Ne jamais vivre un accouchement, ne jamais savoir ce que c'est d'avoir envie de pousser... Ca, je n'arrive pas à l'accepter

Je prends le temps aujourd'hui, de vous raconter mes césariennes.Je pensais pour ma première grossesse que la césarienne c'était pour les femmes qui avaient un bassin trop petit, les bébés en présentation siège etc… Et nullement à mon cas. Je pensais que j'étais comme ma mère, j'espérais pouvoir faire sans péridurale (même si j'avais été voir l'anesthésiste car on ne sait jamais). Lors des cours de préparations à l'accouchement, on m'avait expliqué que lorsque les contractions se répètent toutes les cinq minutes, après un bon bain pour être sûr que ce n'était pas du faux travail, on pouvait penser à partir et idem si on perdait les eaux. J'attendais ce moment avec impatience et j'était confiante, ma grossesse s'étant impeccablement déroulée (pas de nausées, pas fatiguée, analyses ok, bébé en bonne position,….). Mais le jour J approchait et rien ne se passait, je ne ressentais aucune contraction. J'ai donc commencé par me rendre à la clinique tous les deux jours. Le bébé allait bien, j'avais des contractions que je ne sentais pas, mais imperturbable, je restais confiante. Au bout de six jours, je me suis réveillé en pleine nuit (environ 1 h.) avec des douleurs dans le dos assez impressionnantes. Je voulais rester allongée, mais l'intensité de la douleur m'a faite lever et je me suis mise à regarder l'heure : je n'y comprenais rien, mes contractions étaient à peu près toutes les minutes et duraient plus d'une minute chacune. J'étais assise sur le fauteuil du salon et chaque contraction me faisait m'accrocher aux accoudoirs et me soulever. Ensuite j'ai ressenti des nausées et j'ai couru aux toilettes pour vomir. Je doit dire qu'à ce stade, je me demandais ce qui se passait. Je continuais à scruter l'heure ne voulant pas croire que l'accouchement soit déjà imminent quand j'ai eu cette étrange sensation qu'est la perte des eaux. Je venais de me relever pour retourner aux toilettes et je me suis retrouvée trempée ! Cette fois, je me suis dit il faut y aller ma grande ! J'ai réveillé mon mari, nous nous sommes préparés et nous sommes partis pour la clinique en nous arrêtant régulièrement pour cause de vomissement. Les contractions étaient tellement fortes que je balançais des insultes à chacune d'elle en me soulevant de mon siège. Je prenais mon mal en patience en me disant que l'accouchement était proche, j'essayais de penser à mon bébé : à qui allait-elle ressembler ? Et surtout je pensais qu'en arrivant à la clinique, on allait me mettre en salle d'accouchement et que quelques heures tout au plus, après mon arrivée, ma fille serait avec nous. Donc en arrivant, la SF m'examine et j'entends entre deux vomissements dans mon haricot, que le col est à un centimètre ! Là, je crois que le ciel m'est tombé sur la tête, et je pense que jamais je ne supporterais ces contractions, surtout si elles s'intensifient encore, pendant encore plusieurs heures. Bref, elle m'accompagne en salle d'accouchement où elle me demande de m'allonger, elle part, revient avec d'autres personnes et je vois arriver mon gynéco. Il devait être 4 h. du mat environ. La sage femme me demande de m'asseoir sur le bord du lit et mon gygy en face de moi qui me dit « courage, c'est une des dernières que vous ressentez ». En fait, c'était l'anesthésiste qui me faisait une péridurale !!! Ils ne m'ont même pas demandé mon avis et même si je suis à peut près sûre que j'aurais fini par la demander, j'aurais aimé qu'on me demande avant ! Ca à quand même été un grand soulagement. Et nous voilà parti, mon mari et moi pour attendre que le travail se fasse en toute sérénité, la douleur en moins. Mais voilà, la sérénité n'a pas durée longtemps : la SF venait m'examiner (trop, à mon goût)vsouvent et à chaque fois je voyais le cœur de mon bébé ralentir. Je respirais de grandes bouffées d'oxygène dans le