De l'intérêt de l'allaitement (et du maternage) en situation d'urgence

Dimanche, Chloé qui ne tétait plus qu'une fois par jour, a réclamé le sein très fréquemment, toute la journée. Tiens ? Crise de mamantite aiguë ? Un virus qui passe ?

Faut dire qu'elle toussait un peu depuis quelques jours...

Le soir, je la couche, je me couche à côté en lui tenant la main, elle s'endort en 5 minutes. Je vais rejoindre l'heureux époux, puis je me couche dans notre lit. En pleine nuit, l'interphone se met en route (grande maison, bien isolée, donc l'interphone est indispensable pour réagir rapidement). Il s'arrête, reprend, s'arrête. Manifestement elle tousse... bizarrement. Ca y est ! Je subodore, j'accours... et c'est bien cela, ma petite commence une laryngite aiguë (striduleuse ou virale), quand elle tousse on dirait un phoque, ou un chien fâché. Elle commence à s'agiter, sa respiration devient douloureuse, elle se tient la bouche pendant les quintes...

Elle demande le sein, tète (avec la surstimulation de la veille, le lait abonde), tousse, s'étrangle un peu, mais je me dis qu'au moins mon lait ne l'irritera pas si elle l'avale de travers. La tétée me calme aussi, j'ai le temps de réfléchir, d'organiser la suite des événements...

Je réveille le mari (qui LUI dort encore), puis direction la salle de bains, bain de vapeur, appel du mari au toubib pour vérifier la situation (c'est la première fois qu'un de mes enfants fait une crise).

En fait quand le toubib arrive, ça va déjà mieux, la crise est passée, sans suffocation, sans angoisse, petite fille assez calme qui tète entre deux quintes, spasme qui s'affaiblit doucement... et je passe le reste de la nuit avec elle, l'humidificateur à fond, à somnoler, lui donner le sein, somnoler encore... Le toubib me dit que 99% des laryngites passent rapidement si on réagit très vite, et ne nécessitent pas d'hospitalisation. "C'est une question de gestion familiale", qu'il dit. Une façon de me dire "C'est bien, vous avez fait ce qu'il fallait".

Mais c'est mon mari qui pour la première fois, a "reconnu" les vertus du maternage intense... et m'a décerné un genre de "médaille de la mère maternante" :

"Si ça s'est si bien passé, c'est parce que tu es très à l'écoute de nos enfants, et que tu vas tout de suite voir si ça ne va pas, tu ne les laisses jamais toutes seules..."

Venant de sa bouche, c'était pour moi un très, très beau compliment. Et aussi une façon de reconnaître ouvertement que lui, qui ne se réveille jamais même quand l'interphone hurle, n'aurait peut-être rien entendu du tout, avec tout ce que ça aurait impliqué...

De plus, je crois que l'allaitement, sans compter son effet protecteur et curatif face au virus (somme toute une laryngite bénigne), m'a permis de rassurer ma petite fille, de la calmer, d'apaiser sa respiration, et de lui conserver une "bulle de sécurité".

La nuit dernière, elle a encore beaucoup toussé, et beaucoup tété. Vers 3-4 h du matin, après quelques tentatives de granules homéopathiques, j'ai dû tomber sur le bon remède car elle s'est endormie comme une masse, jusqu'au matin, sans plus tousser... et j'ai pu m'écrouler aussi.

Conclusion: les bienfaits de l'allaitement et du maternage intense ne sont ni théoriques, ni visibles seulement sur le long terme, c'est aussi dans l'urgence qu'ils font toute la différence.

Juin 2001
Blandine maman de :
Marine, 9 ans, nourrie de mon lait 2 mois
Claire, 6 ans, allaitée 6 mois
Chloé, 2 ans, allaitée