maternage.free.fr
Editorial n° 2- décembre 2002
|
Etre une femme en âge d'être mère en 2002 n'est pas si simple qu'on pourrait le croire... Nos grands-mères ont certes lutté pour notre droit à l'expression et à être reconnues comme des citoyens à part entière avec le droit de vote. Nos mères ont elles défilé pour l'indépendance financière des femmes et le droit d'exercer la plupart des professions, à l'égal des hommes. Mais des générations précédentes de femmes ont vécu la maternité comme la meilleure reconnaissance qu'elles pouvaient attendre de la société, mais aussi comme un devoir lorsqu'il fallait repeupler la nation décimée par les guerres menées par les hommes. Aujourd'hui tout cela nous semble bien loin et bien archaïque... Aujourd'hui nous
avons tout ce que nos mères voulaient : le droit de travailler
dans tous les secteurs, celui d'avoir notre compte en banque, la possibilité
de choisir d'être mère ou non et d'en choisir le moment,
et enfin nous pouvons conserver tout cela en confiant nos enfants à
une kyrielle de professionnels qui prendront soint d'eux à notre
place. |
Mais quand le bébé paraît, quand l'allaitement et le maternage s'installent -s'ils s'installent malgré la culture de séparation qui caractérise notre société-, il arrive que la maman perçoive et ressente avec douleur ce qu'elle va perdre en se séparant précocément de son enfant de longues heures chaque jour. Elle se met alors à douter, se pose de nombreuses questions, car elle a fait la connaissance d'un autre métier qui prend toute sa mesure lorsqu'il est mené à temps plein. Elle y a découvert le bonheur d'un amour d'une grande pureté, partagé avec un enfant dont elle se sent si responsable et si indispensable. Elle comprend qu'elle peut peut-être s'y épanouir au moins autant qu'à son travail qui perd alors beaucoup de sa saveur. Lui ne va pas grandir entre temps et sera toujours possible plus tard. Mais s'il lui semble impossible de faire le choix de rester une maman à temps plein -pour des raisons aussi diverses que nombreuses- elle peut craquer et faire une dépression du post-partum qui touche désormais 1 femme sur 10. |
Aujourd'hui il
est difficile de renoncer aux droits conquis par nos mères en
reconnaissant ne pas s'épanouir au travail. Difficile de déclarer
ouvertement que l'on veut élever ses enfants, les materner, les
allaiter, les éduquer soi-même. Difficile de revendiquer
que l'on est la personne la mieux placée pour savoir comment
mettre nos enfants au monde, en prendre soin et les élever.
Tant de professionnels en savent tellement plus que nous... Emmanuelle Blin |
|
Ce n'est effectivement
pas si simple d'être une femme et une mère de nos jours. Etre une maman au foyer ou une maman qui travaille, ce qui est important c'est d'écouter son coeur, son instinct et son enfant. C'est de vivre sa maternité pleinement et de ne pas en avoir peur. Anne maman d'Amandine (28/03/02) allaitée et maternée |
Le féminisme à l'ancienne est à fond pour les biberons que tout le monde peut donner et les crèches le plus tôt possible ; comme ça les femmes peuvent retravailler direct après l'accouchement et donc, elles ne seront pas pénalisées dans leur boulot (par exemple, à l'embauche, l'employeur ne va pas se dire "oh encore une bonne femme qui va pondre et ne jamais être là avec tous ses congés mater..."). Disons qu'elles ont l'illusion que plus elles ressembleront aux hommes, moins l'employeur fera la différence. Mais bon, trente ans après, on n'a toujours pas le même salaire pour le même boulot, donc pas efficace, et l'employeur se dit toujours "oh une bonne femme, elle sera tout le temps absente quand ses gosses seront malades"... Le néoféminisme est pour le congé maternité long avec protection du poste pendant ce temps, et possibilité de reprendre à mi-temps jusqu'aux trois ou quatre ans de l'enfant, bref, le rêve... Il est pour faire reconnaître l'importance du rôle de la femme dans la reproduction, et protéger ça... mais c'est sûr, si tu veux plusieurs enfants, faut quand même être prête à mettre ta carrière un peu entre parenthèses, alors que le féminisme pur et dur te demande juste de mettre tes enfants entre parenthèses... Xan |
Tout cela est juste.
