Avec ma doula j'ai découvert l'accompagnement de la naissance entre femmes et ce fut un cadeau

Comme je l'ai raconté, j'ai accouché pour mon troisième en maison de naissance ... il y a une personne dont j'ai peu parlé, et qui pourtant a tenu une place d'importance : Floriane, ma "doula" ...

Son accompagnement durant la grossesse a consisté à m'écouter, me répondre, être disponible, là ... une présence quoi, quelqu'un qui te découvre puis te connaît de plus en plus au fil du temps ... Et puis les mois passant, la date du départ pour Sarlat arriva ; c'était mon troisième, et j'avais beaucoup de contractions "sans effets", mais bon ... nous décidâmes de partir 15 jours avant la date présumée par moi, trois bonnes semaines avant celle du gynéco ; la sage femme libérale, avec qui je faisais une préparation a l'accouchement, interpellée par ma démarche, se proposa de nous emmener (nous étions a 500/600 Km de Sarlat, et n'avions pas de voiture ; le trajet avait été prévu en train, mais ....) ; le rêve !!! Même si bébé avait eu l'idée saugrenue de naître en cours de route, j'étais avec quelqu'un de confiance ... Arrivés a Sarlat, je tombe dans les bras de Floriane ; nous ne nous sommes jamais vues, mais je l'ai de suite reconnue ... je m'installe, et Floriane continue sa fonction d'accompagnement ; paroles, complicités, réassurances .... Constamment entourée d'un "tissu" d'encouragement, de bienveillance, d'écoute ... les derniers jours de grossesse vont se passer dans la douceur des jours d'attente ; je suis sur place ... bébé peut venir quand il veut ... nous ne courrons pas ... je connais les personnes qui seront la pour m'accompagner lors de cette aventure ... bien sûr, il y a toujours quelque part le doute "est ce que je vais tenir le coup ?" "Est ce que je ne prends pas de risques, trop de risques ?" .... etc. ....... mais c'est loin, en arrière fond. Et puis l'accouchement ... Floriane est là, revenue rapidement après la fin de sa journée, parce que bébé a choisi une fin de journée pour annoncer son arrivée ... soudain, mes craintes, mes doutes, tout tombe ... malgré la douleur crucifiante, le bonheur : enfin, je vais donner la vie !!! (Et non plus me faire accoucher, comme pour les aînés ...) ... tout se passe dans le calme, la paix ... jamais je n'ai été aussi présente à moi même ... Floriane est LA ... Son rôle, sa fonction ??? Etre LA, et par sa seule présence m'ouvrir la voie ... me montrer que comme elle l'a fait, je vais donner la vie, traverser le miroir, et redevenir ensuite la même et pourtant une autre .... Concrètement, me masser le dos avec le jet d'eau brûlante durant la contraction ... échanger quelques mots entre ... son regard, sa présence .... Faire ce dont j'ai besoin (avertir la sf que les choses se précipitent, prévenir mon compagnon et mon fils que l'arrivée du bébé est imminente ....) sans que j'ai quasiment besoin de le dire ... Je ne peux dire mieux : ELLE EST LA .... Et puis après, après le moment de paix magique qui suivit l'expulsion, après ce premier regard avec mon enfant, tous les deux seuls au monde avec les autres, après ... encore et toujours, être la ... me contenir, me soutenir quand la fatigue, les hormones et le découragement me submergent ... être la dans les petits gestes du quotidien, être la avec le plus grand qui a du mal à s'habituer, être la quoi .... Je suis restée neuf jours après l'accouchement encore à Sarlat ... Mon compagnon était reparti au bout de quatre jours, devant reprendre le travail ... Je n'arrivais plus à partir, plus à quitter cet endroit où j'avais vécu une telle aventure, plus à déchirer ces liens étroits, et pourtant il fallut que je le fasse .... Durant des semaines et des semaines, je l'appelais régulièrement ... comme avant la naissance ... mais là, il y avait tout ce bonheur partagé entre nous ; tous ces moments extrêmes que nous avions traversés ensemble, regardant dans la même direction ... tout ce temps où j'avais été, et où j'étais encore, comme un bateau dont les rameurs fatiguaient par moment, et Floriane était le vent qui gonflait alors les voiles et me faisait progresser malgré tout ... Je ne crois pas qu'elle se soit vraiment rendue compte a quel point sa présence avait été nécessaire et bénéfique (pourtant ce n'est pas faute de lui avoir dit) ... nous sommes toujours en contacts, et elle est maintenant Sage femme après 5 ans d'études à Genève. Avant ma rencontre avec Floriane, je n'avais aucune idée de ce que pouvait être une doula, une accompagnatrice ; on m'en aurait parlé, j'aurais ri ... c'était mon troisième, quoi, je n'étais pas une novice ... j'avais besoin de personne ... et maintenant, si un petit quatrième s'annonçait (ce qui ne risque pas d'arriver ...), et bien je ne saurais plus me passer d'un tel accompagnement ... Cette naissance fut une révélation a de nombreux niveaux, et comme j'aime a le dire mon tibonhomme m'apporta de nombreux cadeaux dans sa corbeille de naissance ; et l'un de ces cadeaux est la découverte de l'accompagnement de la naissance entre femmes ; et pas l'un des moindres ! Et depuis ... j'accompagne moi même, de loin pour l'instant ...

Blandine