Cette douleur, ce chemin qui nous mène vers la mise au monde de notre enfant fait partie intégrante de la relation que nous avons avec notre enfant

J'ai eu 2 césariennes après un accouchement normal.
Cette première césarienne, je l'ai accueillie un peu comme une fatalité, ma mère ayant été césarisée 2 fois et ayant préféré ces 2 accouchements aux deux autres naturels.
Quand le gynéco m'a dit qu'il pensait que mon bassin était trop petit, que j'ai passé une radiopelvimétrie suite à laquelle la césarienne a été programmée, j'ai accepté cela sans broncher, même si je regrettais de ne pas pouvoir vivre à nouveau un accouchement alors que j'avais tant apprécié le premier !
J'ai prié pour que l'accouchement se déclenche avant le jour de la programmation mais, ce n'est pas arrivé (et pour cause, césarienne programmée à 38 SA!!). De plus, la veille de mon entrée à la mat, la sage femme qui m'a examinée m'a dit que la tête était descendue alors que le gynéco disait qu'elle n'aurait pas la place de descendre !!! Mais, je n'ai pas eu le réflexe de déprogrammer cette césarienne et j'ai accepté cela bêtement.
Ce qui a été difficile suite à la naissance a été la séparation immédiate d'avec ma fille que je n'ai touchée qu'au bout de 3/4 d'heure.

Quand je suis tombée enceinte de mon 3e, je me suis dit "cette fois-ci, je ne me laisse pas faire une césarienne". Le gynéco m'a dit qu'on verrait à la dernière écho. Dernière écho, on me dit que le bébé sera encore plus gros que le 2e et donc, à nouveau programmation de la césarienne à 38 SA !
Là, ce fut la déception pour moi et aussi pour mon mari qui espérait que enfin nous vivrions ensemble cette naissance. (il a été exclu les 2 fois de la salle d'opération !).
Physiquement, je m'en suis rapidement remise et l'allaitement (qui dure encore) m'a permit de me sentir mère de façon plus profonde que pour les premiers (allaités aussi mais moins longtemps).
Cependant, en moi, subsiste une colère, oui, c'est çà, je suis en colère contre moi et contre le système qui a occasionné ces césariennes sans même me laisser l'occasion d'avoir un travail.

Et la lecture du la naissance de Jézabel m'a fait beaucoup de bien car c'est exactement le film que je me fais quand je pense à une prochaine naissance. Je me dis que même si un 4e accouchement devait se terminer en césarienne, le fait d'avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que la naissance se fasse naturellement me guérirait de cette colère de n'avoir pas laissé le choix à mes enfants d'arriver quand ils le désiraient.
Mais au fond de moi, je suis sûre que cet accouchement pourrait se faire sans problème, mon premier (même s'il était plus petit) est bien passé lui alors, pourquoi pas les autres ?

Je me souviens parfaitement du déroulement du travail pour mon premier, l'enchantement des premières contractions, puis la douleur qui fait parfois lacher prise mais qui nous rappelle chaque fois que la naissance, la découverte de notre petit est de plus en plus proche. J'ai très bien vécu tout cela et pourtant, je l'ai vécu seule, sans mari, ni personne mais, ces moments ont été des souvenirs incroyables et je regrette amèrement de ne pas les avoir vécu pour mes 2 derniers enfants. Car pour moi, cette douleur, ce chemin qui nous mène vers la mise au monde de notre enfant fait partie intégrante de la relation que nous avons avec notre enfant.

Pour Romane et Eloi, il me semble qu'il y a un trou béant, je ne parviens même pas (au moment de la naissance) à faire le lien entre ce bébé qui gigotait dans mon ventre et celui que je serre dans mes bras et çà, c'est douloureux pour moi.

Je pense que j'exprime mal ce que je ressens et que je pourrais encore en écrire long, cela viendra au fil du temps :-)
Sylviane, maman de Julien (05/04/1992), Romane (20/12/1995) et Eloi (09/02/2001)
http://www.maman-naturellement.fr.st/