Voilà donc le récit de la naissance de mon fils. J'ai du mal à dire mon accouchement tellement j'ai l'impression que c'est lui qui a tout fait… Et si je devais le refaire ? Je signe 100 fois !

La naissance de Khéna

En cette fin de grossesse, je commence vraiment à m'impatienter, chose qui ne m'était pas arrivée avec Maëlle. Pour elle, j'en avais eu marre le 16 décembre au soir et sans aucun signe précurseur, l'accouchement avait commencé le 17 à 7h du matin pour finir à 13h…

Voilà plusieurs jours que je pense " vivement la fin ! "… Mais rien ne vient… Jeudi et vendredi, j'ai des contractions à intervalles relativement réguliers (30 puis 20 minutes) pendant plusieurs heures : de la fin de la matinée jusqu'au soir, puis vers 11h, minuit, plus rien.
Ces contractions ne sont pas douloureuses, j'ai plaisir à les ressentir : elles me donnent l'impression que quelque chose se prépare, elles me donnent le sentiment de me préparer…

Le faux travail…
Samedi matin nous faisons un gros câlin avec mon homme. Cela fait longtemps que j'en ai envie mais il s'y refusait de peur de déclencher l'accouchement (pour Maëlle, nous avions fait l'amour le 16 au soir). Là, il était terrorisé par l'approche de cette naissance mais nous avions un problème de garde pour Maëlle : le couple d'amis qui pouvaient nous la garder pendant le temps de l'accouchement se retrouvaient bloqués pour cause de déplacement professionnel pendant toute la semaine du 19 au 24. Or on était le 17 et l'accouchement était prévu pour le 21.
Je me suis dit que j'aimerais bien que le bébé arrive ce samedi : pile 25 mois après sa soeur…

A 7h30, Maëlle se réveille et vient me voir : elle tête puis me réclame son petit déjeuner. Je me lève donc avec elle.
Vers 8h, je commence à avoir des contractions. Elles sont un peu plus douloureuses que les jours précédents et espacées d'environ 10 minutes. Vers 9h, elles deviennent plus intenses et plus rapprochées, je commence à avoir besoin de me concentrer dessus quand elles arrivent et j'ai du mal avec Maëlle qui rigole de me voir sur le gros ballon, qui me saute dessus quand je m'assois… Bref, je réveille J et lui demande de s'occuper de sa fille. Au bout d'une heure, j'ai constaté que les contractions étaient régulières, espacées de 6 minutes et assez fortes. Je les sens qui appuient sur mon col, c'est agréable. J'appelle G (ma sage-femme) et lui demande de passer en précisant que ça ne me parait pas urgent. Maëlle est partie chez nos amis et je suis bien : j'ai mis de la musique, je suis sur le ballon…

G arrive vers 11h. Elle me propose d'abord d'écouter le cœur du bébé. Elle l'écoute mais je n'ai plus de contraction… Au bout d'une dizaine/quinzaine de minutes : une contraction. Tout va bien mais je sens un changement. Elle m'examine et ne trouve pas mon col modifié : il est mi-long, les tissus sont souples. Je suis déçue mais ça ne m'étonne pas. Je sais que j'avais envie que ça vienne, mais quelque part, je savais que ce n'était pas ça.
G me propose de prendre un bain pour faire le test. Depuis le matin, j'hésite et je n'ai pas envie d'aller dans l'eau. Je lui dis donc que je préfère aller marcher et que je la rappellerais en fonction de l'évolution. Comme il n'est pas loin de midi, ça l'arrange de rentrer manger chez elle et nous partons avec J pour faire un petit marché. Les contractions reprennent dès que G est partie… Nous mettons une heure pour passer chez le marchand de légumes, la boulangerie et poster une lettre (en temps normal, 20 minutes auraient suffit).
En rentrant, j'en ai un peu assez et je me fais couler un bain. Dès que je suis dans l'eau, les contractions s'arrêtent. Je reste très peu et j'appelle G qui me propose de dormir quelques heures. Elle a laissé le banc d'accouchement et sa lampe chez moi et elle me dit qu'elle prend le pari que j'accouche avant dimanche soir. Elle me laisse donc ses affaires.

