Pourquoi allaiter jusqu'au sevrage naturel

Physiologiquement d'abord : le lait maternel humain est SPECIFIQUE au petit humain. Jusqu'à 2 ans (TOUS les médecins sont au moins d'accord là dessus), au moins, l'enfant a besoin de 500 ml de lait, de PREFERENCE celui de la mère (j'allais dire "d'origine" par rapport à l'idée de mère nourricière, même si c'est une vache). Physiologiquement toujours, la lactase, passée ces fameux 2 ans, diminue progressivement avec l'âge jusqu'à disparaître (on va à l'encontre de la nature en consommant du lait de vache en entretenant la production de lactase "artificiellement"). Lorsque le sevrage se passe naturellement, décidé par l'enfant, il ne prend pas le relais avec du lait de vache et trouve d'autres substituts au petit déjeuner. J'ai sevré mon aîné du lait de vache et en 6 mois, il a pris 6 cm (encore fallait-il oser le faire ! Qu'est-ce que j'en ai entendu !). Je suis sevrée du lait de vache depuis plus longtemps que lui (mais à 27 ans quand même, il était temps, théoriquement, j'aurais du être sevré depuis 20 ans) et jamais je ne me suis sentie aussi bien. Nous avons du faire faire quelques économies à la Sécu, nous n'avons pas vu de médecin tous les 3 depuis plus d'un an. Bon, je sors du contexte là, je reprends.

Les anticorps spécifiques à notre espèce sont toujours d'actualité aussi. Et ceux là, on ne les trouve pas dans le lait de vache. Lui donner le choix du goût ? Si le goût se limite au lait de vache.... bof ! bof ! Noah adore le chocolat à 70% et même 99% et pas besoin de lait de vache pour ça. Il adore la vanille dans la compote de pomme, toujours pas besoin de lait de vache. Il reste le caramel, fait maison, OK, mais industriel, il contient presque toujours du lait de vache, alors ma foi, il s'en passe. Mais Noah a bénéficié d'un éventail de goût incroyable, avec les vraies saveurs des aliments en les croquant à pleines dents (je n'ai jamais mixé). Décidément, non, la question goût ne me convainc pas du tout. En plus, quand on en mange plus, on ne digère plus cela, et au goût, c'est vraiment infect (parole d'ex-mangeuse de laitages et de mon garçon qui buvait une quantité incroyable de lait aussi).

Toujours physiologiquement (et physiquement), le développement des mâchoires n'est pas fini. Téter développe les mâchoires, le palais et une bonne partie des muscles de la face... sans compter que c'est utile au placement des dents. Un bib, un verre... ne peuvent pas remplacer cette fabuleuse gymnastique.

Encore et toujours physiologiquement, il semblerait qu'un sevrage naturel se situerait entre 2 et 7 ans. Pourquoi 2 ans ? Parce que réponse au dessus.
Pourquoi 7 ans ? Parce que c'est là qu'en général, on perd pas mal nos dents... de lait. On suppose que les dents de lait s'appelle ainsi parce que les enfants cessaient de TT quand il commençaient à perdre leurs dents pour avoir des dents définitives, plus costauds et capables de tout mastiquer efficacement la viande à même l'os et même crue (comme l'homme de Néanderthal qui ne consommait pas de lait de vache).

Enfin, psychologiquement, le sevrage est une étape certes, mais pourquoi passer par le lait de vache ? Vous aimez vous faire substituer par une vache, vous ?
Par une tétine ou un doudou ? Noah n'a que le doudou et bon sang ! Qu'est-ce que ça me fait ch*** ! Je lui dis tous les jours que ce serait mieux s'il acceptait les câlins plutôt que de se réfugier derrière ce substitut. Non que je sois intolérante mais la dépendance à un substitut a toujours quelque chose de négatif dans le sens où, j'ai eu pas mal de substituts depuis le début de ma vie et que le dernier a été la cigarette, en passant par ronger les ongles, arracher les peaux autour de l'ongle...
tout ce qui peut amener la contenance et le soulagement dans les moments difficiles ou stressant. J'aurais nettement préféré être sécurisée par ma mère, mon conjoint... ou toute autre personne mais j'ai appris très tôt à trouver d'autres moyens de contrôler mes doutes ou mes peurs, à me débrouiller. Côté doudou, le moins que je puisse dire, c'est que j'ai échoué. Je ferai mieux la prochaine fois.

Enfin, témoignage d'une maman qui n'en pouvait plus à la maternité entre mauvais conseils et crevasses, un garçonnet de 10 ans est venu la voir avec sa maman. Il avait été allaité jusqu'à ses 6 ans. Il lui a dit "ne baisses pas les bras, tu ne peux pas savoir à quel point ton bébé aime ton lait". Et puis une maman de jumeaux désespérée de ne les avoir allaité que 3 mois : ça fait 15 ans que j'attendais un bébé. A 42 ans, alors que j'avais perdu espoir, je suis tombée enceinte de mes bébés. J'aurais aimé les allaiter plus longtemps mais je n'y arrivais plus. J'ai été élevé en Roumanie et ma mère m'a allaité longtemps. Et qu'est-ce que j'aimais ça ! J'en ai des souvenirs merveilleux et j'aurais aimé que mes fils connaissent cette extase."

Ma foi, j'espère que Noah tétera jusqu'à un âge suffisamment avancé pour en avoir des souvenirs conscients.

Il me semble qu'à moins de vouloir sevrer à tout prix, il faut laisser la nature faire et le lait de vache bien que faisant partie de la nature... du veau est cependant inadapté aux humains. C'est induire un sevrage et nullement un sevrage naturel décidé par l'enfant. Il ne faut pas confondre les deux. Le sevrage naturel, c'est lorsque l'enfant devenu grand et généralement doué de parole dit clairement "maman, je ne veux plus téter, je suis grand maintenant !" et là on se dit "j'ai réussi, j'ai fait poussé mon enfant et maintenant, il est capable d'aller sans moi". L'enfant est accompagné vers l'autonomie. Lorsque le sevrage est induit, je ne peux m'empêcher de penser que quelque chose a dérapé, on a manqué quelque chose dans cet accompagnement car l'enfant ne l'a pas choisi parce qu'il se sentait assez fort pour évoluer sans maman mais parce qu'il n'a pas eu le choix. Un comble ! vous qui parlez de choix, non ?

Tout ceci fait vraiment beaucoup de raison pour éviter les laitages à tout bout de champ. Cela n'empêche pas que l'enfant puisse avoir pour le plaisir une bouillie au lait de vache, ou un chocolat ou un yaourt de temps en temps. Si comme vous le dites, vous donnez des laitages à vos bébés âgés d'un an et que progressivement, le lait de vache prenne la place du lait maternel, ce n'est pas l'enfant qui demande que je sache, puisque vous donnez. Donc, ce n'est pas le choix de l'enfant mais bien le vôtre. Ceci dit, il s'agit là d'un sevrage en douceur : vous ne forcez pas l'enfant à se sevrer de but en blanc en refusant le sein. Dans le cas de ce sevrage, le lait maternel va se tarir de plus en plus, même si l'enfant veut poursuivre malgré le lait de vache mais quand il n'y en a plus.... c'est la frustration ? Il tète le sein à vide ? Mais combien de temps ? N'est-ce pas un arrêt qui va lui laisser un goût amer ? Comme quelque chose qui lui manque ? Et va donc le pousser à trouver des substituts ?

Thalie, Noah 19 mois