L'AVAC (Accouchement Vaginal Après une Césarienne),
c'est possible !
Je me présente rapidement, je m'appelle Catherine, et j'ai deux
petits garçons: Gabriel, qui est né par césarienne
le 29.07.99 et Raphaël né par voie basse le 10.09.01.
Je ne m'étais pas posé trop de questions pour ce premier
bébé. J'habitais à l'époque à Orléans
où j'avais le choix entre l'hôpital et la clinique pour accoucher.
L'hôpital avait mauvaise réputation, on avait refusé
mon désir de le visiter alors que j'avais été très
bien accueillie à la clinique et qu'il faut le dire, l'hôtellerie
était des plus avenante, le choix avait donc été
vite fait, j'accoucherais à la clinique. J'ai été
suivie là-bas le dernier trimestre de ma grossesse et tout s'est
déroulé normalement, mis à part un petit incident
en fin de grossesse. J'avais pris beaucoup de poids et alors que je suis
plutôt menue, on me prédisait un gros bébé,
15 jours avont le terme, le gynécologue qui me suivait me proposa
donc de déclencher dans les jours qui suivaient, d'autant plus
qu'il partait en vacances et qu'il ne serait pas là si j'accouchais
à la date prévue. J'ai été complètement
sidérée qu'on puisse me proposer cela, toute innocente que
j'étais face à la médecien obstétricale et
j'ai protesté vigoureusement, disant que le bébé
était bien là où il était, qu'on n'était
plus à quelques grammes près et que si ce n'était
pas lui, ce serait un de ses collègues qui m'accoucherait, tant
pis! La violence de ma réaction a apparemment surpris l'équipe
présente qui a insisté sur le fait que ce n'était
qu'une proposition, et je suis donc repartie chez moi. Quelques jours
avant le terme, ils ont essayé de me faire une amnioscopie pour
voir si tout allait bien, mais le col était tellement fermé
que j'en garde un souvenir cuisant et qu'ils n'en ont pas su plus.
Bébé s'est décidé à se manifester au
terme plus un jour. Je suis arrivée à la maternité
en début d'après-midi dilatée à 4cm et très
sereine. La sage-femme de garde était très sympa et détendue.
Elle venait de terminer un accouchement et j'étais désormais
la seule patiente. Apprenant que je ne voulais pas de péridurale,
elle nous a laissé mon mari et moi en salle de prétravail,
venant voir de temps en temps où j'en étais, me proposant
la baignoire. Le travail progressait d'1cm par heure et je supportait
bien les contractions, j'étais libre de déambuler dans le
couloir, en plus il n'y avait personne, l'ambiance était plutôt
sympa. Mais à 7cm, changement de régime, elle a trouvé
qu'il était temps de passer en salle de travail. J'ai en horreur
tout ce qui est médical et j'avais failli me trouver mal en visitant
ces salles pendant les cours de préparation à l'accouchement
mais bon, pas le choix, elle ne voulait pas qu'on reste en salle de prétravail,
pourtant juste en face de la salle de travail, au cas où. Une fois
en salle de travail, j'ai bien sûr été perfusée,
monitorée et donc scotchée à la table de travail
et là, moi qui supportait très bien les contractions, ça
a commencé à aller moins bien. La sage-femme était
très admirative de me voir toujours refuser la péridurale
(ce qui commençait à m'inquiéter un peu...) et elle
a passé le relais à sa collègue de nuit, pas très
agréable de changer en cours de route comme ça! La dite
collègue était toute jeune, assez inquiète de me
voir sans péridurale (décidément, elles allaient
réussir à me faire peur...) et malgré le fait que
je sois sa seule patiente (je serai la seule à accoucher cette
nuit là) elle était quasi invisible. Pourtant, j'aurais
bien aimé avoir un peu de soutien quand les contractions ont commencé
à se faire plus fortes, mais elle s'est contentée de me
mettre sur le côté pour essayer de faire tourner le bébé
qui avait le dos du mauvais côté et de me dire que je respirais
trop vite avant de repartir vite fait. Et ce qui devait arriver arriva,
j'ai commencé à ne plus supporter la douleur et la sage-femme
ne revenait que pour essayer de me convaincre de demander la péridurale
et lorsqu'elle me dit qu'elle avait appelé l'anesthésiste
et qu'il attendait dans le couloir, j'ai craqué et dit oui à
la péridurale. Il faut que je précise que j'y étais
farouchement opposée parce que j'ai des problèmes de dos
et j'avais très très peur des conséquences que cela
aurait pu avoir. Enfin bref, j'étais alors dilatée à
9cm, le travail ne progressait plus et on m'a fait la péridurale.