masque en scrutant les battements de son cœur à chaque fois le nombre de battement/min revenait à la normal au bout de quelques secondes et nous en étions quittes pour une grosse frayeur. Mais vers 9heures 30 tout s'est bousculé: nous avons eu peur que les battements ne repartent pas à un rythme normal (après examen du col, encore !) et j'ai vu la SF essayer de cacher sa peur mais j'entendais de l'autre côté de la porte un certain affolement. Elle essayait de joindre mon gygy et n'y arrivait pas. Elle revint ensuite me dire « bon, on vous emmène en salle d'op. On va vous faire une césarienne » Et moi qui essayait de garder mon calme depuis un moment pour que mon bébé se sente bien, là j'ai fondu en larme. Je ne comprenais plus rien. Pourquoi, il m'arrivait ça à moi ? Je n'arrêtais pas de penser « ce n'est pas possible, je ne vais jamais voir mon bébé, je vais mourir ou elle va mourir mais on ne se verra pas toute les 2. » Il était 9h45 lorsqu'ils m'ont transportée. J'ai entendu une SF demander « Qui veut assister le Dr pour la césa ? et une autre répondre toute contente « moi ! moi ! je veux y aller ! » et l'autre de lui répondre « Chut ! doucement » « Oh ! mince ! »Je me suis dit le malheur des uns fait le bonheur des autres !... Mais le pire restait à venir. Lorsque mon gy est arrivé, même pas un mot gentil, je l'ai entendu dire : « scalpel ? » sur un ton énervé et là l'horreur ! personne ne m'avait prévenu que j'allais tout ressentir ! Je ne sais pas pour les autres mais moi je n'ai vraiment pas aimé ! Sentir que l'on vous ouvre le ventre, vous écarte, qu'on donne un grand coup sur le haut du ventre (et donc sur le bébé) etc…Pour moi ce fut affreux, et encore plus affreux fut le moment où j'ai entendu mon bébé sans pouvoir bouger, je voulais voir mon bébé ! On me l'a finalement tendu pour que je puisse lui faire "un petit bisou," et me l'enlever aussitôt, pendant que je sentais qu'on me recousait. Mon médecin est reparti. Je ne crois même pas qu'il m'ait adressé la parole ! Comme si j'étais un morceau de viande parmi tant d'autres qu'il venait de charcuter ! Je ne connaissais rien au milieu hospitalier et je ne savais pas qu'il fallait rester 2 heures en réa. Je ne voulais qu'une chose voir mon enfant ! Ces 2 heures m'ont paru interminables je me posais plein de questions, je me suis fait des films. Je croyais que mon bébé n'allait pas bien et qu'on ne voulait pas me le dire, je me demandais qui était avec elle, où était mon mari… Lorsqu'on m'a enfin ramenée dans ma chambre, ça a été la fin du cauchemard. La première chose que j'ai vu c'est mon mari tout ému (je ne l'avais jamais vu comme cela) avec notre fille dans ses bras. C'est lui qui s'était occupé d'elle pendant tout ce temps et j'ai pu enfin la prendre dans mes bras. Le soir même, je savais que je n'accepterai jamais ce que j'avais vécu. Mon rêve c'était transformé en cauchemard. Moi qui avait tant attendu et rêvé du moment ou on m'aurait posé mon enfant sur moi, juste après l'avoir mise au monde ! Au lieu de cela un bisou et hop on me l'emmène et je suis dans l'incapacité de m'en occuper et je ne peux pas la prendre dans mes bras. Je crois que c'est aujourd'hui encore ce qui me fait le plus mal quand j'y pense. Avec le recul, aujourd'hui, je ne me laisserais pas faire, je reste persuadée qu'elle n'avait pas à m'examiner comme cela toutes les 10 min sachant que mon col était long à s'ouvrir (j'étais à 4 cm lorsque la césa a été décidé) et que cela provoquait une souffrance fœtale. Mais (je suis peut-être mauvaise langue là) ils avaient peut-être besoin de la salle pour un autre accouchement car il y avait beaucoup de monde ce jour là qui accouchait. Comme de toute façon ils ne m'ont rien dit, je ne saurais jamais. Mon gynéco m'a dit par la suite que sa tête était mal placée et que de toute façon je n'aurais pas pu accoucher mais je ne l'ai jamais cru. Ca sentait le prétexte pour me consoler et justifier la césa.

