La naissance de Loup à domicile
"Je viens vous voir parce qu'il y a un Loup à Marolland ..."
Tels sont les mots de Christophe arrivant en mairie pour la reconnaissance
de son fils.
"Un Loup ?
- Oui ! Un Loup. Pas bien gros, mais un Loup !" répond-t-il
en tendant le certificat de la Sage Femme.
Deux jours plus tôt, jeudi, Christophe est revenu expresso de nuit
de Serre Chevalier où il devait terminer la tournée Völkl
avec Europe 2. Réveillé à 3h21 du matin par un coup
de téléphone d'Annabelle lui annonçant que les contractions
ont débuté depuis 2h03, il arrive à 7h30 à
la maison pour soutenir son épouse.
Une petite heure après, la Sage Femme les rejoint pour la phase
terminale : la descente et la naissance du bébé. Un accouchement
à la maison aux particularismes d'être strictement et uniquement
rythmé par la maman, dans une ambiance voulue par les parents :
lumière douce, musique classique relaxante, libre choix des positions
pour la maman, liberté totale dans les mouvements, les cris, les
mots, ... Un mari très présent pour le soutien tant moral
que physique ... Et le chat qui passe de temps en temps voir si tout va
bien. C'est ce qu'Annabelle et Christophe ont voulu et choisi.
Le temps est couvert et froid en ce 26 février. Vers 8h30, la neige
commence à tomber. Les flocons vont continuer toute la journée.
Comme pour le mariage d'Annabelle et Christophe, Loup a aussi droit à
son décor de pureté, splendeur de la blancheur naturelle.
A 12h03, Loup [Kourken - Delphin - Edouard] pousse son premier cri. Depuis,
il dort énormément. Il a découvert puis peaufiné
et augmenté son rythme de tétés aux seins de maman.
La maman qui se remet bien d'un l'accouchement plus long que douloureux.
Et le papa qui se fait un plaisir à calmer Loup lorsqu'il lui arrive
de crier, un peu, durant ses rares phases d'éveil ... C'est dire
! En tout cas, c'est déjà un expert pour détecter
les moments où Loup a fait son caca !!!
L'histoire de notre enfant n'a pas commencé à sa naissance,
mais bien un an et 9 mois avant. Lorsque nous avons pris la décision
d'agrandir la famille, nous avons un peu sacralisé cette décision.
Si bien, que nous avons mis un an presque jour pour jour pour que cette
envie se concrétise, pour que l'âme de notre bébé
se pose. Pendant cette année, il y a eu évidemment beaucoup
de coup de blues et de moment de déception, des cycles qui sont
devenus complètement anarchiques, un thermomètre devenu
mon ami du petit matin, des recherches internet pour mieux comprendre,
un rendez-vous chez l'osthéo pour mieux en parler,
Une année s'est donc écoulée, pour voir arriver les
premiers symptômes confirmant que la famille allait s'agrandir.
Bien sûr, comme beaucoup de futures mamans, je n'ai pas échappé
aux maux de coeurs, à ces envies irrémédiables de
dormir (jusqu'à 12h par 24h !), mais je peux dire que le fait d'être
enceinte m'a épanouie, j'étais heureuse de porter mon enfant.
Aujourd'hui, j'ai encore un peu de mal à réaliser qu'il
est là, avec nous. Il faut dire que la fatigue y est pour beaucoup,
il est important de s'adapter aux rythmes de bébé, d'accepter
que sa vie ne sera plus la même...
Voici le déroulement de sa naissance.
Jeudi 26 février 2004 - Le détail de l'arrivée de
bébé -
2h : je me lève pour aller aux toilettes. Je me recouche et je
ressens un grand " clac " dans mon ventre, vers mon col.
2h03 : les premières contractions. Je retourne aux toilettes.
Je reste là. J'y suis bien . Les contractions reviennent toutes
les 20 minutes. Je me vide de toutes les selles que j'ai dans le ventre
à chaque contraction.
3h21 : j'appelle Christophe. Il est à Serre-Chevalier pour le
Völkl Motion Tour avec Europe 2 à 2h30 de voiture de la maison.
J'allume le feu.
Depuis 4h du matin, les contractions se rapprochent : des fortes et des
moins fortes. Je perds du liquide amniotique en continu. Je ne supporte
pas cette odeur.
