Tout cela est fadaises en tous genres

"Bouh, vous me faites peur, alors comme ca, on peut "craquer" et céder au biberon."

Tout dépend de ta force de caractère et de l'information que tu auras reçu avant. La plupart des femmes qui "craquent" 1) cèdent à des pressions 2) sont mal informées.
Au rang des choses erronées qu'elles n'ont pas appris (ou ont appris le contraire) :
- le biberon et le sein c'est interchangeable
- le lait en poudre est plus nourrissant que le lait maternel
- les femmes manquent souvent, pour ne pas dire la plupart du temps, de lait
- allaiter cela fatigue
- un bébé cela doit manger, dormir, pleurer à heure fixe
- un nourrisson qui pleure cherche délibérément - c'est le fils de Satan - à rendre sa mère esclave, si elle cède, c'est certain, à l'adolescence, il l'attrapera au lasso pour lui piquer ses sous


Tout cela est fadaises en tous genres, que hélas, les toubibs véhiculent à l'égal des vieilles rombières de belles-mères et les voisines, copines, belles-soeurs, parfois mères et soeurs mal intentionnées. C'est fou les lieux communs que les hommes et femmes de science sont capables, sans ciller, de véhiculer sans jamais s'être correctement formés à la question. On se demande où est passée leur formation scientifique....

Fadaise que l'interchangeabilité du sein et du biberon.
Le biberon, c'est une tétine en plastique. L'être humain n'est pas programmé pour sucer un ménage chimique durci avec les petites mains de fée de robots mal dégrossis.
Le biberon c'est rigide ; la tétine ne fait pas un mouvement d'étirement dans la bouche du bébé lorsqu'il tète, comme le sein. La succion est donc fondamentalement distincte. Le bébé a la langue rentrée, comme nous, lorsqu'il tète un biberon, tandis qu'il a la langue sous le mamelon (bien visible lorsqu'il n'y a pas eu de confusion sein-tétine) et sert à stimuler la production de lait. Essaye donc de boire comme cela, étouffement garanti.
C'est donc une technique qui se perd rapidement. Il suffit d'un seul biberon donné en mat pour qu'un bébé fasse une totale confusion et ne sache plus se nourrir correctement au sein.

Fadaise ensuite que l'idée selon laquelle le lait en poudre serait plus nourrissant que le lait maternel. C'est confondre le fait d'avoir l'estomac plombé avec le fait d'être bien nourri. Compare un repas équilibré, avec protéines, végétaux et leurs bons petits minéraux et vitamines, un peu de féculent et de laitage (si on n'est pas hostile à ce produit...), bref un repas dont on sort l'estomac content, mais pas bourré à bloc et capable, ensuite d'avoir une activité quelconque. Compare, donc ce repas-là avec un repas de fête : apéritifs bourratifs en entrée, sans guère d'intérêt nutritif, mais qui cale déjà avant d'avoir commencé, suivi de la dinde de Noël est ses patates grasses à souhait, tout aussi bourratifs et sans intérêt nutritif, suivi enfin d'une énorme bûche de Noël pleine de calories inutiles et toujours sans le moindre intérêt diététique. Et essaye d'avoir une journée active après cela !! Le premier repas, c'est le sein, le second, c'est le lait industriel à base de protéines de lait de vache. C'est certain qu'avec des repas de Noël à tous les repas, les pauvres bébés nourris au biberon ne risquent pas de déranger leurs parents, dont on se demande pourquoi ils ont fait des mômes si c'est pour souhaiter ne pas trop s'en occuper et surtout qu'ils la ferment un maximum. Un bébé-biberon, dort beaucoup, c'est un fait, fait plus vite ses nuits (en général, pas toujours....) pas parce qu'il est MIEUX nourri, mais parce qu'il passe énormément de temps à digérer, et la digestion de repas trop riche, c'est bien connu, ça rend pas follement actif.

Fadaise, en troisième lieu, l'idée selon laquelle les femmes manqueraient souvent, pour ne pas dire la plupart du temps, de lait. Evidemment, nous sommes entourés de bébés biberon, complètement " stoned " avec leur poudre de lait de bovin qui ne manifestent pas de faim de manière naturelle pour un nourrisson, toutes les heures, toutes les deux heures, et parfois tous les quart d'heure, comme c'est le cas avec le lait maternel. habituées depuis des décennies, à nous entendre dire qu'un bébé qui réclame souvent, voire très souvent, crève la dalle et que DONC sa mère n'a pas assez de lait, nous doutons aisément de notre capacité à nourrir nos bébés. Or un nourrisson, et même plus tard un bébé, voire un bambin, tète beaucoup plus souvent qu'un bébé-biberon (heureusement pour ce dernier, car s'il tétait toutes les heures son infâme mixture, il crèverait d'indigestion massive) non parce que le lait de sa mère ne le nourrirait pas assez, mais parce qu'il est programmé pour téter et se nourrir très souvent. Le modèle, ne l'oublions pas ce n'est pas Nestlé, mais c'est Dame Nature. La norme c'est le fait de se nourrir très très souvent. Un bébé qui tète 24 fois dans 24 heures, c'est plus normal qu'un bébé gavé au lait de vache, qui mange comme dans les livres, toutes les 4 heures.
Toutes les femmes ont assez de lait, TOUTES. L'équilibre, les horaires entre elle et son bébé lui sont propres. Suivant des tas de facteurs expliqués maintes fois sur la liste, certaines interactions mères-bébé s'établissent autour de plein plein de TT, d'autres autour de moins, d'autres, plus rarement, autour d'un rythme plus proche de celui des bébés-biberon.