L'anesthésiste était très sympa, je ne sais pas comment
il a dosé ses produits, mais j'ai été soulagée
immédiatement et l'attente a commencé. Entre temps, la jeune
sage-femme était devenue beaucoup plus sympa et plus présente
(alors que je n'avais plus besoin d'elle), je crois qu'elle ne supportait
tout simplement pas ma douleur et ne savait comment l'accompagner, sans
doute trop habituée aux accouchements sous péri, alors que
j'aurais eu tellement besoin d'elle pour cela, dans ces cas là,
la présence du papa ne suffit plus. Mais bon, je m'égare.
Donc, on a commencé à attendre et là ça m'a
fait une impression très bizarre, mon mari et moi avions vécu
les choses avec une telle intensité jusque là, et tout d'un
coup, je ne ressentais plus rien, il n'y avait plus que les machines et
le corps médical, sur le coup, je me suis même demandée
ce que je faisais là, couchée sur cette table, j'avais envie
de rentrer chez moi. On a commencé à s'occuper comme on
pouvait, mon mari me faisait la lecture et au bout de deux heures, comme
il ne se passait toujours rien, le gynécologue de garde est venu
m'expliquer qu'il allait falloir aller chercher le bébé,
que ça ne servait à rien d'attendre plus longtemps.
Cette décision entrait dans la logique des choses, cela n'a donc
pas été un gros choc, d'autant que tout le monde était
détendu, le gynéco était arrivé en jean/tee-shirt,
il n'y avait pas d'urgence, le bébé allait bien et moi aussi.
Ils ont commencé à me préparer donc, et mon mari
qui pouvait rester avec moi a été se préparer aussi.
Ma grande inquiétude à ce moment là, était
de savoir comment ils allaient pouvoir être sûrs que je ne
sente rien, que la péridurale soit bien dosée. Mais ils
m'ont rassurée, ont sans doute mis quelque calmant dans la perf
parce que j'ai quelques blancs à partir de ce moment. En tous cas,
la présence de mon mari a été d'un immense réconfort,
et on avait tellement vécu les choses ensemble et de façon
intense depuis le début du travail ( près de 20 h déjà!)
qu'être séparés à ce moment là, aurait
vraiment été un déchirement. Tout est allé
très vite, ils ont enlevé le drap pour que je puisse voir
mon bébé sortir et me l'ont mis dans le creux du cou pour
que je lui dise bonjour puis ils l'ont emmené pour les soins pendant
qu'ils me recousaient et ont invité le papa à venir avec.
Quand je suis sortie de la salle d'op., mon mari tenait notre petit garçon
dans ses bras et cela reste pour moi une image magnifique. La puéricultrice
m'a demandé si je voulais le prendre contre moi en peau à
peau et comme je ne pouvais pas encore le tenir, elle m'a aidé
et Gabriel a tout de suite cherché le sein et tété,
bref, des moments inoubliables. Il est né à 0h23 et à
3h du matin, nous étions dans la chambre et annoncions la nouvelle
à toute la famille. Mon mari a pu rester aussi longtemps qu'il
a voulu et les puéricultrices ont insisté ensuite pour prendre
Gabriel pour le reste de la nuit pour que je puisse me reposer et de me
le ramener dès qu'il voudrait téter, ce qu'elles ont fait.
Bref, une césarienne idyllique, pour stagnation du col à
9cm (il y a de quoi se poser des questions) mais bon, mon bébé
et moi étions en forme, tout le monde était aux petits soins
pour nous. L'anesthésiste présent pendant l'opération
était venu nous voir plusieurs fois dans la chambre pendant les
jours qui ont suivi l'accouchement, le gynéco aussi et a chaque
fois ils prenaient le temps de répondre à nos questions,
de nous rassurer pour les grossesses futures, qui avaient de grandes chances
de se passer par vois basse, etc. Pourtant, malgré cela, la douleur
physique était là lorsqu'ils ont arrêté les
calmants au bout du 2ème jour, la montée de lait ne se faisait
pas et Gabriel perdait de plus en plus de poids, ils ont commencé
les compléments et là, ça a été le
drame: gros baby-blues et culpabilité énorme, je me disais,
"tu n'as pas pu accoucher normalement, et même ça, tu
n'en es pas capable". Heureusement, le coup de blues n'a pas duré,
grâce à l'écoute attentive que j'ai su trouver de
la part du personnel et cette nuit là, j'ai enfin trouvé
une puéricultrice qui a su me donner des conseils judicieux sur
l'allaitement, ce que je n'avais pas eu avant. Le lendemain, Gabriel et
moi avons décidé de nous battre pour y arriver, j'ai appelé
une association de soutien à l'allaitement maternel (la Leche League),
arrêté les compléments en trichant sur les feuilles
de soin qu'on nous demandait de remplir et mis mon bébé
au sein le plus possible en le stimulant, le réveillant, parce
qu'il n'arrêtait pas de dormir, sans doute fatigué par la
jaunisse qu'il avait.