5h : J'appelle Gisèle, ma sage femme et lui décris mon
état.
Entre temps, Christophe est coincé au tunnel de Fréjus
côté Italien, à cause de l'alternat. Il y restera
1h15 de 5h à 6h15.
7h : je rappelle Gisèle. Je sens que cela s'accélère
franchement. Elle est sur le départ.
J'essaie de manger un peu. Depuis le début, je suis accoudée
à la commode, je ne peux pas m'allonger.
7h30 : Christophe arrive avec Alex (Volkl boy qui l'a amené jusqu'ici).
Ils déjeunent. Je ne me sens pas bien, j'ai envie de vomir.
Alex repart. Christophe range par ci par là. Il ouvre et installe
le canapé (bâche et drap). Il met un peu de musique classique.
8h30 : Gisèle arrive. contractions toutes les 2 minutes. Elle
m'examine : ouverture du col à 7-8. L'examen est assez douloureux.
Je me remets debout car tenir allongée est impossible.
10h15 : dilatation complète. Gisèle pense que je peux commencer
à pousser si j'en ai l'envie. Le bébé est déjà
bien bas, bien engagé dans sa descente.
Je crie fort à chaque contraction pour m'aider. Gisèle m'aide
aussi en me donnant le ton. Je crie trop aïgu et cela a tendance
à contracter mon périnée plutôt que de le relâcher.
10h45 : Lorsque je pousse, on commence à entrevoir la tête
du bébé. Mais la poussée terminée, la tête
du bébé remonte. Mes poussées ne sont pas assez efficaces.
J'ai beaucoup soif et je bois énormément. Nous changeons
de positions régulièrement : assise sur le siège
d'accouchement, dans les bras de Christophe, accroupie,
Gisèle me conseille pour pousser : environ 2 poussées par
contraction et ne pas relâcher. Je commence à désespérer
et doute. A la télé, on a toujours l'impression que cette
phase là va très vite. Deux poussées et hop ! Va-t-il
vraiment arriver à sortir ?
Je me concentre sur mes poussées et je sens le bébé
progresser. Christophe voit la tête " jusqu'aux oreilles !
" et je le sens dans le bas de mon bassin. Il progresse tout doucement.
Gisèle écoute son petit cur. Il n'est jamais descendu
en dessous de 135. Je commence à sentir que l'expulsion est un
peu longue. Gisèle me dit qu'elle va bientôt devoir couper.
J'avoue que j'aimerais que tout cela s'arrête là et qu'on
me libère. Mais je ne lâche pas prise et leur demande de
m'encourager. Je me remets au " travail " et pousse maintenant
plus efficacement vers le bas sans relâcher. Dans un énième
sursaut d'énergie, enfin, la tête sort. Une pause puis une
poussée et le bébé est dehors. Je suis vidée
dans tous les sens du terme !
Je vois que c'est un garçon et je regarde le radio-réveil
en face de moi, il est 12h03.
Gisèle me demande si je veux le prendre dans mes bras, mais je
préfère qu'on l'essuie un peu avant.
Il a la tête très allongée. Il est rouge foncée
et le cordon m'impressionne. Christophe essuie le bébé,
puis je vais m'allonger avec mon bébé sur le canapé.
On est toujours relié par le cordon. Gisèle attend qu'il
ait cessé de battre pour le couper. Même sans être
lavé, Loup est très propre et très doux. Il est sur
moi avec ses yeux grands ouverts.
Mais l'accouchement n'est pas fini. Il faut expulser le placenta. C'est
important sinon on serait obliger de descendre à l'hôpital.
Moins d'un quart d'heure après, j'expulse la poche où était
mon bébé ainsi que ce qui lui servait à l'alimenter.
C'est assez impressionnant et volumineux : cela ressemble à une
grosse tranche de foie !
Maintenant, il faut recoudre. En effet, le périnée est déchiré
en plusieurs endroits.
Gisèle me montre comment soigner le cordon du bébé,
puis elle s'occupe de tous les papiers administratifs : carnet de santé,
attestation de naissance pour la mairie.
Il est 15h15, Gisèle s'en va. On est maintenant trois. On est parents
ou du moins on va apprendre à l'être.
Annabelle (73, Queige) qui aimerait changer le monde et Loup (26/02/04)
né à la maison, allaité et cododoté.
Mon site : www.sevessand.com
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