Je dors 2 heures. Mon homme part récupérer Maëlle. Le soir, nous discutons un peu avec Maëlle. Je lui réexplique à propos des têtées que le lait reviendra quand bébé sera sorti de mon ventre. En rigolant, elle s'adresse à mon ventre : " Sors de là, bébé " (on a lu récemment un livre dont j'ai oublié le titre : le bébé de Mme Bontemps refuse de sortir et toute la famille défile devant le ventre pour convaincre bébé de sortir… la grande soeur hurle devant le ventre : " Sors de là " et le bébé répond qu'elle lui fait trop peur pour qu'il veuille sortir).
Moi aussi je demande au bébé de sortir… Mais rien, pas une contraction. On couche Maëlle, on regarde un film (me souviens même plus quoi ?) et on se couche vers minuit.

Ca démarre…
Mon homme est épuisé, sitôt la lumière éteinte il se met à ronfler.
Moi, je n'arrive pas à dormir. Je cogite, je m'agite, je sens que la nuit sera longue…
Puis je sens une douleur terrible qui m'entoure le bas du ventre et du dos. Je reconnais immédiatement la douleur de mes contractions pour mon premier accouchement mais en plus il y a ce coup de poignard dans les reins. Ca dure une éternité et quand je retrouve mon souffle, je regarde l'heure : minuit 10.
A peine ! J'aurais pensé qu'il était bien plus tard.
Je " parle " silencieusement à mon bébé : " non, pas cette nuit, et pas comme ça, ça fait trop mal ! ". Puis c'est le calme.
Deuxième contraction : la même que la première sauf que je suis un peu plus prévenue : dès le départ de la douleur (dans le bas du dos), j'essaie de respirer et de me détendre. Je suis allongée sur le dos mais c'est intolérable : je roule sur le côté. Bof, ce n'est guère mieux. Quand ça se calme, nouveau coup d'œil sur le réveil : minuit 20.
Bon, je ne vais pas me laisser faire comme ça. Je vais prendre un bain : au mieux tout se calmera, au pire j'espère que la douleur sera plus supportable.

Je me lève et fais couler l'eau. Je prends aussi le réveil pour le poser au bord de la baignoire.
Au moment où j'entre dans l'eau, une nouvelle contraction arrive…Ouille, non seulement elle est aussi douloureuse que les autres, mais être dans l'eau ne calme pas du tout la douleur. Je sens nettement la tête du bébé qui appuie sur mon col et je retrouve également la sensation de " déchirure " de mon premier accouchement.
Je jette un oeil au réveil : minuit 30.
Pas de bol - est-ce d'être dans la baignoire ?- la douleur dans le dos est restée alors que la contraction est terminée.
Je me mets maladroitement à quatre pattes pour que mon ventre trempe dans l'eau. Nouvelle contraction. J'arrive à respirer et la douleur est légèrement plus gérable dans cette position. Il est minuit 35.
J'essaie de me mettre en tailleur… Pas mieux niveau douleur. Sur le côté non plus… Je reviens à quatre patte, c'est décidemment ce qu'il y a de moins pire.
Pendant ce temps, les contractions se succèdent et à la fin de chacune je regarde l'heure : minuit 40, 45, 50, 55, une heure… Je me dis qu'il faut que je sorte et que j'aille prévenir mon homme. En même temps, je sais qu'il est fatigué et ça m'embête de le réveiller.
Je sors difficilement car j'ai de plus en plus mal aux reins et j'ai du mal à redresser le buste. Je laisse passer 2 ou trois contractions à genoux sur le tapis de la salle de bain, en appui sur les mains, bras tendus. Je respire bien mais je sens que la douleur est de plus en plus forte. Je ne suis pas sure que dans 10 minutes je saurais encore parler…
J'arrive dans la chambre à une heure 20. Je secoue J : " Je suis désolée, c'est le moment. " Une contraction m'arrête, il ne s'est pas réveillé. Je reprends : " réveille-toi, notre bébé arrive ! ". La contraction suivante, je suis à genoux à côté du lit et je ne peux pas m'empêcher de gémir toute la contraction.
Mon homme émerge difficilement : " Qu'est-ce qui se passe ? ".
Je veux aller dans le bureau : c'est plus loin de la chambre de Maëlle et j'ai tellement mal que je ne peux pas me retenir de crier. Je lui dis de venir et je me traîne littéralement jusqu'au bureau. Je grimpe sur le lit (heureusement qu'avec la fausse alerte du matin on l'avait préparé : les alèses sont mises, les draps sont propres). La contraction me prend alors que je suis sur le dos, c'est une torture, je peux à peine rouler sur moi-même pour me mettre sur le côté.
Mon homme arrive et demande ce qu'il faut faire. Je passe en position de prière musulmane et lui dit : " Appelle G et on part à l'hôpital ! ". Tout en disant ça, je pense que c'est impossible : je suis nue comme un ver et je serais absolument incapable de me relever pour m'habiller. De plus l'idée de sortir dehors me semble absolument absurde.
J'ai l'impression que les contractions sont de plus en plus proches. J'arrive à respirer entre chacune d'elle mais la douleur dans le dos est toujours là. J'ai très chaud et je dégouline de sueur. Sur chaque contraction, je vocalise un " O ". Je démarre toujours trop haut et le son devient plus grave pendant la contraction jusqu'à un son qui me soulage : c'est un O très grave qui me donne l'impression par sa vibration d'aider à l'ouverture de mon col.
Avec la tête plus basse que les fesses, je me dis bêtement que mon bébé ne pourra pas sortir. J'ai tellement lu que la gravité aidait à accoucher et je me retrouve à faire l'inverse !

