Pour moi aussi, allaiter était naturel et ça allait de soi, j'étais vraiment déterminée

Moi aussi, je m'étais renseignée (réunion d'informations, lectures sur le sujet, ...) et avais fait de mon mieux pour résister aux bons conseils qui m'avaient été prodigués par les unes et les autres : achète au moins un biberon, on ne sais jamais, ... tu devras bien lui donner de l'eau, ... !!! Un biberon, j'en avait un depuis bien avant l'idée d'avoir un bébé : c'est très utile pour mesurer précisément un volume de liquide pour les recettes de cuisine. Mais pour le bébé que j'attendais, j'avais des seins qui se préparaient à le nourrir , donc pas besoin d'autre chose.
Seulement, les idées qu'on se fait avant ne sont pas toujours applicables une fois qu'on est confrontée à la réalité et aux soucis qui vont avec : ma puce a été hospitalisée 4h30 après sa naissance alors qu'elle avait tété deux fois. En néonat, mon choix d'allaiter n'a pas été pris en considération (elle a eu un biberon moins de 2h après son hospitalisation, ainsi que toute la première nuit, sans que bien sûr je donne mon accord pour la bonne et simple raison qu'on ne m'a pas demandé mon avis !!!). Durant ses 48 heures d'hospitalisation les compléments m'ont été imposés systématiquement, la seule chose que j'ai pu refuser, c'est la pesée avant-après à chaque tétée.
J'ai tenu le coup et suis allée toutes les 3 heures pour donner le sein, malgré le peu d'aide que je pouvais avoir (ne parlons pas d'encouragements .... on en était bien loin !). C'est vraiment aberrant car un bébé hospitalisé a encore plus besoin du lait de sa mère pour s'en sortir au mieux ... !!!
Une fois ma fille revenue près de moi, les compléments ont continué obligatoires selon les directives de la néonat), et la montée de lait ne se faisait pas ... on se demande pourquoi !!! Il a fallu l'intervention d'une association de soutien à l'allaitement maternel pour que le personnel de la maternité accepte enfin de ne plus m'obliger à donner leurs foutus biberons et à m'aider un peu pour rattraper les erreurs commises depuis 5 jours ...!!!
J'avais eu droit moi aussi au "Pas moins de 2 h entre 2 TT et pas plus de 4h" : quand ma fille dormait, il fallait que je la réveille et quand elle hurlait, il fallait que j'attende que ça fasse 2 h !!!

Évidemment quand je suis rentrée chez moi, j'ai pu faire ce que je voulais : allaiter à la demande tout simplement, seulement, je suis rentrée épuisée par un accouchement difficile et un démarrage de l'allaitement plus que laborieux ... !!!
Pour moi aussi, ce séjour à la maternité est un difficile souvenir : il m'est très pénible de voir les images tournées là-bas. J'aurais aimé que la naissance de mon enfant soit la chose la plus merveilleuse de ma vie, et je ne garde des premiers jours que de mauvais souvenirs ... c'est vraiment dommage !!!

Pour que cette fameuse montée de lait se fasse, j'ai bien sûr fait téter ma fille très souvent une fois que j'ai obtenu d'arrêter les compléments, que j'ai pris du Galactogyl pour favoriser la montée de lait, qu'une fois rentrée à la maison, j'ai bu de la bière sans alcool, avalé des comprimés de levure de bière, mangé des fruits secs pour que mon lait ait bon goût, etc, etc, enfin j'ai tout fait pour avoir du lait qui nourrisse ma fille. Tant et si bien que le jour où la boîte de Galactogyl était presque vide, ma mère est allée en racheter une à la pharmacie : il m'en fallait ABSOLUMENT ... Quand elle est rentrée, ma robe était mouillée et je croyais que je m'étais penchée sur quelque chose de mouillé ... ben non, c'était mon lait !!! Trop contente d'en avoir autant, j'ai appelé le Lactarium !!! Depuis, je tire mon lait pour le lactarium et espère venir ainsi en aide aux bébés prématurés dont les mères n'auront pas été assez informées et/ou soutenues pour qu'elles allaitent leur bébé !!!

Aujourd'hui tout va bien : ma fille a pris 2 kg 330 en 10 semaines, dort paisiblement, est souriante au réveil, elle semble avoir dépassé les difficultés des premiers jours. Je ne sais pas si c'est mon cas, pas encore.
Je suis traumatisée par les biberons et ne sais pas encore comment on va faire à ma reprise du travail (que je vais essayer de repousser le plus possible).
Je n'ai pas encore eu à mentir concernant la diversification (et espère ne pas avoir à le faire). J'espère que son médecin acceptera de m'écouter et de m'encourager dans les choix que je ferai, qu'il me laissera l'alimenter comme je le choisirai quand elle grandira, et ce, même si elle ne continue pas à prendre autant de poids les prochaines fois.

Je ne sais pas si le souvenir de ce démarrage difficile me restera pour toujours (apparemment même au bout de plusieurs anées, ça laisse encore des traces). J'espère que le jour où elle aura un frère ou une sour, je serai en mesure de résister si besoin.

Je ne suis pas particulièrement pro-allaitement, mais je suis pour que les futures mamans soient informées et que les jeunes mamans soient encouragées, soutenues, aidées pour vivre pleinement la relation qu'elle démarrent avec leur enfant. Je ne chercherai pas à convaincre une maman qui donne le biberon que le sein est mieux, je suis juste révoltée à l'idée que des professionnels de santé travaillant en maternité ou en néonat tentent (et réussissent trop souvent) de torpiller des allaitements que des mamans désirent vraiment.

Pascaline, maman de Sarah