"Comment, alors que tu as souffert pendant 12 heures, tu referais sans péridurale ??? ". Oui, et à la maison, sans hésiter !

Voici donc le récit de la naissance de Nathanael, 3 semaines après...

Le matin du 9 février, j'avais rendez vous à 11h00 chez mon (cher) osteopathe afin de préparer mon bassin pour la naissance de ce bébé, prévue le 17 d'après ma (chère) sage-femme (G). J'avais quelques contractions "bien senties" depuis environ 9 heures, mais je pensais tout de même aller à ce fameux RV, mais notre petit bout avait decidé de s'en passer... J'avais quand même appelé Nico vers 9h30 pour le lui signaler, tout en pensant que c'était peut-etre une fausse alerte.

Comme je n'étais plus très rapide depuis 2-3 semaines (démarche de la baleine qui marche en canard à 2 cm/heure), j'avais décidé de partir 3/4 d'heure à l'avance afin d'être sûre d'être à l'heure... mais arrivée dans le hall de l'immeuble, une contraction m'a fait réaliser que je n'arriverai pas chez l'osteo à moins d'y aller à 4 pattes ! C'est en effet dans cette position que j'étais dans l'ascenseur en remontant chez moi !

J'ai donc annulé (avec une secrétaire paniquée : mais il faut que vous appeliez votre gynobs, et il faut partir à l'hopital, ... Et moi, mais oui, mais oui, pour avoir la paix ! Elle paniquait tellement qu'elle aurait été capable de m'appeler le samu !) et appelé mon homme pour le prévenir que c'etait peut-être parti finalement ;o) et il décide de revenir.

J'ai ensuite appliqué les conseils de G afin de déterminer si c'était bien pour ce jour là : rangement de l'appart, dégagement de la table du séjour 'aukazou' (pour rien finalement), et puis après avoir constaté que c'était un bien beau jour pour naître (il faisait un soleil magnifique) j'ai tiré les rideaux qui n'ont été rouverts que le lendemain.

J'ai ensuite appelé G pour une "pré-alerte", lui disant que je n'étais pas sure que ce soit "bon", mais tout en étant incapable de me souvenir de la fréquence et de la durée des contractions, alors que je regardais l'heure à chaque fois !

Arrivée a midi, j'ai decidé de noter, et la je me suis aperçue qu'elles étaient toutes les 5-6 minutes et duraient 2 minutes. Je les prenais en me mettant à 4 pattes, les bras en appui sur mon canapé, et le reste du temps, je n'arrêtais pas de marcher d'une pièce à l'autre.

Quand Nico est arrivé, il a tout bien installé, bâches, alèses, draps choisis pour l'occasion... et a fait une grosse vaisselle, ce qui fait que lorsque j'ai voulu prendre un bain pour me soulager un peu, il n'y avait presque plus d'eau chaude ! Du coup, il a fait bouillir de l'eau, à l'ancienne ;-D! G est arrivée pendant que j'étais dans l'eau (j'ai su après qu'il etait quasiment 14 heures), elle a écouté les battements cardiaques, m'a demandé si j'avais eu des pertes (que dalle, même pas le bouchon muqueux), et après je ne sais plus trop... Je me souviens d'avoir pris la majorité des contractions debout, en enlacant Nico (qui a du finir trempé, en fait) de toutes mes forces, et en savourant les pauses.

Apres 2 heures dans la baignoire, je suis allée m'installer dans la chambre, à 4 pattes par terre entre le lit et l'armoire. Cette dernière ayant un grand miroir auquel je tournais le dos, il était assez facile pour G de suivre l'évolution des choses sans que je m'en apercoive. Chaque contraction me faisait serrer de toutes mes forces les jambes de Nico, qui était assis sur le lit (je l'ai même mordu sur une, il a encore la marque, le pauvre), en criant. J'avoue avoir eu une pensée pour les voisins, mais c'était plutot pourvu qu'ils n'appellent pas les flics en pensant qu'on m'égorge ! Nico me dira après qu'en fait, je n'ai pas fait tellement de bruit (les voisins m'ont confirmé qu'ils n'avaient rien entendu, par contre leur tête quand on leur a dit que Nathanael etait né "dans la pièce a côté" ! Et la voisine est tentée de faire un AAD aussi, du coup ;o)))))))))

