Petite étoile brille dans notre ciel depuis le
31 juillet 2004...
Petite étoile, prénommée Roxane, est née
le 31 juillet à 17 h 25.
Mon accouchement et la naissance de Roxane, petite princesse très
brune et très chevelue de 4kg, nous laisseront un souvenir merveilleux.
Vendredi 30 juillet, il fait chaud
très chaud
je nage
beaucoup avec mon fils aîné Théo, 4 ans. Je savoure,
en quelque sorte, ses derniers instants de fils unique
leau
me rafraichit et me porte. Vers 21h, nous attendons mon mari pour passer
à table
en attendant, je moccupe (une vraie tornade
je
veux « tout » faire au cas où
). En me baissant
pour attraper une corbeille, jai limpression de me faire pipi
dessus ! mais je reconnais cette sensation, je lai déjà
eue pour Théo
la poche des eaux vient de se rompre ! je pousse
un petit cri (de joie !) et appelle mon mari pour lui dire que notre princesse
sannonce. Mon fils, les oreilles grandes ouvertes, mentend
et commence à sauter partout dans la maison en criant « le
bébé coule
», eu égard à mes petits
cris, à chaque nouvelle coulée de liquide. Nous mangeons,
jessaie de calmer Théo, bientôt grand frère
et
ma fébrilité. Vers 23h, toujours pas de contractions mais
je préfère appeler notre sage-femme pour la prévenir
de limminence de la naissance. Nous appelons aussi ma mère,
qui va venir chercher Théo, trop excité pour que je puisse
le gérer
et je préviens mes copines du net, dont le
soutien mest précieux
Nous nous couchons vers 2h. La nuit est courte, jai mal au dos,
mais toujours pas de contractions. Je me lève à 6h30. Je
prépare le petit déjeuner dehors sur la terrasse. Je regarde
le jour magnifique se lever sur le Tarn qui borde notre
jardin, en savourant la brioche que jai préparée
je sais que bientôt je vais serrer mon bébé contre
moi
je me force au calme
je respire un grand coup
jai
trèèèèès trèèèèès
mal au dos.
La matinée sécoule doucement
mon mari me met
de la musique, je lis (I. Brabant et son chapitre sur la douleur)
je prépare des pizzas maison pour le déjeuner
et je
ressens ma première contraction vers 10 h
énorme mais
courte, dans le dos
comme pour Théo ! jai le bas du
ventre et du dos « mâchés », je crois que je
sais un peu ce qui mattend
10h 30, 11h, 11h30 : quelques contractions très espacées
mais déjà profondes
jappelle ma sage-femme, H.,
qui me fait promettre de la rappeler dès que ça sintensifie
(elle a 1h de route à faire pour nous rejoindre).
Mes contractions sintensifient vers midi et demi (mince ! juste
au moment où jallais manger
) et deviennent rapidement
très régulières (2-3 minutes) et longues (plus d'une
minute). A ce rythme là, nous rappelons notre sage-femme, qui arrive
1 heure après pour constater l'effacement et la dilatation totale
du col. Waouh, je suis bluffée et.... encouragée....J'ai
eu mal pendant 2 heures mais ce n'était vraiment pas pour rien
!!! C'est vrai que j'ai cru ne pas tenir... mais, heureusement que j'avais
lu quelques heures auparavant le chapitre sur la douleur dans le libre
d'I. Brabant qui décrit les premières contractions comme
étant les plus douloureuses puisque travaillant à étirer
un col fermé... vérifié...
A ce moment-là, je suis dans la piscine de mon fils que nous avons
préparée pour l'occasion, la journée étant
prévue chaude et suffocante. L'eau me fait du bien, mais je ne
trouve pas vraiment de position qui me convienne alors que les premières
poussées involontaires surviennent. Je dis que les voisins sont
trop près, que ça me gêne qu'ils m'entendent gémir.
