Note de l'auteur :
Ce texte est une réaction à un ensemble de faits, de gestes et de paroles qui ont fini par m'agresser. Je cherche à être la meilleure maman possible, et pour moi ça passe par écouter ses élans du coeur et ne pas faire les choses à contre-coeur. Je pense qu'un bébé élevé par une maman heureuse de ses choix, même s'ils ne correspondent pas à une norme sociale stricte, a plus de chance de devenir un adulte heureux un jour. Je pense aussi que toutes les reflexions auquelles ont a droit est un moyen pour les gens de se rassurer, de valider l'éducation qu'ils ont donné. te convaincre que c'est eux qui ont raison, c'est gagner le droit de penser qu'ils ont fait les bons choix. si tu choisi de faire autre chose, c'est un affront. Je pense aussi que le regard critique des autres est renforcé par le poids des médias. magazines, journaux, télé, pas une semaine sans qu'on y décortique un comportement, qu'on donne une recette pour être au "top de" n'importe quoi. je trouve que parler de la dictature des média n'est pas une vaine expression. ils figent les idées, normatise les comportements. ça crée beaucoup d'angoises dans une société basé sur l'image qu'on donne de soi.

Féminisme et maternité

2 réflexions

- non, nous ne correspondons pas à l'image de la femme parfaite d'aujourd'hui dont on nous rebat les oreilles: belle, forcément mince, toujours au régime, executive woman qui se doit d'exister plus par sa carrière que par ses enfants, qui se doit dès après l'accouchement de retrouver sa taille de guêpe et surtout sa libido de bombe sexuelle puisqu'une femme se doit avant tout d'être une femme, mère c'est juste 9 mois de grossesse et 2 mois et demi de pouponnage-dressage pour que bébé soit réglé comme une musique militaire et surtout fasse ses nuit, succès ultime de la mère d'aujourd'hui. Une fois retournée au travail, elle s'y éclate tellement qu'elle se plaint que la crèche n'ai pas des horaires plus flexibles, réchauffe le repas acheté chez le traiteur en porte-jarretelles, après avoir joué ¼ d'heure avec bébé, l'avoir baigné en 1/2heure nourrit en 20 min et couché à 20h30. Plus femme que maman, plus force de travail que maman, la femme doit être tout plus que maman

- ce joli modèle culpabilisant (bon d'accord, j'ai un tout petit peu forcé le trait) fait que toutes les femmes qui nous voient en dévier carrément et nous en porter encore mieux se sentent agressée. Tout ce dont elles ne se sentent pas capable, elle nous reproche de faire le choix de le faire. C'est un mécanisme inconscient de défense contre la culpabilité de ne pas être des mères parfaites, on l'a toute d'ailleurs. Mais il s'exprime parfois férocement envers nous ces " mères alternatives ".

Moi j'allaite, je porte, je materne, mon fils n'a pas vu un petit pot depuis le début de sa diversification, je travaille et je tire mon lait (ouh la grosse vache !!). Il ne fait ses nuits que depuis 2 semaines et je ne m'en suis jamais plainte, je clame que c'est lui qui choisira d'arrêter l'allaitement, que je veux m'arrêter de travailler, que j'ai ouvert un autre chapitre dans ma vie, je bosse depuis mes 18 ans, je me suis donnée à fond, et là j'ouvre une décennie de maternité et de maternage et que c'est ça que j'ai envie de faire bien.

Pour moi aussi la LLL a été et reste une bouffée de bien-être. Même si nous sommes très différentes, nous partageons une même philosophie de l'art (difficile) d'être maman. Une communauté d'esprit qui permet d'échanger sans peur de l'agression verbale, de constater qu'on n'est pas une extra-terrestre de la race des post 68ardes attardées entrée dans une secte.

Faire le choix d'être différent, donc repérable, dans notre société normative et nivelant par le bas, c'est courageux, mais c'est fatigant.


Juillet 2002
Aline, passée femme militante après la naissance de bébé, mais sans l'avoir cherché !, maman de Léo-Paul, 7 mois et 8 jours, diversifié et allaité, Monsieur Sourire pour les intimes