Le bonheur existe, je l'ai encore rencontré !

Pour la petite histoire, Aurélie est née en 02h40 et Andréa en 02h20, toutes les deux à 9 jours de la DPA (Date Prévisionnelle d'Accouchement).
Comme "Job d'étudiant", nous avions embauché ma nièce pour être sur que le papa n'aurait pas à s'occuper d'Aurélie et Andréa, au moment ou il faudrait partir à l'hôpital. Elle a donc habité avec nous pendant 3 semaines, pour être là au bon moment, puisque lorsque je sens la 1ère contraction, il n'y a pas de temps à perdre, il faut y aller vite fait.
Après l'accouchement, je suis revenue y faire le récit suivant (j'ai plaisir à le partager, j'espère que vous aurez plaisir à le lire) :

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Elle est née le vendredi 23 Juillet 2004, vers 08h10 du matin :-)
J'avais pas trop mal visé dans ma prévision.
Finalement, mes 3 filles sont nées au même terme de grossesse, modulo un delta de 20 heures de temps.

Elle s'appelle Caroline, mesure 49 cm et pèse 3,140 kg. Elle est belle comme le jour.

Jusque là, c'était presque comme prévu, mais .......


Vendredi 23 Juillet 2004 :

07h39 : je suis réveillée par une contraction, moyennement forte.
Comme les qqs jours précédents, je mets cela sur le compte de la vessie pleine. Je me lève, je vais aux wc puis je me recouche.

07h45 : 2ème contraction, forte, de plus en plus forte et qui dure, qui dure. Alvaro (le papa) se réveille en sursaut, se lève
immédiatement, m'aide à me relever et, à ma demande, m'accompagne à la salle de bain. J'ai d'emblée beaucoup de mal à me déplacer. Pas seulement à cause de "LA" contraction ... je me sens "contractée, coincée" un peu partout. Pendant que je me lave laborieusement les dents en m'accrochant au lavabo, il s'habille rapidement, puis m'aide à enfiler une robe.
Cette satanée contraction ne passe pas, c'est du continu, du continu qui varie en intensité, mais du continu ...
Je n'ai jamais eu du "continu" comme ça pour mes 2 autres accouchements. J'avais des contractions, certes rapprochées, mais elles avaient un début et une fin bien identifiées, une durée de l'ordre de la minute (entre 50 et 70 respirations ... je me souviens)
..... bon sang, qu'est-ce qui se passe ?

07h50 : Mes 2 filles arrivent, réveillées par mes cris : elles comprennent tout de suite. Pour l'instant tout se passe comme je leur avais expliqué, elles ne sont pas surprises, très sages, elles viennent me faire un calin que je leur rends. C'est elles qui me rassurent en me caressant le ventre et en me disant que la petite soeur allait sortir. Ma nièce arrive et prend en charge mes 2 filles.

07h55 : je descends difficilement les escaliers ... rez-de-chaussée ... puis enfin garage en sous-sol.

08h00 : Alvaro me demande si "on y va" ou si "on appelle les pompiers". Je n'en peux plus, je suis à 4 mètres de la voiture et je ne peux plus bouger. Je réponds juste "pompiers". Il remonte en courant pour téléphoner. Je reste debout, adossée à un pilier central du sous-sol.

08h05 : Alvaro revient me rejoindre et me dit que les pompiers et le samu arrivent. Il est en sueurs, tout son visage est dégoulinant de transpiration. Mes jambes fléchissent, je ne tiens plus debout. Je sens l'envie de pousser. Il me tient pour que je ne m'écroule pas.
Me voilà à moitié à genoux dans le garage. Machinalement je porte ma main sur mon bas (très bas)ventre et, surprise, je sens une "boule" .... taille une orange.... Je dis juste "elle va sortir, reste derrière moi, ne me lâche pas".
Alvaro me tiens exactement comme je lui dis ... heureusement que je ne fais que 55 Kg et lui presque le double car la position est un peu acrobatique.
Je pousse malgré moi, puis je pousse volontairement, juste le temps d'une quarantaine de respirations. Je pousse encore, je m'aide avec mes mains : je désengage la tête et les épaules, le bébé glisse dans mes mains, j'ai peur qu'elle ne glisse par terre, elle est à 20 cm du sol. Je me mets sur le côté et demande à Alvaro de venir devant moi pour tenir le bébé parceque je n'ai plus qu'une main disponible (avec l'autre, je m'appuie par terre pour ne pas être allongée).