On rentre dans notre chambre. Ma sage-femme est là, douce, présente,
m'éponge le front...Dominique, est derrière moi, me soutient,
m'encourage, mais je ne supporte pas grand chose, ni qu'on me parle, ni
qu'on me touche trop...les poussées sont fortes, violentes, puissantes,
comme une tempête au fond de moi, qui me soulève... c'est
magique... ce corps qui "travaille tout seul"... la douleur
est là mais elle est différente, elle ne me broie plus comme
pendant les contractions.... la descente va durer presque trois heures...ceux
qui m'accompagnent dans cette aventure sont formidables.... patients,
discrets, je me sens à l'aise, je n'ai pas peur de me laisser aller,
je gémis (parait que je suis restée très soft qd
même), je me berce, je râle, je dis que j'en ai marre...
H. vérifie régulièrement le coeur du bébé,
tout va bien tandis que la descente s'amorce... pour m'encourager, elle
me demande d'aller toucher avec mes doigts sa tête... je n'oublierai
jamais cette sensation sous mes doigts, cette rondeur qui occupe mon vagin...
vient un moment où j'en ai assez, je le dis haut et fort. H. me
demande de me déplacer dans la salle de bains, de me suspendre
à un des lavabos, accroupie...et c'est là, en 4 poussées,
que Roxane glisse hors de moi...sensation magique après celle de
brûlure sur le périnée (intact, je précise...
que c'est bon sans épisiotomie...). H. a attrapé Roxane
et me la tend, le cordon est assez long pour que je puisse la mettre sur
ma poitrine. Elle est toute rose, avec un peu de vernix, et un peu de
sang... et si brune !
Nous retournons alors dans la chambre. je m'asseois sur le tabouret hollandais,
et nous faisons connaissance. Dominique fond en larmes, m'avouant n'avoir
jamais vécu quelque chose d'aussi fort, et connaitre désormais
une part animale de moi qu'il n'avait pas soupçonnée...
Roxane ouvre de grands yeux et prend sa première tétée
quelques minutes après.... tout va bien, la douleur s'en est allée,
moi qui croyais difficilement ce qu'on disait sur la douleur oubliée
dès les premiers instants, je me rends compte que c'est vrai...
autant, je ne pouvais pratiquement plus bouger quelques minutes, comme
paralysée, tendue vers mon but à atteindre, autant, je pourrais
(j'ai l'impression !) cavaler avec ma petite dans les bras...H. nous montre
le cordon, comment il bat
nous attendrons quil ait cessé
de palpiter pour le couper et le clamper.
H. nous laisse seuls, s'éloigne dans le salon pour remplir les
papiers de naissance, puis revient, toujours discrète, pour nettoyer
la chambre qui est en sacrée pagaille...
Vers 20 h, nous nous restaurons tous.... je meurs de faim, n'ayant rien
pu avaler depuis 6h30 le matin...je mange dans mon lit, car malheureusement,
le placenta n'est toujours pas sorti....H. commence d'ailleurs à
s'en inquiéter.... peu après le repas, elle me propose d'aller
voir pourquoi il ne se décroche pas... ce sera la seule ombre au
tableau... la douleur qui me prend pendant ses tentatives est fulgurante,
insupportable (bien pire que l'accouchement). J'ai des vertiges, ne tient
plus debout...Vers 22h30 (soit 5 heures après la naissance), Henny
décide qu'il faut qu'on parte à la clinique. Je n'ai plus
de force et manque de perdre connaissance à l'entrée de
la clinique... je suis tellement désolée d'être là...
je me retrouve au bloc... heureusement que je connais l'obstétricien
et que les sage-femmes et infirmières présentes sont efficaces...
seule lanesthésiste sera franchement désagréable
massénant un « nimporte quoi ! on ne se permet
pas de manger quand on na pas sorti le placenta
». H.
lui fait une grimace, ça me fait rire
je suis heureuse quelle
soit là
on m'endort, m'extirpe un placenta qui a, parait-il,
résisté même aux outils chirurgicaux...pendant que
Dominique, pétrifié par la perspective de me perdre, s'occupe
de Roxane durant les 3 heures où nous serons séparées.
