J'ai fait donc comme moi, JE voulais, non mais oh ! - Récit de l'accouchement de Margot, une naissance respectée en clinique

Margot est née le 11 septembre 2005 à 00h40 à la Clinique Claude Bernard à Albi (81). Elle pèse 3,420kg pour 48 cm

Samedi 10 septembre 2005 (à la maison)

Le matin, au lever, je dis à Eric : « j'ai l'impression que j'ai le ventre qui est descendu ». Je n'en suis pas si sûre car lui constate rien et que je ne sens pas de lourdeurs vers le bas. C'est juste que c'est presque « plat » entre mes seins et quelques centimètres au dessus du nombril. Je me dis au fond de moi que je rêve un peu, la DPA n'est prévue que jeudi 15 septembre.

Après avoir fait le ménage à fond, rangé tous les placards, les courses sont faites, je m'étais épilée quelques jours avant, j'avais envie d'aller chez la coiffeuse pour arranger ma nuque comme ça : ça sera fait. J'ai RDV à 13h30 pour la frange d'Emilie et arranger ma nuque et couper les pointes de mon carré.

En attendant, je vais sur le Net et là, j'ai des douleurs de règles en continues mais pas fortes. Par moment, j'ai comme des crampes d'estomac qui me « clouent sur place », comme en cas de forte envie de faire pipi et qu'il faut se retenir. On mange. Les douleurs de règles et les crampes sont finies. Je me sens trop ok pour y aller à pied donc je prends ma voiture. C'était rapide. A 14h30, on était rentrées. Je couche Emilie et moi, je vais faire la sieste. Je tombe comme une masse.

A 15h 30, le téléphone sonne. Eric répond mais c'est pour moi. Je réponds en restant allongée. Je reste un peu au téléphone avec la personne. Je lui dit qu'on pourra se voir une autre fois car là, j'ai l'impression que les contractions commencent.

Et oui, je venais de ressentir vers 15h45 ma première contraction. J'en étais sûre : ça prends tout le ventre et ça dure une bonne minute. La suivante arrive au bout de 10 min et toutes les autres. Je les gère allongées dans le lit sans trop y croire. Vers 16h30, Emilie se lève de la sieste. Je vais la chercher et je reviens dans le salon. Je raconte à Eric mes contractions. Il ne réalise pas tout comme moi. Emilie goûte et part avec son père voir des prix dans les magasins de bricolage. Je décide de rester à la maison et d'aller sur l'ordinateur.

Là, j'accepte chaque contraction juste en basculant mon bassin sur ma chaise et quand ça suffit pas, je me lève à côté de ma chaise et je m'accroupi pour soulager mon bassin. Je papote sur plusieurs forums en faisant partager aux participants les évolutions. C'est marrant. Au bout de 2h de contractions régulières en intensité et en régularité (10 min voir moins des fois), j'appelle ma Doula pour lui dire ce qui se passe. On convient que je prenne une douche, que je finisse mes valises et que je la rappelle vers 19h. Il lui faut 1h pour venir chez moi. Je reste encore devant l'ordinateur, je prends ma douche. J'en profite pour refaire le brushing (j'aime rarement ceux des coiffeuses, trop gonflant). Je prépare à manger pour Eric et Emilie car je n'ai pas trop faim. Les contractions ne se gèrent plus en étant assise avec juste une bascule du bassin mais en me mettant accroupie. J'appelle la Doula pour qu'elle parte de chez elle. Normalement, Emilie devrait aller chez la nounou mais avant de l'appeler, j'ai envie de prévenir ma mère. J'avait eu son répondeur l'après midi donc j'avais pas laissé de message. Elle répond. Je lui explique ma journée et elle me dit qu'elle part de suite et qu'elle sera là pour 21h (elle peut pas avant car elle habite à 1h30-2h de chez nous). Me voilà rassurée au fond de moi qu'Emilie reste à la maison avec ma mère plus tôt que de dormir chez la nounou.

Je me force à manger mais entre les contractions, l'angoisse de l'accouchement : c'est pas facile. Je décide d'aller m'isoler dans notre chambre. Sur ce, la Doula m'appelle, elle est bloquée sur la route à cause d'un super orage. Elle ne sera pas là pour 20h mais plus tôt 20h30.Je n'avait pas prévue ça et donc mon corps réagit : contractions toutes les 5 min mais sont gérables. Emilie vient me tenir compagnie dans le lit, j'en profite pour lui expliquer ce qui se passe et ce qui va se passer. Elle a l'air de comprendre, normal, elle n'a que 18 mois et 1 jour !