Pour ma 2ème, je m'était bêtement dit : environ 10 heures = 4 cm (ouverture du col) donc je ne part en aucun cas de chez moi avant 10 heures de contractions. Après, si les contractions sont trop douloureuses je demanderais une péri et à 4 cm ils seront ok, ce ne sera pas trop tôt. Je n'avais pas voulu suivre les cours de préparation car je me faisais du souci, et je ne voulais pas fondre en larme devant toutes ces femmes qui auraient eu des accouchements normaux. Et puis je me disais que je n'avais rien d'autre à apprendre, les séances de relaxation ne m'intéressaient pas. La respiration, je connaissais alors, à quoi bon ! Cela m'avait d'ailleurs valu une réflexion de mon gynéco « Ah bon ! Ah mais vous en savez autant qu'une sage-femme ! » ce à quoi je lui ai répondu que je n'avais pas cette prétention ! Mais je n'avais pas envie de discuter avec lui de mes problèmes psychologiques vis-à-vis de la césa d'autant que je ne crois pas qu'un homme, même gynécologue obstétricien, puisse comprendre. Je peux me tromper mais jusqu'à preuve du contraire, c'est ce que je crois. Toujours est-il que mes contractions ont commencé vers minuit et que nous sommes partis pour la clinique vers 11 heures du matin. Je pensais, à ce stade, que le col avait commencé à s'ouvrir, et même si la douche m'avait un peu calmé, je commençais à fatiguer. Mais non ! mon col n'était même pas ouvert d'1 cm lorsque vers midi la SF m'a examiné. Elle m'a même regardé d'un air suspicieux en se demandant pourquoi j'étais là ! « vous êtes sûre que vous avez des contractions ? » Finalement, elle me dit (j'étais à J +3) « puisque vous êtes là, on va faire un monitoring ! » Lorsqu'elle est revenue, elle a regardé et tout étonné elle m'a dit « Ah oui, effectivement, vous aviez raison, il y a des contractions ! » Elle me réexamine, et me dit :1 cm. Je décide donc que nous repartons chez nous. Dans l'après midi je n'en pouvais plus, mais je prenais mon mal en patience en me disant qu'il n'était pas question que je re-subisse une césarienne sauf souffrance fœtale trop importante ou complication particulière.Cependant je sentais comme une ‘bosse' en haut de mon ventre et je ne pouvais m'empêcher de penser que ce n'était pas normal que son pied soit si haut. Mon mari me voyant souffrir, ne savait plus quoi faire ! Je lui disais de ne pas s'inquiéter mais rien ni faisait : il me fit couler un bain et m'obligea (presque) à me mettre dedans. Ce que je ne voulais pas car avec les vomissements ce n'était pas pratique ! et pendant ce temps, il était allé appeler la clinique : une dame lui a répondu que si j'avais trop mal il fallait revenir. Ni une ni deux, mon mari n'en démordrait pas, il voulait que je retourne à la clinique et il m'a fait peur en me disant que peut-être le bébé n'allait pas bien. Je me suis donc laissée faire. Il est vrai que la douleur m'empéchait un peu d'être rationnelle et surtout cette 'bosse' m'inquiétait sans que je sache pourquoi. Lorsque la SF m'a dit qu'il y avait souffrance fœtale à chacune de mes contractions c'est-à-dire touts les 30 secondes, j'ai compris qu'il ne me restait aucun espoir d'accoucher et que la césarienne était la seule fin possible. La césarienne s'est bien passé. Ma fille est née à 18H58, elle avait le cordon complètement enroulé autour de la jambe ce qui explique ma ‘bosse ‘. Le personnel a été très gentil, je n'ai pas pleuré cette fois-ci. Mais encore une fois je n'ai pas pu avoir ma fille avec moi tout de suite et ça c'est terrible pour moi. Aujourd'hui, je me dit que si je dois encore passer par une césarienne pour bébé 3, je ne m'en remettrai jamais. J'ai eu 2 grossesses qui sont passées extrêmement bien, aucun problème de santé ni pour moi, ni pour bébé mais j'ai payé cher à la sortie ! L'addition était salée ! Ne jamais vivre un accouchement, ne jamais savoir ce que c'est d'avoir envie de pousser, ne jamais avoir le plaisir de sentir mon petit bébé sur moi, pouvoir le garder dans mes bras et le rassurer juste après sa naissance (mes 2 petites pleuraient lorsqu'ils les ont emmenées loin de moi) Ca, je n'arrive pas à l'accepter. Je vous avais prévenu : je ne sais pas faire court ! et puis il fallait que je parle. Merci de m'avoir lu jusqu'au bout !

Prisca