Et depuis cette belle naissance, où j'ai vraiment
eu l'impression de mettre moi-même au monde mon enfant, je suis heureuse,
comblée, comme sur un nuage, bref je crois que je fais un «
baby pink » !, récit de la naissance de mon second fils Gauthier,
à la maison comme prévu.
Mercredi 19 janvier : toujours aucun signe d'accouchement. Je désire
que le bébé naisse le lendemain, où il sera à
41 sa, mais surtout pas le 21, anniversaire de l'assassinat du roi Louis
XVI. Je lui parle plusieurs fois dans la journée, lui disant que
le 20 est un bon jour pour naître.
Avant de dormir, gros câlin avec mon mari. J'ai l'espoir que ça
active un peu les choses, sans trop y croire. Une demi-heure après
avoir commencé à m'endormir, je ressens le besoin urgent
de me rendre aux toilettes ; il est 1 h 44. Là, je perds une quantité
de liquide assez importante, puis un peu plus tard encore plus. Je réalise
que c'est la poche des eaux qui est rompue.
Mes sentiments sont alors mitigés : je suis heureuse car je sais
que l'accouchement arrive enfin, mais j'ai peur que les contractions ne
se déclenchent pas seules, et du coup de finir à l'hôpital.
Je sors les protections prévues pour le post-partum et en mets
plusieurs. Je suis trop excitée pour arriver à me recoucher,
je prends donc mon ordinateur et m'installe aux toilettes, car la perte
liquide est assez importante. Je surfe un peu sur internet et annonce
l'état des choses sur quelques sites où je me rends régulièrement.
Puis je me recouche, après avoir bien protégé mon
matelas, espérant dormir ou en tout cas me reposer, car je sens
que la journée va être longue. Impossible de trouver le sommeil,
je suis trop excitée par ce qui se prépare. Je préviens
mon mari que j'ai perdu les eaux, que l'accouchement est pour bientôt
mais qu'il peut continuer à dormir.
Vers 4 heures les contractions commencent doucement, mais je reste couchée
et continue à somnoler. Vers 6 h 30 - 7 h 00 elles commencent à
devenir plus intenses et régulières. Mon mari se réveille
et cherche à les compter. J'ai l'impression qu'elles sont pas mal
espacées, à ma grande surprise on s'aperçoit qu'elles
sont déjà à peu près toutes les 5 minutes
!
Comme je sens que ce n'est pas encore pour tout de suite, et que je gère
très bien, je décide d'attendre 9 heures pour appeler la
sage-femme. Mais les contractions deviennent plus intenses et se rapprochent,
on finit donc par l'appeler vers 8 heures. Juste avant, je me fais un
toucher vaginal : mon col est moins postérieur et ouvert comme
une pièce d'un euro environ. J'ai une contraction juste au début
du coup de fil, nous lui brossons la situation rapidement et elle décide
de venir.
La présence de la sage-femme me gêne un peu, je sens que
ce n'est pas pour tout de suite (mon intuition me souffle depuis un moment
que c'est pour la fin de l'après-midi) et je gère parfaitement
les contractions. La sage-femme pense que ce sera pour la fin de la matinée,
ce qui me donne de l'espoir.
Je passe du temps assise sur mon fauteuil, devant l'ordinateur, me levant
à chaque contraction pour mieux la gérer, appuyée
contre mon mari ou contre un mur. Mais mes contractions se calment et
s'espacent un peu. Du coup, peu avant 10 heures, la sage-femme part pour
assurer un de ses rendez-vous, attendant que je la rappelle pour revenir.
Cela m'arrange, je sens que je gère mieux sans elle pour l'instant.
En revanche, j'apprécie l'aide et la présence de mon mari
pendant les contractions.
Notre Arnaud, presque 2 ans et demi, s'est levé alors que la sage-femme
était là, ce qui l'a beaucoup intimidé. Il joue calmement
dans la maison pendant que je vis l'accouchement, et son papa le fait
déjeuner.
Nous avons plusieurs machines de linge à laver, et mon mari s'en
occupe, descendant à la buanderie avec notre fils plusieurs fois
dans la journée. Vers midi, nous mangeons, à ma demande
on finit un reste de pommes de terre en omelette. J'ai faim et fais honneur
au plat, m'arrêtant pendant les contractions pour les vivre appuyée
sur mon mari.
Sur sa suggestion, je m'active dans la maison, afin de relancer mes contractions.
