Naissance d'Aylona, à la maison, sans assistance médicale
Le 17 mai 2002

Comme récit de naissance, j'ai choisi de vous recopier tout ce que j'ai écrit durant le travail et après la naissance du bébé. C'est un texte brut, sans "analyses", juste les faits.

6h du matin, je suis entre deux sommeils, je m'éveille doucement quand je sens comme un "clash" dans mon ventre. Je me rendors un peu. 6h13 je me sens mouillée, je suis carrément trempée, je porte la main à mon visage pour en sentir l'odeur...rien, je ne sens rien de particulier. Dans la pénombre de la chambre, je me lève, attrapant un lange dans le sac des affaires prévues pour l 'accouchement. Ca coule un peu plus, je file dans la salle de bain pour prendre une grosse serviette et je vais aux toilettes.
Je vais ensuite dans le salon pour téléphoner à ma sage femme, je voudrais savoir combien de temps on peut rester sans contractions, avec la poche des eaux percée...on discute un peu, elle m'informe, me conseille de ne pas prendre de bain et de ne pas m'examiner avant d'avoir des contractions, je peux rester ainsi 2 ou 3 jours, sans risques. Elle se réjouit avec moi...Noël arrivera en mai cette année !

Je retourne me coucher. Je sent une première contraction, il est 6h34, elle arrive doucement, monte, monte...j'inspire et j'expire lentement, à sa vitesse...elle part. Je me dis qu'elle est plus forte que les premières contractions que j'avais senti pour la naissance de Lauryne...

JF se réveille quleques minutes plus tard, je lui explique ce qui se passe, il me dit "Ho merde, déjà !"...il se rendort à moitié, je le secoue un peu, il a du mal à émerger.
A 7h il se réveille vraiment, se lève et on prépare le lit comme prévu pour la naissance du bébé.
Les contractions reviennent vites....toutes les 6-8 minutes. Douloureuses mais supportables ; je les accueille comme un cadeau.
Lauryne dort encore, on la laisse tranquille. Nous allons dans la cuisine préparer le petit déjeuner, j'ai faim.

En fait de petit déjeuner, je me contente d'un petit bout de pain beurré et d'un verre de jus de fruit, j'ai pas envie d'autre chose, la vue de la nourriture me coupe la faim.

Les contractions sont toujours présentes aux 6-8 minutes, et toujours supportables, bébé bouge beaucoup, je trouve ça agréable. Je continue de perdre les eaux doucement. Je marche un peu, je bouge, mais rapidement je ressent l'envie d'aller dans la chambre, dans mon lit. Je vais m'y asseoir, adossée à plusieurs coussins, je suis bien.
Entre temps, Lauryne s'est levée, son papa s'occupe d'elle, on lui parle, on lui explique ce qui se prépare, elle est un peu perturbée de me voir couchée. Bébé doit bientôt arriver.

Bientôt, j'en suis persuadée ! Les contractions arrivent toutes les 4-6 minutes, je pense bien que ca ne devrait plus durer trop longtemps. Je commence à avoir mal, il doit être à peu prêt 11h.
Seule dans ma chambre, je gère pas trop mal, je pousse des "hououou !" et des "hooooo !" quand j'ai vraiment trop mal, ca me soulage, je respire le plus fort possible, je veux oxygéner mon bébé au mieux.

Parfois Lauryne vient me voir avec JF. je me rends compte qu'à ces moments là je les aime, je les sens proches de moi tous les deux, attentifs à ce que je ressens, mais en même temps, plus moyen de gérer la douleur, je crie, j'effraie ma fille, je lui fais peur, elle pleure, elle ne comprend pas, je lui parle, son père aussi,...on lui explique.

Il doit être 12 ou 13h...je trouve que ca commence à durer un peu, je change de position et je me mets sur le bord du lit, nue, à me tenir les genoux à chaque contraction, le lit est bas. Ma sage femme, me dira au téléphone que la position est parfaite puisqu'elle ouvre bien le bassin. Je vais rester ainsi au moins 5 ou 6 heures, avec les contractions qui arrivent toutes les 2-4 minutes, je commence à fatiguer, ca n'avance pas.
Vers 19h je rappelle J. Les contractions ralentissent mais s'intensifient dans la douleur. Cela fait plus de 12 heures que le travail à commencé ! J. me rassure, m'explique que mon corps à senti mon besoin de repos, je dois en profiter entre chaque contraction, bien souffler. J'ai maintenant entre 6 et 8 minutes entre chacune...à mettre à profit un maximum. Le plus dur reste à faire, je le devine même si elle ne me le dit pas. Je rechange de position en essayant de me mettre à 4 pattes sur mon lit....insupportable, je ne gère plus rien....je me rassieds au bord du lit, je n'y suis plus bien. Je me remets un peu assise au milieu de mon lit, soutenue par des coussins installés par JF. Je suis bien, je souffle un peu. 20h passé...JF va faire manger notre fille qui ne le quitte pas d'une semelle, je les aurais peu vu durant le travail, mais j'ai entendu ma fille pleurer plusieurs fois et son père murmurer....
Je suis vraiment fatiguée, presque 14 h que ça dure, les contractions se rapprochent à nouveau, de plus en plus douloureuses, je hurle à chacune. J'ai l'impression que ça n'avance pas, ça stagne. Le bébé me rassure en bougeant régulièrement heureusement. Je lui parle souvent, je l'appelle, je l'attend mais quelque chose bloque.