Maintenant je suis à peine consciente de ce qui se passe autour. Je ne peux pas me souvenir de la chronologie mais je sais qu'à un moment je réclame (ou J me propose ?) à boire. Comme je n'arrive pas à me redresser pour boire, il m'apporte un biberon de ma fille et entre chaque contraction ou presque, je bois quelques gorgées.
A un autre moment je réclame qu'il me masse les reins. Ca me fait du bien mais pendant la contraction, c'est insupportable d'être touchée.
Il me propose aussi la bouillotte chaude sur les reins. Pareil que le massage : dès que la contraction arrive, ça devient insupportable.
Au fur et à mesure du travail, je réclame des coussins en plus : j'ai envie de me redresser un peu mais je n'ai pas la force de le faire seule. A la fin, la pile de coussins me soutient le buste en position parallèle au lit.
Je continue à crier dans mes coussins en espérant que ça ne réveillera pas ma fille (en fait, J me dira que ce n'était vraiment pas très bruyant).

A un moment, je sens que je commence à avoir envie de pousser. Ce n'est pas très fort, un peu comme pour aller à la selle. Je sens bien qu'au sommet des contractions je fais des efforts de poussée mais je ne peux pas m'en empêcher. Je me dis juste que je vais faire caca sur le lit :-o
Un peu plus tard, alors que je réclame de l'eau, c'est G qui me répond… Tiens, elle est arrivée quand ? La question me traverse à peine l'esprit (pour ceux qui veulent savoir, elle est arrivée vers 2h20). Je l'entends dire à J qu'elle va écouter le cœur du bébé. Je n'ai pas envie qu'elle me touche. Entre deux contractions je dis à J que le bébé va bien : il me donne des coups de pieds entre les contractions… pas besoin qu'on écoute son cœur. Mais G n'est peut-être pas dans la pièce quand je dis ça : à la contraction qui suit, je sens le froid de l'appareil. Puis G me dit qu'elle va m'examiner pour voir où j'en suis. Je ne veux pas qu'elle me touche mais est-ce que je lui dis ? Je ne sais pas.
Elle touche mon col et je crie qu'elle me fait mal. Elle me réponds qu'elle ne sent pas bien : il faudrait que je passe sur le dos pour qu'elle vérifie si je suis à dilatation complète. Elle ne voudrait pas que je pousse sur mon col si je ne suis pas à dilatation complète. Je refuse. Je lui dis que je ne peux pas : trop douloureux sur le dos.
Je pense aux propos de JC (pensée parasite ;-)) qui écrivait que quand on laisse une femme pousser au moment où elle le sent, c'est que c'est le bon moment. Mais moi je ne sais pas si je veux pousser !
J'entends que G parle mais je ne comprends pas ce qu'elle dit… peut-être qu'elle ne s'adresse pas à moi.

