Mes aînés sont persuadés que mon amour est conditionnel, alors que pour Brice, la question ne se pose même pas Je voudrais revenir sur un point qui est souvent mentionné dans les posts ici et qui me pose énormement question: c'est la phrase "un enfant frappe sait que l'amour de ses parents n'est pas inconditionnel". Cette phrase me pose beaucoup question, parce que, si personnellement il m'est arrivé de recevoir une "fessée" de la part de mes parents, je ne me souviens d'aucun moment où j'aurais doute de l'amour de mes parents!!! Je voudrais savoir si cette "constatation" se base sur de quelconques travaux, données scientifiques ou autres. Pour te répondre ... j'ai fessé ma grande fille, donné des claques à mon grand ... la naissance de titbout, mon troisième enfant, a été un électrochoc ... quand il a eu autour de deux ans deux ans et demi, il s'est pris une tape sur la main, dans un moment d'exaspération intense ... il m'a d'abord regardé ... son regard, je crois que je n'oublierais jamais son regard : étonné, outré, comme si quelque chose d'impensable, d'aberrant venait de se produire, puis il a porté son autre main sur celle que j'avais tapée, et il a hurlé, un cri strident et puis les sanglots, et moi qui pleurait autant que lui ... son regard : son monde venait d'imploser, quelque chose d'impossible venait de se produire : je l'avais tapé ... il y avait autant de surprise blessée que de confiance trahie. Nous avons pleuré longtemps dans les bras l'un de l'autre. j'aimerais écrire ici que cela ne s'est plus produit ensuite. Mais je ne peux pas mentir ... cela a du se reproduire deux ou trois fois, et il a maintenant 7 ans et demi. Et son regard est toujours le même quand cela se produit, et nous pleurons et je m'excuse platement. Mes deux aînés, que j'ai tapé assez souvent, je ne me souviens pas qu'ils aient eu une seule fois ce regard, le regard qu'on pourrait avoir en voyant une maison voler, un chat parler, un arbre aller faire un tour, un regard qui dit "non ce n'est pas possible, cela ne PEUT PAS arriver ce qui vient d'arriver" ... Mon petit dernier a une confiance en moi qui m'honore, que je trahis parfois, trop souvent, même si dans l'absolu c'est très rare. Mais je ne voudrais pas perdre cela, pour rien au monde ... avec mes aînés, la relation n'est pas du tout la même, même si cela fait des années que je ne frappe presque plus, et de moins en moins au fil du temps, tout en était consciente d'une façon aigüe que chaque fois que je pète un câble, c'est une fois de trop, quand bien même c'est de moins en moins - de l'ordre d'une ou deux fois par an actuellement. Mes aînés savent que je peux frapper. Savent que je ne les ai pas aimé au point de ne pas les frapper - du moins c'est la traduction qu'ils ont fait de la situation. N'ont jamais eu ce regard bouleversant de "mais non de non pourquoi le monde marche d'un coup sur la tête ?". Savent que pour eux, je n'ai pas été quelqu'un de fiable et de sécure. La différence crève les yeux pour moi : mes aînés sont persuadés que mon amour est conditionnel, alors que pour Brice, la question ne se pose même pas. Il sait pouvoir s'appuyer sur moi en toute sécurité, et sans condition, même si le monde a marché sur la tête deux ou trois fois dans sa vie. C'est une évidence pour moi. Blandine |