Au bout d'un certain temps, G m'a proposé d'essayer d'autres positions pour aider le bébé a descendre dans mon bassin. J'ai accepté (je commençais à fatiguer, et à lui demander – au bébé - souvent de m'aider et de descendre un peu) et je me suis trouvée allongée sur le cote, une jambe en l'air, et là, l'horreur ! Des crampes dans les pieds ou les mollets à chaque contraction ! J'en ai supporté 3 comme ça, car G me disait que c'était efficace, et qu'il était descendu un peu (confirmé par la position du doppler, je regardais/sentais à chaque fois si elle le plaçait plus bas que la fois précédente). Ensuite, j'ai essayé accroupie, mais rien à faire, moi, il me fallait être à 4 pattes. Je n'ai pas précisé que le plus gros de la douleur se situait dans les reins, et le ventre en avant, c'était bien plus supportable (tant pis pour mes genoux ;op).

J'ai perdu le bouchon muqueux je ne sais plus trop quand dans l'après midi, en plusieurs fois. Je ne pensais pas que c'était si
important en quantité !

Et la poche des eaux s'est rompue spontanément un peu moins de deux heures avant l'expulsion. Grosse surprise pour moi, on m'avait dit que ça explosait, mais je ne pensais pas que c'était vraiment le cas ! Apres avoir lâché un "merde, les rideaux !" (Nico m'a répondu tout de suite que ce n'était pas allé jusque là) j'ai constaté que le liquide était teinté, mais je n'ai rien dit, je sentais que de toute façon tout allait bien, et je ne voulais pas que Nico se fasse du souci. D'ailleurs, je crois que G n'avait rien dit non plus à ce
sujet, mais il me manque des éléments par moments.

Après la rupture, j'ai commencé à sentir une pression au niveau de mon rectum, bébé commencait enfin sa descente (enfin celle que je pouvais sentir), et là j'ai commencé à avoir peur... J'ai mis un certain temps à les identifier, ces peurs ; parmi elles, principalement cette sensation qui me dérangeait le plus, de ne pas avoir l'impression que j'étais en train d'accoucher, qu'un bébé allait arriver parmi nous dans les minutes qui suivraient. Et donc la peur de ne pas être à la hauteur en tant que mère, puisque je ne réalisais pas vraiment que j'étais en train d'enfanter. Mais aussi la peur de la déchirure, la peur de dire adieu à mon corps de jeune (petite ?) fille, beaucoup de pensées pour mon grand père, décédé il y a presque un an, et qui ne connaitra jamais mon petit amour de bébé...
Après avoir mis des mots sur mes peurs principales, et été rassurée par la présence de Nico et les paroles de G, les contractions ont repris de plus belle, avec une envie de pousser en prime. En effet, à partir de ce moment, seul le fait de pousser a pu soulager la
douleur des contractions.

Lorsque j'ai commencé à sentir la tête non plus sur le rectum mais dans mon vagin, j'ai eu peur de nouveau, je n'arrivais pas à
pousser sur chaque contraction, et G me rassurait (c'est pas exactement le mot vu que je n'étais pas inquiète pour le bébé, mais je n'en vois pas d'autre) en me disant "prends ton temps, il va bien ton bébé, il est sympa avec sa mère, il lui laisse le temps, ne pousse pas si tu n'en as pas envie"...
J'ai beaucoup juré pendant le démoulage, le fait de sentir la tête "repartir" à l'interieur m'était insupportable, je faisais de gros efforts pour la maintenir près de la sortie entre deux poussées... ou plutot entre deux lots de 3, vu que je poussais trois fois sur chaque contraction, suivies d'un "merde !" parce qu'il n'était pas encore sorti, et que je commençais à en avoir assez. Par contre, lorsque j'ai vraiment senti la force de la tête contre ma vulve, là j'ai de nouveau eu peur, mais une peur terrible, et difficile à nommer, j'avais peur de pousser, et en même temps c'est la seule chose que je pouvais faire pour me soulager. Et enfin, sa tête est sortie, ponctuée par un "il est beau Marie, j'ai jamais vu un bébé beau comme ça" de Nico.
Et la, G m'a dit "ne t'arrête pas (elle m'avait sentie venir...), la position n'est pas confortable pour lui". C'est la seule fois où ce n'était pas une suggestion, mais un conseil "sérieux", que j'ai accepté, et j'ai sorti le corps de mon petit chéri sur la poussée suivante. Il a crié tout de suite, une seule fois. Nico a levé le voile : c'est un petit garçon. (il était 20h50, je l'ai su en lisant le compte-rendu dans mon dossier médical)