08h10 : Il tient la tête et les épaules, je pousse avec mon autre main sur ses poignets pour qu'il tire le bébé avec la force qui m'arrange ..... elle est sortie, la douleur s'arrête instantanément. Je la prends dans mes bras, je lui essuie vite fais le visage pour dégager son nez et sa bouche, je veux la faire respirer. Je la tourne, retourne, masse le thorax, je veux la faire respirer, je lui tapote les fesses, les jambes et ....... OUF! elle pousse enfin qqs petits cris, elle "gémit" doucement et je vois son ventre aller et venir au rythme d'une respiration !

08h20 : Les pompiers arrivent (3 personnes). Ils pincent le cordon à deux endroits, me mettent un masque à oxygène et aspirent l'intérieur de la bouche de ma fille.

08h25 : Le samu arrive (3 personnes aussi). Ils coupent le cordon. Enroulent ma fille dans des serviettes propres. Demandent à
Alvaro d'aller chercher une rallonge et un sèche cheveux. Puis ils ventilent les serviettes qui enveloppent ma fille pour la réchauffer. Ils me mettent une perfusion et me collent dessus des pastilles avec un embout qui ressemble à un bouton pression (je ne sais plus comment cela s'appelle). Ils me secouent un peu pour que je ne "m'endorme" pas... je suis un peu KO, mais juste un peu ....je suis quand même bien consciente. En tout cas je suis rassurée, heureuse, fatiguée, soulagée.
Pendant ce temps, Alvaro était monté avec le bébé pour la montrer à :
- Aurélie : elle était émerveillée, elle avait bien compris la situation et "savait" à quoi s'attendre, en quelque sorte.
- Andréa : elle est restée sans voix, avec des grands yeux écarquillés.
- ma mère (qui vit chez nous) : elle poussait des cris et des soupirs dans tous les sens en courant partout dans la maison :-)
- à l'infirmière de ma mère (diabète insulino-dépendant) qui vient tous les jours à cette heure-là : elle est restée sans voix aussi, pas tellement de voir ma fille, mais parce-que j'avais accouché dans le garage :-)
- à ma nièce (14 ans) : elle avait assisté à la fin de l'accouchement (à notre insu), et maintenant elle veut devenir obstétricienne :-)

Ensuite, les pompiers m'ont emmenée à l'hopital avec ma fille. Le médecin du samu la tenait dans ses bras, juste à ma hauteur, à côté de moi. Alvaro a suivi en voiture. Ma fille a été prise en charge de suite pour les examens de naissance. Tout va bien. Pour moi, la sage-femme a effectué la délivrance, puis j'ai eu droit à une HORRIBLE séance de "couture" .... s'il y a une "prochaine fois", j'inscrirai Alvaro à l'option épisiotomie des cours d'accouchement :-) ... pour tout ce qui précède, il n'a plus rien à apprendre :-).

12h00 : je gagne ma chambre avec ma fille. Elle dort calmement, tout va bien. En début d'après-midi, elle a commencé à téter et l'allaitement s'est bien mis en route, comme pour mes deux ainées.

Le lendemain (24/07), les pompiers qui nous avaient emmenées sont venus nous rendre visite, prendre de nos nouvelles. Ils ont été d'un professionnalisme sans pareil et d'une gentillesse incroyable. L'un d'eux était très ému et regardait Caroline avec des yeux qui
"transpiraient" (comme dirait Orcim). Incroyable.

Le bonheur existe, je l'ai encore rencontré !

Paula, maman d'Aurélie (Aout 1999), Andréa (Juillet 2001), Caroline (23 Juillet 2004)