La Doula arrive. Je me sens mieux mais les contractions sont toutes les 5 min et un peu hard. On papote avec elle des possibilité qui peuvent se présenter quand on arrivera à la clinique : soit le travail que j'ai fait jusqu'à maintenant a porté ses fruits soit je ne suis qu'à dilatation 1.Comme ma mère n'est pas encore là, on décide qu'Eric reste avec Emilie pour la coucher et qu'il nous rejoigne après. Au moment de partir, ma mère arrive mais Eric reste quand même pour coucher Emilie.

Nuit de samedi à dimanche (à la clinique)

La SF nous accueille. Je pars faire un test d'urine. Pendant ce temps la Doula présente mon projet naissance écrit à la SF. Quand je reviens, elle me dit qu'elle est ravie de voir que j'ai fait cette démarche là. Elle est contente de travailler en collaboration avec la Doula et moi. Elle m'installe le monitoring pour 30min et fait un toucher vaginal : dilatation 3 ! Elle me dit que ce soir, je verrai ma puce et non demain matin comme on pensait ! Les contractions du coup ralentissent un peu : normal, je me sens rassurée d'être à la clinique. La Doula remarque que je ne suis pas trop bien sur le dos et me propose de changer de position. Je décide de me mettre sur le côté. Je n'ai pas eu le temps de m'y installer qu'une forte contraction me fait vomir. Donc du coup, je suis debout. La SF et son assistante nettoient la table, Eric arrive à ce moment là et la Doula me masse le bas du dos à chaque contractions avec un mélange de HE « accouchement harmonieux » (sorte d'huile de massage). Je gère les contractions en étant accroupie, la Doula pousse mon dos et moi je repousse sa main avec mes reins. Entre chaque contraction, je suis debout, on papote, je prends mes granules d'homéopathie, la composition de Fleurs de Bach que m'avait préparé la Doula lors de notre dernière rencontre. Quand une contraction arrive, je m'accroupie et la Doula se remet de l'huile de massage et pose sa main rassurante dans mes reins et masse. C'est vraiment bien, ça sent bon en plus. Elle propose à Eric de le faire mais il préfère la laisser faire.

Au bout de 30 min, on passe dans la salle de travail. C'est une chambre avec un lit, une table, une chaise ou deux (j'ai pas fait attention) mais surtout une grande baignoire d'angle pour se détendre. La SF m'amène un grand drap de bain blanc et moelleux ainsi qu'un peignoir dans la même couleur et matière. Je dis en rigolant "il est bien cet hôtel, je reviendrai". Elle met le bain à couler. La Doula verse quelques gouttes de cette huile dans le bain…hum, la pièce sent bon. L'odeur détend déjà. En partant, la SF baisse l'intensité de la lumière de la pièce. Je me crois en rentrant dans le bain dans une cure thermale de luxe. Il ne manque plus que la petite musique…on l'a ! Et oui, avec la Doula, on avait pensait à tout. J'avais photocopié le texte d'Isabelle Brabant : Une naissance heureuse. J'avais pris le chapitre sur « l'histoire de l'accouchement ». La Doula propose à Eric de me le lire, il refuse. Du coup, elle me le lit à voix basse comme une maman lit une histoire à son enfant. Cette voie maternante, l'odeur des HE dans la pièce, la chaleur du bain, le regard attendrissant d'Eric me fait fermer les yeux pour me concentrer sur mon bébé et moi. Les contractions arrivent comme dans le texte : comme des vagues. Côté sensation, je devait être à la méditerrannée et non à l'océan comme le racontait le texte mais ce que lisait la Doula m'aider à mieux visualiser.

Au milieu du texte, je sais pas qu'elle heure il était, la SF vient me faire un toucher dans l'eau et me dit doucement à l'oreille : "félicitations vous êtes à 7". J'ouvre les yeux et je vois Eric partir avec la SF. Il revient aussi tôt et nous dit qu'on peut aller en salle d'accouchement quand on aura fini le texte pour ne pas se précipiter. La Doula finit sa lecture. Les contractions sont plus faciles à gérer que toutes celles que j'ai eu jusqu'à présent. Je les gère en mettant mes mains dans mon dos. Je suis bien là, seule, je me laisse allée la tête sur ma serviette transformée à coussin !

