La naissance de Joffrey... des heures merveilleuses Dimanche 15 août 2004 Me voici en dépassement de terme de 4 jours. Jamais je n'aurais
imaginé que cela puisse m'arriver. J'aurais mis ma main au feu
que ce bébé serait venu en avance, même bien en avance
d'au moins 2-3 semaines. Je me traîne depuis 10 jours, je sens mon
col qui bouge, mon bassin travailler, mes muscles et mes ligaments s'étirer...je
ne suis bien dans aucune position...la pire est allongée...des
que je me lève je suis courbaturée de partout j'arrive à
peine à mettre un pied devant l'autre durant au moins 10 minutes...alors
je reste assise le plus souvent possible...bonne excuse pour être
devant mon ordinateur diront certaines....;-) Depuis quelques jours, la tension monte à la maison...les filles
et JF sentent que l'air est chargé de cette attente. La famille
n'aide pas 7h30 : Aylona est la première debout ce matin...comme tous les matins ou presque, elle vient squatter à mes cotés dans le lit et réclame à téter, puis à boire. JF et Lauryne dorment bien, je les laisse et j'emmène Aylona dans le salon. Je me sens très fatiguée, je serais bien restée à dormir moi aussi quelques heures de plus. Je prépare le petit déjeuné, une fois n'est pas coutume, puis je bosse un peu...Mes deux autres amours se lèveront à 9h...à 10h je m'endort à moitié sur le canapé...pas très confortable...je laisse alors les filles à JF qui ira faire un tour au marché avec elles et je vais me recoucher...à plusieurs reprises j'entendrais Aylona râler, pigner, pleurer sans raison apparente...elle sent, elle ressent beaucoup de choses cette petite fille...elle est encore bien proche du bébé qu'elle est toujours dans mon cur. 13h20 : j'émerge doucement...je me sens mieux, je peux vraiment
dire que je suis sereine, je n'ai plus d'angoisses, plus de peurs, je
n'ose pas me lever, j'essaie de garder en mémoire chacun de ces
instants de réveil. J'écoute les bruits de la maison, j'entend
le souffle d'Aylona dans la chambre d'à coté qui plonge
dans le sommeil, Lauryne joue dans le salon avec son père....L'envie
de faire pipi est de plus en plus forte...je n'y tiens plus, il faut que
je me lève ! Il me faut bien 5 bonnes minutes pour réussir
à me mouvoir sans trop de douleurs, je fais quelques pas et ...oups,
je me fais pipi dessus !!!! ben tien, c'est quoi ça ? j'ai beau
contracter mes muscles pour essayer de retenir ce liquide, ça marche
pas...ça y est je suis vieille ! Mais non...que je suis bête...c'est
la poche des eaux ! Enfin un signe précis que la naissance est
proche...la machine est en route. J'en sauterais bien de joie mais ça
continue de couler et j'ai peur de me vautrer dedans ! Et pourtant en
même temps je sent une pointe de peur passer en moi...c'est comme
pour l'accouchement d'Aylona...d'abord la poche des eaux, puis les contractions
super violentes des le début, très rapprochées....j'attend
donc la contraction....qui ne vient pas ....je me calme, je respire, je
pense à ce bébé qui bouge doucement en moi...comme
pour me rassurer. Une nouvelle forme d'attente...on explique à Lauryne pourquoi maman a une serviette entre les jambes, elle est contente, le bébé va bientôt arriver. Le reste de l'après midi ce passera tranquillement, je vais un peu sur l'ordinateur faire un petit coucou aux amis, je regarde la télé, je tourne un peu en rond à vrai dire, je dois sentir une petite contraction toutes les 30mn environ. Je vais prendre une douche, j'en profite pour parler au bébé, lui dire combien je l'aime, caresser mon ventre, essayer de chatouiller un petit pied...il répond bien, il a toujours bien répondu... Vers 17h, ça se corse un peu, les contractions se rapprochent
doucement, on passe au 15 mn...c'est toujours parfaitement supportable,
je m'installe sur mon canapé, assise, je respire tranquillement,
j'accueille les contractions presque avec plaisir, je suis heureuse de
sentir mon corps travailler pour la naissance de mon bébé.