Vers 15 heures, alors qu'il est en train d'étendre le linge en
bas, elles commencent à devenir particulièrement douloureuses,
quasiment ingérables. J'appelle au secours mon mari pendant l'une
d'elles, ne comprenant pas qu'il ne vienne pas m'aider, ne me rappelant
qu'après la contraction qu'il n'était pas là et ne
pouvait pas m'entendre à ce moment-là. Je rappelle la sage-femme,
je ressens le besoin de son aide.
Quand mon mari remonte, je lui explique la situation, les contractions
très douloureuses et l'arrivée prochaine de la sage-femme.
Quand celle-ci arrive, je lui demande de me faire un toucher vaginal,
j'ai besoin de savoir où j'en suis, et regarder moi-même
ne me donnera pas un repère suffisant.
Je suis déçue d'apprendre que je n'en suis qu'à 3
cm, mais elle me rassure en me disant qu'avec de telles contractions ça
devrait aller vite. Effectivement, quand je lui demande de regarder à
nouveau une demi-heure plus tard j'en suis déjà à
5, et une autre demi-heure après à 8 ! Pas étonnant
que ce soit si intense et douloureux !
Plus ça va, plus les contractions sont dures. Je ne gère
plus rien, je suis totalement prise par la douleur. Je reste un moment
aux WC, où je suis bien, surtout lorsqu'on m'aide à me surélever
les pieds à l'aide de tabourets. J'ai l'impression que je n'arriverais
pas à bouger de là, et la sage-femme me demande si je veux
accoucher dans cette pièce (c'est aussi la salle de bains). Non,
je ne veux pas, je préfère retourner dans la chambre, et
mon mari et elle m'y aident.
Là, je m'installe sur le lit, que nous avons recouvert le matin
d'un plastique et d'un vieux drap housse. Pendant les contractions, je
me mets à genoux face au mur, sur lequel je prends appui. Je crie
que j'ai mal, que je n'y arriverai jamais et même, pendant l'une
des contractions, que je vais mourir. Je sais intellectuellement que ce
n'est pas le cas, mais ça me fait tellement de bien de le crier
! Les contractions sont horriblement douloureuses, j'ai l'impression d'avoir
le bas du dos broyé. Heureusement que la sage-femme me rassure
en me disant que tout va bien, que le travail avance bien et que le bébé
sera bientôt là !
Mon mari m'a dit après coup qu'il a eu peur, à m'entendre
crier comme ça ma douleur, que la sage-femme veuille m'emmener
à l'hôpital pour un soulagement de cette douleur. Moi je
savais que c'était normal, j'avais vu cela dans des récits
de naissance. Crier ainsi était le seul moyen que j'avais de traverser
cette douleur qui m'emportait et me broyait.
J'étais à ce moment-là tellement fatiguée
que je m'allongeais sur le lit entre 2 contractions pour me reposer, couchée
sur le coté. Mais les contractions revenaient tellement souvent
que j'avais à peine le temps de souffler, puis de m'allonger, avant
que la suivante s'annonce.
Arnaud venait nous voir de temps en temps, mais comme je ressentais le
besoin qu'il nous laisse tranquille, j'ai demandé à mon
mari de lui mettre la télé et de refermer le portillon entre
lui et nous.
Au bout d'un moment, la sage-femme m'a suggéré de changer
de position pour les contractions, afin d'aider le bébé
à descendre. Elle m'a d'abord suggéré d'en passer
allongée sur le côté, ce que j'ai fait pour 2 d'entre
elles, mais cela ne me convenait vraiment pas.
Je me suis donc accroupie à côté du lit, et mon mari
s'est installé derrière moi, assis sur le lit, me soutenant
sous les aisselles. J'étais bien appuyée contre son torse,
et là le bébé était bien placé pour
descendre. C'est ce qu'il a commencé à faire. Cela a été
assez long, beaucoup plus me semble-t-il que pour Arnaud, mais à
l'époque j'étais dans une position moins physiologique (semi-assise),
la poussée était dirigée et j'avais subi une épisiotomie
contre mon gré.
Là, je sentais que mon corps et mon bébé travaillaient
ensemble. J'ai senti mon bébé descendre, une sensation intense
de brûlure, dans le vagin puis dans la vulve. Je l'ai senti qui
passait, et je croyais sa tête déjà sortie, mais c'était
le passage du col. Un peu plus tard, la sage-femme m'a proposé
de toucher sa tête qui paraissait à la vulve. La sentant
lisse, j'ai cru qu'il n'avait pas de cheveux, mais la sage-femme m'a dit
que si.