H. reste avec moi, me caresse et m'embrasse sur le front...elle va aussi
se battre aux côtés de Dominique pour refuser les biberons
immédiatement proposés devant les pleurs de bébé
et le protocole qu'on tente de nous imposer (test de glycémie parce-que
ma Roxane fait 4 kg !)...ils remplissent tous les deux une décharge
soulignant que c'est moi qui suis hospitalisée et non la petite...
Nous sommes rentrées 2 jours après...le temps des résultats
des hémocultures à cause de la rupture de la poche des eaux...
evidemment, nous n'avions rien ni l'une ni l'autre (grrrrrr......). Qu'aurais-je
pu attraper chez moi de plus grave que chez eux ???? bref...jai
accepté les antibios en préventif pour moi (pas le choix,
jai une perfusion. !) mais je jette consciencieusement les antibios
donnés en préventif à ma fille
je veux attendre
les résultats des analyses et refuse de lui administrer des médicaments
qui vont tuer ses défenses immunitaires et les précieux
anti-corps de mon colostrum, juste « au cas où »
et
ma fille, nayant absolument rien, elle naura pas les 8 jours
dantibiotiques prescrits
On nous prend, mon mari et moi, pour
de doux originaux
le personnel est gentil, mais assez condescendant
« Ah oui, cest vous qui avez accouché chez vous ?
on
nous a raconté ça
». On nous parle de protocole
(qui obligerait les mamans à rester dans cette clinique 4 jours
minimum ! bah oui, faut bien continuer à creuser le trou abyssal
de la sécu
), de « responsabilités » au
cas où il arriverait quelque chose
et on nous laisse «
sortir » (cest une prison ?) contre la promesse daller
voir un médecin dans les 3 jours pour la petite
.Le plus dur,
je crois, cest de constater la façon dont est traitée
ma sage-femme quand elle vient me voir
ma douce et tendre H. est
ignorée, carrément ! les médecins ne lui disent ni
bonjour, ni au-revoir, ne la regardent pas, ne sadressent pas à
elle
elle est comme transparente ! jen ai le cur qui
chavire
pourquoi tant de mépris ? je le sais, mais jai
du mal à admettre quen France, les choix « différents
» soient à ce point méjugés.
Nous allons formidablement bien...je me remets 10 fois plus vite que
pour Théo car je n'ai aucune douleur....pas d'épisiotomie,
pas de déchirure, rien à soigner, et un périnée
qui se remet déjà formidablement bien... je vois nettement
la "différence" entre un accouchement où les instruments
ont été utilisés (sûrement sans trop de précaution
puisque je ne sentais rien) et celui-ci où j'ai eu droit à
toutes les précautions, le respect et la douceur nécessaires
à une maman en plein travail.
Malgré la révision utérine, je garde un souvenir
émerveillé de mon accouchement, dont nous parlons chaque
jour avec mon homme, toujours sous le coup de l'émotion...il sest
montré formidable, cest vrai. Et puis, ma sage-femme est
très présente... je ne saurais dire assez à quel
point elle m'est devenue précieuse...C'est comme un secret partagé
entre nous qui crée un lien indéfinissable.
Mardi 31 août 2004
Roxane illumine nos jours
nous avons pris nos nouvelles marques
familiales. Nous sommes si heureux de cette naissance quon parle
déjà de la troisième (si, si
).
Jallaite Roxane, je la porte en écharpe, je la berce, je
dors avec elle
je lapprivoise, cest merveilleux !