Laurence |
Lorsque j'ai repris
le travail après la naissance de ma fille, un ancien collègue
m'a dit " Mais, où étiez-vous donc passée
? J'ai eu l'impression que vous aviez disparu dans votre congé
de maternité
". Cette réflexion m'a fait mal
puisque devenir mère me rendait apparemment inexistante. En même
temps, il est exact que j'avais disparu du paysage professionnel qui
est le mien. Anne |
Pourquoi serait-il
inconcevable de remettre en question le systeme de notre societé
fondée sur les garderies d'enfant et les mères au travail
? Parce que nos grands-mères et nos mères on fait le choix
de vouloir vivre de manière autonome et responsable ? Il n'y
a pourtant là rien que de très normal dans ce nouveau
siècle pour un individu que de pouvoir subvenir à ses
besoins sans avoir à s'en remettre à un tiers, peu importe
son sexe ou son identité. Comment vont-ils
pousser ces enfants, dans quoi vont-ils planter leurs racines s'ils
n'ont ni les bras, ni l'écoute, ni le regard de leur mère
qui les accompagne? Je connais les arguments usés qui ne contrent
rien du tout : la qualité du lien contre la quantité,
l'épanouissement personnel de la femme qui n'est pas que mère,etc.
Mais où placer le petit enfant si ce n'est au coeur de l'épanouissement
en question? le fait qu'on oppose les deux termes, qualité-quantité,
mère et femme,est en lui même révélateur,
et de quelle qualité parle-t-on quand l''intérêt
de la mère n'est plus dirigé sur son enfant mais se divise
entre celui-ci et ses obligations professionnelles, son conjoint, les
tâches ménagères, ses amis etc. Ces femmes qui courent après une reconnaissance sur tous les fronts, ne sont-elles pas de ces enfants séparés de leurs mères à qui ont fait défaut ce regard et ce porté uniques et irremplaçables qu'elles s'évertuent en vain à rechercher dans le regard que notre société porte sur elles ? Je suis allée dans le Petit Larousse pour affiner ma définition du verbe materner et du nom qui en découle. Materner (Petit Larousse): 1.établir une relation de maternage avec quelqu'un.2. Entourer de soins excessifs ; surprotéger. Je crois également, à lire ces définitions, que le combat pour la place de la mère et de l'enfant est loin d'être terminé. On en est à
un tel degré aujourd'hui de manipulation de l'identité
de la femme (identité n'est pas le mot, il s'agirait plutôt
d'image dénaturée et instillée à doses homéopathique
dans l'inconscient collectif) que la plupart des femmes ne réalisent
pas qu'elles ne sont pas maîtres du tout de leurs désirs
ni de leurs choix. Voilà ce
qu'ont réussi à faire en 50 ans, les médecins,
les scientifiques, les commerciaux et les multinationales : convaincre
les femmes par lavage de cerveau qu'elles n'étaient pas ce qu'elles
sont devenues : des esclaves à l'estime de soi très écorné,
qui sont les premières clientes de la sécurité
sociale, plafonnent en t^te des cancers de la fin du siècle dernier,
qui sont des consommatrices de premiers choix pour ce qui est du marché
très à la pointe du progrès, tout le monde le sait,
de la puériculture, restent définitivement ferrées
à l'image que les hommes (encore beaucoup) leur renvoie
et qu'ils veulent qu'elles aient, qui sont privées, d'abord du
LIBRE choix, ensuite du réel plaisir (la nature faisant bien
les choses) et du lien irremplaçable qu'apporte l'allaitement,
et à qui on vole, sans aucune mauvaise conscience, l'accouchement
et la naissance de leurs enfants, que bien entendu, elles subissent
plus qu'elles ne vivent vraiment. Nathalie |