belle moquette blanche ( !). Les contractions se succèdent. La douleur est là forte, très forte. Je n'ai plus de notion du temps. Je revois écrit 00.00 sur le réveil puis plus rien. Je suis « shootée ». A chaque contraction Olivier est là. Nous nous touchons. Je crie en essayant consciencieusement de faire des sons graves. Je crois que c'est la seule occasion où j'ai « jeté » mon époux : « Ce serait mieux si tes cris venaient de ton ventre plutôt que de ta gorge" «Alors là tu vois ils viennent d'où je peux, ils viennent c'est déjà ça ». Le quatre pattes ne me va plus. Je me mets à genoux sur le lit, lui est derrière moi. Je cherche comment être le mieux. Curieusement je reste toujours sur le lit. [J'ai mal mais je suis finalement heureuse d'avoir écrit ce récit si longtemps après : oui j'ai sans doute « oublié la douleur », mais une chose est sûr aussi, j'ai eu la sensation de « tomber » dans un « trou de temps » comme dit Olivier quand tout à coup on réalise qu'il est tard. Les contractions se suivent mais comme je suis active et pleine au ras bord d'endorphines (c'est ça le nom exact ?) je ne vois pas le temps passer]. Et puis voilà le moment où je crie à Olivier « Ca s'ouvre ! Ca s'ouvre en bas ! » Une sensation bizarre mais c'est réellement cela que je ressens. Il me propose d'appeler G. Je suis Ok. Pendant qu'il téléphone je lui crie de revenir j'ai vraiment vraiment besoin de le sentir. [J'ai su plus tard que lorsqu'il avait décrit ma sensation G. ne lui avait dit qu'une seule chose : j'arrive. Ce n'était pas le col qui s'ouvrait mais bébé qui s'engageait dans le bassin…] Je ne sais plus bien où j'en suis. K., l'élève sage-femme arrive [d'aucun diront bonjour l'intimité, si 3 personnes étaient autour d'elle. Mais cette présence était pour moi un acte militant : que deviendront nos filles ( !) si elles n'ont pour interlocutrices que des sages-femmes qui ne savent pas (plus) écouter le cœur de bébé parce que « le monitoring le fait très bien à leur place » ? ? ?]. Simon se réveille. Olivier va le calmer. Je lui crie d'appeler Muriel, amie-voisine, prévenue de ce rôle éventuel. Mais c'est bon. Il revient vers moi. Et là je connais un moment de désespérance totale. « Aidez-moi ! Mais aidez- moi !» Je me sens seule. Si seule. Horriblement seule. Je leur demande de m'aider à aller aux toilettes. Je suis debout soutenue par tous les deux. « Je veux aller aux toilettes, je vous dis. Emmenez- moi aux toilettes enfin ! » - « Mais Virginie, c'est ton bébé qui arrive » -« Ce n'est pas possible ! [cf ci-dessus…] » - « Si si, je t'assure ! » Je suis totalement incrédule et toujours avec ce sentiment total d'être abandonnée. Je m'allonge en travers du lit, les pieds touchant par terre [position à déconseiller absolument ! ! !]. J'entends K. dire « Je n'ai pas de perce- membrane » et moi de me dire « mince alors, comment on va faire ? ? ? ». G.arrive à ce moment là : "Virginie, ne serais-tu pas mieux sur le côté je te sens dans la fermeture"- « je ne sais pas, je ne sais plus, oui je crois » Elle m'aide à me mettre sur le côté. Je me tiens à la tête de lit. Et je me sens en effet bien mieux, plus ouverte mais toujours aussi seule et perdue. C'est tellement impossible que ce soit « déjà » mon bébé qui arrive - "Rassemble-toi, j'ai l'impression que tu te disperses"me dit G. Je me sens à nouveau sur terre ; accompagnée ; en compagnie. G. me dit qu'elle va percer la poche des eaux. Que cela va m'aider, me faire du bien. Et puis j'hurle « Ca brûle, ça brûle, c'est terrible » Je m'agrippe au lit - "Virginie, ton bébé arrive, il va naître à la maison comme tu le voulais" Alors là je lui parle, je lui hurle [les larmes me viennent aux yeux en l'écrivant ] « Viens, viens bébé. Viens, viens mon bébé, Viens Viens Viens ! » et je pousse, je pousse, je