Et puis j'éclate : " Je n'y arrive pas, j'ai trop mal, je veux être à l'hôpital, je veux une anesthésie ! ". G me dit : " Mais ton bébé arrive, tu peux pousser et il sera là ". Je crie : " Non, non, non, non… " Je ne veux pas pousser. Je veux juste que ça s'arrête, je crois que je pleure même. G me dit que si je ne veux pas pousser ce n'est pas grave, je fais comme je veux !
La contraction d'après je me retiens de pousser, mon corps a envie mais ma tête refuse. Et j'entends un " splash " sonore : c'est la poche des eaux qui vient littéralement d'exploser. Immédiatement, c'est le soulagement : la douleur lancinante dans les reins disparaît, je sens la tête de mon bébé moulée dans mon vagin et je pense que l'échographiste est un imbécile : il n'a pas une grosse tête du tout mon bébé !
Je me redresse enfin : les deux mains sur la pile de coussins, les bras tendus, je suis à genoux mais redressée.
Maintenant je pousse avec les contractions mais ça ne pousse pas très fort. Je sens mon bébé qui descend et je sens mon périnée hyper tendu. Je me dis qu'il va craquer mais ça ne me dérange pas. Je n'ai pas de sensation de brûlure comme j'ai pu lire. Juste à un moment, je me dis qu'il faut qu'il sorte car sinon il ne pourra pas respirer (je sais, c'est stupide mais c'est l'idée qui m'a traversé l'esprit). Et la poussée d'après, la tête passe. G me demande d'arrêter de pousser. Elle fait quelque chose puis me dit c'est bon, il faut sortir les épaules. Là, une poussée suffit mais le passage me brûle (normal : la tête a déchiré mon ancienne épisio donc les épaules passent sur la déchirure à vif). Et je me sens merveilleusement bien. Il est 2h52 (c'est G qui regarde l'heure).

G me laisse m'allonger sur le dos et me passe mon fils. Il est magnifique et je le trouve énorme. Il a la tête toute ronde, il est immense, rose, potelé et tout propre. Il hurle mais se calme en atterrissant contre mon sein. Je vois aussi le cordon qui est blanc (je pensais que c'était rouge : je n'avais pas vu celui de ma fille car il était trop court). On l'enveloppe dans une serviette éponge toute douce. Je pleure de bonheur et d'émotion : c'est mon bébé ce petit homme si beau ! Khéna…
J me dis : " Bravo, tu as été formidable ! " Je lui réponds que c'est le bébé qui a tout fait. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait grand-chose. J'ai juste laissé mon bébé sortir… c'était tellement irrésistible que j'ai plutôt le sentiment d'avoir subi que d'avoir agi.

Je ne peux pas me lasser de la regarder. Après ce qui me semble être une seconde (mais qui a dû durer au moins 15 minutes), je m'aperçois que J est sorti de la pièce. Il revient une seconde plus tard avec notre fille toute ensommeillée. Elle était restée dans le couloir à appeler… J l'approche du lit : " regarde qui est là… c'est ton petit frère, il s'appelle Khéna ". Elle s'émerveille sur le " tout petit frère à moi ". Elle l'embrasse sur le sommet du crane. Mais déjà je ressens de nouvelles contractions : c'est douloureux et je me rends compte que j'ai la vulve qui me brûle : je sens le cordon sur ma déchirure. On décide de couper le cordon qui ne bat presque plus car G veux faire un prélèvement de sang de cordon (je suis Rh -) puis J emmène notre fille dans la pièce à côté pendant la délivrance. Je me remets à genoux et je sens encore une envie de pousser. Le placenta me semble très gros quand il passe mais je trouve vraiment le terme délivrance bien choisi : je me sens beaucoup plus légère quand il est sorti. Ensuite, J vient prendre Khéna, enveloppé dans une couverture polaire et l'emporte dans le salon avec Maëlle pendant que G examine la déchirure. Elle voit que toute l'épisio a craqué donc il faut me faire des points. D'ailleurs ça me brûle vraiment et je sens qu'il faut qu'elle recouse.
Mes jambes tremblent et je me sens vraiment faible… J'ai maintenant envie que ça soit fini et de retrouver ma famille. Les piqûres d'anesthésiant font mal mais les 3 premiers points ne sont pas douloureux. Par contre le point suivant me donne l'impression d'être fait à vif et je crie. Aussitôt Maëlle arrive. Elle ne comprend pas pourquoi elle doit rester à l'écart. Elle pleurniche un peu : " G fait mal à Maman ". J'essaie de lui dire que G me fait juste un pansement et qu'elle doit repartir au salon mais c'est un peu difficile de l'écarter et son père doit revenir la chercher. G a refait une piqûre d'anesthésiant mais je n'en ressent pas l'effet. J'essaie de me dire que sans ça ce serait encore plus douloureux mais je gémis à chaque point et j'ai du mal à supporter cette douleur. Je sais qu'elle est moins terrible que celle des contractions tout à l'heure mais j'en ai trop marre d'avoir mal et cette douleur là me semble " injuste ".