L'expulsion m'a parue très longue, elle a duré 17 minutes
d'après le rapport de la sage-femme. Pendant tout ce temps-là,
elle m'a encouragée, accroupie devant moi. Elle maintenait mon
périnée avec une compresse chaude. C'était dur et
douloureux de pousser, mais enfin le bébé est sorti ! Je
l'ai attrapé sous les bras et pris contre moi aussitôt.
Là, j'ai eu besoin de regarder si c'était un garçon
ou une fille, je l'ai donc un peu tourné : un deuxième petit
garçon. Puis je l'ai blotti tout contre moi, et mon mari et la
sage-femme m'ont aidée à m'allonger sur le lit. Comme Arnaud,
il est né en pleurant, ce qui m'a décontenancée à
chaque fois. Puis il s'est mis à chouiner, et ne s'est calmé
qu'en trouvant mon sein, qu'il s'est mis à téter goulûment.
C'était le jeudi 20 janvier 2005, à 17 h 40.
Mon mari est allé chercher Arnaud pour lui présenter son
petit frère. Le voyant téter, il a réclamé
aussi, et je lui ai donné bien volontiers, mais il s'est contenté
d'une tétée symbolique. Puis il est retourné à
ses occupations.
La sage-femme m'a incitée à pousser un peu pour expulser
le placenta, me disant que je me sentirai mieux après. Je n'en
avais pas très envie, toute accaparée par la découverte
de mon bébé, mais j'ai fini par le faire et il est sorti
assez facilement. Le cordon était toujours attaché au placenta,
je voulais attendre la sortie de celui-ci pour le couper. J'ai demandé
à mon mari s'il désirait couper le cordon, mais il l'avait
déjà fait pour Arnaud et n'y tenait pas plus que ça,
c'est donc moi qui l'ai coupé. J'en suis très contente,
notamment pour le côté symbolique.
Le bébé a fait sur moi son premier pipi et sa première
selle, comme son grand frère à l'époque. Au bout
d'un moment, la sage-femme l'a nettoyé puis m'a nettoyée.
Elle lui a aussi mis une couche. Vers 2 heures de vie, il a commencé
à s'endormir. Elle l'a alors mesuré, tout contre moi : 53
cm ! Puis pesé, dans une espèce de couffin en tissu : 3,8
kg ! J'espère avoir un jour un bébé de plus de 4
kg !
Nous l'avons habillé, puis couché dans un nid d'ange contre
moi dans le lit. J'ai eu besoin d'aller aux toilettes, et ne me sentais
pas de faire dans le bassin. J'avais la vessie très pleine, et
en revenant j'ai commencé à me sentir mal. La sage-femme
m'a soutenue jusqu'à la chambre, où je me suis évanouie.
Je suis heureusement vite revenue à moi, et ai demandé à
mon mari un morceau de sucre pour m'aider. Chute de tension plus ventre
vide de tout l'après-midi, car je n'avais pas goûté,
seulement bu de la tisane sucrée.
J'ai demandé à mon mari de me préparer des pâtes,
j'avais besoin de sucres lents. Je les ai mangées assise dans le
lit, draps changés, sur un plateau à pieds. Arnaud s'est
installé à côté de moi sur un petit tabouret,
un plus grand lui tenant lieu de table. Cela l'a beaucoup amusé.
Nous lui avons offert un cadeau de la part de son petit frère,
un jeu de cubes et de voiture en bois qui lui plaît beaucoup.
Nous n'avions pas décidé du prénom avant la naissance,
désirant voir d'abord le bébé. Lors des premiers
coups de fil à la famille, peu après la naissance, nous
n'étions toujours pas d'accord, ne préférant pas
les mêmes. Nous en avons discuté après le départ
de la sage-femme, et finalement prénommé notre second fils
Gauthier !
La première nuit fut assez pénible, à 4 dans un lit
en 140, Arnaud ayant décidé de passer toute la nuit entre
ses 2 parents plutôt que dans sa chambre. Il semble très
heureux de la présence du bébé, et aime lui faire
des bisous.
L'allaitement a très bien démarré, si ce n'est que
Gauthier n'ouvre pas très bien la bouche pour prendre le sein,
et j'ai un peu de mal à le rééduquer. Il avait déjà
repris et dépassé de 100 g son poids de naissance à
6 jours, et a perdu son cordon le matin de son septième jour.
Et depuis cette belle naissance, où j'ai vraiment eu l'impression
de mettre moi-même au monde mon enfant, je suis heureuse, comblée,
comme sur un nuage, bref je crois que je fais un « baby pink »
!
Sophie
maman d'Arnaud (10/09/2002), allaité plus de 2 ans, et de Gauthier
(20/01/2005), allaité, materné, porté
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