La Naissance de mon fils à la maison

Je suis trop fière, trop heureuse. Je ne regrette rien du début à la fin.

Il est 3 heures 30 du mat', Syl pionce (il travaille de l'aprèm ce jour), et je me réveille avec comme une grosse envie d'aller à la selle.
Je me retrouve donc aux toilettes et " wouaille " on dirait comme une colique. Tiens tiens, peut-être que c'est des contractions mon ventre est tout dur.
Je vais prendre un bain et puis je m'allume internet. Là je raconte en direct mes premières contractions (qui sont vraiment sympas.).
Vers 5h du mat' je commence à avoir des fuites de liquide.
Vers 5h30 ma mère se connecte sur MSN. Elle ne me croit pas que je suis en train d'accoucher. Elle me tanne pour que j'appelle la sage-femme. Pô envie. Suis bien là, devant mon Ordi à chatter. A 6h je décide d'éteindre le PC car j'ai envie d'aller me balader. Je découvre un truc qui ressemble au bouchon muqueux sur la serviette sur laquelle j'étais assise.
Je réveille Syl. Je lui dit : " chéri, j'accouche ! " Il me répond : "c'est ça, c'est ça " et se retourne. Bon, je décide d'aller me balader toute seule. A peine sortie, la fenêtre s'ouvre et Syl me dit : " mais qu'est ce que tu fous ! Il est 6h du mat' ". " Ben j'accouche mon chéri. " Je laisse un sms à ma meilleure amie, la marraine d'Elinaï. Elle doit venir. Et un à la sage-femme mais son portable est éteint.
Avant d'aller en ballade, Syl veut rendre la maison présentable. Me fais ch... Moi j'accouche !!!

Bon, on range un peu la cuisine, le salon. Allez on y va là ! (Je commence à être chiante.)

On va donc se balader tous les deux. En chemin je m'appuie sur tout ce que je trouve pour passer les contractions. A un moment je me retrouve même à 4 pattes par terre. Les rares voitures qui passent doivent nous prendre pour des tarés.
On parle. On y croit pas encore vraiment. Syl me propose de me "construire un petit truc" à la maison pour accoucher. Peut être accrocher l'écharpe de portage quelque part, pour m'y suspendre ?

J'ai envie de rentrer. Syl me parle d'un copieux petit-dèj (jus d'orange, oeufs, pain et charcuterie) mais j'en ai pas envie. Il va chercher tout ça pendant que je continue à contractouiller. Je squatte le canapé. A 4 pattes, c'est sympa. Il met de la musique au PC mais ça m'énerve. Je commence à être vraiment ch. Tout prend des proportions inconsidérables. J'ai appelé la sage-femme qui me demande d'observer les contractions pendant une heure.
Sylvain commence à les noter. Puis il me passe la feuille. Je note les suivantes. Il regarde la feuille, et il râle parce que je les ai noté
n'importe comment sur la feuille. Véro arrive.
Je rappelle E. pour la tenir au courant et elle me dit qu'elle sera là vers 10h.
Véro s'occupe de moi, les contractions deviennent plus intenses. Je pense à la péri-miracle. J'arrive pas à lui dire, c'est bloqué dans ma gorge mais j'aime énormément qu'elle me caresse le dos. De même que je supporte pas qu'elle me caresse la main. C'est dingue comme des petites choses se transforment en trucs immensément important quand tu accouches.
Syl a mis de la musique classique, et tout le monde le saoule sur le PC. Je lui dit d'éteindre le tout, ça m'énerve aussi.
E. arrive. Je lui dit direct : " examine mouaaaa ! Et si je ne suis pas au moins à 5, on va à l'hosto !! " (Je sais même pas si je lui ai dit bonjour) Ca commence. Elle me dit : " non Emilie, parce que tu sais ce qui t'y attend si on y va. etc." " J'm'en fous ! "