Je n'ai pas senti mon corps accueillir ce bébé 9 mois auparavant. F., la sage femme arrivera vers 20h30, je me souviens que je l'ai vu arriver avec plusieurs sacs, elle m'a semblée chargée...je me suis demandée ce qu'elle pouvait bien avoir amené de si encombrant, j'ai eu envie de lui poser la question puis j'ai oublié de le faire. Je propose d'installer le lit dans le salon, comme les filles dormaient dans leur chambre collée à la nôtre, cela me semble plus adéquat. Je n'aurais pas voulu les réveiller par mes gémissements ou mes cris. JF enlève le matelas du lit pliant, le pose à même le sol, puis le recouvre d'une alèze imperméable, d'un drap et d'alèzes absorbantes jetables. Lui et la SF se sont activés doucement autour de moi. F. branche son monitoring et me propose d'écouter un peu le cur du bébé durant une contraction. Ok pour moi. Elle met le capteur juste quelques secondes sur mon ventre, on l'entend de suite, tranquille...presque pas concerné par ce qui ce passe autour de lui... Plus tard, j'ai demandé que la télé soit éteinte et que l'on mette de la musique, j'ai pensé (dit ?) Barry White et ce fut ce que JF mis en sourdine. Sur le moment, j'avais l'impression d'être bien lucide, bien réceptive
à mon entourage, à la télé puis à la
musique, aux questions de JF sur ce que je souhaitais (à boire,
à manger...) et maintenant, à peine 15 jours plus tard,
j'ai l'impression de revoir la scène dans un flou nuageux. J'étais
de plus en plus focalisée sur mon ventre, (je me souviens encore
m'être demandée à plusieurs reprises si le bébé
qui se cachait dedans allait pouvoir sortir au vu du volume qui m'impressionnait
tant) sur mes contractions, sur ce bébé qui bougeait toujours
activement. Lundi 16 août 2004 Vers minuit je commence à me sentir fatiguée, j'ai une
pensée pour ma belle sur qui a accouché 3 mois auparavant
et qui m'a parlé de la position allongée sur le coté
qui l'a bien aidée...je décide d'essayer à mon tour.
Je m'allonge sur le matelas par terre, avec un oreiller sous la tête,
la jambe du dessus surélevée sur le canapé. Je me
sens bien. Je pense qu'à ce moment là les contractions se
sont un peu espacées, en fait, elles viennent par slaves de 3-4,
puis j'ai un temps de repos, je pense même que j'ai du dormir un
peu entre certaines. J'ai un peu froid, on m'installe un drap en flanelle
sur moi. Combien de temps suis-je restée ainsi...je ne sais plus
trop. Nous avons écouté quelques fois le cur du bébé
avec le monitoring, toujours si réguliers qu'on en rigole. Je vois passer 3h du matin...puis peu de temps après, ...le "clasch" dans mon ventre, soudainement, brutalement, une explosion dans mon ventre, du liquide qui coule en quantité entre mes jambes et de suite des contractions qui me labourent le ventre, les reins, je me sent écartelée, déchirée de toutes parts, la douleur me fait hurler, je n'ai plus de repos entre les contractions, je ne sent plus que la douleur, le besoin de bouger, de me mettre à genoux, debout je voudrais bien mais je n'en ai pas la force. JF est là il me porte, me supporte, me soutient, je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage, il me parle à l'oreille, m'encourage, il sais que le bébé sera bientôt là, il me le dit. Juste une petite pose et je massois par terre, le dos contre le canapé, JF à mes cotés, F. est face à moi. Je sens le bébé descendre, il s'engage, je ne sent plus que lui, la douleur des contractions semble avoir miraculeusement disparue et pourtant, je sent que ça pousse, je sent mon corps accompagner mon bébé vers la lumière. JF s'est mis derrière moi, je me suspends à son cou, je me fonds en lui. J'ai poussé avec les contractions, une légère sensation de brûlure, mon corps qui s'ouvre, mon bébé pivote, je le sens tellement bien. Je pousse encore accompagnant la sortie de mon bébé. F. voit la tête sortir et me propose de la toucher, c'est doux, humide et chaud...j'ai mal, la tête sort et je demande à F. de m'aider...à faire quoi ? J'en sais rien ...mais elle le sait ! Au même moment elle voit le cordon qui entoure le cou du bébé. Je ne pousse plus, j'attends la prochaine contraction. F. enlève difficilement le cordon du cou du bébé, il est vraiment très serré. A la contraction suivante, une épaule sera dégagée par F. mais je ne le saurais que plus tard, le bébé sort, je l'attrape et je le pose de suite sur mon ventre, près du sein. Mon bébé est né, il est 3h49, je ne loupe pas au passage un petit coup d'il vers son sexe...c'est Joffrey, mon fils. JF le recouvre d'une grande serviette en éponge bleue que nous avions prévue afin qu'il ne prenne pas froid. Joffrey est tout bleu, c'est impressionnant, il ne respire pas, je pose
ma main sur petit torse en y exerçant une légère
pression, il fait On attend que le placenta sorte, je sens F. un peu impatiente, peut être
inquiète, je saigne beaucoup...je lui demande si je suis déchirée,
elle ne voit pas, les flux sont importants. Joffrey cherche le sein, il n'a pas une heure...c'est merveilleux de le voir déjà si petit chercher, sentir, renifler et happer avec avidité ce sein nourricier... Ce n'est que plusieurs heures plus tard que je demanderais à ce qu'on le pèse, par curiosité. Je le sorts de la serviette que l'on peut déjà changer, il a commencé à fait ses premières selles de méconium. La balance indique 5.070 kg...heu...tu es certain là, JF, que la balance fonctionne bien ? Il recommence....idem. On n'en revient pas, la SF non plus d'ailleurs...il se déplie bien, F. le mesure : 56 cm....Bon ben, on ne cherche plus d'où venait le volume de mon ventre ! Nathalie, maman |