Et ce qui me surprend le plus, cest ma forme
moi, qui mattendais
à être débordée, fatiguée, traiînante,
avec 2 enfants à assumer
je suis au contraire en forme, libre
(cest le mot qui me vient à lesprit
), sereine
il y a bien les pleurs du soir mais rien de catastrophique
en fait,
je crois, je suis intimement persuadée, que cette naissance «
consciente » ma donné force, confiance en moi et sérénité
jallaite
Roxane sans jamais savoir lheure de la dernière tétée,
sans en compter le nombre, sans la peser
je dors avec elle, faisant
fi de tous les commentaires sur les « mauvaises habitudes »
et savourant les tétées rapides et les rendormissements
faciles (voilà pourquoi je suis plus en forme que pour Théo
!)
je la porte toute la journée contre moi en écharpe,
la berçant et lui parlant constamment, ce qui me laisse libre de
tous les gestes de la vie quotidienne, de beaucoup dactivités
avec son grand frère et évite lénervement et
lépuisement que génère un bébé
qui refuse de se laisser aller au sommeil dans la solitude. Et comme ils
ont raison, cest tellement mieux contre le cur de maman
Et le papa ? comme moi, cette naissance « consciente » la
totalement impliqué dans sa paternité
il est heureux
et enjoué, dingue de ses enfants et daprès ses dires,
de leur maman aussi
lui qui a toujours eu si peur dassister
à laccouchement
on sest rendus compte, en fait,
que ce nest pas laccouchement qui limpressionnait, mais
le côté « médical » quon lui donne
aujourdhui, lodeur de lhôpital, les instruments
qui font penser à une opération, les blouses blanches, les
masques, linfantilisation par « ceux qui savent ». Ayant
déjà vécu une naissance à lhôpital
pour sa fille née dun premier mariage, il pensait nêtre
« pas capable » de maccompagner lors de la naissance
de notre fils aîné à la clinique. Dailleurs,
par un étrange concours de circonstances, il na pas pu y
assister (quel vilain terme passif !)
Et puis, en 4 ans, nous avons cheminé ensemble sur la route dune
parentalité consciente. Je lui ai fait partager mes impressions
sur cette première expérience daccouchement et de
naissance
la rencontre avec mon fils a été merveilleuse
mais il me restait une impression de vol de mon accouchement, une amertume
que je nai pas décelé de suite mais qui ma sauté
aux yeux quand jai lu tous les témoignages de naissance non
médicalisées sur internet
quoi ???? elles ont ressenti
tant de choses ? et moi, rien
le rouge me montait aux joues, alors
que je me souvenais comment mon fils mavait été extirpé
de moi alors que je parlais avec la sage-femme de tout autre chose
je
me rendais compte que javais presque été absente à
mon accouchement
mon mari ma écouté, toujours
entendu
et respecté dans mes désirs
jétais prête
à accoucher seule sil le fallait (enfin, sans lui quoi) mais
il a su quil était prêt
enthousiasmé à
lidée de ne pas avoir à partir dans ces structures
où il ne sent que la mort, de ne pas avoir à assister à
ce qui ressemble à une intervention chirurgicale, de ne pas sentir
lodeur de léther, de ne pas risquer une maladie nosocomiale
pour le bébé et moi, de ne pas se séparer de moi
il
ma aidée dans mes préparatifs et au moment, il a été
formidable, présent, attentif, respectueux
avec moi, vraiment.
Depuis, nous en avons discuté maintes fois, il est heureux
et bouleversé - davoir vécu cette naissance telle
quelle, laccouchement ne lui fait plus peur
il se sent prêt
pour le troisième
cette aventure que nous avons vécu
ensemble a donné une dimension nouvelle à notre couple,
un lien plus fort, une estime de chacun renforcée, une admiration
réciproque et nous a rappelé combien la parentalité
devait et pouvait se vivre à deux, dans une union
où chacun à sa place, son rôle
Pascale, Théo (05/07/00) allaité 4 ans, Roxane (31/07/04)
née à la maison, allaitée, portée, co-dodotée,
et Dominique, leur papa
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