J'ai l'impression que l'allaitement
m'a permis d'avoir une relation incroyable avec mon bébé,
de l'aimer plus que je ne l'aurais cru possible auparavant
Adrien a eu 6 mois il y a quelques jours et j'en profite pour repenser
à tout ce que l'allaitement m'a apporté et m'apporte encore...
Il y a quelques temps, au début de ma grossesse, je pensais que
j'aimerais bien allaiter ce bébé que je sentais grandir
en moi, mais ça ne me semblait pas très important. J'avais
peur d'avoir mal, et de n'avoir pas assez de lait (comme ma mère...).
Je n'avais pas du tout réfléchi à la durée
de mon allaitement si j'y arrivais, je pensais sevrer pour reprendre le
boulot aux 3 ou 4 mois d'Adrien.
Ce n'était pas une grande préoccupation : en me renseignant
sur les maternités pour choisir où accoucher, je ne me suis
pas du tout penchée sur l'aide à l'allaitement dans les
différents établissements!
Finalement, j'ai eu de la chance : j'ai choisi par hasard une maternité
qui s'est trouvée être l'une des plus pro allaitement de
la région parisienne !
Au cours de mon congé de maternité prénatal, j'étais
tellement crevée que je passais mes journées dans mon lit,
avec mon ordinateur portable, sur internet... Et là, peu à
peu, j'ai découvert une certaine vision du maternage, dont je ne
soupçonnais même pas l'existence; allaitement, portage, cododo,
et même couches lavables !
Après un premier regard dubitatif, voire soupçonneux, j'ai
évolué peu à peu: j'ai commandé une écharpe
de portage, des couches lavables, un tire-lait (au cas où!), et
je me suis décidée à dormir avec mon bébé
les premières semaines. A ce moment là, j'avais encore un
peu honte, surtout du cododo et des couches lavables, et je n'ai parlé
à personne de mes intentions !
Puis par un beau samedi de juin, Adrien est né. C'était
loin d'être une naissance naturelle: ce chemin-là, je ne
l'ai pas encore accompli !
L'accouchement était donc déclenché, avec péridurale,
perfusion, monitoring, sonde urinaire, position gynécologique...
Mais j'en garde un souvenir très agréable : la péridurale
m'a permis de me relaxer comme je ne l'avais pas été depuis
des semaines, la lumière du soleil baignait la salle de naissance,
j'attendais avec impatience et curiosité de découvrir mon
fils, mon mari était près de moi et sa présence me
rendait plus forte.
La fin de l'accouchement fut moins rose : forceps, épisiotomie,
mon fils posé sur moi quelques secondes (bonheur immense de le
voir et de le toucher enfin, émerveillement devant la magie de
cette petite vie qui allait bouleverser la nôtre) mais aussitôt
emporté vers une autre salle pour être aspiré, mesuré,
pesé, habillé... et pour qu'on me recouse.
Lorsqu'on me l'a ramené enfin, une heure après, ça
m'a choquée de le voir tout habillé, des pieds à
la tête, avec même un bonnet : on ne voyait plus que son petit
visage!
C'est à ce moment-là qu'on m'a aidée à le
mettre au sein pour la première fois. Premier geste d'une expérience
incroyable qui se poursuit encore aujourd'hui... Je me souviens d'avoir
ressenti une petite douleur en le sentant aspirer pour la première
fois le colostrum... J'ai eu peur un instant que la douleur ne me fasse
renoncer à l'allaitement, plus tard, mais petit à petit,
un incroyable désir d'allaiter mon bébé m'a submergée.
Les premiers jours à la maternité furent difficiles. J'ai
eu des crevasses très douloureuses, jusqu'au sang. Adrien tétait
mal, et dormait trop. Il perdait du poids et, au 4ème jour, les
puers ont insisté pour qu'on lui donne un complément : il
a donc reçu 95 ml de blédibeurk, et j'ai expérimenté
le tire-lait. C'était l'affreux Kitett, douloureux, bruyant et
peu efficace.
Le blédibeurk m'a convaincue : ça puait, et en donner à
mon bébé m'a fait horreur. Ca n'a fait que renforcer ma
détermination à allaiter. Et j'ai donc tiré mon lait,
essentiellement pour stimuler ma montée de lait, plusieurs fois,
toute cette 4ème journée et la nuit qui a suivi, malgré
la fatigue, la douleur et les conseils contradictoires du personnel de
la maternité. Je n'ai tiré que quelques millilitres, mais
ma montée de lait s'est faite : le lendemain, mes seins avaient
triplé de volume !
Parallèlement à celà, je stimulais Adrien pendant
les tétées pour qu'il ne s'endorme pas et tête plus
vigoureusement, et il y est arrivé. Le lait s'est mis à
couler à flots ! Adrien a pris 1,5kg le premier mois, et j'ai un
réflexe d'éjection fort...
Ensuite, j'ai passé les trois mois suivants avec Adrien contre
moi, tétant quasiment en continu, dormant contre moi, sur mes genoux
quand je mangeais, dans le bain avec moi... Et peu à peu, ça
a changé: il a commencé à apprécier d'être
posé quelques minutes sur son tapis d'éveil, ou sur son
transat. Il dormait moins au sein, il s'est mis à plus me regarder
en tétant. Aujourd'hui, il me fait des grands sourires en se jetant
sur le sein, on communique de plus en plus !
Aux 4 mois et demi d'Adrien, j'ai dû reprendre le travail. La séparation
a été très difficile. J'ai décidé de
tirer mon lait pour le lui donner.
Après quelques semaines d'adaptation, il s'est mis à boire
au biberon le lait que je tire au travail, et je suis heureuse de pouvoir
le nourrir même en étant absente.
Six mois d'allaitement exclusif, c'est magique : celà fait 6 mois
que je nourris Adrien uniquement avec mon lait, que je le fais grandir
en lui donnant l'aliment unique, spécialement créé
pour lui! Je suis fière d'allaiter mon fils, je trouve celà
agréable, pratique et confortable. J'ai l'impression que l'allaitement
m'a permis de mieux répondre à ses besoins, de supporter
plus facilement la fatigue des premiers mois et de la reprise du travail,
et qu'il m'aide à me sentir une "bonne mère".
J'ai l'impression que l'allaitement m'a permis d'avoir une relation incroyable
avec mon bébé, de l'aimer plus que je ne l'aurais cru possible
auparavant.
Et j'espère que j'allaiterai encore un bon moment!
Lucie, maman épanouie d'Adrien, 12.06.2004
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