Après 40 mois d'allaitement, ma femme continue chaque jour à me dire "quel bonheur d'allaiter, si tu savais ! si ELLES savaient..."

L'allaitement tendre et doux conduit à cela : pas de prise de tête, mais une communication sans bruits, douce tellement discrète que seul le coeur de la maman peut l'entendre... Cela ressemble à l'intuition. Et que rares sont les étrangers à comprendre ce qui pour la mère est évident et saute aux yeux...
Mais cela ne se fait pas sans cette extraordinaire proximité que procurent l'allaitement ET le portage. L'enfant et la maman vivent alors dans une telle communion qu'ils restent pour un moment encore comme si l'enfant n'était pas né !!!

Quelque soit la douceur et la tendresse d'une maman au biberon, il manque forcément quelque chose... Cela ne peut pas être pareil, que certaines en disent, bien que cela soit bien sur presque pareil avec un bib de lait de maman fraîchement tiré !

Doucement, sans trucs de magiciens, sans grandes théories fumeuses, sans méthode qui marche à tous les coups, la vie trouve le chemin de l'indépendance, et chose tout à fait inimaginable (et parfois douloureuse pour la maman), le petit d'homme part à la conquête de l'univers. En pleine confiance, sans peurs animales, sans craintes instinctives...

Combien d'entre celles qui "dressent" leurs enfants peuvent dire comme nous pour nos enfants : "ma fille peur du noir ? Et pourquoi donc aurait-elle peur du noir ?". Bénédicte à 3 ans, quand elle arrive dans un parc ou une aire de jeu connue ou inconnue, elle court vers les enfants, elle va leur dire "bonjour, je m'appelle Bénédicte"... Pourtant avec le nombre incalculable d'heures qu'elle a passé dans nos bras et surtout dans ceux de sa maman, elle est "théoriquement" une sauvageonne capricieuse! non ?
Combien d'enfants de son âge arrivent à jouer avec les copains de leur classe qu'ils fréquentent pourtant toute l'année après une étape de "socialisation" en garderie ???

Voila où mène la théorie et les méthodes, voila où mène l'attention constante d'une mère aimante pour ses enfants. La nature a tellement bien prévu les choses que l'allaitement FACILITE considérablement cet état d'esprit. Évidement, ce n'est pas un TRUC ni une Méthode, simplement une option, un choix conscient de parent pas plus égoïste que nécessaire... Et qui nécessite de la volonté et de l'abnégation. Celle d'une mère capable d'accepter sans (trop) de contrariété que parfois son Mikaël de 9 mois pleure 4 jours d'affilée 8 h par nuit, celle de son papa qui accepte sans sourciller que le "lit conjugal" soit devenu le canapé convertible, et que de temps en temps le dîner ne soit pas préparé à heure fixe, ou que le canapé soit tristement vide...

De l'esclavage ? Pas pour nous qui avons choisi d'avoir ces enfants et de les aimer. Bien sûr pour les autres ça peut être tellement difficile de s'obliger à soigner un lardon gégniard que l'on a pas voulu, qui nous a été imposé, qui a fait s'enfuir son père, ou mourir sa mère en couche, qui a provoqué la séparation avec les parents... et toutes ces situations difficiles.

Rendez vous compte : Est-ce bien les enfants qu'il faut guérir de leur besoin d'affection par une méthode standardisée ?

Si l'allaitement long était une telle épreuve, alors soit ma chère et tendre Hélène est un Ange incarné soit c'est une super-femme, soit encore une extra-terrestre (mais je crains qu'il n'en soit rien)... Car après 40 mois d'allaitement, elle continue chaque jour à me dire "quel bonheur d'allaiter, si tu savais ! si ELLES savaient..."

F.J. D.