J'ai besoin de JF....je le sens, mes pensées sont toutes vers lui, ce besoin est impérieux, je veux sa présence....moi qui lui avais donné ma parole qu'il pourrait faire ses propres choix ..... Je lui demande de rester un peu avec moi, de me tenir les mains, le bébé pousse sur le col mais n'arrive pas à le franchir.

JF fait des allers et retours pour Lauryne qui ne s'endort qu'à 21h, crevée de toutes ces émotions qui ne sont pas siennes et qu'elle doit quand même assumer.

JF est alors tout à moi, mais c'est pourtant à partir de ce moment là que je craque. Je n'en peux plus, j'ai envie de pleurer à chaque contraction mais je n'y arrive pas. Je me braque contre la douleur, je n'en veux plus, qu'elle parte, qu'elle me laisse tranquille.

Je suis à nouveau assise sur le bord de mon lit, tirant sur les mains de JF à chaque contraction. Il décide d'appeler à nouveau J. , elle le rassure puis me rassure, me comprend, elle sait que je suis proche du but, de la délivrance, elle m'encourage mais je n'ai plus de forces, je me sens vide, je n'arrive plus à être forte, je me désespère, le bébé ne descend pas, je ne sens toujours pas sa tête lorsque je me touche. J. veut que je change de position pour me mettre à 4 pattes à coté du lit. Je ne peux pas, je ne peux plus bouger, chaque mouvement m'est insupportable. JF reprend le téléphone, parle avec J. , je ne sais pas trop ce qui c'est dit, mais en quelques minutes, JF me force presque à descendre du lit et à me positionner comme lui dit J. , toujours au téléphone : genoux par terre, bras sur le lit où sont empilés les coussins.
J'ai à peine le temps d'écarter les jambes...LA poussée arrive, forte et puissante, elle me surprend par son intensité impérieuse, elle m'envahit. Je crie "Le bébé arrive" plusieurs fois, JF est derrière moi, poussant sur mon périnée, aux conseils de la sage femme afin que je ne l'éclate pas, il me dit d'arrêter de pousser...mais ce n'est pas moi qui pousse, c'est le bébé.
Je me touche le sexe, ca brûle, je sens la tête sous mes doigts, je me caresse la vulve essayant de la soulager. Que ca brûle ! La tête sort en quelques secondes, je passe mes mains le long du coup du bébé pour vérifier que le cordon ne soit pas autour. Je me redresse, droite et j'accueille mon bébé dans mes mains. chaud, doux, glissant...pas un cri, mais quelques mouvements de bras et de jambes, sa tête tourne dans tous les sens, cherche l'air, le nez et la bouche gargouillent.

Il est 21h 59. enfin je pleure, je me laisse aller complètement à ces émotions qui me submergent. "J'ai réussi, j'ai réussi, mon bébé est né, nous avons réussi JF, je t'aime !"

De la tête aux pieds, le bébé est plein de sang, mon sang, je le mets contre moi entre mes seins, mais le cordon est trop court, ca tire entre mes jambes et sur son petit ventre, je le redescends un peu sur mon ventre, je le maintiens d'un bras pendant que l'autre caresse ce petit corps chaud, je le sent mais ne perçoit que l'odeur du sang. JF pose un lange sec sur son corps, je stoppe son geste avec un sourire et regardant le bébé je dis "Mais au fait, tu es quoi, toi ?" je touche son sexe puis j'écarte doucement une petite jambe....c'est une fille, c'est Aylona.

Très vite, elle prendra sa première tétée. Le placenta sortira 26 minutes après le bébé, mais JF ne coupera le cordon que beaucoup plus tard.

Ce placenta nous le conserverons dans un pot, avec de la terre dans lequel nous planterons un chêne....Aylona signifie chêne en hébreux....

Nathalie M.