La SF revient et me dit qu'on peut passer en salle d'accouchement pour tout installer. Elle s'excuse car elle ne peut pas respecter mon projet naissance par rapport à mon souhait d'une voie fermée. Elle m'explique le pourquoi du comment exactement ce qu'elle va m'administrer : glucose (pour éviter les coups de pompes dans il va falloir que je pousse à fond) et l'ocytocine vers la fin du travail (pour éviter les risque d'hémorragie). Elle s'en va. Avec la Doula, on papote pour savoir quoi faire : rester dans le bain ou aller en salle de travail. Elle m'aide à peser le pour et le contre.

Je décide d'aller en salle d'accouchement maintenant car je ne sais pas si en salle d'accouchement j'arriverai à gérer la douleur (donc je prendrai la péridurale), sinon, ça sera sans. Je me love dans le super peignoir et là, les choses sérieuses commencent. Je ne sais pas quelle heure il est mais c'est pas grave. On me pose la perfusion mais je reste libre de mes mouvements. La SF accepte que la Doula reste avec moi et elle sortira quand l'obstétricien arrivera. Je décide de m'asseoir sur le bord de la table, les pieds sur l'escabeau, ma main dans celle de la Doula , ma tête sur son épaule, son autre main dans mes reins, les contractions sont fortes mais j'ai pas envie de la péridurale. On reste comme ça pour plusieurs contractions. Je décide au bout d'un certain temps, de me mettre à quatre pattes sur la table avec mon coussin d'allaitement comme support pour les bras et la tête. Je reste à quatre pattes les fesses en l'air entre chaque contraction et quand elle est là, je respire et je descends mes fesses sur mes talons. La Doula continue à presser sur mes reins et moi sa main. Une contraction me fait vomir à nouveau.

La SF vient faire un toucher, je suis à 8, elle me propose de percer la poche des eaux car bébé est encore bien haut. Elle pense que la poche gène. Je me mets alors sur le côté, je tiens ma jambe, elle perce, c'est chaud et les contractions sont plus fortes et rapprochées mais dans cette position, c'est bon ! Je demande si je peux accoucher comme ça. La SF me dit toute penaude : « hélas non. Le docteur de garde d'aujourd'hui, ne veut que les étriers, je suis désolée ». Pas grave, pas le choix. Je m'exécute. Là, elle vide ma vessie (qui gène encore bébé). Elle me propose d'essayer de pousser pour voir comment réagit la puce. A partir de là, j'ai de suite envie de pousser et impossible de freiner cette sensation. L'obstétricien arrive, la Doula sort, Eric vient à côté de moi sa main sous ma nuque. Cet imbécile d'obstétricien me dit d'arrêter de pousser. Je lui dis que j'y peux rien qu'à chaque contraction je sens que ça pousse. J'ai fait donc comme moi, JE voulais, non mais oh ! Il avait beau râler à chaque contraction, je faisait comme j'avais envie : sorte de respiration entre la respiration du chien et celle pour pousser ! Là, tout s'est accéléré. A chaque contraction, ça brûle (appeler le 18, ça va fumer).

Il me dit d'arrêter de pousser sinon je vais me déchirer, il est gentil mais c'est dur. J'essaye et après je crie : j'en peux plus et là ma puce est dehors, il est 00h40 ! Il me la pose sur le ventre. Elle est pleine de sang, pleines de cheveux, endormie, violette. J'ai le temps de lui dire : « bonjour ma puce » et la SF me la prends pour la nettoyer. Je l'accepte car elle n'est pas propre et n'a pas pleurée (sûrement encombrée comme Emilie), je suis un peu ko et son papa est derrière les talons de la SF  ! Le placenta sort tout seul. L'obstétricien me dit « félicitations » et me fait les 2 points de ma légère déchirure (haut et bas du vagin).

La Doula revient et je lui raconte rapidement. Eric arrive avec notre fille, elle est grisâtre et a les yeux à moitié ouverts. Je la mets sur moi et je la laisse faire. Je l'aide pour prendre le sein, ce n'est pas une grande tétouilleuse.

Face à nous, une grosse difficulté : choisir le prénom !!! Au bout d'une bonne demie heure et de longues discussions entre Eric, la Doula et moi on a choisi entre Camille et Margot, ça sera Margot !

Je suis remontée dans ma chambre vers 1h40. La Doula décide de rentrer chez elle plus tôt que de dormir à la maison. Eric rentre et sera là pour le réveil d'Emilie. Vers 11h du matin, Emilie, Eric et ma mère sont venus me voir et ils sont revenus l'après midi !

Marianne