Et nous avons gagné, il a très vite repris du poids, la
jaunisse s'est terminée, et nous avons pu sortir. Les premiers
mois d'allaitement ont été très durs, jusqu'à
ce que j'aille aux réunions de la Leche League et que je trouve
enfin d'autres échos que ceux de la maternité sur l'allaitement
(temps passé au sein réglementé, obsession du poids
à prendre chaque jour, et j'en passe). A côté de tout
cela, j'avais énormément de mal à m'occuper de mon
bébé parce que j'étais très fatiguée,
et surtout, j'ai eu des douleurs très importantes au niveau de
la cicatrice pendant plus d'un mois. A chaque fois que j'étais
debout, j'avais l'impression que j'allais tomber dans les pommes. Les
6 premiers mois après la naissance ont vraiment été
une horreur, à côté des problèmes rencontrés
avec Gabriel, j'attrappais le moindre microbe qui passait par là,
je n'arrivais toujours pas à regarder ma cicatrice, encore moins
à la toucher. Les choses se sont un peu arrangés lorsque
j'ai rencontré un médecin généraliste qui
m'a dit que je souffrais sans doute d'un manque de fer, ce qui expliquait
ma fatigue et toutes les maladies que j'attrapais. Effectivement, j'ai
pris du fer, ai commencé à me sentir mieux, à ne
plus être malade, à revivre. En paralèle, nous nous
étions mis au lit familial, et le fait de ne plus me relever la
nuit pour les tétées avait sans doute bien arrangé
les choses aussi.
Ah, j'oubliais de dire que cette sombre période s'est terminée
en apothéose en janvier. Le 1er janvier qui a suivi la naissance
de Gabriel, j'ai été prise de violentes douleurs dans le
bas du ventre et dans le dos, le généraliste appelé
en urgence suspectait une grossesse extra utérine et il m'envoya
à la clinique où j'avais accouché. C'était
un autre gynécologue que celui qui avait fait la césarienne
qui était de garde mais ils avaient un cabinet privé ensemble
et se connaissaient bien. La suspiscion de GEU otée, lorsque j'ai
émis l'idée que ça pourrait venir de la césarienne,
le gynéco a paru scandalisé: "Ah non, cinq mois après,
c'est impossible!" En tous cas, il y avait bien une infection carabinée,
mais ils ne voyaient pas d'où ça pouvait venir, on me mit
donc sous perf d'antibiotiques, en attendant d'y voir un peu plus clair.
Là encore, personnel très sympa, il n'y avait aucun problème
pour que mon bébé reste avec moi même la nuit mais
ils étaient débordés et moi je me sentais incapable
de m'occuper de mon petit bout dans l'état où j'étais.
J'ai donc signé une décharge pour rentrer chez moi passer
la nuit une fois la perf finie, en promettant de revenir bien sagement
le lendemain pour une éventuelle endoscopie (ils suspectaient alors
une crise d'apendicite...). Le lendemain, les examens montraient que je
réagissait bien aux antibiotiques, j'y ai donc eu droit à
domicile pendant une semaine, avec des doses me permettant de poursuivre
l'allaitement. Je suis retournée voir le gynéco, en privé,
à la fin de mon traitement, et il m'a expliqué un peu gêné,
qu'il ne savait pas ce que j'avais eu, que c'était probablement
une infection urinaire, mais que les résultats de labo étaient
bizarres et qu'ils avaient déjà eu des problèmes
avec le laborantin de garde ce 1er janvier. Bref, pas de chance... J'ai
découvert bien plus tard, qu'au moment de la naissance de Gabriel,
j'avais eu une infection urinaire, doublée d'une infection gynécologique,
est-ce pour cela que l'on était aux petits soins pour moi, est-ce
cela qui a dégénéré par la suite, je ne le
saurai sans doute jamais.
Enfin bref, cet épisode a signé la fin de 6 mois de franche
galère et j'ai commencé à me dire que pour le deuxième
enfant j'avais envie d'une naissance différente... Malgré
cela, ma cicatrice continuait de me faire mal, au point que je ne supportais
même pas de m'appuyer contre l'évier lorsque je faisais la
vaisselle et c'est un médecin généraliste à
qui j'en ai parlé au hasard d'une consultation,11 mois après
la naissance de Gabriel qui m'a envoyé voir un kiné. En
fait, j'avais une cicatrice chéloïde, avec de nombreuses adhérences
et il a fallu une dizaine de séances (plutôt pénibles)
pour en venir à bout. Mais ensuite, quelle résurrection,
et les mots ne sont pas trop forts, enfin, un an après la naissance
de mon enfant, je ne souffrais plus et je réussissais à
regarder et même toucher cette fichue cicatrice!
