J'ai cette désagréable impression de m'être fait rouler, abuser, même si dans le fond ces médecins pensaient certainement bien faire...

J'ai 23 ans quand j'apprends que j'attends mon premier enfant. C'est un bébé totalement désiré et je vis ma grossesse dans le bonheur malgré les nausées et vomissements du premier au dernier jour, à toute heure du jour et de la nuit. A aucun moment je ne me pose de questions quant à l'issue de cette grossesse, j'accoucherai de manière naturelle et mon bébé sera allaité le plus tôt possible.

A un mois du terme prévu, comme je ne mesure qu'un petit mètre soixante et que mon bébé est annoncé comme "harmonieux" mais costaud, je dois faire une radio du bassin. Comme pour le reste j'y vais sans crainte et j'en repars sans plus de crainte. Je vais chez ma gynéco pour lui montrer, et là, le couperet tombe : je n'ai pas "un beau bassin" !!! Un peu abasourdie j'entends ma gygy me dire qu'il y a peu de chances que bébé passe par voie basse, à moins de déclencher avant qu'il ne grossisse trop. Naïve, je me laisse convaincre, et comme ma gynéco part en vacances elle m'envoie vers un des ses confrères.

Quelques jours plus tard, RDV chez ce confrère, un vieux bonhomme bourru et peu causant. Pendant l'examen gynécologique, il me fait, ce que je ne comprendrai que très tard (il y a peu de temps en fait), un décollement des membranes afin de provoquer le travail. Je suis à trois semaines et demi du terme. Si rien ne se passe dans les jours à venir, on décide d'un RDV à la maternité pour un déclenchement chimique. Le soir-même, j'ai un faux travail qui se déclenche, mais rien de plus.
A ce même RDV, le gynéco me demande si je souhaite prendre la péridurale, et je lui dis que je n'ai pas prévu d'y avoir recours. Ce à quoi il me répond du tact au tac : "De toute façon, vous n'avez pas le choix, les femmes qu'on déclenche ont la péridurale d'office, on ne veut pas les entendre crier toute la journée" (citation mot pout mot !!!).

RDV donc le 24 juillet 2002 à 7.30 le matin. Je me rends à la maternité toute seule, mon mari étant encore au travail et ne devant me retrouver que vers les 10 heures. On m'installe, me met la perfusion d'ocytocine vers 9.15 et on me laisse "travailler". A 10.30, lorsque l'anesthésiste arrive pour me poser la péridurale, je suis à 3-4 cm. Les contractions ont été très fortes mais je les ai savourées… Pendant la pose de la péri, je fais un malaise, ma tension chute à 5 mais je reprends mes esprits. Pour aussitôt me mettre à vomir tout ce que je peux, ce qui durera jusqu'à après la césarienne. Je me gratte aussi beaucoup et j'ai l'impression de devenir folle parce que dès que je me gratte, ça me gratte à quelques centimètres à côté !!!

Ensuite les heures passent lentement, au rythme des touchés vaginaux. On me perce la poche des eaux mais il semble que plus rien n'avance. Bébé est toujours placé très haut, pas prêt à descendre. Je m'assieds en tailleur sur le lit mais malgré toutes les positions que me permettent tous les fils et tuyaux qui me relient aux diverses machines, rien ne se passe. A 14 heures, je suis à 5 cm, et cela depuis quelques heures. A 16 heures, toujours pareil, on se résigne. Mais je pense en fait que nous étions déjà résignés dès le départ, ce qui n'a pas forcément aidé au travail. A 16.05 je monte au bloc. Je fonds en larmes, le pauvre brancardier ne sait pas quoi me dire pour me calmer. On m'installe mais les choses sont longues à se mettre en marche, le médecin attendant que je ne puisse plus bouger les jambes, ce qui n'arriva jamais… Finalement la péri était bonne mais ils n'ont pas encore compris que je puisse bouger mes jambes pendant l'intervention. Lorsqu'ils entaillent ma peau, mes larmes redoublent, et j'entends l'anesthésiste demander à l'infirmière « mais pourquoi elle pleure ?? ». (Le corps médical, les hommes en particulier, ne comprendront donc jamais rien !!!)
A ma grande satisfaction, il se fait envoyer bouler de belle manière par l'infirmière !!

Ma fille est sortie de mon ventre à 16.38 et je peux l'embrasser quelques instants avant qu'ils ne l'emmènent. Tout ce que je sais c'est qu'elle pèse 2.960 kg. Un gros bébé ???

Je fais tout pour passer le moins de temps possible en salle de réveil, mais je dois y faire une halte, vu que j'ai vomi pendant l'intervention. Je redescends vers mon mari et ma fille vers 17.20. Clémence est dans une couveuse, en couche, en attendant de faire du peau à peau et de téter. Elle a très faim et commence à s'impatienter. Mon mari a fait connaissance avec elle d'une drôle de manière, à travers une vitre alors qu'ils auraient pu lui donner en peau à peau. Lui, n'a pas osé demander…

La mise au sein se passe très bien, même si à cause de ma position couchée j'aurai une crevasse assez douloureuse qui heureusement s'est guérie assez vite avec du spray aux oligo-éléments. La suite du séjour se passe bien, même si la première nuit je me prends un peu le nez avec une infirmière qui m'engueule parce que je ne m'assieds pas alors qu'elle essaye de relever mon lit !! Là je craque un peu et je lui colle dans les dents que le jour où elle aurait une césa, on verrait si elle pourrait faire des abdos… Le lendemain je me lève et je m'assieds en tailleur dans mon lit. Le sur-lendemain je tourne en rond dans les couloirs en attendant de sortir.

Ma césa ne m'a jamais fait souffrir physiquement, je dois admettre que les choses ont été bien faites. Ma cicatrice est tout à fait «jolie » (si on peut dire ça) et je n'ai eu aucune complication.

Malheureusement, comme pour beaucoup de femmes, c'est le mental qui ne suit pas, et j'ai depuis cette désagréable impression de m'être fait rouler, abuser, même si dans le fond ces médecins pensaient certainement bien faire.

J'ai revu ma gynéco « d'origine » lors de la visite post-natal, et elle m'a annoncé que bien sûr ma prochaine grossesse se terminerait par une césarienne programmée. Bien sûr, vous vous doutez de mon point de vue là-dessus.

Aujourd'hui j'attends mon deuxième enfant, annoncé pour le 18 avril et je compte bien avoir un AVAC.

Claire.