pousse en tirant sur le bord du lit. Olivier est à ma tête. Là, toujours là, si bien là. Et le voilà si long, si blanc, si calme. Tout contre moi. Il est si doux. Il sent si bon. [je ne le laverai pas pendant 5 jours ;)] Il dort ! ! ! Aucun problème, il est tonique mais il dort ! ! ! Il faut dire qu'il est resté tout le long de la descente, « au chaud » , dans sa poche. Un garçon. Notre troisième mousquetaire. Notre tout petit que, comme Olivier me le fera remarquer un peu plus tard, personne d'autre que nous et G. n'a touché. Qui n'aura été « manipulé » par personne. Le calme retrouvé. L'amour. Et la fierté. Une grande fierté, je dois le reconnaître. J'ai réussi. Nous avons réussi. Le plus simplement du monde. Comme toutes les femmes du monde…autrefois. Très vite Germain demande à téter (et moi de dire « je peux ? » décidément, il faut du temps pour changer ses réflexes : n'est-ce pas à moi de décider ce que je veux faire ?) et il le fait bien, très bien, si bien. Nous restons là tous les trois. Hors du temps. Hors de tout. Juste nous. Olivier me demande si je ne suis pas déçue que ce ne soit pas une fille. La réponse fuse : pas une demi-seconde de déception. Il m'a permis tant de chose ce petit bout d'homme. Mon enfant avant tout. Il m'a tant fait grandir. Il est si beau, si doux, si tout. Il paraît qu'il est né à 1h35. Mais nous nous sommes là. Dans le présent. Dans l'instant. Dans la présence. Retour un peu (beaucoup ?) plus tard avec la réalité. G. pèse Germain : 4kg 120 Ouahouhou ! Décidément je ne peux m'en empêcher : je crève de fierté, au diable l'humilité ! ! ! Je renâcle un peu à pousser pour le placenta. J'ai déjà bien « bossé » non ? Ce d'autant plus que je ne ressens aucune contraction. K. m'affirme que c'est plutôt agréable comme sensation (elle a 2 enfants), je lui fais confiance. Et en effet, c'est doux, très doux. Sensation inconnue pour moi. Surprise de voir pour la première fois de ma vie un placenta humain. J'avais expliqué à Marin que je ne ferai pas comme la chatte qui mangeait le sien dès sa sortie : bien m'en a pris ! C'est énorme !. Tout va bien. Pendant ce temps Germain est dans les bras de son papa. Il lui tète vigoureusement le doigt. Mon Dieu ! Est- ce vraiment à moi que cela est arrivé ? ? ? Je vais vraiment pouvoir dire à ma petite maman la phrase que j'avais ressassée pendant tous ces derniers mois : « tu a un nouveau petit-fils et il est né à la maison » ? ? ? Pour l'heure nous restons tous les trois. Ensemble pour la première fois de notre vie. A 7h30 Olivier part chercher Marin. Nous prenons notre petit-déjeuner au lit (Marin me fera écrire dans son cahier d'école : » je suis heureux qu'un bébé est né à la maison. Nous avons pris le petit-déjeuner au lit ». Finalement n'est- ce pas lui qui a raison ? Le merveilleux à égalité avec le quotidien, la simplicité dans toute sa belle et tendre ampleur). Simon nous rejoint. Tous les cinq ensemble… Nous lançons la ronde des appels téléphoniques. Maman est très heureuse mais je la sens blessée par mon silence. J'en suis désolée mais ne regrette pas. J'avais besoin de me protéger des paroles soucieuses. Encore aujourd'hui, elle ne le comprend pas. Voici donc comment tout a continué. Je termine ici mon récit. Germain a maintenant 6 mois. Je me noie dans ses yeux plein d'amour. Chaque jour qui passe, quelle qu'en soit la couleur (comme chacun sait le quotidien peut virer du noir au rose en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel en l'espace de quelques secondes), je sens fort, fort, tellement fort l'amour qui nous relie tous les cinq. Je relis cette dernière phrase. Un peu mièvre peut-être ? Et puis zut. C'est ma vérité. Une petite voix trottine dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps : et si on recommençait un jour ? ? ?