Et voilà, pour moi, ce n'est pas la césarienne qui a été
difficile, c'est l'après césarienne et avant tout, plus
physiquement que moralement. Moralement, ce n'est venu qu'après,
tout doucement, lorsque j'ai commencé à prendre connaissance
qu'il y avait des façons plus humaines de faire naître son
enfant, de se préparer à sa venue. Tout cela m'a fait prendre
conscience, et j'en suis de plus en plus convaincue, qu'il faut avoir
confiance en soi et en ses capacités à enfanter et qu'il
faut se réapproprier son corps, son accouchement, devenir les acteurs
véritables de la naissance de son enfant.
Raphaël va avoir 17 mois, il est toujours allaité et il est
né par voie basse (avec les forceps, mais par voie basse!) dans
un lieu où on respecte un maximum maman et bébé.
Là, on a su m'écouter et respecter mon projet, me faire
confiance dans ma capacité à mettre seule au monde mon enfant
et m'entourer de la façon dont je le souhaitais pour y parvenir.
J'ai fait du chant prénatal et de l'haptonomie. Le 1er m'a permis
de prendre réellement conscience de mon schéma corporel
et m'a aidé à gérer la douleur des contractions et
surtout, j'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit quelque chose qui
m'a énormément aidé: "Fais toi confiance. Si
tu fais des gros bébés, c'est que tu es capable de les mettre
au monde" Il faut dire que je suis plutôt un petit gabarit
(1m59 pour 48 kgs), que j'ai tendance à prendre entre 22 et 25
kgs pendant mes grossesses et que mes deux petits anges faisaient respectivement
3,990kgs, 51cm et 37cm de PC pour le 1er et 3,980 kgs, 52cm et 36,5 de
PC pour le 2eme... En tous cas, c'est fou ce que cette petite phrase m'a
aidée. Parallèlement, j'ai lu le livre d'Hélène
Vadeboncoeur, qui m'a lui aussi beaucoup aidé.
L'haptonomie a été une véritable rencontre, avec
le bébé, avec une sage-femme formidable, qui m'a parfois
un peu bousculée, mais qui m'a permis d'avancer; et elle m'a vraiment
aidé pendant l'accouchement.
Bébé s'est retourné très tard, mais il avait
une grande piscine et comme son grand frère, n'était donc
pas pressé d'arrêter ses galipettes. Toujours est-il que
la veille de la consultation, il ne s'était pas retourné
et je voyais planer l'ombre de la césarienne au-dessus de ma tête.
Je me disais "ce n'est pas possible, après tout ce que j'ai
préparé, toutes les démarches que j'ai faites, il
ne va pas me faire ça!" L'hapto que j'ai fait le soir a réussi
à le décider et je l'ai senti se retourner dans la nuit
(ça m'a réveillée), le lendemain, à l'échographie,
il avait la tête en bas.
Pendant l'accouchement, le travail a démarré avec un bébé
très haut, le dos du mauvais côté, bref, même
scénario que la première fois. Là aussi, l'hapto
pratiquée tout au long du travail avec le papa a permis de faire
descendre le bébé et en plus, de lui mettre le dos du bon
côté. Pour moi, ça a été une véritable
révélation, et je sais que je referai de l'hapto pour mes
autres grossesses à venir.
Arrivée à dilatation complète, il restait un tout
petit bout de col, comme lors du 1er accouchement là aussi. Sauf
que là, au lieu de poser une péri, d'attendre les deux heures
réglementaires et comme il ne se passait rien, de faire une césarienne,
la sage-femme a fait céder ce qui restait de col au doigt, m'a
encouragée dans les poussées, je pouvais prendre la position
que je voulais (debout, c'est la loi de la gravité, ça descend
mieux!). Malgré ça, épuisée par des heures
de travail, le gynécologue appelé en renfort m'a "aidé"
à faire naître Raphaël, avec les forceps.
Je pense que si j'avais accouché au même endroit que la
première fois, je pense que les choses se seraient déroulées
exactement pareil et que cette deuxieme naissance ce serait elle-aussi
soldée par une césarienne mais j'ai été entourée
par les bonnes personnes, j'avais une confiance en moi incroyable par
rapport à la première fois, et voilà... La sage-femme
avec qui j'avais fait de l'hapto, pense que le couac final de cette deuxième
naissance est dû au fait que je voulais trop réussir cette
naissance et que j'étais trop tendue vers ça, pas assez
dans la communication acec bébé. De l'avis de tout le monde,
le prochain accouchement devrait se passer comme une fleur, et j'y crois!
Catherine
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