Naissance d'Aylona, à la maison, sans assistance médicale Comme récit de naissance, j'ai choisi de vous recopier tout ce que j'ai écrit durant le travail et après la naissance du bébé. C'est un texte brut, sans "analyses", juste les faits. 6h du matin, je suis entre deux sommeils, je m'éveille doucement
quand je sens comme un "clash" dans mon ventre. Je me rendors
un peu. 6h13 je me sens mouillée, je suis carrément trempée,
je porte la main à mon visage pour en sentir l'odeur...rien, je
ne sens rien de particulier. Dans la pénombre de la chambre, je
me lève, attrapant un lange dans le sac des affaires prévues
pour l 'accouchement. Ca coule un peu plus, je file dans la salle de bain
pour prendre une grosse serviette et je vais aux toilettes. Je retourne me coucher. Je sent une première contraction, il est 6h34, elle arrive doucement, monte, monte...j'inspire et j'expire lentement, à sa vitesse...elle part. Je me dis qu'elle est plus forte que les premières contractions que j'avais senti pour la naissance de Lauryne... JF se réveille quleques minutes plus tard, je lui explique ce
qui se passe, il me dit "Ho merde, déjà !"...il
se rendort à moitié, je le secoue un peu, il a du mal à
émerger. En fait de petit déjeuner, je me contente d'un petit bout de pain beurré et d'un verre de jus de fruit, j'ai pas envie d'autre chose, la vue de la nourriture me coupe la faim. Les contractions sont toujours présentes aux 6-8 minutes, et toujours
supportables, bébé bouge beaucoup, je trouve ça agréable.
Je continue de perdre les eaux doucement. Je marche un peu, je bouge,
mais rapidement je ressent l'envie d'aller dans la chambre, dans mon lit.
Je vais m'y asseoir, adossée à plusieurs coussins, je suis
bien. Bientôt, j'en suis persuadée ! Les contractions arrivent
toutes les 4-6 minutes, je pense bien que ca ne devrait plus durer trop
longtemps. Je commence à avoir mal, il doit être à
peu prêt 11h. Parfois Lauryne vient me voir avec JF. je me rends compte qu'à ces moments là je les aime, je les sens proches de moi tous les deux, attentifs à ce que je ressens, mais en même temps, plus moyen de gérer la douleur, je crie, j'effraie ma fille, je lui fais peur, elle pleure, elle ne comprend pas, je lui parle, son père aussi,...on lui explique. Il doit être 12 ou 13h...je trouve que ca commence à durer
un peu, je change de position et je me mets sur le bord du lit, nue, à
me tenir les genoux à chaque contraction, le lit est bas. Ma sage
femme, me dira au téléphone que la position est parfaite
puisqu'elle ouvre bien le bassin. Je vais rester ainsi au moins 5 ou 6
heures, avec les contractions qui arrivent toutes les 2-4 minutes, je
commence à fatiguer, ca n'avance pas. J'ai besoin de JF....je le sens, mes pensées sont toutes vers lui, ce besoin est impérieux, je veux sa présence....moi qui lui avais donné ma parole qu'il pourrait faire ses propres choix ..... Je lui demande de rester un peu avec moi, de me tenir les mains, le bébé pousse sur le col mais n'arrive pas à le franchir. JF fait des allers et retours pour Lauryne qui ne s'endort qu'à 21h, crevée de toutes ces émotions qui ne sont pas siennes et qu'elle doit quand même assumer. JF est alors tout à moi, mais c'est pourtant à partir de ce moment là que je craque. Je n'en peux plus, j'ai envie de pleurer à chaque contraction mais je n'y arrive pas. Je me braque contre la douleur, je n'en veux plus, qu'elle parte, qu'elle me laisse tranquille. Je suis à nouveau assise sur le bord de mon lit, tirant sur les
mains de JF à chaque contraction. Il décide d'appeler à
nouveau J. , elle le rassure puis me rassure, me comprend, elle sait que
je suis proche du but, de la délivrance, elle m'encourage mais
je n'ai plus de forces, je me sens vide, je n'arrive plus à être
forte, je me désespère, le bébé ne descend
pas, je ne sens toujours pas sa tête lorsque je me touche. J. veut
que je change de position pour me mettre à 4 pattes à coté
du lit. Je ne peux pas, je ne peux plus bouger, chaque mouvement m'est
insupportable. JF reprend le téléphone, parle avec J. ,
je ne sais pas trop ce qui c'est dit, mais en quelques minutes, JF me
force presque à descendre du lit et à me positionner comme
lui dit J. , toujours au téléphone : genoux par terre, bras
sur le lit où sont empilés les coussins. Il est 21h 59. enfin je pleure, je me laisse aller complètement à ces émotions qui me submergent. "J'ai réussi, j'ai réussi, mon bébé est né, nous avons réussi JF, je t'aime !" De la tête aux pieds, le bébé est plein de sang, mon sang, je le mets contre moi entre mes seins, mais le cordon est trop court, ca tire entre mes jambes et sur son petit ventre, je le redescends un peu sur mon ventre, je le maintiens d'un bras pendant que l'autre caresse ce petit corps chaud, je le sent mais ne perçoit que l'odeur du sang. JF pose un lange sec sur son corps, je stoppe son geste avec un sourire et regardant le bébé je dis "Mais au fait, tu es quoi, toi ?" je touche son sexe puis j'écarte doucement une petite jambe....c'est une fille, c'est Aylona. Très vite, elle prendra sa première tétée. Le placenta sortira 26 minutes après le bébé, mais JF ne coupera le cordon que beaucoup plus tard. Ce placenta nous le conserverons dans un pot, avec de la terre dans lequel
nous planterons un chêne....Aylona signifie chêne en hébreux.... Nathalie M. |