C'est pourquoi, en quatrième lieu, l'idée qu'un bébé mange, dort, etc… à heures fixes c'est non seulement absurde, mais encore criminel. Même un bébé nourri au biberon ne saurait avoir un rythme parfait à la naissance et avant un certain temps. Après tout, nous mêmes avons "la dalle" certains jours, parce qu'il fait froid, parce que nos règles approchent, parce que nous avons fourni un effort plus important, ou parce que nous grignotons par déprime.
D'autres, au contraire, nous n'avons pas faim, car nous sommes trop fatigués, déprimés, avons trop mangé le repas précédant, n'avons pas beaucoup bougé ce jour-là ou encore parce qu'il fait chaud. Pourquoi les bébés devraient-ils, eux, avoir un rythme de métronome, alors que pas même les adultes n'en ont ? Idem pour le sommeil. Certains soirs, impossible, pour nous de s'endormir. D'autres fois, nous ferions bien une sieste... Parfois notre nuit est sans réveil nocturne, d'autres nous nous levons faire pipi, ou juste énervés, à plusieurs reprises.

Fadaise aussi l'idée selon laquelle allaiter cela fatigue. Cette idée largement répandue, provient d'une curieuse façon de voir l'allaitement : ce que la mère donnerait à son enfant, elle le perdrait pour elle. Comme si c'était une vidange. D'où la prescription de tout un tas de compléments alimentaires, pour compenser ces soi-disant pertes. Mais en ce cas, pourquoi les vaches, qui fabriquent du lait plein de calcium y arrivent-elles en ne mangeant que de l'herbe et des végétaux ? Pourquoi ne leur donne-t-on pas à, ces pauvres bêtes, des compléments médicamenteux à base de calcium !!!?
En réalité, l'allaitement au sein repose pour plusieurs raisons, par rapport au biberon qui lui, épuise.
Le système hormonal ne subit pas les acoups brutaux d'un arrêt de la lactation.
Allaiter cela supprime les cycles pendant une période plus ou moins longue durant laquelle on ne perd pas de sang, donc de fer.
Allaiter, cela peut se faire en restant couchée, et non assise de manière rigide dans une chaise : les premiers temps et en cas de fatigue, cela est plus que précieux
Allaiter, c'est de la fabrication en direct, toujours disponible. Pas besoin de se lever la nuit, d'attendre les fesses sur une chaise, que le chauffe- biberon veuille bien terminer son boulot, pas besoin de recommencer deux fois le biberon, parce que trop crevée, on a oublié, à la troisième mesurette, si on en était à une, deux ou quatre. Pas besoin de stériliser, laver, acheter les pots de lait en poudre, les biberons en plastique, les tétines en plastique. Pas de souci de conservation, pas de bébé qui chope la gastro parce que les germes de lait de vache prolifèrent ultra rapidement à température ambiante. Nous sommes nombreuses à pouvoir comparer le biberon et le sein. Crois moi, il n'y a pas photo, comme on dit de nos jours.

Fadaise enfin l'idée qu'un nourrisson qui pleure cherche délibérément - c'est le fils de Satan- à rendre sa mère esclave, si elle cède, c'est certain, à l'adolescence, il l'attrapera au lasso pour lui piquer ses sous. Un bébé qui pleure c'est parce qu'il a besoin de quelque chose. Si on répond à ses besoins, il pleurera moins longtemps, moins souvent, de manière moins désespéré. Il apprendra à faire confiance à ceux qui s'occupent de lui, il se sentira en sécurité, et du coup, vers 1 ans, 18 mois, il pleurera nettement moins que les autres de son âge. Un bébé qui pleure n'a d'autre besoin que l'on détecte pourquoi il pleure, qu'on lui offre tendresse, réconfort de ses bras, et, très très souvent, son sein. Loin de devenir son esclave, on se prépare, pour le futur, des jours où cet enfant sécurisé dans sa tendre enfance, saura voler de ses propres ailes, plein de confiance en lui même.

Martine Herzog-Evans