Laissez-moi vous raconter la naissance d'Adrien, qui restera un des plus beaux moments de ma vie

Après la césarienne subie pour ma fille, Marylou, j'avais le spectre d'une nouvelle césarienne qui pesait sur moi durant toute la grossesse, vous voyez toutes ce que je veux dire. Je voulais donc mettre toutes les chances de mon coté en prévoyant des conditions de naissance le plus idéales possibles. J'ai donc contacté une sage femme pratiquant des AAD, ce qu'elle a refusé pour moi, et ayant un plateau technique à l'hôpital. Ce qui garantissait sa présence pour l'accouchement. Elle m'a aussi offert des séances de préparation à l'accouchement assez extraordinaires qui m'ont aidé à me reconcilier avec cette colère, cette déception, cette césarienne. Elle est toujours restée très réaliste pendant la préparation en me disant notamment qu'il fallait toujours envisager une deuxième césarienne. J'ai donc imaginé plusieurs scénari à mon accouchement.
J'ai réalisé une scano-pelvimétrie (soit disant moins irradiant qu'une radio), car ça faisait partie des protocoles de la mater après une césar (même si la césar n'avait rien à voir avec un travail distosique : j'ai subit eu césar pour souffrance foetale 10 minutes après déclenchement pour rupture de la poche des eaux à 7 mois et demi de grossesse. Je n'ai pas eu le temps de ressentir une seule contraction, et le ralentissement du rythme cardiaque de Marylou n'avait duré que 2 ou 3 minutes. N'aurait-on pas eu le temps de poser une péridurale ou une rachi plutôt que d'opter pour l'anesthésie générale ??)

La seule obligation médicale à laquelle je devais me soumettre lors de l'accouchement dans le meilleur des cas était la pose d'une perfusion. Finalement j'étais plutôt satisfaite du projet que me proposait ma sage femme.

Les contractions ont débutée brusquement à 21 heures, toutes les trois minutes d'emblée. Je les ressentais comme une douleur de règles, et j'ai su tout de suite que le processus démarrait (pourtant je me demandais bien si je saurais reconnaître les premiers signes).
Un bain chaud n'a rien ralenti, nous avons donc appelé la SF qui nous a proposé d'attendre encore 2 heures chez nous. J'étais très excitée et la douleur restait très gérable (elle allait en croissant). Je me laissais aller à chaque contraction en pensant que chacune me rapprochait de la naissance. Et pas une fois depuis le début du travail jusqu'à l'arrivée d'Adrien, je n'ai pensé à la césarienne. Je suis entrée directement dans le processus en écoutant mon, corps, en lui faisant confiance à lui et à celui de mon bébé. J'ai beaucoup pensé à tous les trucs que m'avait indiqué la SF. Vers minuit 30 nous avons rappelé A. P. qui nous a proposé de nous rejoindre à son cabinet à Beauvais (il était prévu de faire un maximum de travail en dehors de la maternité).
Nous avons attendu ma maman qui habite assez loin et qui venait garder Marylou et nous sommes partis à 1h30. Je commencais à entrer dans ce que je qualifierais d'état second, en tout cas pendant chaque contraction (entre chacune je pouvait encore me redresser et tenir une conversation). Puis à peine entrée dans la voiture, j'ai entendu un POC caractéristique. C'était la rupture de la poche des eaux. Le trajet en voiture était très inconfortable, j'étais accroupie sur le siège arrière et je commençais à utiliser les cris pour me soulager lors de chaque contraction.
Nous sommes arrivés au cabinet d'A.à 2h du matin. Elle a voulu m'examiner et là j'ai compris la douleur des femmes qu'on oblige à rester allongées pendant l'accouchement. Moi, j'ai été incapable de tenir cette position pendant une contraction. Ce que j'adoptais était une position debout genoux fléchis et main appuyées sur les cuisses. A. a quand même réussi son examen, j'ai ''sauté'' sur la table entre 2 contractions. Verdict : dilatation à 7 !! Super.
Mais pas le temps d'aller à la maternité où A. possède son plateau technique, 20 minutes de route. Et puis je ne veux pas remonter dans la voiture ! Alors on décide d'aller à l'hôpital de Beauvais, A. y a travaillé 15 ans, elle connait donc beaucoup de monde.
On y arrive à 2h30. Ils sont débordés et acceptent de laisser A. s'occuper de moi tout en surveillant de loin. C'était extra, le personnel a été très discret et je n'ai pas vu un seul médecin.
Dans la salle d'accouchement, je suis restée une bonne demie heure accroupie en appui avec les bras sur les genoux de mon mari lui même assis sur une chaise. J'étais vraiment ''partie'', je me laissait aller aux vagues des contractions douloureuses mais supportables grace à ses cris et ce désir de faire venir mon enfant Je m'appuyais physiquement sur mon mari et psychologiquement sur A. D'ailleurs je n'entendais que sa voix qui était mon guide. Elle me disait souvent de penser à appeler mon enfant. Au bout d'une trentaine de minutes, A. me demande si je ressens la poussée. Comme celle-ci ne vient pas après plusieurs contractions, j'ai pensé à changer de position. Je me suis donc redressée et j'ai un peu marché, courbée. Et ça y est, j'ai ressenti ce phénomène extraordinaire.
Là, A. et une autre SF m'ont aidé à m'allonger sur la table. A mon grand étonnement, j'ai trouvé cette position (allaongée sur le côté,) plus confortable que debout. C'est à ce moment seulement que la perfusion a été posée.

Puis ce fut l'aventure de cette poussée, que je décrirais comme une force en dehors de moi, insoupçonnable qui enveloppe mon bébé et l'attire vers l'extérieur de mon corps. C'est violent, intense, formidable. Il ne faut pas lutter, il faut se laisser aller, pousser ce cri qui va amener la vie. Et d'un coup j'entends : ''ça y est, la tête est sortie,'' les épaules à la prochaine poussée. Prenez votre bébé."
Viens là mon amour, dans mes bras, contre moi. Je te prends entre mes jambes, je vois que tu es un garçon, ton père n'en revient pas. Bienvenue quel bonheur...

Puis la première tétée à 10 minutes de vie, il sait s'y prendre!!
J'ai eu une déchirure moyenne, douloureuse pour les suites de couches mais je suis tellement heureuse d'avoir permis à mon bébé de naitre si sereinement, si naturellement.
Nous n'avons pas été séparés de tout le séjour à la maternité, nous avons été respectés. Je les en remercie énormément.Et je crois que je ne remercierais jamais assez ma sage-femme de nous avoir guidés vers cette expérience magnifique. Que chacune d'entre vous puisse un jour vivre une telle chose.

Sophie, maman de Marylou ( 9/2000 Césarienne, tète encore) et Adrien (3/2003 Avac, allaité) et le papa Rémy très fier.