Editorial n° 14
- avril 2005
Profession : mère à part entière ! |
Je suis toujours agaçée d'avoir à cocher la case "sans profession " des formulaires divers et variés car être mère au foyer c'est tout sauf être inactive. Etre femme et mère au foyer aujourd'hui, ça veut dire quoi ? Avoir
une vie en marge de la vie économique et sociale ? Un
sacrifice de sa carrière au profit de sa famille ? Un
don de soi ? J'ai eu mes deux aînées tout en travaillant à temps plein dans un secteur passionnant mais prenant, l'audiovisuel. J'ai connu les nuits blanches à monter des films, le stress de la vie d'entreprise (la mienne), le champagne des gros contrats, les moments de gloire et les moments d'angoisse. J'ai aussi testé les adaptations avec les nounous et les crèches, le sevrage forcé, la cavalcade pour arriver avant la fermeture de la garderie, les maladies des enfants qui tournent au cauchemar ! Alors j'ai finalement choisi d'être là pour mes enfants. De les accueillir quand ils reviennent de l'école, de les écouter, de les protéger, de les promener, de les instruire des choses de la vie et de toutes sortes de tâches, de m'amuser avec eux, de les vêtir, de les nourrir, de leur raconter des histoires, de les soigner, de les caliner, d'être là quand ils sont malades et quand ils ne le sont pas, mais, au contraire, pleins de vitalité et de joie à partager. Vous me direz que je peux me permettre ce choix car les activités de mon conjoint font bouillir la marmite familiale. Certes, mais c'est parfois seulement une question de réflexion et de choix. J'aurais pu avoir ce rythme bien plus tôt mais j'avais été élevée -comme nous toutes- dans l'idée d'avoir un métier et de l'exercer, alors je l'ai fait sans réfléchir un instant et n'ai pas envisagé de m'arrêter à la naissance de mes premiers enfants... jusqu'à ce qu'une dépression me cloue chez moi et me fasse réfléchir au sens de la vie et à ses priorités. L'autre jour, je me balladais avec ma bambine de 21 mois sur le dos lorsque nous croisons une dame que je connais. Elle s'extasie sur sa bouille heureuse et décidée, m'interroge sur ma situation et m'envie de pouvoir m'occuper d'elle. |
Je sais que je ne regretterai pas ce choix. Car c'est celui de la vie. Ce que je vis aujourd'hui est bien plus profond, bien plus fort, bien plus riche et bien plus gratifiant car les sentiments qui m'animent sont moins superficiels que ceux qui m'habitaient lorsque je travaillais à l'extérieur. Je m'occupe de ma famille et de notre foyer, lieu de repos et de ressourcement de ceux qui me sont le plus cher. J'ai une activité associative riche et variée, que je peux exercer avec ma bambine qui me suit partout. J'ai ce site qui vit en permanence et vous remercie d'être là à le consulter ! J'ai mon activité d'auteur photographe toujours en éveil. Je suis épanouie car j'ai le sentiment d'être à ma place. Enfin ! Je n'ai jamais eu autant de projets et autant de force pour les mener. Je ne me suis jamais sentie autant utile à ma famille, aux autres et à la communauté. Emmanuelle Blin |
Réactions d'internautes : |
Emmanuelle, Je donne et je reçois tant d'amour ! |
Merci Emmanuelle pour cet éditorial qui mes les mots exacts sur mes pensées. Amandine, maman heureuse et comblée de Louise et Amélie |
J'ai arrêté totalement (enfin, congé parental...) de travailler il y a 9 mois (tient !?!) alors que mes fils avaient respectivement 8 ans, 5 ans et 16 mois... Auparavant, je travaillais à mi-temps à 350 km de chez moi 2 ou 3 jours par semaine... En en parlant hier avec avec mon aîné, il retient, lui, que j'étais avec eux 2 ou 3 jours par semaine et non l'inverse... Ce congé, je me le suis autorisée en l'imposant à mon compagnon qui n'en voyait pas la nécessité :-(((... Quand je lui expliquais qu'après avoir eu l'impression, l'illusion, d'être à deux endroits à la fois, je ne me sentais plus nulle part, c'était comme si je lui parlais chinois... Aujourd'hui, petit à petit, il admet que nous en avons tous bénéficié... Et il n'est plus aussi hostile à l'idée que ce congé pourrait se prolonger au delà des 3 ans de mon derniers... Je n'en suis pas encore à l'étape où je m'investis dans la vie associative (trop peur de me remettre des contraintes...), mais je vois bien que les relations avec le voisinage, les parents d'amis des enfants, et autres rencontres du hasard sont plus simples, plus faciles, plus spontanées qu'elles ne l'étaient quand il me fallait tout programmer, tout contrôler... Tu pestes de devoir cocher la case "sans profession"... Je peste tous les ans de voir écrit sur ma feuille d'impôts "Célibataire sans enfant à charge" !!!!!!!!!!!!!!! Amitiés et bravo pour ton "travail" ;-)... Laurence* et ses 3 p'tits mecs |
Merci Emmanuelle pour ce bel édito qui m'a émue jusqu'aux larmes, tant je ressentais ce que tu as écris. |