Ils m'ont allongée sur le lit, Nathanaël sur mon ventre, qui avait quelques difficultés a prendre sa respiration, mais son cordon était
encore la pour l'aider. G nous a laissés tous les trois pendant une vingtaine de minutes. A son retour, le cordon ne battait plus, et
Nathanaël avait toujours du mal à respirer à cause des mucosités qui encombraient son nez. G a donc decidé de les aspirer tout en
m'assurant qu'elle "n'allait pas loin". Je n'ai pas pu regarder. C'est le seul moment où il a pleuré, avec le bain. On ne voulait pas le laver a priori, mais il avait du meconium partout. Pendant qu'il était en peau à peau avec son papa, G m'a aidée à delivrer le placenta (j'avais besoin de m'agripper à quelqu'un, et Nico s'occupait de notre joli bébé) en une seule poussée. J'ai été surprise du volume que cela représente ! Mais surtout contente que ce soit terminé, et que notre petit Nathanael soit contre mon sein, qu'il a trouvé tout seul pendant que G examinait le placenta dans la salle de bains.

Apres cela, j'ai été prendre une douche, puis G a regardé mon périnée. Une petite déchirure (au passage des épaules, mais il faisait 3970 g, ce petit !), mais c'est surtout la peau qui avait craqué, le périnée n'avait presque rien. Elle m'a proposé de me recoudre (question d'esthétique, c'est moi qui choisissait), mais l'idee d'une aiguille s'approchant de moi, brrrr. De plus, s'il avait été nécessaire de recoudre, elle me l'aurait dit, donc j'ai décidé de ne rien faire. Elle m'avait montré avec un miroir pour que je prenne ma decision. J'ai été assez impressionnée, mais 2 jours après, il n'y paraissait plus.

Après tout cela, ils m'ont installée dans le lit avec Nathanaël, avec juste une couche chacun ;oD. Pendant que Nico raccompagnait G à sa voiture, j'annonçais à ma famille que tout s'était bien passé.
Et quel bonheur le soir même d'être dans mon lit, chez moi, avec mes deux amours !
______________________________________________
Voici mes premières réflexions venues suite à ce récit:

Je regrette un peu d'avoir été trop "cérébrale" pendant cet accouchement. Nico m'a dit que j'avais presque agi comme si je "passais un examen" dans le sens où il fallait que je "réussisse" mon accouchement. Ce que j'ai fait visiblement si l'on considère ce point de vue, mais je pense que lors de la prochaine naissance, je serai plus libérée. Libérée du poids des angoisses familiales, qui m'ont sans doute poussée dans cette situation d'acte à "réussir", comme pour leur prouver que je pouvais le faire…

C'est vrai que pendant, j'avais conscience de ce qui se passait, et de ce qu'il fallait que je fasse, mais c'était presque de la schizophrénie, dans le sens où il y avait comme plusieurs niveaux de pensée simultanés.
J'ai eu 2 ou 3 moments de fatigue intense, ou j'aurais donnén'importe quoi pour que ça s'arrête 10 minutes (une péri, au secours !! Je plaisante, j'ai pas dit ça, mais j'ai pensé dans ces moments la que si j'avais été à l'hosto, je l'aurais surement demandée, vu qu'en plus j'aurais pas été à 4 pattes !)

Je dois aussi dire que le doppler avait un effet positif sur moi : je ne me suis jamais demandé si le bébé allait bien, vu que je n'en ai pas douté une seule seconde, même lorsque j'ai vu que le liquide amniotique était teinté de meconium. Par contre, le son et le rythme
de ses battements cardiaques m'apaisaient considérablement, et m'aidaitent à supporter les contractions suivantes.

En tout cas, la douleur, et les angoisses rencontrées ne m'ont pas fait "revoir mes positions" comme le pensaient certaines de ma famille, qui en sont sidérées : "comment, alors que tu as souffert pendant 12 heures, tu referais sans péridurale ??? ".
Oui, et à la maison, sans hésiter !

Marie, heureuse maman de Nathanaël, et compagne de Nicolas, sans qui ce bonheur n'aurait pas pu exister