Le meilleur de moi-même Je pense qu'en plus de la sensibilité unique de chaque être,
vent se greffer une laaaaaarge part d'hormone à haute dose qui
rend la vie parfois, il faut le dire, très difficile. Mais elles
sont salvatrices ces hormones. Et plus nos bébés (qui savent
ce qui doit être)t ètent, et plus il y a d'hormones, et moins
la distance que la vie met par obligation entre les bébés
et leurs mamans est grande. Et autant réceptives et à l'écoute
nous restons. Alors c'est assez souvent pénible à gérer
(je parle pour moi, tout dépend également du terrain de
moissons aussi...) mais c'est bénéfique pour tout le monde. En allaitant, je suis partie à la conquête de moi-même.
Et toutes les idées, tous les sentiments diffus que je me traînais
depuis mon adolescence sans pouvoir y mettre une identité, je me
les suis servie en direct dès mon premier mois de grossesse. Pendant
un an avant d'être enceinte, j'avais un dérèglement
du taux de prolactine (m'avait dit la gynéco) qui faisait que je
perlais très régulièrement du lait ou ce qui y ressemblait
du moins. Puis Théo s'est annoncé. E je me suis retrouvée
au centre d'un phénomène impossible à maîtriser,
avec des pics d'angoisse irréguliers, et la très réelle
impression de marcher sur un terrain miné, avec des explosions
épouvantables. MAIS un réel bonheur à vivre ces 8
mois et 1 semaine en symbiose avec Théo. A ce moment là,
l'intervention sordide et très néfaste d'experts en rien
du tout m'a fait provoquer en une nuit ce que dame nature n'avait cetainement
pas prévue ainsi. Le 15 février 2001 à 18h, on me
promet une césarienne et un déclanchement. Rendez-vous à
prendre. Alors c'est vrai que tout m'enflamme, que j'ai l'empathie un peu trop
développée quant aux extérieurs parfois, qu'on me
regarde en coin pour parer à toute explosion d'émotion incontrôlable,
que mon amoureux m'interdit de reportages télévisés
(ou autres) traitant de la petite enfance tous sujets confondus, que je
passe pour l'originale de service sur mon lieu de travail (sans méchanceté
toutefois), que certains de mes invités me trouve pathologique
de laisser Théo téter 5 fois en 10 minutes, assise sur sa
petite chaise de bureau pendant que je prends l'apéritif avec eux,
que mes amies (d'avant) ont pitié de moi, pauvre porte-mamelles
qui ne vois pas l'utilité de l'école à 2 ans et demi,
MAIS, alors même que je vide à grand peine les bacs à
linge sale, que je passe l'aspiro quand Théo me le rappelle, que
je pars au boulot sans ardeur particulière, j'ai plus d'estime
pour moi-même que jamais auparavant de toute ma vie. Parce que je
suis fière de ce que je réalise jour après jour,
alors que mes journées sont des feux de paille et que je n'en vois
parfois pas grand chose, j'en vis du meilleur de moi-même l'essence
même du pourquoi j'ai fait ces choix-là et aucun autre. Nathalie |