Si je vous rejoins c'est par colère contre notre société
qui n'est pas capable de favoriser l'allaitement
Je suis inscrite à votre liste de diffusion depuis deux semaines
déjà mais je n'ai jamais participé à vos discussions
pour une raison très simple, je n'allaite plus mon bébé
et je me sens un peu honteuse vis à vis de vous.
Je m'appelle Isabelle, j'ai 30 ans, j'habite Lyon et j'ai eu une petite
fille, Justine, le 3 novembre 2001.
J'ai allaitée exclusivement ma fille dès sa naissance mais
jusqu'à la reprise de mon boulot aussi je me sens un peu différente
de vous qui avaient eu le courage de continuer à allaiter tout
en travaillant.
Je voulais conserver une tétée le matin et une le soir mais
j'ai dû m'y prendre mal ou trop tôt par manque d'information
et par manque de temps, mon lait s'est tari lorsque je suis arrivée
à 3 biberons par jour. Ma fille aura été allaitée
exclusivement pendant 2 mois et demi puis 3 semaines mixte et maintenant,
elle va avoir 4 mois dimanche, elle n'a plus que des biberons avec du
lait de vache au lieu de mon lait.
Si je vous rejoins c'est par colère contre notre société
qui n'est pas capable de favoriser l'allaitement et encore moins de répondre
à nos questions à ce sujet ou en nous donnant de fausses
informations qui mettent en péril l'allaitement. Et puis je ferai
peut-être mieux pour les prochains bébés à
venir grâce à votre aide.
Mon allaitement s'est très bien passé car avant d'accoucher,
j'étais très décidée à allaiter et
rien d'autre. Je m'étais renseignée au cour de la semaine
de l'allaitement, auprès d'une association Galactée et sur
Internet.
Je savais qu'il ne fallait pas donner de biberons, j'ai du piquer une
grosse colère à ma remontée de la salle d'accouchement
à la maternité pour les empêcher de donner un biberon
à ma fille et leur signifier que je ne voulais pas qu'on lui en
donne.
J'ai du subir tous les soir, à 22H, la ronde qui venait prendre
ma fille et leur répondre que je ne voulais pas qu'il me la prenne
mais ils nous réveillaient à chaque fois pour rien.
Je devais noter toutes les tétées que je donnais et leur
durée mais comme on m'avait dit jamais moins de deux heures entre
deux tétées et pas plus de 4H, je marquais n'importe quoi
pour qu'ils ne m'embêtent pas et je la laissais téter à
la demande, parfois toutes les heures et parfois 5H après.
Ils m'avaient dit 10mn à chaque sein mais comme j'avais appris
que le lait n'avait pas la même texture du début à
la fin, je la laissais téter le même jusqu'à la fin.
Ils m'avaient dit de préparer mes seins avec une brosse à
dent, je n'ai pas écouté.
Ils me l'ont bien laissée aussitôt après avoir accouché
et mise au sein.
C'est le seul moment où ils m'ont montré comment faire.
Personne ne m'a jamais dit dans quelles positions allaiter, personne ne
m'a jamais encouragé à part mon mari, personne ne m'a donné
de bonnes infos sur l'allaitement dans cet entourage médical.
J'ai eu des crevasses au bout de 3 jours, je les ai quand même montrées
à la sage-femme en craignant qu'ils m'empêchent d'allaiter,
elle m'a donné de la crème Castor Equi en me disant de me
laver les bouts de sein avant chaque tétée.
Comme j'avais trop mal et que personne ne m'a montré comment faire
téter ma puce et que je voulais continuer, j'ai acheter des bouts
de sein en silicone et c'est en vous lisant que j'ai vu que j'avais fait
une erreur, heureusement ma puce est revenue au sein au bout de 5 jours
quand c'était cicatrisé sans aucun problème.
Ils m'ont proposé des biberons de complément malgré
tout pour qu'elle reprenne plus vite le poids qu'elle avait perdu dans
ses 2ers jours mais j'ai lutté.
Avec l'approche de ma reprise du travail, j'ai décidé de
sevrer ma fille car c'était impossible de tirer mon lait sur mon
lieu de travail à part dans les WC et pourtant je travaille dans
une grosse administration et comme ce n'est vraiment pas dans les moeurs,
j'aurai vraiment du passer pour la faignante de service pour avoir mon
heure d'allaitement qui n'est pas obligatoire dans la fonction publique
mais au bon-vouloir du chef de service. De toute façon je mets
presque 20 mn pour aller chez la nounou donc je n'aurai pas pu la faire
téter le midi.
Si j'avais pu prolonger mon congé maternité même avec
une baisse importante de salaire, j'aurai continuer à allaiter
ou si c'était normal d'allaiter et si le fameux lactarium obligatoire
existait à mon boulot où nous sommes 412 femmes, j'aurai
tiré mon lait.
Je trouve ça très triste d'être dans un pays riche
et de devoir donner de la cochonnerie à ma fille!
Pour anecdote :
Elle va avoir 4 mois dimanche et j'ai reçu un beau courrier personnalisé
de Nestlé (avec le prénom de ma fille) qui me rappelle l'approche
de ces 4 mois et me détaille tout ce que ma fille va pouvoir manger
maintenant et des
doses pour essayer le lait vanillé et un aimant Nestlé à
mettre sur mon frigo et des bons de réduction et des tas de fiches
sur la croissance des bébés.
Il y a au moins une chose que je n'ai pas faite, c'est la diversification.
Isabelle
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