Elle m'examine. Elle me dit : " ben c'est à presque 6 je crois. Non attends (contraction aïe !! elle me fait mal.) T'a pas envie de pousser là ? On dirait qu'on est presque à 9, attends. " Elle attend la prochaine contraction pour refaire un essai. " Ah non autant pour moi, on est à 5 bientôt 6. " Rhaaa la fausse joie ! En me trifouillant, la poche des eaux s'est rompue. Je lui demande si c'est elle qui la fait (juste comme ça, c'est un détail pour moi.), elle me dit que non.
E. écoute le coeur du bébé, au top. A ce stade, je suis toujours sur le canapé, à 4 pattes. Je suis fatiguée. Je veux me mettre sur le dos mais ça fait super mal !!!
E. me propose d'aller dans la baignoire. En fait c'est mon rêve depuis le début mais je ne savais pas que j'avais le " droit ".
Je suis donc là dans ma baignoire. Syl a enlevé l'horloge (parait qu'elle faisais trop de bruit). De temps en temps je le vois me sourire dans le miroir. De temps en temps Véro passe aussi. E. est à côté de moi. Entre diverses considérations spirituelles, je demande d'aller à l'hosto pour avoir cette péri de m., elle souffle, et je suis. C'est là que les contractions sont les plus douloureuses.
C'est silencieux, agréable, personne ne me fait ch.
De temps en temps le répit entre les contractions fait que je somnole presque. Je suis si fatiguée ! E. me répète sans cesse les mêmes choses (ton col s'ouvre, c'est pour laisser passer le BB.). Avec son " souffle ", c'est une litanie très agréable. Mais la fatigue me " tue ". (Je n'ai pas assez dormi les nuits précédentes.).
E. écoute le coeur du bébé qui va toujours super bien. Je le " sens " instinctivement, de tout l'accouchement j'ai à peine pensé à lui.
Le bébé appuie et mes intestins se vident. J'avais peur de faire un blocage du périnée, mais finalement, ça me fait rire de tout dégueulasser la baignoire (pardon.)
Aux sommets des contractions c'est l'horreur. Mais je pleure pas (je suis fière de ça.), juste une chouinotterie à chaque coup.
Comme pour mes douleurs menstruelles, le fait de contracter mes jambes m'aide à passer le pic.
Je me sens exténuée. Je demande à E. si elle à quelque chose. Une petite vitamine C ? Mine de rien, ça fait du bien !
J'ai envie de me relever. Et je me retrouve accroupie. Je sens que la deuxième phase vient, mais sans vraiment sentir quand est la transition. Je sais juste que je ne suis pas à 10. Mais on s'en fout.
D'abord je m'appuie sur les rebords pour passer les contractions, et puis Syl vient se mettre derrière moi. Ca devient une " bonne " partie. Les douleurs ne sont plus au sommet de mon bidou et je ne contrôle plus rien. La poussée agit, j'ai juste à laisser faire. Je reprends quelques forces.
E. me dit : " C'est bien Emilie ! " Et je les fais tous rire en disant : "Mais je fais même rien pourquoi tu me dis c'est bien ??? " C'est vrai, je subis totalement cette poussée. Je peux rien faire pour l'éviter ou la rendre plus forte.
Tous les trois me proposent de repasser au salon (en sortant de la baignoire je touche et je sens sa tête dans mon vagin), et je me retrouve de nouveau à 4 pattes sur le canapé (brave canapé.) où ils ont mis des alèses. Là je leur montre mes fesses, et je suis en plein dans mon trip (tout ailleurs ! Les yeux fermés, mon corps subit, et mon esprit, ben il doit être en mode " pause. ".), je fais des " whoooo " à chaque poussée (un peu comme les cris des gens sur une montagne russe quand elle va descendre), mais je suis pas très bruyante (tant mieux pour les voisins.)
Syl, Véro et E. sont derrière, je ne veux même pas savoir ce qu'ils font. Je suis dans mon univers de " vide " (me demandez pas d'expliquer). Ils s'agitent pour la sortie, Véro aux photos, E. pour vérifier la tête, et Syl pour accueillir son bébé. Moi pour être là.
Je sens la tête passer, puis Syl prends le reste du corps, mais il tire un peu vers le haut alors c'est désagréable. Ploufff ! Le reste de liquide et compagnie. Je suis bloquée à quatre pattes. J'entends juste Syl dire : " Hé Mimi ! C'est un garçon !!! "

Il est 13h20, mon fils est arrivé au monde.

Je me pose sur le dos tant bien que mal. Le petit fait des cris de chat, il est super vigoureux ! Apgar 10 à 1 min ! Il est trop beau, tout éveillé, les yeux grands ouverts.
J'ai une déchirure mais je sens rien. Syl à du mal à me le donner ! Mais faut bien qu'il tête cet enfant ! On attend le placenta. E. me demande de pousser quand je sens un ptit truc dans le ventre. J'en ai aucune envie !!! Finalement il sort, j'ai poussé, je me suis obligée. C'est super désagréable. Je suis déchirée. E. doit aller chercher l'anesthésie pour me recoudre, et de la TM Calendula.
En même temps Syl me cherche un MacDo pour fêter ça. Pendant ce temps mon fils. tête et j'envoie quelques sms. Le téléphone n'arrête pas de sonner. E. me recouds pendant que bébé dort dans les bras de son père (qui ne voudra plus me le lâcher de la journée sauf pour les tétouilles.)
J'ai un regain d'énergie incroyable comparé à la fatigue de pendant les contractions.

On reste encore un peu tous les 5. Puis E. et Véro s'en vont. On reste tous les trois. C'est trop beau la vie.

Je suis trop fière, trop heureuse. Je ne regrette rien du début à la fin.

Même si j'ai " morflé ", je suis quand même bien contente de ne pas avoir eu cette fameuse péridurale. De toute façons je me serais mal vue faire, ne serait-ce que le trajet pour aller à la voiture avec ces contractions.

Si c'était à refaire ? Tout pareil du début à la fin.

Et si j'avais accouché à l'hôpital ?
Mon fils n'aurait pas pu être " sorti " par son papa.
On ne m'aurait jamais laissé expulsé dans la position de mon choix et surtout pas pendant une heure !
Et puis, qui m'aurais cherché mon Mac Do ??

Emilie