Après, c'est terminé… Maëlle revient et réclame à téter. J'ai essayé de mettre Khéna près de mon sein mais ça n'a pas l'air de l'intéresser. Il a l'air serein blotti contre ma peau. On prend seulement le temps de lui mettre une couche puis je le reprends contre ma peau et on le recouvre avec sa peau d'agneau. G va se coucher vers 5h. Je vais aux toilettes puis je me lave un peu pendant que J s'active dans la chambre pour enlever les alèses et le drap souillés. Maëlle est un peu impressionnée par le sang mais elle a l'air heureuse de me faire des câlins.
On reste un peu tous les 4… je suis heureuse. Khéna prend enfin le sein et il se débrouille comme un chef. J m'apporte une banane et une pomme… j'ai très faim.
A 6h, J prend Maëlle pour aller dormir avec elle dans sa chambre et je reste avec mon bébé. J'ai du mal à fermer les yeux. Je ne peux pas m'empêcher de l'admirer, de le renifler…

Voilà donc le récit de la naissance de mon fils. J'ai du mal à dire mon accouchement tellement j'ai l'impression que c'est lui qui a tout fait…

Et si je devais le refaire ?
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Si j'avais été en structure, j'aurais supplié pour avoir un analgésique quelconque. Pourtant, je suis vraiment heureuse d'avoir vécu cet accouchement de cette manière. Peut-être que si ça avait duré 10 heures je serais partie parce que c'était trop insupportable, mais sur un temps si court, je suis contente d'être restée chez moi. De toute façon si j'avais dû partir, je pense que j'aurais accouché dans la voiture ou bien si tôt après en être sortie que le personnel médical n'aurait pas eu le temps de soulager ma douleur. Je n'ai pas l'impression d'avoir été courageuse ou forte… J'ai seulement subi mais en même temps, en me perdant dans cette douleur, j'ai eu le sentiment tout le long de sentir où était mon bébé, j'ai eu le sentiment de l'accompagner vers la sortie.

Et puis quel bonheur d'être chez soi après : de prendre le petit déj en famille, de pouvoir câliner ma fille tout de suite… J'ai vraiment le sentiment d'avoir vécu quelque chose de privilégié.
Pour Khéna, j'ai apprécié également de ne pas avoir au bout de quelques jours le stress du retour à la maison avec un nouvel environnement à apprivoiser, un nouveau rythme à prendre. De plus, il n'a eu strictement aucun soin (premier habillage vers 12 heures de vie, premier bain à trois jours après un caca débordant, cordon séché avec la poudre cicatrisante Weleda tombé au bout de 5 jours) et il est super cool (mais je dirais que ça c'est plutôt son caractère renforcé par l'absence d'expérience " traumatisante ").
Pour le papa, il a trouvé ça bien plus reposant et bien moins stressant de me voir sur notre lit que de me voir sur une table d'opération (j'avais accouché en salle de césarienne car il n'y avait plus de place en salle de naissance pour ma fille), bardée de tuyau avec un grand sentiment d'inutilité. Et puis après, il a trouvé le quotidien plus facile à gérer que s'il avait dû ajouter les trajets à la maternité.

Au fait, pour celles/ceux qui aiment les chiffres, mon petit bonhomme pesait 3kg920 (à peu près) à 2 heures de vie et mesurait 52 cm (38cm de périmètre crânien) à 6 jours.

Isabelle