Je dirais que donner le bib au lieu d'allaiter c'est un peu comme
prendre des anxiolytiques au long court au lieu de faire une thérapie...
Ces derniers temps, Némo me fait progresser à grands pas,
surtout depuis la grève de tétée (je me rappelle
d'un témoignage très émouvant d'une maman après
une grève de six jours !), et je voulais vous faire partager mes
réflexions ...
Depuis plusieurs semaines (je dirais presque depuis le début),
nos tétées sont difficiles, agitées, douloureuses,
ou encore, écourtées, violentes, bruyantes ... pas tout
à la fois, mais toujours passionnées. Quelques unes sont
calmes, sereines, douces, surtout la nuit.
Au fil des mois, nous avons traversé plusieurs obstacles, identifiés
après coup, jamais trop tard, je l'espère: forceps, torticoli,
et frein un peu court, donc tétées douloureuses dès
la deuxième semaine, réflexe d'éjection trop fort
(mais sans giclées, donc identifié très très
tard) avec coliques et régurgitations +++, et récemment
poussée dentaire, laquelle, additionnée au réflexe
trop fort à fini par une grève de tétées,
ce qu'on peut parfaitement comprendre en se mettant à la place
de Némo ... si on ajoute à tout ça le stress de maman,
ses crises de larmes et ses coups de colère maelstromiques ...
ah, j'oubliais ... Némo n'a jamais dormi plus de quatre heures
(grand max) d'affilée la nuit et jamais plus d'une heure le jour
... ben cinq mois d'allaitement quand même, et l'envie d'aller encore
plus loin !
Je reprend le boulot dans trois semaines. Papa et moi on a coupé
dans le budget, pour que je ne reprenne que deux jours par semaine jusqu'en
septembre, et on veut continuer à allaiter au moins jusque là
(je dis "on", parce que sans mon homme, je crains le pire ...).
Mais ça c'est un autre sujet ... je me prépare à
jouer au milkman ; milkwoman, pardon).
Tout ça pour dire que sans l'allaitement je crois que je serais
passée à côté de ma maternité, d'ailleurs
je ne crois pas, j'en suis sûre. Je dois me dépasser tous
les jours, éclairer les zones d'ombres de certaines angoisses que
l'analyse a laissé au chaud ... En risquant vos réactions,
je dirais (bon d'accord, je suis psy) que donner le bib au lieu d'allaiter
c'est un peu comme prendre des anxiolytiques au long court au lieu de
faire une thérapie, mais bon, ça n'engage que moi hein,
j'assume ...
Allaiter mon enfant ... et lui donner le pire et le meilleur de moi, mais
moi, toute entière dévouée à lui, moi sa maman.
Depuis que je sais qu'il peut souffrir au point de ne plus pouvoir/vouloir
téter, je cherche en moi la force de ne plus m'accrocher aux seules
tétées, et je trouve d'autres façons d'être
maman, chantonner avec une voix douce, bah ça alors, moi qui n'ai
jamais su faire ça !, penser aux solutions de portage qui me font
si peur (tonga par exemple), me coucher torse nu avec Némo, le
prendre dans mon lit le matin ... qui l'eut cru!!!
Bon aller, je vais m'arrêter là, si toutefois j'ai encore
des lecteurs .... je voulais vous dire à quel point allaiter va
(a déjà) changé ma vie, dans la douleur et le bonheur
infini, dans la tièdeur de ce corps à corps si fragile,
si délicat ...
Bonne nuit !
Yaël et Némo
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